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La Contemplation de Dieu - Guillaume de Saint-Thierry

 LA CONTEMPLATION DE DIEU

 Guillaume de Saint-Thierry

 Ed.du Cerf, 1977
 155 p.

                 

Guillaume de Saint-Thierry est né à Liège vers 1085  . Entré au monastère bénédictin Saint-Thierry près de Reims en 1113, avec son frère Simon, Guillaume rencontre Bernard de Clairvaux pour la première fois en 1119 ou 1120. Il naît entre les deux hommes une profonde amitié, qui durera toute la vie. Guillaume souhaite vivre avec saint Bernard à Clairvaux, et entrer dans l'ordre cistercien, mais Bernard estime que son devoir est de diriger les âmes que la providence lui a confiées. En 1121, Guillaume est élu abbé de son abbaye, près de Reims. C'est là qu'il compose ses deux premiers traités : De contemplando Deo (De la contemplation de Dieu) et De natura et dignitate amoris (De la nature et de la dignité de l'amour) .
Il renoncera à son titre et rang d'abbé bénédictin en 1135, et sera admis comme cistercien à l'abbaye de Signy dans les Ardennes. Il y restera jusqu'à sa mort en 1148.

                 

Guillaume de Saint-Thierry – Signy l'Abbaye

 « La contemplation de Dieu » …

 Voilà un titre bien ambitieux. Qu'est-ce que contempler  ?

Contempler, c'est voir ; c'est prendre son temps pour observer avec admiration. Alors contempler Dieu ? Cela fait songer à un très beau livre sur ce sujet du P. Marie-Eugène de l'Enfant Jésus, carme, qui a intitulé un de ses livres : « Je veux voir Dieu ».

En fait, il s'agit avant tout d'un désir, d'un but poursuivi notamment par moines et moniales qui y consacrent leur vie. C'est une quête, une recherche quotidienne dans les Ecritures, les sacrements, la prière mais aussi dans les relations fraternelles. Mais voir Dieu ? Est-ce possible ? « On ne peut voir Dieu sans mourir » pensait le peuple d'Israël. Effectivement, notre marche terrestre va nous permettre, peut-être, et avec sa grâce, d'approcher Dieu. Marche d'approche donc. Mais ce n'est qu'au-delà de notre mort, que nous verrons Dieu. Nous sommes pour l'instant « à l'ombre de ses ailes » dit le psaume ; la pleine lumière est pour plus tard. Mais peut-on au moins entrevoir cette lumière dès maintenant ?

La prière n'est pas toujours une pratique facile, nous le savons bien. Mais c'est le chemin du désir et de la rencontre, avec toutes ses limites.

Dans le traité de Guillaume de Saint-Thierry , il ne s'agit pas de l'exposition d'une méthode, mais d'aller directement au cœur de la démarche avec ses hauts et ses bas. L'auteur va nous faire goûter cette approche, notant par écrit sa prière et ses pensées vers Dieu, dans un élan très fort mais aussi conscient de ses pauvretés et de son incapacité le plus souvent à gravir cette montagne divine.

Comme l'a fort bien dit saint Bernard de Clairvaux, la présence de Dieu en nous est le plus souvent imperceptible, à peine ressentie qu'elle s'est déjà éloignée. Insaisissable et pourtant bien existante.

Bien des témoins d'hier et d'aujourd'hui sont là pour l'attester.

 Pour cette lecture de « La contemplation de Dieu », est proposée ici une transcription personnelle plus accessible, avec des mots actuels, tout en s'efforçant de rester fidèle au texte auquel on peut évidemment toujours revenir. On perd toujours un peu de la qualité du texte original en le modifiant. Mais plutôt que renoncer à le lire du fait de son style, ne vaut-il pas mieux nous aventurer sur un chemin un peu défriché ?

                                                      * * *

              LECTURE SUIVIE

 1 – Prologue – L'évasion vers Dieu

 Venez, montons à l'écart à la rencontre du Seigneur, afin qu'il nous enseigne son chemin. Attentions, intentions, volonté, pensées, affections, tout moi-même montent vers Dieu qui me voit et peut être vu. Mais laissons de côté soucis, sollicitudes, anxiétés, contraintes. Moi, et l'enfant qui est en moi , ma raison, mon intelligence, hâtons-nous là-haut vers le Seigneur.

Après avoir loué Dieu et l'avoir contemplé, nous reviendrons.

Oui, nous reviendrons parmi les hommes car si l'amour de Dieu peut nous en éloigner, à cause de nos frères, la vérité de l'amour ne permet pas de les abandonner.

Liés à eux par nécessité, ne nous écartons pas trop pour autant de la douceur de Dieu.

                   

2 Désir de Dieu

Seigneur, toi qui es la Vérité, convertis-nous, montre-nous ton visage, et nous serons sauvés. Vouloir voir Dieu... quelle témérité ! Moi qui suis si petit, si pauvre, comment pourrais-je approcher ta vérité et ta sagesse ? C'est être bien présomptueux. Mais tu es bon Seigneur, tu es mon amour, ma vie et ma lumière. Alors, Seigneur, aie pitié de moi.

Seigneur, juste et bon, laisse-moi te contempler et je serai pur. J'ai confiance en toi. Tu es mon sauveur, tu me l'as dit et tu connais mon cœur.

Dis Seigneur, à moi qui suis aveugle et mendiant : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Et tu sais, toi qui donnes tout, alors que jusqu'au plus profond de moi j'ai repoussé les beautés et les douceurs du monde, tout ce qui peut être tentations ou ambition, tu sais ce que te dit mon cœur : « Ma face, mon intelligence, mon cœur t'ont cherché ; ta face Seigneur, je rechercherai. Ne détourne pas ta face de moi ; ne t'éloigne pas de ton serviteur. »

Je manque sans doute d'humilité devant toi mais je sais que, depuis toujours sans te lasser, tu me soutiens et me protèges. Mais c'est par amour de ton amour que je le fais : vois-le, tout comme tu me vois, moi qui ne te vois pas. Tu m'as donné le désir de toi, tu en es la cause et c'est donc que quelque chose te plaît en moi. Et parce que tu m'aimes, tu me pardonnes moi qui suis aveugle ; et tu me donnes la main si dans ma course vers toi, je risque de tomber.

                                    

3Contemplation de l'humanité du Christ

Que ta Parole résonne au-dedans de moi, alors mes yeux intérieurs seront éblouis par l'éclat de la vérité. Comment te voir et vivre ? Envahi par mes erreurs, je n'ai pas encore pu laisser en moi pour toi, toute la place.

Cependant, selon ta Parole et par ta grâce, Seigneur, je me tiens solidement sur le roc de la foi en toi, vraiment près de toi ; grâce à la foi, j'attends douloureusement mais avec patience, ta venue.

Je le sais, ta main me couvre et me protège. Alors je te loue et te rends grâce.

Et quelquefois, dans ma contemplation, j'aperçois le « dos » de celui qui me voit. Alors je m'empresse d'accéder à Jésus, Fils de Dieu dans son humanité.

Mais quand je m'empresse d'accéder à lui, comme cette femme souffrant d'un saignement que Jésus a guéri, je m'efforce de guérir mon âme si misérable en effleurant les franges de son manteau. Ou comme Thomas qui voulait voir Jésus et toucher la plaie de son côté non seulement du doigt mais de la main, entrer tout entier jusqu'au cœur même de Jésus, nouvel arche de la Bonne Nouvelle, contenant la douce manne de la divinité ; hélas, on me dit alors : «  Ne me touche pas » et ce mot de l'Apocalypse : « Dehors, les chiens ! »

                  
                   " Ne me touche pas "  
               DG - d'après un vitrail de J.H Stevens , 1925   

Je dois bien alors constater que je ne suis pas digne d'approcher mon Dieu, que je suis bien inconvenant et bien présomptueux. Et de nouveau, je retourne à mon rocher, mon refuge, tel un hérisson rempli des épines de ses torts. Alors, je le sais, ta main me couvre et me protège. Alors, je te loue et te rends grâce. Cela ranime mon désir; et presque impatient, j'attends qu'un jour, tu enlèves la main qui me couvre et que tu verses sur moi, la grâce qui illumine . Mort à moi-même et vivant pour toi, enfin tu me répondras, me dévoilant ta face. En te voyant, tu toucheras mon coeur. 

                                

 O Face ! Heureux celui qui voit le Seigneur ! Il accueillera en lui le Dieu de Jacob et en deviendra l'image qui lui est montrée sur la montagne. Ici, avec vérité et compétence, je chante : « A toi, mon cœur a dit : ma face t'a cherché ; ta face, Seigneur, je rechercherai.

C'est pourquoi, par un don de ta grâce, je contemple tous les angles de mon humanité et ses limites, et je désire uniquement et exclusivement te voir. Tout mon être verra mon Dieu, mon sauveur. Je l'aimerai, puisque je verrai qu'il est la vraie vie.

Qui pourrait aimer ce qu'il ne voit pas ? Comment pourrait être aimé ce qui n'est pas, de quelque façon, visible ? 

4 – Les perfections divines dans la création

A qui te désire, tu fais signe. Et du ciel et de la terre, par toutes les créatures, ces signes s'offrent et se présentent à moi d'eux-mêmes, ô Seigneur ! Et parce qu'ils te proclament avec plus d'évidence et de vérité, plus ils te rendent pour moi ardemment désirable.

Mais hélas ! Je ne peux pas y goûter pleinement du fait de mes imperfections. En effet, de même que ce que je t'offre ne peut te plaire parfaitement si je ne m'y associe pas tout entier, ainsi la contemplation de tes biens nous rafraîchit-elle sans doute avec douceur, mais elle ne nous satisfait pas parfaitement si nous ne percevons pas ta présence.

Voilà à quoi s'exerce mon âme qui te scrute assidûment ; et, avec ton aide, comme faisant effort avec les pieds et les mains et toute ma vigueur, je tends vers le haut, vers toi, en toi : souverain amour, souverain bien. Mais plus fort je tends, plus durement je retombe bien bas. Ainsi donc, je me regarde et me juge moi-même ; et je deviens à moi-même, à propos de moi-même, une laborieuse et ennuyeuse question.

                    

Cependant, Seigneur, je suis certain, certes avec ta grâce, d'avoir en moi le désir de te désirer et l'amour de t'aimer de tout mon cœur et de toute mon âme. Jusque là, tu m'as fait progresser, jusqu'à désirer te désirer et aimer t'aimer. Mais quand j'aime ainsi, je ne sais pas vraiment ce que j'aime. Qu'est-ce qu'en effet qu'aimer l'amour, désirer le désir ? C'est par l'amour et le désir que nous aimons et désirons. Mais ce n'est pas l'amour que j'aime, mais c'est moi que j'aime aimant, lorsque je loue et aime mon âme dans le Seigneur. Cette âme, je la détesterais sans aucun doute, si je la trouvais ailleurs que dans le Seigneur et dans son amour.

Que dire encore du désir ? Je désire être désirant. Mais est-ce que je désire le désir de toi comme si je ne l'avais pas, ou bien un désir plus grand que celui que j'ai ?

5 – Vicissitudes de la contemplation

Face à cet aveuglement de mes yeux intérieurs, je demande qu'au plus vite par toi, ils soient ouverts. Non pas comme Adam qui vit sa confusion, mais pour que je voie Seigneur, ta gloire. Oubliant alors ma petitesse et ma pauvreté, je me redresse tout entier et cours vers ton amour, voyant celui que j'aimerai et aimant celui que je verrai ; et mourant à moi-même, je commence à vivre en toi. Je connaîtrai alors le bonheur d'être en toi, moi pour qui le pire est d'être en soi.

Mais vite Seigneur, ne tarde pas.

                          

La contemplation possède en effet ses raccourcis, par la grâce de ta sagesse. Là, il n'y a ni arguments, ni discussion de la raison qui permettent comme des échelles de monter vers toi. Là, celui qui te cherche fidèlement et à qui tu te donnes, s'y trouve souvent tout à coup. Mais, ô Seigneur, si parfois, ce qui est bien rare, m'est donnée quelque part cette joie, alors je m'écrie : «Seigneur, il nous est bon d'être ici, faisons-y trois tentes », une pour la foi, une pour l'espérance, une pour l'amour. »

 Je ne dois pas savoir ce que je dis, quand je dis : « Il est bon d'être ici ». car tout à coup, je tombe à terre comme mort ; je regarde et ne vois rien ; et ou j'étais d'abord, je me retrouve : dans la douleur de mon cœur et de mon esprit. Jusqu'à quand Seigneur ? Jusqu'à quand ? Malgré tout mon désir vers toi de mon âme et de mon cœur, à longueur de jours .

Combien de temps ton Esprit se refusera-t-il à demeurer dans les hommes parce qu'ils sont du monde charnel ? Dieu vient et s'en va, et souffle où il veut. Mais, comme dit le psaume : «  Quand le Seigneur fera revenir Sion de captivité, nous serons vraiment consolés : alors notre bouche se remplira de joie, et nos lèvres de chansons. »

En attendant, quel malheur ! Mon exil s'est prolongé ; je suis dans la nuit ; mon âme est bien exilée.

                 

Amour de désir et amour qui fructifie

Mais au-dedans de moi, dans mon cœur, ta vérité me console : il y a l'amour du désir et l'amour qui fructifie. L'amour du désir mérite d'obtenir parfois la vision, une vision qui porte des fruits vers un amour parfait.

Je te rends grâce, ô toi qui daignes parler au cœur de ton serviteur, et qui réponds quelque peu à ses questions anxieuses. Je reçois et serre contre mon cœur cet aperçu de ton Esprit et, grâce à lui, j'attends dans la joie l'effet de ta promesse.

Je désire donc t'aimer, et j'aime te désirer ; et de cette façon je cours pour saisir celui par qui j'ai été saisi. Pour t'aimer parfaitement un jour, ô toi qui le premier nous as aimés, toi qu'on doit aimer, aimable Seigneur.

 6 – Perfection de l'amour et désir sans fin

Mais existe-t-il quelquefois ou quelque part Seigneur, une telle perfection de l'amour pour toi, un bonheur si complet de t'aimer, qu'aspirant à Dieu et étant aussi comblé, l'âme dise : « Il suffit ! » Je serais bien étonné qu'il n'y ait pas de défaillance chez celui , quelqu'il soit et où qu'il soit, qui dit : « Il suffit ! ». Mais s'il y a défaillance, quelle peut-être la perfection ? Nulle part donc, et jamais de perfection ? Mais alors si nous sommes imparfaits, Seigneur, qui connaîtra ton royaume ?

Et, il n'est pas un juste celui qui n'a pas conscience de ce qu'il te doit, de ton amour pour nous, qui n'a pas un désir de t'aimer autant qu'il est possible à un homme raisonnable. Il est bien certain encore que les bienheureux séraphins, à qui la proximité de ta présence et la clarté de ta vision ont valu le nom d'Ardents – et ils le sont en effet – t'aiment plus que quiconque. Je voudrais t'aimer autant que ceux qui t'aiment plus que moi. Non par envie, mais par imitation. Si je ne suis pas ingrat et injuste, je comprendrai avec douceur et bonheur ces réalités intérieures qui me feront t'aimer autant que t'aiment chérubins et séraphins.

                                    

Mais celui qui désire ce qu'il ne peut atteindre est malheureux. Or, la misère est tout à fait étrangère au royaume de la béatitude. Aussi, nous atteindrons ce que nous désirons.

Que dire à cela ? Oui, que dire ? Parle, je te prie Seigneur, car ton serviteur écoute. Tous ceux qui sont dans le royaume de Dieu, les grands et les petits, chacun selon son ordre, n'aiment-ils pas et ne désirent-ils pas aimer ? L'unité dans l'amour n'empêche pas qu'il y ait diversité. Celui qui en a reçu le don aime plus ardemment ; et le petit, de son coté, aime les biens spirituels, sans envie, dans ceux qui les possèdent.

A la vérité, c'est l'Amour qui est aimé, lui qui par son abondance et sa nature, emplit d'une pareille grâce, bien qu'avec une inégale mesure, ceux qui aiment, et aiment ensemble, qui se réjouissent et se réjouissent ensemble. Et, plus il aime ainsi, plus il est capable d'accueillir cet amour ; ce qui ne diminue pas le désir, mais l'augmente, diminuant par cela même l'anxiété de sa misère.

 C'est l'amour, en effet, nous l'avons dit, qui est aimé. Il enlève toute misère, toute anxiété dans le désir, toute envie, et toute sensation d'être rassasié. L'amour illumine ces bienheureux, comme dit l'apôtre, « de clarté en clarté », pour que dans la lumière, ils voient la lumière, et que dans l'amour, ils conçoivent l'amour.

C'est là , à la vérité, la fontaine de vie qui toujours coule sans jamais se perdre. C'est la gloire, ce sont les richesses, dans la demeure du bien-aimé car celui qui désire trouve prêt ce qu'il désire, et celui qui aime, ce qu'il aime. Aussi celui qui désire, aime-t-il toujours désirer, et celui qui aime, désire-t-il toujours aimer. Tu réponds toujours en abondance, ô Seigneur, de telle façon que ni l'anxiété n'afflige celui qui désire , ni le dégoût celui qui abonde.

Et n'est-ce point là, je te prie Seigneur, cette voie éternelle, de laquelle chante le psaume : « Et vois, s'il y a quelque injustice en moi, et conduis-moi dans la voie éternelle ». Cette affection, c'est la perfection . Toujours aller ainsi, c'est parvenir. Aussi, ton Apôtre dit : «  Ce n'est pas que j'aie atteint le but ou que je sois parfait : mais je poursuis ma course pour saisir celui par qui j'ai été saisi, le Christ Jésus ; j'oublie ce qui est derrière moi et m'efforce d'atteindre ce qui est devant moi. Ainsi, je cours vers le but, vers le prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut. » Et Saint Paul ajoute : « Nous tous donc qui sommes spirituellement adultes, ayons cette même préoccupation. » (Philippiens 3, 12-15)

                      

 7 – L'Unité d'esprit

Ton amour, Dieu créateur, dans la douceur de ta bonté, leur inspire ce désir de t'aimer. Tu n'es pas « affecté » pour nous et par nous, quand tu nous aimes ; mais tu restes ce que tu es : être bon. Bon pour toi-même, en toi-même et pour toutes les créatures. Nous, au contraire, nous sommes « affectés » par toi, vers toi et en toi, quand nous t'aimons car nous pouvons être et ne pas t'aimer, c'est-à-dire être et être mauvais. Mais pour toi, toujours le même , rien ne s'ajoute si en aimant, nous progressons vers toi ; rien ne s'enlève, si nous nous en allons loin de toi.

Il est possible à l'amour de celui qui aime Dieu, quand lui advient une grâce puissante, de progresser jusqu'à n'aimer que pour toi seul. Et par là, il est reformé à ton image à laquelle tu l'as créé.

 Quelle immense félicité de l'âme qui, par Dieu, mérite aussi d'être « affectée » de Dieu de telle sorte que, par l' « unité d'esprit », elle n'aime en Dieu que Dieu seul et ne s'aime soi-même qu'en Dieu.

Un tel amour n'est dû qu'à toi seul Seigneur. Et telle est sur nous la volonté de ton Fils, telle est la prière qu'il t'adresse pour nous, à toi, son Père : « Je veux que, comme toi et moi nous sommes un, eux aussi soient un en nous ». On atteint ainsi la perfection ; c'est la paix, c'est la joie du Seigneur ; c'est la « joie dans l'Esprit-Saint », c'est « le silence dans le ciel ».

Tant que nous sommes en cette vie, l'affection jouit quelquefois de la félicité paisible de ce « silence dans le ciel », dans l'âme du juste, siège de la Sagesse. Cette expérience est toujours brève mais son souvenir laisse dans l'âme attentive et recueillie une allégresse de fête perpétuelle.

Mais dans la vie éternelle de laquelle il est dit : « Entre dans la joie de ton Seigneur », seule existera une parfaite béatitude. Tout ce qui l'avait retardée ou empêchée sera dès lors repoussé. De son amour, l'éternité sera indissoluble, inébranlable la perfection, incorruptible béatitude.

                         
                          David chantant les psaumes

8 – Prière – Nature de l'amour.

Ô amour, viens en nous, possède-nous. Que disparaissent en nous devant ta face toutes tentations de la chair, des yeux et d'une vie superbe qui naissent dans notre affection pour toi comme des ronces ; dans cette affection dis-je, qui s'appelle en nous l'amour et se corrompt trop souvent dans l'âme créée par toi et pour toi ; c'est pour toi seul que cet amour est créé avec nous et implanté en nous. Quand il résiste à cette loi naturelle et réclame , il doit être appelé gourmandise, luxure, avarice et autres choses semblables. Mais s'il n'est pas corrompu et demeure en sa nature, il est pour toi seul, Seigneur, à qui seul l'amour est dû.

En effet, l'amour de l'âme raisonnable est « un mouvement ou une tranquille station ou une fin au-delà de laquelle rien n'est jugé souhaitable » (Scot Erigène-philosophe rlandais du 9°s.). Au contraire, celui qui cherche quelque chose au-delà de toi, comme étant meilleur que toi, il cherche ce qui n'est rien, car rien n'existe de meilleur et de plus doux que toi.
C'est pourquoi il se réduit à rien en s'éloignant de toi, qui seul doit être aimé vraiment. Tout le reste lui est étranger. L'amour est dû à toi seul, Seigneur, en qui nous existons. « Craindre Dieu », le respecter, se soumettre à Lui en l'aimant, « observer ses commandements, c'est tout l'homme. »

 9 – Appel vers Dieu

Que se retire donc de mon âme toute injustice, pour que je te chérisse, Seigneur mon Dieu, de tout mon cœur, de toute mon âme, et de toutes mes forces. Fais moi éviter que j'aime avec toi quelque chose que je n'aime pas pour toi, ô vraiment unique amour et vrai Seigneur. Seul, en effet, tu es vraiment Seigneur, toi pour qui dominer sur nous, c'est nous sauver ; tandis que pour nous, te servir, ce n'est rien d'autre qu'être sauvés par toi.

                   

10 - L'amour de Dieu et la mission du Fils

Comment sommes-nous sauvés par toi, ô Seigneur, de qui vient le salut et la bénédiction, si ce n'est en recevant de toi de t'aimer et d'être aimé par toi ?

C'est pourquoi, Seigneur, tu as voulu que ton Fils, l'homme que tu as affermi pour toi, soit appelé Jésus, c'est-à-dire Sauveur : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés et il n'en est pas d'autre en qui soit le salut. Il nous a appris à l'aimer quand, le premier, il nous a chéris jusqu'à la mort de la croix ; par son amour, il suscite en nous l'amour pour lui. « Aime-moi, parce que je t'aime », dit l'homme. Mais Dieu dit : «  Je t'aime afin que tu m'aimes ». « Le premier, tu nous as chéris. »

C'est ainsi et il en est bien ainsi.

Ce n'est pas que tu aies besoin d'être aimé par nous ; mais c'est ce pourquoi tu nous as faits, nous ne pouvions pas l'être à moins de t'aimer.

Autrefois, tu as parlé à nos pères par les prophètes. Puis tu nous as parlé par le Fils.

                    

Pour toi, parler par ton Fils, ce ne fut rien d'autre que, de placer au soleil, c'est-à-dire de manifester, combien et comment tu nous as aimés, toi qui n'as pas épargné ton propre Fils, mais l'a livré pour nous tous ; lui aussi, il nous a chéris et s'est livré lui-même pour nous. Telle est la parole que tu nous adresses Seigneur, ce Verbe tout-puissant, qui au milieu du silence en toutes choses, c'est-à-dire au profond de l'erreur, vint de son trône royal durement détruire les erreurs et doucement confier l'amour.

Et tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il a dit sur terre, tout ce qu'il a souffert, insultes, crachats, gifles, jusque sur la croix et au tombeau, ce ne fut rien d'autre que la parole que tu nous adressas, dans ton Fils, provoquant et suscitant par ton amour notre amour envers toi. 
 

L'amour ne contraint pas.

Tu savais, ô Dieu créateur des âmes, que nos âmes ne peuvent pas être contraintes à cette affection mais qu'il faut la provoquer. Parce que là où il y a contrainte, il n'y a plus de liberté et où il n'y a pas liberté, il n'y a plus justice.

Mais toi, Seigneur juste, tu voulais nous sauver avec justice en étant toi-même auteur et de notre jugement et de notre cause. Par la justice que tu as faite, toute bouche sera fermée et le monde entier se soumettra à Dieu.

Tu as donc voulu que nous t'aimions, nous qui ne pouvions être sauvés avec justice à moins de t'aimer ; ni t'aimer à moins que cela ne vienne de toi.

« Le premier, tu nous as chéris », et le premier tu chéris tous ceux qui te chérissent.

11 – L'amour de Dieu et la mission du Saint-Esprit

Nous, nous t'aimons par l'amour que tu as mis en nous. Toi, au contraire, créateur de toutes choses et donc de nos affections, de quel amour nous aimes-tu ? En es-tu affecté ? Non, ce serait absurde et contraire à la foi, impossible au créateur. Comment donc nous aimes-tu ?

Eh bien, ton amour, ta bonté, ô Seigneur, c'est l'Esprit-Saint, procédant du Père et du Fils.

Depuis le début de la création, il est porté sur les eaux ; il s'offre à tous, il attire tout à soi : inspirant, aspirant, écartant ce qui est nuisible, pourvoyant ce qui est utile, unissant Dieu à nous et nous à Dieu. Ton Esprit-Saint lui-même habite en nous par ta grâce : il dépose en nous la charité de Dieu ; par elle, il nous accorde à lui, il nous unit à Dieu par la bonne volonté qu'il nous inspire. C'est la véhémence, l'ardeur de cette bonne volonté que l'on appelle en nous l'amour, par lequel nous aimons ce que nous devons aimer, c'est-à-dire toi-même Seigneur.

L'amour en effet n'est rien d'autre que la « volonté véhémente » (St Augustin) et bien ordonnée.

                        

 L'esprit d'adoption

Tu t'aimes donc toi-même Seigneur, quand du Père et du Fils procède l'Esprit-Saint. L'amour entre eux est si grand qu'il est unité, une unité si grande qu'elle est unité de substance.

Tu t'aimes encore toi-même en nous quand tu envoies en nos cœurs l'Esprit de ton Fils qui, par la douceur de l'amour, par la véhémence de la bonne volonté que tu nous inspires, crie : « Abba, Père ! ». Ainsi, tu fais de nous ceux qui t'aiment ; bien mieux, tu t'aimes toi-même en nous.

Nous avions l'espérance car nous connaissions ton nom Seigneur, nous qui nous glorifions en toi et chérissons ton nom. Maintenant par ta grâce, nous avons l'assurance que tout ce qui est au Père est nôtre et par la grâce de l'adoption, nous te prions sous le même nom de fils que le fait ton Fils unique de par sa nature.

Tout cela vient de toi, Père des lumières, pour qui aimer, c'est faire du bien et nous te sommes unis dans la mesure où nous méritons de t'aimer.

Nous sommes bénéficiaires de cette prière du Christ, ton Fils : « Je veux que, comme moi et toi nous sommes un, eux aussi soient un en nous. »

Nous sommes en effet de ta race, Seigneur, de la race de Dieu, comme le dit ton apôtre, transférant ce qui est dans un mauvais vase en un vase bon ; ne ressentant plus que cette dernière saveur. Nous sommes, dis-je, de la race de Dieu, tous dieux et fils du Trés-Haut, en vertu d'une certaine parenté spirituelle ; nous revendiquons pour nous une grande affinité avec toi, puisque par l'Esprit d'adoption, ton Fils ne dédaigne pas de porter le même nom que nous ; et que avec lui et par lui, instruits par ta Parole et formés par l'institution divine, nous osons dire : «  Notre Père, qui êtes aux cieux. »

                      

Tu nous aimes donc dans la mesure où tu fais de nous ceux qui t'aiment. Et nous, nous t'aimons dans la mesure où nous recevons de toi ton Esprit qui est ton amour, lui qui occupe et possède tous les replis de nos affections et les convertit parfaitement à la pureté de ta vérité en notre pleine acceptation. Notre consentement est tel à cette douceur que Notre-Seigneur lui-même, ton Fils, l'appelle unité lorsqu'il dit : « Qu'eux aussi soient un en nous. » ; et telle en est la dignité, telle en est la gloire, qu'il poursuit et dit : «  Comme moi et toi nous sommes un. »

Quelle joie, quelle gloire et quelle richesse !

Amour et béatitude

Mais quoi de plus absurde que d'être uni à Dieu par l'amour, sans l'être par la béatitude ? D'aimer sans en être heureux ? Aussi sont-ils vraiment, uniquement et exclusivement bienheureux, et parfaitement bienheureux, ceux-là qui t'aiment vraiment et parfaitement. Nul au contraire, et de nulle manière, n'est heureux qui ne t'aime pas. « Bienheureux le peuple à qui sont tous ces biens. », dit-on  : mensonge ! Car seul est bienheureux de qui est seigneur son Dieu.

Etre bienheureux, qu'est-ce en effet, sinon ne rien vouloir que le bien, et avoir tout ce que l'on veut ? Or, te vouloir, et te vouloir avec force – ce qui est aimer, et aimer de façon exclusive, puisque tu ne souffres pas d'être aimé avec aucune autre chose au monde, soit charnelle, soit spirituelle, soit terrestre, soit céleste, qui ne serait pas aimée pour toi – c'est là enfin ne rien vouloir que le bien, et c'est avoir tout ce que l'on veut, puisque chacun te possède dans la mesure où il t'aime.

 Amour et connaissance

Donc, unis à Dieu et par l'amour et par la béatitude, nous comprenons que vraiment « du Seigneur vient le salut, et que tu répands sur ton peuple ta bénédiction ». C'est pourquoi, nos prières, nos vœux, nos sacrifices et tout ce qui est nôtre, nous te l'offrons Père, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, ton Fils, car nous croyons et comprenons que tout ce qui est bon en nous est de toi, par toi et pour toi, en passant par lui, de qui nous avons reçu l'être même.

Et tout cela par l'action de ton Saint-Esprit qui habite en nous, nous le croyons et le comprenons autant qu'il est permis de le comprendre … Quand nous t'aimons, notre esprit est assurément « affecté » de ton Esprit-Saint : par lui, habitant en nous, nous possédons la charité de Dieu, répandue en nos cœurs.

Et quand ton amour, amour du Père pour le Fils, amour du Fils pour le Père, quand l'Esprit-Saint habite en nous,... alors il convertit en soi « tous les captifs de Sion », c'est-à-dire toutes les affections de notre âme, et les sanctifie... nous faisant un en toi.

De la sorte, de même que pour le Père, connaître le Fils n'est rien d'autre que d'être ce qu'est le Fils ; que pour le Fils, connaître le Père n'est rien d'autre que d'être ce qu'est le Père, - d'où cette parole de l'Evangile : «  Personne ne connaître le Père si ce n'est le Fils ; et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père »- et que, pour l'Esprit-Saint, connaître et comprendre le Père et le Fils n'est rien d'autre que d'être ce que sont le Père et le Fils. ; qui, par Adam, avons vieilli privé d'elle ; qui, par le Christ, sommes rénovés en elle de jour en jour  De même pour nous, qui avons été créés à ton image.
Pour nous qui aimons Dieu, aimer et respecter Dieu et observer ses commandements, ce n'est rien d'autre que d'être véritablement, et d'être un seul esprit avec Dieu.

                     

Prière pour demander l'Esprit-Saint

Adorable, terrible, béni, donne-le nous ; envoie ton Esprit et tout sera créé, et tu renouvelleras la face de la terre. Ce n'est pas dans le déluge des eaux nombreuses, dans le trouble et la confusion d'affections si nombreuses, si diverses, qu'on approche de Dieu. Seigneur, ce cataclysme-là, peine des fils d'Adam, a déjà assez duré sur la terre. Que la mer se retire et que nous ayons soif de la fontaine de vie. Qu'après le lâcher du corbeau, vienne la colombe, au rameau d'olivier, au rameau de lumière annonçant la paix. Que nous sanctifie ta sainteté ; que nous unisse ton unité ; et à Dieu qui est charité, nous serons associés, comme dans une certaine affinité et parenté ; par la vertu de la charité, nous lui serons unis.

                                          

12 - La vraie philosophie

Mais il importe Seigneur, de savoir comment chacun t'aime. Comme l'a dit saint Augustin beaucoup « aiment la vérité quand elle luit, et ne l'aime pas quand elle réprimande » ; et beaucoup cultivent le bien-fondé de leur affection, alors qu'ils en sont loin dans leurs pratiques : ils l'approuvent et ils l'aiment en elle-même, mais ils ne l'exercent pas en eux-mêmes. Ceux-là t'aiment-ils vraiment, ô Dieu, vraie justice, ceux-là t'aiment-ils vraiment ? 

Les philosophes de ce monde l'ont cultivée autrefois et pouvaient dire : « Les bons ont eu la haine du péché, par amour de la vertu » (Horace). Bien qu'ils fussent affectés de quelque amour et qu'ils eussent quelques œuvres d'honnêteté, leur foi ne puisait pas à la fontaine et à l'origine de la vraie justice et elle n'y retournait pas comme à sa fin. Ils erraient, en fait, d'autant plus désespérément qu'ils couraient plus fort hors de la voie. La voie en effet, Père, c'est ton Christ, qui a dit : «  Moi, je suis la voie, la vérité et la vie. »

Ainsi, ta vérité, qui est aussi la vie à laquelle on va, par laquelle on va, nous décrit la pure, vraie et simple forme de la divine et vraie philosophie, en disant à ses disciples : «  Comme le Père me chérit, moi aussi je vous chéris. Demeurez dans mon amour ; comme moi aussi j'observe les préceptes de mon Père et demeure en son amour. » Et c'est encore le « chéri du chéri » quand le disciple chéri chérit son Maître, le Christ, jusqu'à complète observation de ses commandements, et ne perd pas cette volonté jusqu'à la nécessité de la mort : illuminé par sa vérité et son amour, il use bien, pour le bien, de toutes choses, de celles qui peuvent servir au bien, et de celles qui portent au mal, et de celles qui tiennent le milieu entre les unes et les autres : ce qui est le propre de la vertu chrétienne. La vertu en effet, comme l'a déjà dit avant nous saint Augustin, est « le bon usage de la volonté libre » et « l'acte de la vertu, c'est le bon usage de ces choses dont nous pourrions aussi mal user. »

                          

Par conséquent, pour que la charité ne soit pas manchote, on nous enseigne l'amour du prochain, selon la loi pure de la charité : ainsi, de même que Dieu n'aime rien d'autre que lui-même en nous, et que nous, nous avons appris à n'aimer en nous que Dieu seul ; de même aussi commencerons-nous à aimer le prochain comme nous-même, puisqu'en lui, c'est Dieu seul que nous aimons, comme en nous-mêmes.

L'Esprit souffle où il veut.

Mais pourquoi Seigneur tant de mots ? Mon âme misérable, Seigneur, est nue et gelée et transie, et elle désire être réchauffée par la chaleur de ton amour. C'est pourquoi, n'ayant pas de vêtements, je rassemble et je couds ces bouts de toile, ramassés de tous côtés, pour protéger ma nudité. Je les recueille sur l'immensité de mon désert, sur la spacieuse vanité de mon cœur, afin de me préparer, quand je serai entré dans le tabernacle de ma demeure, et je mourrai. Ou plutôt, je ne mourrai pas si vite ; bien plus Seigneur, je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur.

                        

Je me tiens donc solitaire, et aspirant le souffle de mon amour, j'ouvre la bouche vers toi Seigneur, et j'aspire l'esprit. Et quelquefois, alors que je suis ainsi, les yeux clos, tu me mets quelque chose dans la bouche du cœur ; mais je ne sais pas ce que c'est. Sans doute, je sens une saveur, tellement douce, tellement réconfortante, que si elle se parfaisait en moi, je ne rechercherais plus rien d'autre.Mais quand je la reçois, tu ne me permets pas de discerner ce que c'est ni par une vision du corps, ni par un sens de l'âme, ni par une intelligence de l'esprit ; quand je le reçois, je veux la retenir et ruminer, et en juger la saveur ; mais aussitôt elle passe. Je l'absorbe sans doute, quelle qu'elle puisse être, dans l'espoir de la vie éternelle. Je souhaiterais la transfuser dans toutes les veines et toutes les moelles de mon âme comme quelque suc vital et ne plus savourer qu'elle seule et à jamais ; mais elle se hâte de passer.

                                                               

Et lorsque, dans la recherche de l'Esprit, ou dans sa réception, ou dans son usage, je m'efforce d'en mémoriser ou d'en écrire quelques bribes, en fait et par expérience, je suis contraint d'apprendre ce que, dans l'Evangile, tu dis de l'Esprit : «  On ne sait ni d'où il vient ni où il va ». En effet, tout ce que j'ai pris soin de confier à ma mémoire sous une forme ou sous une autre afin d'y revenir et m'y recueillir quand je le voudrai, et soumettre ainsi ce pouvoir à ma volonté chaque fois que je le voudrai, je m'aperçois que l'Esprit souffle où il veut et non quand je le veux.
Et vers toi seul, je dois lever les yeux, fontaine de vie, pour en ta lumière seule voir la lumière.

Prière finale

C'est toi, seul Dieu, que j'honore, adore, bénis ; c'est toi que de tout mon cœur, et de tout mon esprit, et de toutes mes forces, j'aime et j'aime aimer, et je désire.

Ceux qui te chérissent parmi les anges, je le sais, me chérissent moi aussi. Quiconque demeure en toi et peut avoir connaissance des prières et des affections humaines, je sais qu'en toi il m'écoute.

Quiconque te possède, m'aide aussi.

Toi donc, Dieu Père, créateur par qui nous vivons,

Toi, Sagesse du Père, par qui, réformés nous vivons sagement,

Toi, Esprit-Saint, lequel et en qui nous aimons, nous vivons et vivrons bienheureux,

Trinité d'une seule substance,

Seul Dieu, de qui nous sommes, par qui nous sommes, en qui nous sommes,

de qui par le péché nous sommes séparés et à qui nous sommes devenus dissemblables ;

mais par qui notre perdition n'a pas été permise,

Principe vers qui nous refluons,

Forme que nous suivons,

Grâce par laquelle nous sommes réconciliés,

Nous t'adorons et nous te bénissons.

                A toi, gloire dans les siècles.

                              Amen.

                   
                         Abbaye bénédictine d'Oriocourt (57)


DG - @ DG 

 

 

 

 

 . 

Mise à jour : Vendredi 30 Décembre 2022, 13:29
Denyse dans 06 -GUILLAUME de SAINT-THIERRY La Contemplation de Dieu - Lu 1761 fois - Version imprimable
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