Eloge spirituel de l'imperfection

              
                                         ANNEE 2023

ELOGE SPIRITUEL DE L'IMPERFECTION

Alexia VIDOT

Ed. Artège, 2023
155 p.

                            

Ce titre un peu provoquant est évidemment attirant. La Bible et surtout l'Eglise nous ont longtemps laissé penser que pour approcher Dieu, il fallait viser la perfection … avec toutes ses contraintes et bien souvent ses découragements. De même, les saints présentés comme au top de la sainteté, nous faisaient considérer celle-ci comme hors de portée.

Or le livre d' Alexia VIDOT décrit ici avec clarté nos imperfections comme normales, constitutives de notre nature humaine et que ce sont avec elles que pourra se faire un véritable épanouissement spirituel.

«  A l'évidence, l'éloge de l'imperfection ne peut être celui du laxisme, de la médiocrité ou de la voie moyenne ». (p .22) Sans aucun doute, Dieu nous appelle tous à la sainteté qui est en fait retrouver l'image de Dieu qui est en nous et différente en chacun.

Il va falloir accepter nos pauvretés pour les dépasser, nos limites pour nous en remettre à la grâce de Dieu. « Les premiers compagnons de Jésus n'ont brillé par aucune qualité exceptionnelle, mais bien plutôt par leurs défauts et leurs manques en tous genres. »(p.26)

Les médias nous montrent, en les idéalisant et en masquant leurs ombres, tant de personnes parfaites de corps et (parfois) d'esprit qu'on risque bien des désillusions en voulant leur ressembler.

Il faudra d'abord s'aimer de façon juste sans se déprécier (ni trop se valoriser). Reconnaître nos fragilités nous aidera à accepter celles des autres.

L'éloge spirituel de l'imperfection nous met face à la réalité et peut ainsi nous aider vraiment à progresser avec une certaine sérénité.

- Parce que le Très-Bas est descendu jusqu'à moi, j'ai la folie de croire que sa puissance s'est déployée dans ma faiblesse. (p.12)

- Le drame du péché originel est ce refus de la limite qui est un désir de toute-puissance : être comme Dieu mais sans Lui. (p.17)

- Prier, ce n'est peut-être pas autre chose que de brûler son temps pour Dieu et en pure perte. Le lui donner sans chercher à le rentabiliser ou à l'optimiser. Il ne s'agit pas de conquérir ou d'obtenir quoi que ce soit mais , au contraire, de baisser les armes pour accueillir un autre que soi. Il ne s'agit pas de faire mais de se laisser faire, de laisser Dieu faire. Pour peu qu'on l'invoque. » (p.42-43)

Alexia VIDOT cite Henri de Lubac, Charles Péguy, Benoît XVI, Bernanos, Thomas Merton. Elle évoque largement en fin de livre la vie de Marie Noël ( il faut lire «  J'ai bien du mal avec Dieu »!)

grande poétesse et mystique, toujours inquiète qui n'a « jamais cessé de trembler comme une chandelle vacillante entre deux mondes ».

«  C'est cela Marie-Noël : joie et souffrance enchevêtrées, lumière ardente au creuset d'épaisses ténèbres. Si, à l'inverse vous êtes satisfaits installés bien au chaud dans vos habitudes et vos certitudes, elle vous réveillera. » (p.129)

            « Je ne sais rien de toi, Père, que la victoire

                Que Toi-même à la longue as gagnée en mon cœur. »

                Marie Noël – Notes intimes

DG

 

 

 

 

Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 146 fois -
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