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Le Carême

Le Carême

 Eclairages sur le Carême...

A partir du livre « Le Carême et le mystère pascal – Mémoire et actualisation . » Ed. Salvator 2020

                                              

 

Le Carême commémore l'oeuvre de salut accomplie par Jésus-Christ dans sa montée vers Jérusalem, où il meurt pour nous réconcilier avec le Père et où il ressuscite pour entrer dans la gloire du Père et nous faire participer à sa vie divine.


Dès les premiers siècles, le temps du Carême, qui constitue un temps fort de la préparation au baptême par les catéchumènes, est marqué par l'esprit d'ascèse, de prière, de générosité à l'égard des pauvres.

Mais les baptêmes des petits enfants se généralisent, ce qui fait qu'ils ne sont plus précédés de catéchuménat. Le Carême va mettre davantage l'accent sur les pratiques de pénitence et de piété.

A partir de la Renaissance s'affirme un mouvement d'hostilité grandissante au jeûne du Carême. Au XX°s., l'Eglise motive de façon plus positive les chrétiens dans leur aspiration à participer au mystère du salut. Les baptêmes d'adultes augmentent avec un besoin de ressourcement spirituel.

« Nous portons en nous un trésor, dans des vases d'argile. » (2Co 4,7).

On pourrait dire aussi qu'au plus profond de nous-mêmes, nous portons l'image de Dieu.

Origine et évolution du Carême

Le mot « Carême » vient du latin « quadragesima » c'est-à-dire 40 jours.

La dénomination « Triduum pascal » date des années 1930 : du soir du jeudi saint au dimanche de Pâques.

Au 3° et 4° s., le temps de jeûne était de deux jours pour certaines églises, d'autres le faisaient pendant une semaine. Socrate mentionne qu'à Rome le jeûne durait trois semaines.

Le début du Carême a été fixé assez tardivement au mercredi avant le 6° dimanche de Pâques : c'est le mercredi des cendres.

Le catéchuménat

Le catéchuménat, au sens propre, ne concerne que le groupe de ceux qui se préparaient au baptême. Mais progressivement les pratiques du catéchuménat s'étendirent aux fidèles déjà baptisés, sorte de retraite spirituelle préparatoire à la fête de Pâques.

Ce temps comportait un enseignement destiné à rappeler la doctrine chrétienne sur Dieu, l'oeuvre de salut du Christ, la nature des sacrements. Mais il visait aussi à faire mettre en pratique les commandements, l'amour du prochain, le pardon...

La Didaché (Doctrine des apôtres) qui date probablement du 1er siècle mentionne les éléments fondamentaux de cette catéchèse.

Entre le 3° et le 5°s. , les préparations au catéchuménat s'organisent et le carême est considéré comme un temps particulièrement propice pour l'écoute et la méditation de la Parole de Dieu. Le but est d'acquérir une vue d'ensemble sur le christianisme.

Au Moyen-Âge et à l'époque moderne et jusqu'à notre temps, s'est développée la tradition des conférences et des sermons de Carême.

Vatican II aura le souci de restaurer le catéchuménat, vraie « formation à la vie chrétienne toute entière ».

 Pénitence et réconciliation

Des origines au 4°s. se pose la question de la possibilité d'obtenir, après le baptême, un second pardon des péchés, dans le cas d'une faute grave. Cela suscite évidemment des débats. Les modalités de la pénitence et de la réconciliation seront fixées par les prêtres.

Une cérémonie de réconciliation avait lieu le jeudi saint en présence de l'évêque et des fidèles. Ce système très exigeant était décourageant et certains chrétiens attendaient d'être sur leur lit de mort pour demander le pardon de leurs fautes.

A partir du 7°s. les chrétiens peuvent accéder à la pénitence aussi souvent qu'ils le désirent. Le prêtre utilise un pénitentiel pour fixer les pénitences selon les fautes. Cela a occasionné des dérives et s'est mis en place le système moderne de la confession .Il y a d'un coté la pratique de la pénitence mais aussi l'esprit de pénitence qui conduit à réajuster sa vie (conversion) à l'image de celle du Christ.

 

Le MERCREDI des CENDRES

 

               
                                                                             
 © D.G

 Les lectures du mercredi des Cendres invitent à un effort de conversion, de lutte contre le péché, de pénitence, de pratique du jeûne, de la prière et du partage.

Le but est de « nous rendre plus forts contre l'esprit du mal », d'opter pour le chemin qui mène à Dieu et que « purifiés de nos fautes, nous puissions nous unir à la passion du Christ. »

Le thème des Cendres dans l'Ecriture.

Dans l'Ancien Testament, le terme « cendres » est proche de « poussière » ; il symbolise la fragilité, la précarité de l'homme voué à la mort (Genèse 2, 17-18). Il peut aussi exprimer un sentiment d'humilité.
La cendre est aussi signe de deuil et de pénitence. Face à la détresse ou comme expression de pénitence , « ils jetteront de la poussière sur la tête, ils se rouleront dans la cendre » (Ezéchiel 27,30)

 Le rite des cendres dans l'Eglise primitive et médiévale.

Dans l'Eglise primitive ce rite se rapportait à la notion de pénitence en vue de la rémission des péchés graves, commis après le baptême.

Pendant la période du Carême, les pécheurs publics ayant reçu des cendres sur la tête par le célébrant, devaient quitter le lieu de culte après la liturgie de la Parole.

Puis peu à peu, comme entrée en Carême, l'usage conduisit à imposer les cendres aux catéchumènes puis à tous les fidèles.

Depuis Vatican II, deux formules sont possibles au moment de l'imposition des mains :

  • « Souviens-toi que tu es poussière et tu retourneras en poussière. » (Genèse 3,19)

  • «  Convertissez-vous et croyez à l'Evangile. » (Matthieu 1,15)

Donc, avoir conscience de son péché, avoir un sentiment d'humilité devant Dieu que nous avons offensé, et faire effort de conversion, de renouvellement intérieur.

Cela répond à un désir d'intensifier les relations personnelles avec Jésus-Christ, en vue d'une plus grande participation au destin du Christ mort et ressuscité, à laquelle justement le Carême prépare.

Démarche positive et de confiance qui doit aider à prendre conscience de la puissance créatrice et recréatrice de Dieu qui est capable de nous faire accéder à une vie nouvelle, alors que les apparences semblent nous vouer à la mort et à la dissolution. (méditation de Karl Rahner sur « l'homme-poussière »)

 «  L'expérience de la mort... ce mouvement vers le bas qui nous fait communier dans la foi à la descente du Christ jusqu'à la poussière de notre terre est devenu un mouvement vers le haut, une montée avec le Christ au-dessus de tous les cieux... Le chemin de notre rédemption passe au cœur de la chair et de la poussière. »

(Karl Rahner - « Le mercredi des Cendres »)

  

Pour avancer dans la lumière au long de ce Carême

Conduis-moi, douce Lumière,

à travers les ténèbres qui m’encerclent.

Conduis-moi, Toi, toujours plus avant !

La nuit est d’encre et je suis loin de ma maison.

Conduis-moi,

Toi, toujours plus avant.

 

Garde mes pas :

je ne demande pas à voir déjà ce qu’on voit là-bas :

Un seul pas à la fois, c’est bien assez pour moi.

Je n’ai pas toujours été ainsi

et je n’ai pas toujours prié pour que tu me conduises,

Toi, toujours plus avant.

 

Si longtemps ta puissance m’a béni :

Sûrement elle saura encore me conduire

toujours plus avant par la lande et le marécage,

sur le rocher abrupt et le flot du torrent

jusqu’à ce que la nuit s’en soit allée…

 

Conduis-moi, douce Lumière,

conduis-moi,

Toi, toujours plus avant !

 

                                                                Bx Cardinal Newman


Les pratiques de pénitence : jeûne, prière, partage.

- Jeûne.

Ces pratiques n'ont pas une fin en soi et il y a eu bien des dérives . Jésus lui-même l'a remarqué. Par exemple : « Si tu jeûnes, fais-le dans le secret. » (Mt6, 16-18).

Dans l'Ancien Testament, le jeûne traduit l'humilité devant Dieu, le sentiment de dépendance, d'abandon total à Dieu. Moïse et Elie jeûnent quarante jours. Le jeûne vise aussi souvent à obtenir le pardon  ou la demande de grâces individuelles ou collectives. Mais il peut aussi être une préparation à une rencontre avec Dieu : Jésus a commencé son ministère après un séjour de quarante jours dans le désert.

C'est une démarche qui apprend les avantages de la maîtrise (interdépendance du corps et de l'âme) mais doit avant tout être intérieure. Pour plaire à Dieu, le vrai jeûne doit aller de pair avec l'amour du prochain, mais il est surtout rattaché à la personne du Christ vainqueur de la mort donc comme un moyen de s'associer à la passion du Christ.

                                                                  * * *

Premier dimanche de Carême : Tentation de Jésus au désert

Les évangiles de Matthieu, Marc et Luc établissent un lien étroit entre le baptême du Christ et le séjour au désert pour un jeûne de quarante jours, durée qui rappelle les quarante années du séjour d'Israël au désert.

Le désert n'est pas nécessairement le lieu où règne Satan, mais plutôt le lieu de la rencontre avec Dieu, le lieu où Jésus prie après une journée harassante, le lieu où Jésus effectue la multiplication des pains.

Le tentateur cherche à détourner Jésus de sa mission et à lui faire renoncer à son obéissance à l'égard de Dieu.

Il l'invite à poser un acte de puissance et à transformer les pierres en pain. Jésus répond :

«  Ce n'est pas de pain seulement que l'homme vivra, mais de toute parole qui vient de la bouche de Dieu » (Deutéronome 8,3)

Satan défie ensuite Jésus de sauter du haut du Temple pour que Dieu le sauve.

«  Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. », répond Jésus.

Satan lui propose enfin de lui donner tout pouvoir si Jésus se prosterne devant lui et l'adore.

« C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras et c'est à lui seul que tu rendras un culte. » (Deutéronome 6,13)

Le diable quitta alors Jésus et les anges le servaient.

La question s'est souvent posée de savoir dans quelle nature, humaine ou divine, Jésus a subi la tentation.

Le parallèle Adam-Christ a fait très tôt son apparition :

«  De même que par la défaite d'un homme, notre race était descendue dans la mort, de même par la victoire d'un homme, nous sommes remontés vers la vie. » (St Irénée)

Certains Pères de l'Eglise ont pensé que le Christ a renoncé à tout triomphalisme et s'est contenté d'exprimer sa confiance en Dieu.
« Le remède qui guérit notre orgueil est l'humilité du Christ... Chemine dans l'humilité pour atteindre l'éternité. » (St Augustin)

 La victoire du Christ sur Satan prouve que celui-ci n'est pas invincible et qu'en réalité la fidélité à Dieu procure la force de résister victorieusement aux sollicitations du tentateur. Comme Jésus, faisons appel à la Parole de Dieu !
 

                                              *  *  *
- Prière.

« Prie ton Père dans le secret et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt6,6) L'enseignement de Jésus :

  • Dans sa prière, parler peu, ne pas rabâcher mais être à l'écoute

  • Prier le Notre Père

  • Faire confiance en la Providence : ne pas s'inquiéter, outre mesure du lendemain.

    Chercher d'abord le Royaume de Dieu et sa justice.

  • Faire confiance en l'efficacité de la prière.

  • Prier avec les psaumes. Jésus lui-même l'a fait.

Jésus priait en particulier aux moments importants de sa vie. Les premiers chrétiens ont fait de même, ce qui a été source d'inspiration pour la pratique ecclésiale des premiers siècles.

Les écrits de Saint Paul enseignent sur la prière trinitaire : « Tout d'abord, je rends grâce à mon Dieu par Jésus-Christ » (Rm1,8). Et il souligne le rôle de l'Esprit dans la prière qui nous unit au Père et au Fils.

Le terme « prière » est à prendre au sens large de manifestation de la relation personnelle de l'homme avec Dieu qui s'exprime à travers différentes formes : demande, louange, action de grâce, adoration. Cela correspond à des sentiments variés : joie, allégresse, angoisse, détresse, désir . Le psautier reflète très bien ces états d'âme.

La méditation de la Parole de Dieu va aider à trouver des lumières sur la façon d'apporter une réponse croyante aux questions qui se posent au fil de nos vies. La prière, dans ce sens est à la fois contemplation et action.

- Prière exprimant le regret d'avoir péché.

Voir le prophète Daniel 9, 5-6 et le magnifique psaume pénitentiel 50

«  Car mon péché, je le connais,

ma faute est devant moi sans relâche ;

contre toi, et toi seul, j'ai péché,

ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait. »

L'aveu de la faute est logiquement accompagné d'une demande de pardon au Dieu de tendresse et de miséricorde. Celui qui prie ainsi ne se laisse pas aller au découragement.

- Prière pour trouver le bon chemin.

«  Aime le Seigneur ton Dieu, marche selon ses chemins... alors tu vivras. » (Deutéronome 30, 15-16)

D'un coté la vie et le bonheur, de l'autre la mort et le malheur (les deux voies). Apprendre à discerner donc à la lumière de la Parole.

- Prière adressée à Dieu pour qu'il éclaire et illumine.

« Le Seigneur est ma lumière et mon salut » (Ps 27)

« Envoie ta lumière et ta vérité, qu'elles guident mes pas. » (Ps 51)

- Prière pour obtenir « un cœur nouveau »

Voir Ezechiel 36, 25-27

- Prière comme « écoute »

Le temps du Carême nous appelle à écouter le Seigneur.

«  Parle Seigneur, ton serviteur écoute »

- Prière comme méditation qui donne à la Parole de Dieu sa fécondité.

Vivante et efficace est en effet la Parole de Dieu. Et elle donne faim et soif de cette eau qui désaltère et de ce Pain de vie.

« Qui vient à moi n'aura plus jamais faim, qui croit en moi, n'aura jamais soif » (Jean 6, 35)

- Prière comme expression du désir de communion avec Dieu.

«  Je vis, mais ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. » (Galates 2,20)

Ce désir d'intimité avec Dieu s'est exprimé dès l'Ancien Testament et jusqu'à l'Apocalypse.

- Prière-méditation comme association au cheminement du Christ vers l'évènement pascal de la mort-résurrection.

Les lectures invitent à aller au-delà des apparences pour découvrir qu'à travers l'hostilité rencontrée, s'accomplit le plan du salut de Dieu. La prière chrétienne du temps de Carême porte la marque de la confiance. 

- L'aumône

L'Eglise , depuis toujours, ne cesse de rappeler l'importance d'une générosité au bénéfice des plus pauvres.

« Tu dois ouvrir ta main à ton frère, à celui qui est humilié et pauvre dans ton pays. » (Deutéronome 15,11)

Ce n'est pas un simple geste de philanthropie mais une imitation de la miséricorde de Dieu envers les hommes.

« J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire... » (Mt 25)

Un geste qui doit être fait en toute discrétion, demande Jésus.

Dès les premiers siècles, la mise en commun des biens entre chrétiens est de rigueur. Saint Paul stimule leur générosité. De même, l'aumône faisait partie des recommandations données aux catéchumènes.

« Voyez comme ils s'aiment... »

Le Carême est un temps fort pour le partage.

Saint Augustin souligne le lien de la miséricorde avec la pratique du jeûne et de la prière.

« Veux-tu que ta prière s'élève dans son vol jusqu'à Dieu ? Fais-lui deux ailes, le jeûne et l'aumône. »               
     

2° Dimanche de Carême – La TRANSFIGURATION

                                     

 Dans l'Eglise ancienne, le Carême est censé faire revivre aux catéchumènes et aux fidèles la montée du Christ vers le Golgotha. C'est s'associer au destin du Christ mort, ressuscité et glorifié.

La Transfiguration anticipe son état glorieux lié à la Résurrection.

Dieu se manifeste dans la nuée en présence de Moïse et Elie, qui représentent l'Ancienne Alliance et les prophètes, mais aussi dans Jésus transfiguré par la gloire rayonnante de sa nature divine. Cette manifestation nous révèle l'identité de Jésus. En lui, fondateur de la Nouvelle Alliance, l'Ancienne Alliance trouve son accomplissement.

Nous préparant en quelque sorte au choc de la croix, la Transfiguration est de nature à nous apporter l'assurance que tout n'est pas fini après la mort du Christ.

Nous sommes appelés déjà sur terre à devenir l'image, le reflet de Dieu.

 « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous (Lc17,21). Par là, nous apprenons qu'avec un cœur purifié...nous voyons dans notre propre beauté l'image de la nature divine... Dieu, en te créant, a enfermé en toi l'ombre de sa propre bonté, ainsi que l'on imprime le dessin d'un sceau dans la cire. » (Grégoire de Nysse)

 « Nous avons tous besoin de lumière intérieure pour surmonter les épreuves de la vie. Cette lumière vient de Dieu et c'est le Christ qui nous la donne, Lui en qui habite la plénitude de la divinité (Col 2,9). Gravissons avec Jésus la montagne de la prière et, en contemplant son visage plein d'amour et de vérité, laissons-nous remplir intérieurement de sa lumière. » (Benoît XVI, Angélus mars 2012)     

L'esprit de pénitence et l'effort de conversion

                   
                                       Le fils prodigue - Rembrandt

La pénitence et la conversion tiennent une place considérable dans la révélation biblique.

Par exemple, la prédication du prophète Amos insiste sur la notion de retour à Dieu qui implique la reconnaissance de l'état de péché, et aussi la volonté de changer de conduite en agissant selon les exigences divines. Le prophète Isaïe appelle à un changement radical de conduite et Ezéchiel met l'accent sur les dispositions intérieures nécessaires pour la conversion.

« Faites-vous un cœur nouveau, un esprit nouveau... Convertissez-vous et vous vivrez » (Ez 18,31)

Jésus va reprendre cet appel mais va faire aussi passer un message d'abandon confiant à Dieu qui est un Dieu d'Amour.

Jeûne, pénitence et aumône sont à considérer comme complémentaires, chacune étant à sa façon , l'expression de l'esprit de pénitence.

 «  Ce temps [de Carême] est celui de la douceur, de la paix et du calme, celui où évitant la contagion de tous les vices, il nous faut acquérir les vertus durables. » (Léon le Grand)

Léon le Grand ( pape, 5°s.)présente la charité comme le sommet et l'âme des vertus :

«  La charité est la vigueur de la foi, la foi est la force de la charité » dans une union indissoluble. » (Léon le Grand)

 De l'esprit de pénitence, on peut retenir les éléments suivants :

  • Se reconnaître pécheur et avoir le courage d'envisager cette situation.

  • Veiller à une meilleure compréhension de ce que cela signifie pour les relations avec Dieu.

  • Avoir le courage de lutter contre le péché.

  • Chercher à pratiquer les vertus qui s'opposent aux péchés.

  • Viser à nous ouvrir aux vertus théologales [foi, espérance, charité], sources et sommets des vertus agréables à Dieu.

  • Agir par amour de Dieu et amour du Christ.

                                 *  *  *  

     Troisième dimanche de Carême – Les marchands du Temple  
 ( Ce chapitre ne fait pas partie du livre car les textes commentés ne sont pas ceux de cette année)

La première lecture tirée du Livre de l'Exode évoque comment Dieu s'est révélé à Moïse comme sauveur de son peuple en lui donnant la Loi (Ex 20, 1-17) . C'est l'épisode des « dix commandements ». Le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu », donne sens à tout le reste. Mais ne voyons pas cela comme des ordres mais bien comme des portes ouvertes vers un chemin balisé par Dieu pour une réelle liberté. Nous sommes esclaves de tant de choses futiles et périssables. Certaines personnes ne sont-elles pas esclaves de leurs appareils électroniques ? D'autres de leur promotion ou de l'argent ? Recentrons nos vies vers l'essentiel., leur cœur

L'Evangile rapporte la colère de Jésus face aux marchands du temple. Ce ne sont pas tant les activités marchandes qui le fâchent que cet envahissement des lieux au détriment de Dieu lui-même.

Nous sommes, nous aussi, parfois désarmés face à l'inertie ou l'aveuglement de certaines personnes...

Interrogé par les Juifs , Jésus parle de ce Temple qu'il peut détruire et relever en trois jours. Ils ne le comprennent pas, leur cœur est fermé et pourtant ils sont eux aussi dans l'attente d'un Sauveur.

Jésus en effet parlait de sa mort et de sa résurrection. Mais il était encore trop tôt pour être plus clair. Ce ne sera que bien plus tard qu'à la relecture des événements, les chrétiens comprendront les paroles de Jésus.

                                                             *  *  *

CLES pour comprendre en profondeur le sens du Carême

    Le « plan de salut »

    C'est le dessein conçu depuis toujours par Dieu : «  réunir l'univers entier sous un seul chef le Christ, récapituler toutes choses en Christ, ce qui est dans les cieux et sur la terre » (Ephésiens 1, 10)

    Dieu désire que chaque homme se conforme à l'image du Christ, afin que celui-ci soit le premier-né d'une multitude de frères. C'est bien ce qui est propre à la conception chrétienne du salut : donner au Christ une place privilégiée. Les confessions de foi dans l'Eglise de l'ère patristique le soulignent déjà. Puis à la fin du 2° et 3° siècles, il y aura des règles de foi mentionnant les mêmes données fondamentales.

    Le concile de Nicée , en 325, produit le Credo que nous récitons encore aujourd'hui.

Il y a de réelles difficultés à concevoir un tel plan de salut étalé dans le temps. Notre année liturgique obéit à ce souci de présentation globale en célébrant sur une année les différentes étapes de l'oeuvre du salut accomplie par Jésus.

De même les liens établis entre Ancien et Nouveau Testament soulignent la continuité du projet de Dieu.

Au 20°s. s'est fait sentir le besoin de dépassement d'une présentation trop fragmentée de la théologie. Il est nécessaire de « penser ensemble » ce qui relève de la théologie dogmatique, de la théologie morale, de la théologie de la liturgie, de la spiritualité.

    Comment rétablir ou améliorer nos relations avec Dieu ?

     

    - La justification

L'expression « justification par la foi » souligne la nécessité d'une attitude d'ouverture et d'acceptation de la part de l'homme dans un mouvement de foi confiante.

« Le juste, par la foi, vivra. » (Romains 1, 16-17)

Si la mort résulte du fait que l'homme est devenu pécheur en voulant vivre par lui-même, la vie découle du fait qu'en s'abandonnant à Dieu, il obtient la vraie vie.
Dans l'Ecriture, le mot « justice désigne une attitude de rectitude devant la loi de Dieu et une attitude d'intégrité de la part de Dieu miséricordieux.
La pratique de la Loi ne suffit pas. Nous sommes justifiés par la foi au Christ. Comme le proclame saint Paul : « Le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans la mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts. » (Philippiens 3, 7-11)

La mort du Christ est la preuve que Dieu nous aime.

« Nous ne sommes plus sous la Loi mais sous la grâce. » (Romains 6,4)

            - Réconciliation avec Dieu

La réconciliation suppose un état d'inimitié entre l'homme et Dieu, créé par le péché, état auquel l'homme livré à lui-même est incapable de mettre fin.

D'après les textes du Nouveau Testament, l'initiative de la réconciliation vient de Dieu : la réconciliation est un effet de l'amour miséricordieux de Dieu auquel l'homme doit s'ouvrir.

« Il a plu à Dieu de faire habiter en Lui toute plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix. » (Colossiens 1,20)

Les péchés sont aussi variés que le sont les modes de pardon. On peut être « lavé » du péché, ou « guéri ». Dieu ne « se souvient plus » des péchés. On est « purifié, justifié ».

Dieu accorde le pardon (c'est un don) par l'entremise de Jésus.

Selon Jean (Jn 20,23), Jésus ressuscité transmet à ses disciples le pouvoir de remettre les péchés.

Portée salvifique de la résurrection du Christ.

La résurrection du Christ est la condition et la cause de notre propre résurrection, mais elle ouvre aux croyants l'accès aux biens du salut dès la vie ici-bas. C'est à travers le sacrement du baptême, qui signifie pour les chrétiens, insertion dans la mort et la Résurrection du Christ, et les célébrations eucharistiques, en raison de leur signification de mémorial, que la théologie traditionnelle a essayé d'expliquer la participation des croyants aux effets positifs du mystère pascal. (p.261)

Déjà du temps des Pères de l'Eglise, il y a l'idée d'une progression menant le croyant vers un achèvement situé au-delà des possibilités naturelles de l'homme., selon une pédagogie mise en œuvre par Dieu, progression dans la connaissance de Dieu et dans l'union d'amour avec Dieu, élan vers Dieu.

L'événement central de la mort et de la résurrection du Christ est à mettre en relation avec les événements antérieurs, y compris ceux relatés dans l'Ancien Testament, considérés comme préparation de l'intervention du Verbe incarné, et aussi des événements annoncés prophétiquement comme devant se produire à la fin des temps pour notre salut.

La vision chrétienne amène donc à prendre en compte la passé, le présent et l'avenir .
 

Le DIMANCHE des RAMEAUX

                 

A la fin du 4°s., on célébrait à Jérusalem l'entrée triomphale de Jésus dans la ville sainte, en refaisant le parcours effectué par Jésus et ses disciples. De Jérusalem, la procession se répandit dans tout l'Orient.

Ce n'est qu'au 7°-8°s. qu'en Occident naît la coutume de venir à l'église avec des palmes et des rameaux. Elle visait à honorer le Christ-Roi.

Mais ce dimanche est surtout la porte d'accès à la semaine commémorant la Passion et la mort du Christ. La liturgie de la Parole de ce jour-là culmine dans le récit de la Passion.

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (Ps 22,1). Souffrance mais aussi confiance : « Le Seigneur vient à mon secours. » (Is 50, 7)

 La magnifique deuxième lecture (Philippiens 2, 6-11) situe la passion et la résurrection dans la globalité du mystère du Christ. Mystère de l'Incarnation où Dieu revêt la nature humaine puis l'entrée du Christ dans la gloire. Cette incarnation unit intimement les croyants à Jésus et forment avec lui un seul Corps dont le Christ est la Tête.

                                 Le JEUDI SAINT

           

Dans l'Antiquité, à partir du 5°s. , le jeudi saint donna lieu à la réconciliation des pénitents, à la bénédiction des saintes huiles et à la messe qui commémore la dernière Cène.

On insistait en particulier sur la bienveillance dont les pasteurs avaient à faire preuve. L'objectif n'est pas de décourager les pénitents mais de les ramener au sein de la communauté ecclésiale.

La messe chrismale avec la bénédiction des saintes huiles (pour les baptêmes et le sacrement des malades) est devenue aussi une fête du sacerdoce selon le vœu de Paul VI.

« L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. » (Isaïe 61,1), phrase que rappellera Jésus dans le Temple. Le Christ est le Grand prêtre de la Nouvelle Alliance.

Une lecture de ce Jeudi Saint fait mémoire de la dernière Cène.

Sacerdoce du Christ donc, mais aussi sacerdoce des évêques, des prêtres et du peuple chrétien.
Les chrétiens ont mission « de servir et de nourrir les hommes de la Parole de Dieu, de faire vivre les sacrements et d'être de rais témoins de la foi et de la charité » (Préface). Tout étant lié.

Les chrétiens sont habilités à prendre une part active à l'action liturgique et à rendre compte de l'espérance qui est en eux de la vie éternelle.

Le jeudi saint termine le temps du Carême et commence le temps liturgique du Tridum pascal.

Ce qui est fait mémoire à travers la célébration de la Cène, c'est principalement l'institution du sacrement de l'Eucharistie, mémorial de l'oeuvre de salut et de libération accomplie à travers la mort et la résurrection de Jésus. Le texte le plus ancien relatant cet épisode est celui de saint Paul (1 Corinthiens 11, 23-26)

La messe du jeudi Saint comporte aussi un rite qui commémore le geste accompli par le Christ lors du dernier repas qu'il prit avec les siens : celui du lavement des pieds. Jésus s'offre comme serviteur.
Ce geste qui pourrait être humiliant (habituellement fait par des esclaves) prend ici toute sa grandeur et manifeste l'amour profond de Jésus pour les siens. Ce geste d'abaissement l'élève, comme celui de la mort sur la croix le conduit à la résurrection.

Il nous faut aussi vivre l'humilité si nous voulons « avoir part avec le Christ ». « Faîtes vous aussi ce que j'ai fait pour vous » (Jn 13, 13-14).

 

« Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres (Jn 13) . «  A ceci, tous vous reconnaîtront comme mes disciples. » (Jn 3,35)

                                VENDREDI SAINT

                     

C'est le grand jour de la commémoration de la Passion et de la mort du Christ, et celui de l'hommage solennel à la croix.

Les premiers témoignages écrits relatifs à la célébration liturgique du vendredi saint datent de la fin du 4°siècle. Cérémonies qui adoptent, à Jérusalem, la forme de processions prévoyant des temps d'arrêt permettant d'organiser des temps de lecture, de prière à des endroits censés représenter des stations de la montée du Christ vers le Golgotha. Cette procession peut durer du jeudi soir au vendredi après-midi et même toute la nuit suivante.

 Se célébrait aussi dans les églises de Rome un office populaire : croix exposée sur l'autel, lectures bibliques, récit de la Passion, prière universelle, adoration de la croix et communion.

Au fil des siècles, la communion sera supprimée (il n'y a pas de célébration eucharistique ce jour-là) puis réintroduite en 1955.

 Les textes évoquent les humiliations, la souffrance du Christ, son sacrifice pour nous obtenir le salut. A cause de ses souffrances, il verra la lumière et entrera dans la gloire.

Quand « tout est achevé », saint Jean l'évangéliste, cherche à faire comprendre que l'oeuvre du salut que le Père avait confiée à son Fils est « accomplie » et donc aussi l'Ecriture . (Jn19,28)

 La lecture de la Passion est suivie de la prière universelle particulièrement solennelle. Elle concerne non seulement les fidèles de l'Eglise catholique, mais aussi les croyants d'autres religions et ceux qui ne croient pas en Dieu. Sont mentionnés aussi les dirigeants des affaires publiques, les hommes dans l'épreuve...

Puis la croix est présentée et vénérée.

« … Salut, ô Croix, notre unique espérance,

   en ce temps de la Passion

   accrois la grâce chez les hommes pieux

   efface nos péchés. »

 


                   SAMEDI SAINT et VEILLEE PASCALE

Journée de souvenir de repos du Christ au tombeau ( il est réellement mort) et de descente aux enfers ( Jésus a vaincu la mort et en est le libérateur). Il n'y a ni eucharistie ni célébration de la Parole le samedi saint.

                                             

La veillée pascale

« Elle est la mère de toutes les saintes veillées » (Saint Augustin).

Les différentes étapes du déroulement des cérémonies, les prières, les choix de lectures remontent en grande partie à l'ère patristique.

  • Bénédiction du feu et préparation du cierge pascal : office de la lumière

Le feu allumé qui dissipe les ténèbres de la nuit est le symbole de cette lumière qui émane du Christ et nous éclaire sur le chemin qui mène au Royaume de l'éternelle lumière.

Sur le cierge : une croix, les lettres Alpha et Oméga, le chiffre de l'année en cours. Le cierge allumé, on chante : « Lumière du Christ – Nous rendons grâce à Dieu. » Chaque fidèle allume son cierge au cierge pascal.

L'annonce solennelle de la Résurrection , « l'Exultet »,met l'accent sur le thème de la lumière et est un appel à la joie qui s'adresse même aux anges (dimension cosmique).

- Les lectures résumeront ensuite l'enseignement reçu par les catéchumènes qui vont être baptisés à la veillée pascale : l'oeuvre de la création, le sacrifice et la délivrance d'Isaac, la libération d'Israël avec le passage de la mer Rouge, Dieu source de la vraie sagesse et fécondité de la Parole de Dieu.

Le psaume 50 exprime le désir du croyant d'avoir un cœur et un esprit nouveaux :

                   « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu ... »

L'Evangile de la veillée pascale annonce la Résurrection.

  • Liturgie baptismale puis eucharistique.

Toute la célébration tend à exprimer la joie qui trouve sa source dans la résurrection du Christ . Joie aussi résultant de la bonne nouvelle du salut apporté au monde par le Christ Sauveur.

                              

                                  LE  CHRIST   EST   RESSUSCITE !

Mise à jour : Lundi 12 Février 2024, 13:43
Denyse dans 09 - CAREME et MERCREDI des CENDRES - Lu 1450 fois - Version imprimable
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