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Mardi 09 Avril 2024

Règle de saint Benoît ch.32-33-34-35-36-37-38-39-40–41-42

REGLE  DE  SAINT BENOÎT - Texte et commentaires

     La Règle a été conçue par saint Benoît pour des communautés monastiques. Mais que nous soyons religieux ou laïcs dans le monde cette Règle peut être pour nous une aide précieuse pour avancer dans l'esprit de  l'Evangile. Nous en proposons ici un commentaire un peu actualisé.

RB 32. Les outils et les objets du monastère

L’Abbé chargera ceux des frères dont la vie et les mœurs lui inspirent confiance de tout ce que le monastère possède en outils, vêtements et autres objets. Il leur en confiera le soin particulier, selon qu’il le jugera utile à leur entretien et à leur conservation. L’Abbé en tiendra un inventaire pour savoir, lorsque les frères se succèdent tour à tour dans ces charges, ce qu’il donne et ce qu’il reçoit.

Si quelqu’un traite avec malpropreté ou négligence les choses appartenant au monastère, il sera réprimandé ; s’il ne s’amende pas, il sera soumis à la discipline régulière.

Dans ce lieu qu'est le monastère qui se voudrait idéal (mais ne l'est pas bien sûr), une grande attention est apportée à la responsabilité de chacun dans les grandes ou petites choses. Il est bien connu que, qui n'apporte pas le meilleur soin possible dans les petites choses ne pourra guère le faire dans les grandes.

Une maison, un jardin , un bureau, une tenue en désordre peuvent être révélateurs d'un tempérament et d'un esprit désordonné. Petit tour d'horizon dans notre vie personnelle ….

Le Carême qui est approche peut être pour nous l'occasion de redresser ce qui pousse de travers. Notre vie spirituelle s'en trouvera rafraîchie et fortifiée.

«  Cherchons Dieu vraiment et nous le trouverons en tout et partout... Chapitre précieux pour qui verrait dans l'usage des choses un obstacle pour la paix en Dieu... regard de foi sur les objets et l'usage que que nous en faisons... Mise en garde contre l'esprit de propriété... utilisation à une fin individuelle, égoïste de ce qui ne nous appartient pas... La netteté que saint Benoît nous demande dans les choses matérielles a une grande importance spirituelle... Il nous faut dès l'instant présent apprendre à parler ce langage divin que nous parlerons éternellement... Il fait bon vivre ensemble dans une maison où règnent l'ordre et la propreté. » (p.399-401) *

                                     
                                      © D.G

RB 33. Si les moines doivent avoir quelque chose en propre

Avant tout, il faut retrancher radicalement du monastère ce vice de la propriété. Que personne ne se permette de rien donner ou recevoir sans l’autorisation de l’Abbé, ni d’avoir quoi que ce soit en propre, absolument aucune chose — ni livres, ni tablettes, ni stylet pour écrire ; en un mot, rien du tout — , puisqu’il n’est pas même permis aux moines d’avoir en propre ni leur corps, ni leurs volontés, mais qu’ils doivent attendre du père du monastère tout ce qui leur est nécessaire. Qu’il ne leur soit donc jamais licite d’avoir quelque chose que l’Abbé n’aurait pas donné ou permis.

Que tout soit commun à tous, ainsi qu’il est écrit[ Ac 4, 32 ]; que personne n’ait la témérité de s’approprier quoi que ce soit, pas même en paroles. Si quelqu’un devait se complaire en ce vice détestable, on l’avertira une première et une seconde fois ; s’il ne s’amende pas, il sera soumis à la correction.

Ce qui est demandé ici au moine ou à la moniale est donc de ne rien posséder personnellement. Un autre monde que le nôtre où nous sommes tant désireux de posséder des biens, d'avoir des choses rien qu'à soi  ! Pourquoi ces exigences de saint Benoît ?

Souvenons-nous de cet homme dans l'Evangile qui n'avait de cesse de stocker ses récoltes dans ses granges. Puis, soudainement il meurt. Qu'emportera-t-il avec lui ?

Tout vient de Dieu et nous ne sommes que des gérants, responsables certes (la Règle nous le rappelait au ch.32) des biens qui nous sont confiés. Mais ils ne sont que des outils qui nous permettent de les mettre au service de ceux qui nous entourent. Ne soyons pas l'avare de Molière qui ne vit que pour ses pièces d'or.

Ce temps de Carême peut nous inviter à nous débarrasser de l'inutile, à nous alléger en partageant.

Le but étant de nous attacher seulement à l'essentiel : l'amour de Dieu. Qui ne va pas sans l'amour des frères.

«  Jésus a dit : ' Nul ne peut servir deux maîtres '. C'est ou bien le ciel ou la terre.... Notre bien, c'est Dieu... La pauvreté doit nous apparaître comme une source de libération, d'ouverture, de disponibilité... (p.402)

Jésus qui s'est fait pauvre parmi les pauvres, ne nous dit pas que la perfection se trouve dans la pauvreté matérielle proprement dite, mais dans la charité, non dans le dénuement pur et simple, mais dans la pauvreté spirituelle. Prise de conscience de sa dépendance totale vis-à-vis de Dieu... (p.408) »*

                        
 

34. Si tous doivent recevoir également le nécessaire

Comme il est écrit :  On partageait à chacun selon ses besoins.[ Ac 4, 35 ]  Nous n’entendons pas dire par là qu’on soit partial envers personne — pourvu que non ! — mais qu’on ait égard aux infirmités. Celui qui a besoin de moins, qu’il rende grâce à Dieu et ne s’attriste pas ; faut-il à un autre davantage, qu’il s’humilie de sa faiblesse et ne s’élève pas de la miséricorde qu’on a pour lui. Ainsi tous les membres seront en paix.

Avant tout, que jamais n’apparaisse le vice du murmure, pour quelque raison que se soit, ni dans le moindre mot, ni dans un signe quelconque. Si quelqu’un y est surpris, qu’il soit soumis à une correction sévère.

« ...selon ses besoins » : de quoi ai-je vraiment besoin ? Et si je donnais tout ou partie ce que j'ai en trop ? Le détachement d'objets matériels est parfois difficile mais cela peut être une vraie libération.
Ayons surtout le souci de donner à ceux qui ont bien trop peu.

Se libérer aussi des pensées inutiles et vaines parfois envahissantes ? Faire le deuil de rêves impossibles pour vivre pleinement ce qui nous est donné aujourd'hui. Saint Benoît insiste sur le fait qu'au moins rien n'apparaisse de nos « murmures ». Les Français (entre autres!) sont souvent en train de se plaindre. Rendrons grâce pour ce que nous avons , prions et agissons en faveur de ces populations démunies et qui souffrent de la guerre.

                             
                              © D.G

 «  Quels que soient nos besoins, cultivons l'art d'être toujours contents, toujours reconnaissants à Dieu et à nos frères pour la part qui nous est faite. C'est cette part que nous avons à faire fructifier, pour laquelle il nous sera demandé compte... Toujours rendre grâce... A qui possède Dieu, rien ne manque. » (p.413) *

35. Les serviteurs de semaine de la cuisine

Les frères se serviront mutuellement. Personne ne sera dispensé du travail de la cuisine, si ce n’est pour cause de maladie ou pour s’occuper d’affaires plus utiles. C’est par cet exercice, en effet, qu’on acquiert plus de mérite et un accroissement de charité. On donnera des aides à ceux qui sont faibles, afin qu’ils n’accomplissent pas cette tâche avec tristesse. Tous auront ainsi des aides, selon que le demandera l’état de la communauté ou la situation du lieu....

                     
                        La cuisine - Les vieux métiers d'Azannes (55)
© D.G

On voit ici tout le respect que saint Benoît a pour ses moines. Ses remarques sont à la fois directives et nuancées. On pourrait penser que dans une collectivité, les règles soient immuables et rigides pour préserver l'ordre et l'égalité. Selon Benoît, le travail n'a de sens que dans la mesure où il y a aussi humanité et attention à l'autre. Bien des entreprises ont pris conscience que la bonne santé de l'employé va se répercuter sur la qualité du travail. Tout le monde s'y retrouve.

On voit aujourd'hui les souffrances de pays en guerre où plus rien n'est respecté, où l'homme compte pour peu de chose sinon pour arriver aux fins poursuivies par quelques-uns.

Le projet de saint Benoît repose sur sa vision du Paradis qui n'est pas sans contrainte mais applicable avec une grande fraternité. C'est ainsi que Dieu nous attend.

Toute méditation sur le service est attirante pour un cœur chrétien : il sent que là est la vérité de l'Evangile ; elle lui manifeste aussi à l'évidence combien il est loin d'être un bon et fidèle serviteur. Que de fois nous agissons en mercenaires ! Demandons à l'Esprit de Jésus de nous conformer intérieurement à Celui dont le service a été pour nous la mort sur la Croix. (p.418)*

Saint Benoît détaille ensuite très précisément les fonctions de chacun au service de la communauté en insistant toujours sur les relations fraternelles et sur les besoins de chacun. Le tout, sous la protection de Dieu, en prononçant au moment d'entrer en fonction, un verset biblique : « Tu es béni, Seigneur Dieu, toi qui m'aides et me consoles » (Ps 85) ou « Dieu, viens me délivrer, Seigneur viens vite à mon secours ! »(Ps69)

Puissions-nous, nous aussi, faire ainsi « collaborer » Dieu à notre vie quotidienne !

36. Les frères malades

Avant tout et par-dessus tout, on prendra soin des malades, et on les servira comme s’ils étaient le Christ en personne ; car c’est lui-même qui a dit :  J’ai été malade et vous m’avez visité [ Mt 25, 36 ] , et encore :  Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait.[ Mt 25, 40 ] 

De nombreux récits évangéliques relatent la grande attention et compassion que Jésus a pour les malades. Cela doit donc être aussi une de nos priorités. Etre malade, c'est être dans l'inquiétude, la douleur souvent. C'est être parfois dépendant. Etre écouté, visité dans ces moments difficiles fait toujours du bien, réconforte, apaise.

Qui visiterai-je aujourd'hui ?

               

Les malades considéreront de leur côté que c’est pour l’honneur de Dieu qu’on les sert, et ils ne mécontenteront pas par des exigences superflues leurs frères qui les servent. Et pourtant, il faudrait les supporter avec patience, parce qu’on en retire une plus large récompense. L’Abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu’ils n’aient à souffrir d’aucune négligence.

Comme nous le voyons particulièrement dans ce passage, tous nos actes quotidiens devraient être reliés à Dieu. Servir nos frères c'est servir et aimer Dieu car à l'origine de nos gestes et paroles , c'est Dieu Créateur qui a mis en nous cet amour. Nous n'avons pas spontanément cette conscience du lien qui nous unit à Dieu ...

« C'est un don de Dieu qu'il nous faut cultiver dans la prière. » * (p.432)

RB 37. Les vieillards et les enfants

Bien que l’homme par nature soit porté à la compassion envers les vieillards et les enfants, l’autorité de la Règle doit néanmoins intervenir en leur faveur. On aura donc toujours égard à leur faiblesse, et on ne les astreindra pas à la rigueur de la Règle pour ce qui est de la nourriture ; mais on usera envers eux d’une tendre condescendance, et ils pourront devancer les heures régulières des repas.

Nous avons à porter  attention  aux personnes âgées et aux enfants qui sont particulièrement sensibles à la relation aux autres et aux bienfaits qu'elle apporte.

La Règle de saint Benoît n'a rien de rigide comme doivent l'être nos comportements qui ont à s'adapter aux personnes et aux situations. Dans une apparente contradiction, la Règle impose la souplesse ! Dans une juste appréciation des circonstances.
Nous avons nos façons de penser et nos valeurs mais soyons aussi à l'écoute des besoins de l'autre.

Des exemples pris dans la vie de Jésus témoignent de sa sollicitude, de sa sensibilité à la souffrance et de ses actions pour redonner joie et vie.
         
                                      
                    © D.G

« Il y a les faibles par leur âge, les faibles aussi à tout âge... Tous, soyons généreux en même temps qu'indulgents pour les faiblesses d'autrui. La charité arrange toutes choses. » (p.436)*

38. Le lecteur de semaine

La lecture ne doit jamais manquer à la table des frères. Il ne faut pas que le premier venu s’empare du livre et le lise; mais un lecteur entrera en fonction le dimanche pour une semaine entière. Après la Messe et la Communion, il commencera par se recommander aux prières de tous...

Qu’on observe à table un silence absolu et qu’on n’y entende ni chuchotement ni parole, hormis la voix du lecteur. Que les frères se servent mutuellement ce qui est nécessaire en nourriture et boisson ; afin que personne n’ait besoin de rien demander....

Les frères ne liront ni ne chanteront à tour de rang, mais ceux-là seulement qui sont capables d’édifier les auditeurs.

Si l'occasion nous a été donnée de vivre quelques journées dans un monastère, nous avons pu constater les caractéristiques de ce temps du repas en silence « hormis la voix du lecteur ».

Temps où on rend grâce pour le repas partagé mais qui n'est pas un temps de bavardage entre convives. On écoute une musique ou une lecture, souvent celle d'un livre non religieux (vie de saints, témoignages de chrétiens, de vie dans des pays en conflits politiques ou religieux, vie de l'Eglise...). La voix du lecteur doit être audible comme doivent l'être celles de nos lecteurs lors des messes en paroisse.

C'est donc toujours avec soin que sont vécus chaque temps du jour, qu'on mange, qu'on travaille, qu'on se détende ou qu'on dorme. Sous le regard de Dieu.
                          
                                

«  Pour le chrétien, pour le moine, il n'y a pas de lecture profane. Ou plutôt, ce qui en soi est profane cesse de l'être du fait qu'il est lu ou écouté avec une mentalité chrétienne... Il y a une manière chrétienne de lire ou d'entendre l'information la plus banale. C'est une parcelle de l'histoire de Dieu parmi les hommes. En l'écoutant, nous ne sommes pas des auditeurs passifs, nous y entrons, nous en devenons acteurs. » (p.436-437) *

39. La mesure de la nourriture

                                
 
Nous croyons que deux mets cuits doivent suffire à toutes les tables pour le repas quotidien....

Si l’on a un travail plus considérable, il dépendra de la volonté et du pouvoir de l’Abbé d’ajouter quelque chose, au cas où il le juge opportun et en évitant tout excès...

Rien n’est aussi contraire à tout chrétien que l’excès de table, selon cette parole de notre Seigneur :  Veillez à ce que vos cœurs ne s’appesantissent pas sous l’excès.[ Luc 21, 34 ] 

Toute la vie du moine est prise en compte par saint Benoît. De même, dans notre vie , tout devrait être en harmonie : le travail, les loisirs, les repas, le sommeil... Question de bon sens mais aussi d'équilibre personnel et de cohésion avec notre foi.

Nous prions pour que diminue la faim dans le monde ? S'impose à nous une certaine sobriété et le partage...

Nous prions pour la paix ? Commençons par la vivre avec nos proches...

Nous nous désolons à propos du réchauffement climatique ? Trions nos déchets, utilisons nos véhicules avec modération...

Veillons donc à ce que nos cœurs et nos actes soient en harmonie avec la foi que nous proclamons.

" Quant à l'application, à la mesure à observer, c'est à chacun de voir ce qu'il faut. .. Il faut tenir compte des besoins et des forces de chacun... Permettre aux libertés individuelles de s'exercer afin que tous puissent demeurer dans l'action de grâce et que soit évité le murmure. " (p.449) 
 

RB 40. La mesure de la boisson

 Chacun a reçu de Dieu son don propre : l’un celui-ci, l’autre celui-là.[ 1 Co 7, 7 ]  Ce n’est donc pas sans quelque scrupule que nous fixons aux autres la mesure de leur aliment. Néanmoins, ayant égard au tempérament de ceux qui sont faibles, nous croyons qu’une hémine de vin suffit à chacun pour la journée [elle équivalait probablement à un quart de litre]. Que ceux auxquelsDieudonne la force de s’en abstenir sachent qu’ils en recevront une récompense particulière.Si la situation du lieu, ou le travail, ou les chaleurs de l’été demandent davantage, le supérieur en décidera ; mais il veillera en tout à ne pas laisser aller jusqu’à la satiété ou à l’ivresse.

Nous lisons, il est vrai, que le vin ne convient aucunement aux moines ; mais comme on ne peut en persuader les moines de notre temps, convenons du moins de n’en pas boire jusqu’à satiété, mais avec modération, car  le vin fait apostasier même les sages.[ Si 19, 2 ]
Si les conditions du lieu ne permettent pas de se procurer cette mesure de vin, mais beaucoup moins, ou même rien du tout, les habitants de l’endroit béniront
Dieu et se garderont de murmurer ; car c’est là l’avertissement que nous donnons avant tout, qu’on s’abstienne des murmures.

On pourrait considérer que ces remarques ne sont guère essentielles adressées à des moines à priori sages et sobres. Saint Benoît estime pourtant, comme pour la nourriture au ch.39, que tout se tient et que personne n'est à l'abri de se laisser aller. Mais autant il condamne tout excès, autant il respecte chacun. Il faut se rappeler aussi qu'à l'époque de Benoît, les travaux manuels étaient particulièrement durs, travaux des champs en particulier. Le réconfort « d'une hémine de vin » n'était pas un luxe. Mais en tout, il faut garder sagesse et modération.

En ce qui nous concerne aujourd'hui, à chacun de repérer dans sa vie, les modérations à apporter.
Quant aux murmures, les Français devraient bien être à l'écoute de Benoît !

« Il y a quantité d'habitudes qui rythment l'existence quotidienne. Il faut de temps à autre s'examiner pour voir si elles sont selon la raison et selon Dieu et si elles servent notre vie profonde.Nous savons tous qu'il ne faut pas se laisser mener par ses habitudes sans en contrôler le bien-fondé... Nous sommes des fils de Dieu : nous devons agir comme tels. » * (p.451)

RB 41 À quelle heure les frères doivent prendre leur repas

Depuis la sainte Pâque jusqu’à la Pentecôte, les frères dîneront à Sexte et souperont le soir. Durant tout l’été, à partir de la Pentecôte, ils jeûneront le mercredi et le vendredi jusqu’à None, s’ils n’ont pas de travaux dans les champs, ou si la chaleur excessive de l’été ne les incommode pas. Les autres jours, ils dîneront à Sexte...

C’est à l'Abbé de régler et disposer toute chose de telle sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent leur tâche sans motif légitime de murmure...

Les heures de repas sont ajustés en fonction du temps liturgique, de la saison, des nécessités du travail et si besoin selon l'avis de l'Abbé qui doit faire en sorte que le déroulement d'une journée s'effectue dans les meilleures conditions pour tous.

Conseils de sagesse loin d'être appliqués de nos jours dans les entreprises qui ont souvent plus le souci du travail à effectuer que des personnes elles-mêmes.

Le document très officiel Dignitas infinita sur la Dignité humaine publié ces jours-ci par le Vatican attire justement notre attention sur le respect de la vie de tout homme, quel qu'il soit et quoi qu'il fasse. Rien ne justifie la maltraitance, le mépris, la violence et pire la mort.

A lire.

                         

«  Que chaque jour se fasse le réajustement de notre vie à la lumière du mystère central de notre vie chrétienne. » (p.460)*

RB 42 Que personne ne parle après Complies

...Tous ainsi assemblés, on récitera les Complies, et depuis la sortie de cet office, il ne sera plus permis de dire quoi que ce soit à personne. Si quelqu’un enfreint cette règle du silence, il sera soumis à une punition très sévère : excepté en cas de la réception des hôtes ou si l’Abbé à un ordre à donner. Même alors, la chose se devra faire en toute gravité, retenue et bienséance.

 Ce silence est en harmonie avec l'environnement et la nature où les bruits s'apaisent. Cela devrait être pour nous tous, après une journée active, un temps de calme où on revoit sa journée, ce qui a été bon et dont on peut rendre grâce et ce qui l'a été moins, à améliorer.

Terminer sa journée en regardant à la télévision un film violent ou des inepties n'est pas forcément une bonne idée. Un documentaire enrichissant et apaisant est bien plus profitable. Ou un bon livre. Ou s'asseoir dans son jardin. Privilégier le silence.

 «  Le vrai silence ne s'improvise pas. Il est le fruit d'une grande fidélité. Cela vaut la peine de s'y exercer, car il crée en nous une affinité avec le monde divin. Travailler son âme pour vivre selon les pensées de Dieu. La nuit est le temps du repos et de la prière. » * (p.468)

              
                Marseille – ND de la Garde   
© D.G


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 * Cf. Texte et commentaires de la Règle dans  « Quel est l'homme qui désire voir des jours heureux » – P.Denis HUERRE Ed. Saint Léger 2023 Traduit en français par Germain Morin de l’abbaye de Maredsous1944 - Révisé sur la traduction de Philibert Schmitz de la même abbaye , 2023 

Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 16:26
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Dimanche 11 Février 2024

Paroles de sagesse

 PAROLES de SAGESSE  tirées de l'Imitation de Jésus-Christ
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Appliquez-vous à détacher votre cœur de l'amour des choses visibles, pour le porter tout entier vers les invisibles.

Si vous croyez beaucoup savoir, et être perspicace, souvenez-vous que c'est peu de chose à côté de ce que vous ignorez.

Quand vous verriez votre frère commettre ouvertement une faute, ne pensez pas cependant être meilleur que lui. Nous sommes tous fragiles, mais croyez que personne n'est plus fragile que vous.

- Au jour du jugement, on ne nous demandera pas ce que nous avons lu, mais ce que nous avons fait ; ni si nous avons bien parlé, mais si nous avons bien vécu.

- Celui-là est vraiment grand, qui a une grande charité.

-  C'est en résistant aux passions, et non en leur cédant, qu'on trouve la véritable paix du cœur.
- N'ouvrez pas votre cœur à tous indistinctement ; mais confiez ce qui vous touche à l 'homme sage et proche de Dieu.
- J'ai souvent entendu dire qu'il est plus sûr d'écouter et de recevoir un conseil que d'en donner.
                       
                    

                                    Abbaye de Fontenay (Côte d'Or).

- Si vous ne savez pas vous vaincre en des choses légères, comment remporterez-vous des victoires plus difficiles ?

- Chacun devrait être toujours en garde contre les tentations qui l'assiègent, et veillez et priez pour ne point laisser lieu aux surprises du démon, qui ne dort jamais, et qui tourne de tous côtés, cherchant quelqu'un à dévorer.
Plus on met de retard à repousser le mal, plus on s'affaiblit chaque jour, et plus l'ennemi devient fort contre nous.

- Appliquez-vous à supporter patiemment les défauts et les infirmités des autres, quelles qu'elles soient, parce qu'il y a aussi bien des choses en vous que les autres ont à supporter.

- Les justes, dans leurs résolutions, comptent bien plus sur la grâce de Dieu que sur leur propre sagesse ; et quoiqu'ils entreprennent, c'est en Lui seul qu'ils mettent leur confiance.

                         
                           Abbaye de Noirlac (Cher)

- Si vous ne pouvez continuellement vous recueillir, recueillez-vous au moins de temps en temps, au moins une fois le jour, le matin ou le soir.

- Pensez souvent aux bienfaits de Dieu. Laissez là ce qui ne sert qu'à nourrir la curiosité. Lisez plutôt ce qui touche le cœur que ce qui amuse l'esprit.

- Retranchez les discours superflus, les courses inutiles.
 Nul ne parle avec mesure, s'il ne se tait volontiers. Nul n'est en sûreté dans les premières places, s'il       n'aime les dernières . Nul ne commande sans danger, s'il n'a pas appris à obéir.


- A cause de la légèreté de notre cœur et de l'oubli de nos défauts , nous ne sentons pas les maux de notre âme, et souvent nous rions vainement quand nous devrions bien plutôt pleurer .

Avant de reprendre vos amis, ayez soin de vous reprendre vous-même.

                         
                         Abbaye de Fonfroide (Aude)   

-  
Pourquoi remettez-vous toujours au lendemain l'accomplissement de vos résolutions ?... Qu'en sera-t-il de nous à la fin du jour si nous sommes si lâches dès le matin ?
Levez-vous et commencez à l'instant et dîtes : Voici le temps d'agir, voici le temps de combattre, voici le temps de me corriger.

Dans toutes vos actions, dans toutes vos pensées, vous devriez être tel que vous seriez s'il vous fallait mourir aujourd'hui... Si aujourd'hui vous n'êtes pas prêt, comment le serez-vous demain ?

                                   
                                   Abbaye de Pontigny (Yonne)

Considérez les chartreux, les religieux de Cîteaux, et les autres religieux et religieuses de différents ordres, qui se lèvent toutes les nuits pour chanter les louanges de Dieu... Plût à Dieu que nous n'ayons à songer qu'à la nourriture de notre âme, que nous goûtons hélas si rarement !

Souvenez-vous toujours que votre fin est proche et que le temps perdu ne revient point.

- « Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » ...Il est paix et joie dans l'Esprit-Saint...  « Si quelqu'un m'aime , il gardera ma parole, et je viendrai à lui et ferai en lui ma demeure. »
Laissez dons entrer Jésus en vous.

- Ceux qui sont aujourd'hui pour vous pourront être demain contre vous, et réciproquement : les hommes changent comme le vent... Jésus aussi a été méprisé des hommes en ce monde et, dans les plus extrêmes angoisses, abandonné des siens, de ses amis, de ses proches.... Et Vous osez vous plaindre de quelque chose !

                                
                                Abbaye d'Oriocourt (Moselle)

-  Conservez-vous dans la paix : et alors vous pourrez la donner aux autres. Le pacifique est plus utile que le savant.
- Chacun juge des choses du dehors selon ce qu'il est au-dedans de lui-même.
- Nous n'avons en nous que peu de lumière, et ce peu, il est aisé de le perdre par négligence.
- Ayez la conscience pure et vous posséderez toujours la joie. La bonne conscience peut supporter beaucoup de choses, et elle est pleine de joie dans l'adversité. La mauvaise conscience est toujours inquiète et troublée.

- Vous n'êtes pas plus saint parce qu'on vous loue, ni plus imparfait parce qu'on vous blâme. Vous êtes ce que vous êtes, et tout ce qu'on pourra dire ne vous fera pas plus grand que vous ne l'êtes aux yeux de Dieu.

- Aimez et conservez pour ami Celui qui ne vous quittera point alors que tous vous abandonneront, et qui, quand viendra votre fin, ne vous laissera point périr. Que vous le vouliez ou non, il vous faudra un jour être séparé de tout.

- Lorsque la grâce de Dieu visite l'homme, alors il peut tout ; et quand elle se retire, alors il est pauvre et infirme...

Ne murmurez point s'il arrive que votre ami vous abandonne, sachant qu'après tout il faut bien un jour se séparer tous.

- Quand la consolation vous est ôtée, ne vous découragez pas aussitôt ; mais attendez avec humilité et avec patience que Dieu vous visite de nouveau : car il est tout-puissant pour vous consoler encore plus.
                                           
                                  
                                Abbaye Saint Benoît sur Loire
                    
 Soyez reconnaissants des moindres grâces, et vous mériterez d'en recevoir de plus grandes . Que le plus léger don, la plus petite faveur ait pour vous autant de prix que le don le plus excellent et la faveur la plus singulière.

Voulez-vous conserver la grâce de Dieu ? Alors soyez reconnaissant lorsqu'il vous la donne, patient lorsqu'il vous l'ôte. Priez pour qu'elle vous soit rendue, et soyez humble et vigilant pour ne pas la perdre.     

Cette parole semble dure : «  Renoncez à vous-même, prenez votre croix et suivez Jésus. » Pourquoi donc craignez vous de porter la Croix {les épreuves qui vous arrivent}, par laquelle on arrive au royaume du ciel ?
Dans la Croix est le salut, la vie, la protection, contre les ennemis, la force de l'âme, la joie de l'esprit, l'espérance de la vie éternelle.
Prenez donc votre Croix et suivez Jésus, et vous parviendrez à l'éternelle félicité.

                                  

Heureux ceux dont la joie est de s'occuper de Dieu et qui se dégagent de tous les embarras du monde... Laissez là tout ce qui passe ; ne cherchez que ce qui est éternel.

« Parle Seigneur, ton serviteur écoute », dit le jeune Samuel .

 

Parle-moi pour consoler un peu mon âme, pour m'apprendre à réformer ma vie, parle-moi pour la louange, la gloire, l'honneur éternel de ton nom.

Le monde promet peu de chose et des choses qui passent, et on le sert avec une grande ardeur ; je promets [dit Jésus] des biens immenses , éternels , et le cœur des hommes reste froid... Ce que j'ai promis, je le donnerai ; ce que j'ai dit, je l'accomplirai, si toutefois l'on demeure avec fidélité dans mon amour jusqu'à la fin... Gravez mes paroles dans votre cœur, et méditez-les profondément : car, à l'heure de la tentation, elles vous seront très nécessaires.

Seigneur, ne détournez pas de moi votre visage ; ne différez pas à me visiter : ne me retirez pas votre consolation, de peur que privée de vous, mon âme ne devienne comme une terre sans eau.

                           

C'est quelque chose de grand que l'amour, et un bien au-dessus de tous les biens. Seul, il rend léger ce qui est pesant, et fait qu'on supporte avec une âme égale toutes les vicissitudes de la vie... Rien n'est plus doux que l'amour ...parce que l'amour est né de Dieu... Celui qui aime, court, vole ; il est dans la joie, il est libre et rien ne l'arrête... L'amour souvent ne connaît point de mesure, mais comme l'eau qui bouillonne, il déborde de toutes parts... L'amour veille sans cesse ; dans le sommeil même il ne dort point.

 - Jésus : Mon fils, votre amour n'est encore ni assez fort ni assez éclairé.

- Le fidèle : Pourquoi, Seigneur ?

- Jésus : Parce qu'à la moindre contrariété vous laissez là l'oeuvre commencée, et que vous recherchez trop avidement les consolations. 
Celui qui aime fortement demeure ferme dans la tentation et ne cède point aux suggestions artificieuses de l'ennemi.

Retire-toi de moi, détestable séducteur, tu n'auras jamais en moi aucune part ; mais Jésus sera près de moi comme un guerrier formidable, et tu demeureras confondu. Tais-toi donc, ne me parle plus ; je ne t'écouterai pas davantage, quoique tu fasses pour m 'inquiéter.
  « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, qui craindrai-je ? »

                                               

Mise à jour : Lundi 12 Février 2024, 13:00
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Mercredi 03 Janvier 2024

Abbaye bénédictine de Saint Gall (Suisse)

 L'ABBAYE DE SAINT-GALL (Suisse) et sa BIBLIOTHEQUE BENEDICTINE

C'est le bien réel et pourtant mythique plan idéal de l'abbaye conçu par saint Gall, moine irlandais, au IX°siècle et qui servit de référence à la construction de monastères à travers les siècles, qui est certainement l'un des joyaux de ce monastère dont la première fondation remonte au 9°siècle. Reconstruite au 15°s. dans le style gothique, l'ancienne église abbatiale devint la cathédrale de l'évêché de Saint-Gall.

La cathédrale renferme d'importantes œuvres d'art baroques, notamment les impressionnantes stalles du choeur ornées d'un cycle dédié à saint Benoît.
                               
               

Mais c'est surtout la magnifique salle baroque de la bibliothèque de l'abbaye et le caractère exceptionnel de sa collection de manuscrits qui attirent les visiteurs. En effet, la bibliothèque de Saint-Gall compte parmi les bibliothèques historiques les plus importantes au monde renfermant un fond de manuscrits originaux de grande qualité, trésor emblématique de la naissance de la culture européenne depuis le début du Moyen-Âge.

                  

                 
                 Règle de Saint Benoît - Copie du 9°s.

           
              Missel pontifical - 15°s.

                 
                 Evangélium longum - Tablette en ivoire

La salle des archives est elle aussi intéressante. Dans ces casiers conçus pour être maniables (une innovation à l'époque) , transportables en cas d'urgence sont conservés des chartes, des documents juridiques, l'unique livre de vœux monastiques de l'ère carolingienne à avoir survécu.

                

Ce site vaut le détour, et même le voyage. L'abbaye est située également dans le quartier historique de la ville très typé et particulièrement bien rénové. 

A une trentaine de kilomètres, on peut découvrir aussi la belle région d' Appensell toute en prairies et vallons.
Un peu plus loin vers l'ouest de la Suisse, l'abbaye de Einsiedeln est un lieu de pélerinage très couru : abbatiale remarquable de style baroque et lieu de recueillement auprès de la Vierge des ermites

  
                         Einsiedeln


DG -  © D.G

 

 

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Lundi 13 Février 2023

Règle de saint BENOÎT - Prologue

 2023 - REGLE  DE  SAINT BENOÎT

LE PROLOGUE

PR 1-7

                      
 
                    Abbaye de Noirlac (Cher)    
© D.G

Tout comme on accroche un nouveau calendrier le 1er janvier, on ouvre à nouveau la Règle de saint Benoît à sa première page, celle du Prologue. Et on constate, comme pour la lecture de la Parole de Dieu, que le message de Benoît même s'il est connu, semble avoir toujours quelque chose à nous dire. Nous-mêmes, ne sommes plus les mêmes qu'au 1er janvier dernier et notre lecture en est forcément changée, riche d'expériences nouvelles qui donnent à nos vies un autre éclairage au fil des jours.

Tout au long de sa Règle, en vrai père parlant à son fils, Saint Benoît, un vrai maître spirituel, conseille ses frères, en homme d'expérience, en psychologue et surtout en frère aimant qui désire transmettre l'amour et la lumière de Dieu qui sont transformants.

Alors, écoutons nous aussi et qui que nous soyons , essayons de "suivre effectivement".

L'Eglise vénère Saint Benoît comme l'ancêtre de tous les moines d'Occident et nombres d'ordres religieux se sont mis à l' école de sa paternité. Cette Règle n'est pas contrainte mais appel à une certaine docilité et  humilité nécessaires à celui qui veut progresser. C'est incontestablement un travail rude que propose saint Benoît mais d'une incomparable fécondité.


C'est toujours avec bonheur que nous réentendons la voix paternelle de Benoît :

- v. 1 " Ecoute, ô mon fils, les instructions du maître et prête l'oreille de ton coeur; accepte les conseils d'un vrai père et suis-les effectivement." 

ECOUTE .... maître mot de nos vies.

C'est le but du Prologue : il nous invite à l'écoute de la Règle qui va suivre. L'écoute est le préalable incontournable de notre vie avant toute action, toute mise en oeuvre.

Ecoute les paroles de tes proches, de tes voisins, de tes collègues. N'écoute pas distraitement. Prends-les en compte. Ecoute ce qui est dit (ou plutôt non-dit) derrières ces paroles-là : une solitude, une tristesse, une espérance.

Ecoute jusqu'au bout ; ce que tu as à répondre n'est pas forcément très important. Ecoute bien avec l'oreille de ton coeur.

Ecoute les infos sans te dire d'avance que tu ne peux rien contre la guerre et la misère.

Ecoute cet appel d'aide loin de chez toi ou près de chez toi. Peut-être est-il justement pour toi.

Ecouter veut dire aussi "obéir". D'ailleurs Benoît ajoute bien : "et suis-les effectivement"

Laisse tomber tes résistances, tes peurs, tes doutes. Ose. Vit. Va à l'essentiel. Faire la volonté de Dieu, c'est aller à l'essentiel. Un essentiel qui passe par le dépouillement de l'inutile, qui s'appuie sur la simplicité du quotidien.

Dieu est loin ? mais non, il est en toi, dans ta capacité d'aimer ,d'accueillir et de donner.

"Ce que tu fais au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que tu le fais", dit Dieu.

Ecoutons en effet ces autres paroles du Prologue qui recentrent notre écoute et nos actions sur la lumière de Dieu.

Comme les mages ont suivi l'étoile. Leur parcours fut inattendu, leur découverte aussi. Quant au retour "à la maison", ils en furent transfigurés.

- v. 2 Ainsi tu reviendras par le travail de l'obéissance à celui dont tu t'a éloigné la paresse de la désobéissance.

                              
                           
   Abbaye de Noirlac - 
© D.G

Cet enseignement du maître est donné par un père aimant qui demande de faire ce qu’il dit. Ce travail est un combat qui va permettre de revenir à Dieu. Ceci s’adresse à celui qui est volontaire pour se dépasser lui-même en renonçant à sa volonté propre, à son égoïsme, et qui ne choisit pas lui-même. Celui qui donne les ordres et qui dit comment il faut combattre c’est le Christ qui nous indique le chemin du Père et dont il a été obéissant en tout et jusqu’à la mort. C’est donc par la fréquentation de la Parole que l’on découvre le mode de vie qui conduit les fils au Père. Ce qui revient à dire que nous devons trouver à l’exemple du Christ l’image et la ressemblance de Dieu en utilisant les dons qu’il a mis en nous, c’est à dire les talents que nous avons reçus et que nous devons faire valoir. Chacun de nous avec ce qu’il est et comme il est. Refuser cette démarche de conversion c’est se condamner. En effet, le Christ qui conduit au Père, image du Père se présente à nous comme celui qui est le Chemin la Vérité et la Vie. L’Esprit qui vit en nous éclaire et nous vient en aide.

Les verbes : écouter, ouvrir l’oreille du cœur, accepter les conseils, travailler à obéir, revenir vers Dieu, renoncer à se choisir, combattre contre soi-même sous les ordres du Christ.

Chaque fois que l‘on entreprend une action bonne commencer par supplier qu’elle aille à son terme. C’est apprendre à faire la volonté du Père comme le Christ l’a enseigné.’’ Que ta volonté soit faite … ‘’ et non la mienne.
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PR 5-9

"Le Seigneur attend de nous, que chaque jour, nous répondions à ses conseils par des actes…’’
‘’ Ne sais-tu pas que Dieu n’est patient que pour t‘amener à changer de vie ? ‘’ (Rom2,4)

                                                                       
                   Ancienne abbaye cistercienne de Saint-Sauveur (Vosges)© D.G

Le Seigneur nous attend effectivement. Et chaque jour. Tout comme nous le cherchons. Comment ne nous rencontrerions-nous pas ?
Et puis, il nous faut répondre pas seulement en paroles et en actes. Aujourd'hui, ce sera quoi ?

 Le désir de Dieu est de nous rapprocher de Lui, de lui ressembler, ou plus exactement de vivre sous son influence et de retrouver notre visage originel. C'est notre marche vers la sainteté et le bonheur.
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PR 8

                             
                Ile de Ré – Abbaye des Chateliers © D.G

 Levons-nous donc enfin ; l'Ecriture ne cesse de nous éveiller, disant : L'heure est venue de nous lever de notre sommeil.(Romains 3,11)

 Les moines sont très matinaux, car ce temps avant l'aube est propice à la prière, permet de se disposer à entamer un jour nouveau avec une certaine fraîcheur, l'esprit reposé par la nuit.

Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche chantera ta louange. Ce sont leurs premières paroles.

 Prendre le temps de commencer sa journée avec calme, sans hâte ( se lever quelques minutes plus tôt). Lire (pourqoi pas?) un petit passage de l'Evangile du jour que nous « ruminerons » tout au long du jour.

Il est fort probable que nous trouverons l'occasion de l'actualiser. C'est ainsi (entre autres) que parle le Seigneur dans nos vies.

 Ouvrons les yeux à la lumière divine. Ecoutons d'une oreille attentive la voix puissante de Dieu qui chaque jour nous presse en disant : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix n'endurcissez pas votre cœur.

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PR 10-13

Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas votre cœur (Ps94,8) et encore : Celui qui a des oreilles pour entendre (Mt 11,15) qu'il écoute ce que l'Esprit dit aux Eglises (Ap 2,7). Et que dit-il ? Venez, fils, écoutez-moi, je vous enseignerai l'amour du Seigneur. (Ps 33,12)

Courez tant que vous avez la lumière de la vie, pour que ne vous enveloppent les ténèbres de la mort . (Jn 12,35)

                        
Abbaye cistercienne d'Acey - © D.G

Ces paroles de saint Benoît nous montrent particulièrement dans ce passage, combien elles sont tissées de références bibliques. Notre vie doit elle aussi être habillée de la Parole de Dieu. Et pour cela il faut y être attentif, et l'écouter avec les oreilles du cœur.

« Courez ! » Nous voyons plus que jamais, combien il y a urgence à restaurer l'Eglise et le monde.
Sinon, c'est clair, nous courons à notre perte.

Nous nous sentons démunis ? Faisons davantage confiance à Dieu. Mais les miracles ne se feront pas sans nous. Notre paroisse est en perte de vitesse ? Mais est-ce que je n'attends pas tout des autres sans moi-même m'y investir un peu ?
Hâtons-nous !

                             
                               Acey 
© D.G

PR 14-15

14 - Et le Seigneur, cherchant son ouvrier dans la foule à qui il lance ces appels, reprend : 

15 "Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? 

Nous cherchons Le Seigneur mais lui aussi nous cherche. Dans une foule, ce n'est pas toujours facile de croiser le bon regard. Mais l'appel est pour tous. Cela se vérifie dans la question posée au v.15. En effet, tout homme veut la vie et désire voir des jours heureux.

C'est bien l'aspiration de tout homme à l'est comme à l'ouest, au nord comme au sud. Mais tout homme n'envisage pas le bonheur de la même façon. A quel bonheur aspirent des immigrés campant depuis des jours dans le désert ? A quel bonheur aspire l'homme riche qui n'est pas aimé ou le malade en fin de vie ?

Quand on entre dans le 3°-4° âge, on se demande parfois si dans les années passées nous avons vraiment mis tout en œuvre pour trouver le bonheur et en donner. Les jours sont désormais comptés et on aspire parfois et peut-être un peu tardivement, à revenir à l'essentiel, à nos désirs profonds.  Quels sont-ils ? Quelle place pour Dieu ?


                 
Abbaye d'AUBAZINE (Corrèze)   © D.G

PR 16-17

16 Si, ayant entendu, tu réponds : "Moi", Dieu te dit :

17 "Veux-tu avoir la vraie vie, la vie éternelle ? Alors garde ta langue du mal et fais le bien; recherche la paix et poursuis-la."

             
Abbaye d'Auberive - (Haute-Marne) © D.G

Il nous faut "entendre" la Parole de Dieu et qu'elle touche notre coeur. Aujourd'hui, qu'est-ce que "moi" j'attends de la vie? Au v.17, Dieu pose sa question plus précisément : la "vraie" vie, la vie "éternelle". Voilà qui est plus difficile à saisir. Alors le Seigneur, par la bouche de Benoît se fait plus concret, avec des mots accessibles à tous : "Garde ta langue du mal et fais le bien, recherche la paix et poursuis-là". 

On perçoit déjà bien ainsi la bonté de Dieu, l'espérance qui nous est proposée ("si tu veux") d'une vie heureuse et les choix entre bien et mal ainsi que la persévérance que cela nécessite. C'est tout à fait à notre portée humaine. Et si oeuvrer à la paix, c'était déjà rencontrer Dieu ? 

  "Qui donc aime la vie 
  et désire les jours où il verra le bonheur ?                                 
 Garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles perfides.
 Evite le mal, fais ce qui est bien, poursuis la paix, recherche-la ."   

  
Ps 33,13-15            

 PR v.18-20

18 – « Faites ainsi et mes yeux seront fixés sur vous, je prêterai l’oreille à vos prières, et avant même que vous m’invoquiez, je vous dirai : Me voici. » (Isaïe 58,9)

19-20 – Quoi de plus doux , frères bien-aimés, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voyez avec quelle tendresse le Seigneur nous indique la route de la vie !

On pourrait s’attendre de la part d’une règle de vie à une certaine froideur, à de la rigidité. On voit ici que ce n’est pas le cas selon  saint Benoît. Sa sensibilité traduit la tendresse de Dieu qui l’habite. Et c’est bien ainsi qu’il nous faut vivre dans l’attention à l’autre (je prêterai l’oreille…), l’anticipation à ses désirs (avant même que…), l’invitation sans forcer (le Seigneur invite), et avec douceur et  tendresse.

Quelle image avons-nous de Dieu ? Celle d’un juge, d’un père, d’un frère ? Notre vie cherche-t-elle à s’ajuster aux qualités du Seigneur ?

Nos vies, nos rencontres, l'actualité attestent malheureusement des comportements bien plus égoïstes, bien plus durs. Notre cœur est mis à l'épreuve par des échecs dans nos relations et il risque peu à peu de se fermer, de ne plus faire confiance, de désespérer de la fraternité.

Ce jeune qui se suicide du fait de harcèlement, cet adulte qui meurt à petit feu dans sa prison parce qu'il conteste un régime totalitaire, cette vieille femme solitaire que plus personne ne visite....

On verrait vite la vie du monde en noir. Mais des étoiles brillent aussi dans la nuit. Elles sont innombrables. Quelles seront, pour nous, celles d'aujourd'hui ?

                                      
    Abbaye de l'Escaladieu (Hautes Pyrénées)
- © D.G

PR v.21
- Sanglés du ceinturon de la foi et de la pratique des bonnes actions, sous la conduite de l'Evangile, suivons donc ses chemins pour obtenir de voir dans son royaume, celui qui nous a appelés.

Dans ce verset, l'essentiel est dit. Dieu nous appelle à croire en Lui et à mettre en pratique ce que nous enseigne l'Evangile. L'objectif étant d'entrer à la fin de notre parcours sur terre, dans le Royaume de Dieu.

« Sanglés du ceinturon » : langage militaire de l'époque médiévale mais qui souligne malgré tout que la foi est un combat. Cela l'a été pour Jésus et nous le savons bien par expérience, faire gagner le bien sur le mal dans les petites choses comme dans les grandes, est un effort de chaque jour. Mais avec Jésus, nous marchons en quelque sorte en tandem. Et notre « code de la route » est l'Evangile qu'il nous faut lire et relire.
 
                                  
                                    Abbaye de Bricquebec (Manche) - © D.G

PR 22 
Si nous voulons habiter dans l’intérieur de ce royaume, il faut y courir à force de bonnes actions, sinon nous n’y parviendrons jamais.

« Si nous voulons » : notre volonté est en jeu. Benoît insiste à travers sa Règle, sur notre liberté. L’amour de Dieu ne s’imposera pas à nous. Et « il faut y courir à force de… » souligne bien l’effort, l’énergie qu’il sera nécessaire de fournir pour parvenir à ce but. L’engagement dans un amour humain a d’ailleurs les mêmes caractéristiques : c’est un grand bonheur donné mais qui se gagne aussi tout au long de la vie. Les statistiques actuelles sur les divorces et séparations sont bien pessimistes concernant les efforts dont l’homme (la femme)  est capable… Si la grâce de Dieu est la source d’énergie vitale, nos «  bonnes actions » ont aussi toute leur importance. Saint Benoît insiste beaucoup dans sa Règle sur la mise en pratique .

Il ne s’agit pas d’agir en toute hâte, mais d’être conscient que rien ne peut se faire en un jour, qu’il y faudra du temps, de la persévérance. Le temps presse pour nous-mêmes de nous réajuster à Dieu, mais il presse aussi pour nos frères avec lesquels nous sommes appelés à vivre . Et Dieu lui-même, dans son amour, ne nous attend-t-il pas aussi ?

 Une foi qui n'agit pas est vaine.

                       
Vestiges de l'abbaye cistercienne de Cherlieu (Haute-Marne)
© D.G

PR 23
Mais avec le prophète interrogeons le Seigneur en lui disant : « Seigneur qui habitera dans ta demeure et qui aura son repos sur ta montagne sainte ? »
 (Ps 14,1)

Le disciple peut s’interroger légitimement sur les conditions d’accès à un royaume qui lui semble inaccessible telle une haute montagne. Saint Bernard a lui aussi largement développé cette question, cette espérance. Le peuple d’Israël pensait que lui était réservé cette place. Le message de Jésus est tout autre : il s’adresse à tous les hommes. Il n’y met pas de conditions. Simplement, il s’agit de suivre la voie qu’il nous trace et d’adhérer librement à cette façon d’être et de vivre qu’il propose. Porte-paroles (Verbe) de Dieu, nous pouvons faire confiance aux conseils du Seigneur, repris par saint Benoît dans sa Règle.

Le message du Christ a bien cet objectif que nous habitions tous près de Dieu car ce sera, pour nous, retrouver ainsi la raison de la création de l'homme en harmonie parfaite avec son Créateur. Nous pouvons cependant nous efforcer de vivre dès maintenant dans cet esprit et reconnaissons que nous avons du mal à tenir ce cap !

Alors ne lâchons pas la compagnie du Seigneur. Pourquoi ne pas s'associer à un petit groupe de chrétiens qui partage régulièrement la Parole de Dieu ? C'est un bon soutien.

 

                              
  Abbaye de Fontfroide (Aude) © D.G

PR 24-27 
24 - A cette question, frères, écoutons la réponse du Seigneur qui nous montre la route de cette demeure :

25 – C’est celui dont la conduite est sans reproche et qui pratique la justice ;

26 – qui dit la vérité du fond du cœur et n’use pas de sa langue pour tromper ;

27 – qui ne fait du mal à personne et n’admet rien qui fasse tort au prochain. » (Ps 14, 2-3)

On dépasse l’obéissance à des lois, à des commandements pour entrer dans un langage et un comportement d’amour et de justice  envers le prochain . Chaque conseil est souligné par la radicalité du propos : « sans reproche », « du fond du cœur », « à personne », « rien »… L’engagement chrétien est sans compromis. Oui, la montagne peut être, certains jours, difficile à gravir.  Mais faire le bien en toutes choses n’est-il pas un beau projet de vie ? 

                               
                
  Abbaye de Fontfroide (Aude) © D.G   

 
PR 28

  Quand le diable lui suggère quelque mauvais dessein, il le rejette, lui et sa suggestion, loin des regards de son cœur, il le réduit à rien et, saisissant à peine nées les pensées diaboliques, il les brise contre le Christ.

 Chaque mot de ce verset est très fort, très significatif et souligne bien le combat qui se joue entre le diable et nous. La rectification relativement récente du Notre Père , « ne nous laisse pas entrer en tentation » reprend bien cette idée. Il n’y a aucun péché , ni aucune honte à être tenté. Jésus lui-même l’a été au désert, au Jardin des Oliviers. Notre vie humaine est ainsi faite que nous avons sans cesse à faire des choix pas seulement entre le bien et le mal mais aussi entre le bon et le meilleur. Cela peut toucher de petites choses (le jeûne par exemple) mais qui ne fait pas d’efforts sur de petites choses n’en fera sûrement pas sur de plus grandes. Mais il y a aussi des choix cruciaux, déterminants pour notre vie ou pour celles de nos frères. Comme conseille Benoît, nous devons rejeter « loin des regards de [notre] cœur » ,tout ce qui est incompatible avec l’amour de Dieu que nous proclamons.  Le « diable », quelque soit la façon dont nous nous le représentons, est habile, les tentations parfois si fortes que nous y cédons. D’ailleurs Benoît dit de ne pas les laisser nous envahir, il faut « les saisir à peine nées », comme la mauvaise herbe.

Relire sa vie régulièrement à la lumière de la Parole va nous aider à nous recentrer sur Dieu, à prendre conscience de nos dérives, à briser contre le roc qu’est le Christ tout ce qui nous empêche d’être bons, d’être enfants de Dieu. Il nous suffit de le vouloir du fond du cœur et la grâce de Dieu fera le reste.  

Essayez et vous verrez !   

                             
  Abbaye de Fontenay (Côte d'Or)    - © D.G   

  PR 29-31

 Il est de ceux qui, craignant le Seigneur, ne s’enorgueillissent pas de leur bonne conduite et qui, estimant que le bien même qui se trouve en eux n’est pas en leur pouvoir et vient de Dieu, glorifient le Seigneur agissant en eux et disent avec le prophète : «  Ce n’est pas nous Seigneur, ce n’est pas nous, mais à ton nom qu’il faut donner la gloire. » (Ps 113)  L’apôtre Paul non plus ne s’attribuait rien à lui-même de sa prédication et disait : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. » (1Co 15,10) Et il disait encore : « Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. » (2Co 10,17)

Au chapitre 7 de sa Règle, saint Benoît va développer une des qualités majeures qu’il attend de ses moines : l’humilité. Dans ce verset 29 du Prologue les bases sont déjà posées.

Dans ces quelques lignes, saint Benoît rappelle que nous n'avons pas à nous glorifier , à être fiers, de ce que nous pouvons faire de bien. Il est assez naturel d'être contents de soi quand on a fait ce qu'il faut pour bien agir. Alors contents ? Oui. Mais si nous sommes parvenus à faire le bien , c'est parce qu'en nous, Dieu nous assiste et même initie nos actions. Il peut même arriver parfois d'être dépassé par ses propres paroles ou gestes comme si quelqu'un agissait à notre place, et bien mieux que nous.

Ce qui est important pour le chrétien, c'est de garder confiance en cette présence intime et agissante de Dieu en nous. En avoir conscience, ce n'est pas tant faire preuve d'humilité que d'accepter ce partenariat insolite et divin.

Nous connaissons l'expression : Dieu ne fera rien sans nous. On est d'accord. Mais que serions-nous sans Lui ?

Réjouissons-nous de faire le bien et de le devoir à la grâce de Dieu !

              
  Abbaye de Fontenay (Côte d'Or) © D.G
 

PR 33-34

33- Le Seigneur dit aussi dans l’Evangile (Mt 7,24-25) : « Celui qui écoute mes paroles et les accomplit, je le comparerai à un homme sage qui a bâti sa maison sur le roc ;

34 - les torrents sont venusles vents ont soufflé et se sont rués sur cette maison ; mais elle n’est pas tombée, car elle était fondée sur le roc.

La sagesse... Voilà sans doute une des qualités primordiales à laquelle nous invite l'Evangile. Quand on le parcourt et le médite, on s'aperçoit que le message de Jésus repose sur une grande sagesse. Que ses exemples soient pris dans la nature, dans des rencontres, à travers des paraboles ils reposent sur le bon sens. Ils n'ont, en soi, rien de révolutionnaires. Bâtir, par exemple, sa maison sur un terrain solide, devrait aller de soi, et lu au second degré, bâtir sa vie sur des valeurs sûres, honnêtes et fraternelles rend la vie bien plus belle. Non sans effort.

Mais nous connaissons aussi nos tentations et nos dérives et la sagesse n'est pas toujours privilégiée. Les désastres actuels découverts dans la vie de l'Eglise nous invitent à une grande humilité et à une conversion profonde. Voilà « les torrents et les vents » qui la font chavirer.

Fonder nos vies sur le roc, c'est nous appuyer constamment sur la Parole de Dieu et sa sagesse. Notre boussole, c'est l'Evangile !

C'est ce que nous rappelle aujourd'hui le Christ par la voix de saint Benoît.

                        
 Abbaye de FONTENAY (Côte d'Or) - Moine lisant  © D.G -

PR 35

35 – Finalement, le Seigneur attend de nous que, chaque jour, nous répondions par des actes à ses saintes leçons.

Une foi qui n'agit pas est une foi morte...

Quelque soit notre vocation, active ou contemplative, notre source chrétienne est la Parole de Dieu dans la Bible, dans les Evangiles. Notre vie se réfère au message du Christ. Il nous faut donc, de façon incontournable, lire les textes bibliques.

Un ami qui ne lirait pas les lettres de son ami , qui ne chercherait pas à toujours mieux le connaître est-il un véritable ami ?

Cette base, ce roc posés, il s'agit d'en vivre au quotidien avec ses proches, avec ceux qu'on aime ou non, avec ceux que les occasions nous font rencontrer, en répondant aux appels qui nous sont faits, aux mains tendues. Ce n'est pas si compliqué, un peu exigeant parfois. Il faut surtout être attentifs à ce qui nous entoure et habité par la Parole de Dieu. Une parole par jour peut suffire ; cela en fait tout de même 365 en une année...

Au 17°s., saint François de Sales dont on fête le 400° anniversaire de la mort, et qui est reconnu pour ses qualités d'accompagnateur spirituel pensait que le chrétien qui a conscience de l'amour de Dieu devait avoir une forte vie spirituelle et un engagement sur son lieu de vie. Se contenter d'obéir à quelques préceptes n'a pour lui aucun sens.

Comme dit Benoît : « Le Seigneur nous attend... »


                      
                   Abbaye de Noirlac - © D.G  

PR 36-37-38

36 – Aussi est-ce pour la correction de nos vices que les jours de cette vie nous sont concédés comme un sursis ;

37 L’Apôtre le dit : «  Ne sais-tu pas que Dieu patiente afin de t’amener à la pénitence ? » (Rm2,4)

38 – Car, dans sa bonté, le Seigneur dit : «  Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. » (Ez 18,23 ; 33,11)

Le v.36 ne nous donne pas une vision très épanouissante d'une vie qui serait menacée, polluée, pas bien belle. Doit-on sans cesse avoir le nez sur nos fragilités et nos ombres ? Cette façon de voir fut certainement un travers de l'Eglise à certaines périodes où la culpabilité primait sur l'amour de Dieu et du prochain. On en reste marqué.
Cependant, comment grandir dans la foi sans cette prise de conscience et les efforts qu'elle suppose ?

« T’amener à la pénitence… » : c’est prendre conscience peu à peu de nos faiblesses, de nos erreurs en vue de les corriger pour consolider nos vies dans une juste et solide direction. C’est bien ce que tous les parents responsables font dans l’éducation de leurs enfants.

A plus forte raison, Dieu Notre Père nous enseigne par Jésus, la route à suivre, les terrains à désherber, les champs à semer. C’est vrai que nous allons éprouver là, au début, une certaine contrainte. Il est difficile de changer nos habitudes, les mauvaises comme les bonnes. Dieu va nous demander parfois de faire table rase pour nous reconstruire. Voilà la conversion.

Dieu ne veut en aucun cas nous écraser mais au contraire, « dans sa bonté » que nos vies s’épanouissent pleinement.

Alors « veux-tu être heureux ? »

                                   
        Abbaye cistercienne de La Fille-Dieu (Romont -Suisse) © D.G  

PR 39-41

39 -  Quand nous avons interrogé le Seigneur, frères, pour lui demander qui habitera dans sa demeure, nous avons entendu les préceptes à observer pour y habiter ; encore nous faut-il remplir cette obligation.

40 - Préparons donc nos cœurs et nos corps à mener le combat de la sainte obéissance aux commandements ;

41 - et pour ce qui est impossible à notre nature, prions le Seigneur de bien vouloir nous venir en aide par sa grâce.  

Les disciples eux-mêmes  avaient un jour demandé à Jésus comment suivre ce chemin qu'ils ne connaissaient pas. Saint Benoît rappelle à ses frères que pour cela il faut  accepter ce que Jésus nous propose : foi, espérance, charité, être humble et fraternel... Il parle d'obligation. Mais il ne faut pas voir cela comme un ordre mais comme une nécessité pour parvenir au but poursuivi.

Il est intéressant de souligner l’association indispensable entre notre cœur et notre corps. Pour agir en vérité, il est nécessaire d’adhérer vraiment , du fond du cœur, à ce parcours exigeant. La nécessité d’ « obéir » peut sembler contraignante de nos jours où la liberté s’impose. Mais cette « sainte obéissance » (seul endroit de la Règle où l’obéissance est sainte) doit être mieux comprise comme un désir de tout mettre en œuvre pour répondre à l’amour de Dieu. Oui, il va peut-être falloir lutter contre notre propre volonté. Oui, il va falloir faire face à nos limites. Mais Benoît le dit bien , la lutte devient parfois impossible, « car je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire en l’être faible que je suis. Certes le bien existe en moi, mais non la capacité de l’accomplir. En effet, je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas. »  (Rm 7, 18-19)

Et avec humilité, il nous faut donc demander l’aide de Dieu. Donc prier et croire en la grâce.

                                    

 Abbaye cistercienne de La Fille-Dieu (Romont -Suisse) © D.G  

 PR 42-44

 42 – Si nous voulons échapper aux peines de l’enfer et parvenir à la vie éternelle

43 – tant que nous sommes encore dans le corps et que nous pouvons ainsi à la lumière de cette vie accomplir tout cela,

44 – il nous faut courir et faire maintenant ce qui nous profitera pour l’éternité.

La question se pose pour nous de savoir si nous croyons à l'enfer et à la vie éternelle.

Voilà deux lieux à propos desquels nous imaginons beaucoup mais savons peu de chose.

La vie éternelle est un état plutôt qu'un lieu, même si nous nous le représentons comme le paradis (celui d'Adam et Eve ?). Pour saint Benoît, comme pour Jésus, la vie éternelle se prépare sur terre en suivant le message des Evangiles. Notre vie terrestre nous initie à la vie fraternelle comme nous la vivrons à la perfection près de Dieu. Cette préparation est indispensable et urgente. Ne tardons plus à recentrer notre vie sur le Christ.

Voulons-nous parvenir à la vie éternelle ? Répondre à cette question oriente notre vie soit vers le néant soit vers un monde de béatitudes.

                         
  Abbaye d'Orval (Belgique)  © D.G 

PR 45

45 – Voilà pourquoi nous allons fonder une école du service du Seigneur.

Après avoir énoncé ce qui peut donner sens à la vie (se recentrer sur le Christ), saint Benoît souligne la raison d'être d'une communauté qui a les mêmes valeurs, les mêmes objectifs et souhaite avancer avec des frères en s'aidant mutuellement. Et toute communauté connaît aussi, au-delà de ces points communs, la diversité des personnes. Une école suppose aussi un (ou des) maître(s) d'où l'importance du rôle de l'abbé.

Qui accepterait de partir en mer sur un bateau sans capitaine ?

De même un capitaine ne navigue pas sans carte ni boussole. Pour les moines, la Règle de saint Benoît est un bel outil pour avancer et chacun se considère comme un modeste apprenti.

L'Eglise insiste souvent sur la formation des responsables et animateurs. C'est en effet essentiel pour ne pas s'enfermer dans nos propres convictions et pour se confronter à d'autres expériences et d'autres points de vue. On ne rappellera jamais assez que l'unité de l'Eglise se construit à travers une grande diversité qui est à respecter.

Laissons-nous instruire par les autres, par leurs témoignages. « Ecoute » dit saint Benoît. Veillons sur le bon choix de nos accompagnateurs. On ne peut en effet, aujourd'hui, ignorer les dérives et les désastres dûs à de mauvais maîtres.

Mais notre premier maître est d'abord le Christ.

« Le Seigneur est mon berger
   je ne manque de rien....

   Il me conduit par le juste chemin...
   Même si je marche dans un ravin d'ombre et de mort
   Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. »

Ps 23                        
                     
                  Abbaye d'Orval (Belgique) - © D.G 

PR 46-47-48

46 - En l’organisant, nous espérons n’y rien établir de rigoureux, ni rien de pesant.

47 -  Pourtant s’il s’y présentait un peu de contrainte, dictée par un juste motif, pour corriger les vices et sauvegarder la charité,

48 - n’allons pas épouvantés, fuir aussitôt le chemin du salut dont l’entrée est forcément étroite ;

 Le terme d’ « école » a souvent été souligné dans les commentaires de la Règle. Il traduit en effet la qualité de celui qui s’engage à la suite du Christ, comme étant un apprenti, tel l’écolier qui, en classe, avec l’aide d’enseignants, va apprendre à écouter, à lire, à comprendre, à respecter, à corriger ses erreurs.

Très respectueux de ses frères, Benoît ne voit pas dans cette école, une méthode trop rude. Même s'il compare parfois sa communauté à une armée, les principes sont tout autre. Le parcours pourra être parfois difficile et même contraignant, mais aussi heureusement parfois gratifiant. On voit les progrès, la joie de découvrir et de grandir. La Règle de saint Benoît est un bon outil éprouvé depuis des siècles. Ceux qui la connaissent bien, aiment cette règle soufflée à Benoît par l’Esprit, mais qui est aussi pour eux un cadre, une sécurité, un appui.

Comme dans toute croissance, soyons patients et persévérants, ne baissons pas trop vite les bras. Nous savons que les chemins les plus beaux ne sont pas les plus faciles. C'est peut-être ce qui en fait leur charme. Pensons aux alpinistes. Les moins aguerris pleurent parfois d'épuisement à quelques mètres du sommet mais ils iront jusqu'en haut !

N'oublions pas, de remettre tout cela entre les mains du Christ. Notre force est en Lui et laissons notre cœur se dilater à l’écoute de la Parole qui peut conduire  et éclairer nos vies.

                  

                              

                                     Abbaye de Tamié (Savoie) 
 © D.G 

PR 49

49 - car avec le progrès de la conduite et de la foi, le cœur se dilate et c’est dans une ineffable douceur d’amour que l’on court sur le chemin des commandements de Dieu

Après avoir évoqué les incontournables efforts nécessaires pour espérer progresser dans la foi et dans nos pratiques, saint Benoît exprime clairement la joie qui en résulte et la douceur qu'on peut éprouver de s'approcher un peu de Dieu . On va effectivement allonger le pas, courir même car on voit plus clair dans sa vie, celle-ci étant de mieux en mieux balisée et orientée.

Les commandements de Dieu évoquent bien sûr la Loi mais que l'amour (Jésus) accomplit. C'est en aimant nos frères que nous portons et découvrons tout à la fois l'amour de Dieu.

Face au désastre causé par le séisme en Turquie et Syrie, les manifestations mondiales de solidarité sont une consolation pour les victimes et pour nous une espérance.

Que la part de l'homme poussé à la guerre et au mal s'amenuise laissant toujours plus de part à la fraternité et au bien. Voilà le grand désir de Dieu, notre Père.

            
  Abbaye cistercienne de SCOURMONT (Belgique) -  © D.G 

PR 50 
50 – 
Ainsi, ne nous écartant jamais de son autorité et persévérant dans son enseignement au monastère jusqu’à la mort, nous participerons par la patience aux souffrances du Christ pour obtenir d’être associés aussi à son règne. Amen.

Nous arrivons au terme de ce prologue où saint Benoît nous propose les pistes essentielles pour avancer dans la foi.
Il est clair que notre chemin sur terre sera jusqu’à notre mort une recherche, une quête de Dieu. Cela demande obéissance à sa volonté, une écoute persévérante et patiente de sa Parole. Notre participation aux souffrances du Christ est bien de vivre au cœur d’un monde constamment déchiré, en guerre, face à la pauvreté, la solitude de tant d’hommes, de femmes, d’enfants. Face à une Eglise en souffrance. Face aussi à notre propre impuissance, à nos infidélités. Nous pouvons un peu comprendre la souffrance du Christ dont le message est si mal reçu. Mais nous pouvons voir aussi quel bonheur et quelle lumière il apporte. Ne baissons pas les bras, ne laissons pas nos cœurs dépérir.

                                            

   

Comme y insiste le pape François, l’Eglise n’est certainement pas un modèle de sainteté mais elle peut être un témoin de la charité, de l’amour aux plus pauvres d’entre nous. Elle peut être un moteur dans la sauvegarde de la création. Même à travers nos faiblesses, elle peut témoigner de sa foi en un Dieu qui aime l’homme et l’invite au vrai bonheur.

 DG

 

 

Mise à jour : Lundi 12 Février 2024, 12:53
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Vendredi 30 Décembre 2022

PAROLES de SAGESSE

 PAROLES de SAGESSE pour aujourd'hui

             tirées de l' Imitation de Jésus-Christ »
                                  © D.G

                      
                               Abbaye d'Orval (Belgique)

 Il ne faut pas s'attacher trop à un sentiment qui bientôt peut se changer en un sentiment contraire.

Quand la grâce vous est donnée, songez combien vous êtes pauvre et misérable sans la grâce.

Le progrès de la vie spirituelle ne consiste pas à jouir des consolations de la grâce, mais à en supporter la privation avec humilité, avec patience, de sorte qu'on ne se relâche point dans l'exercice de la prière, et qu'on n'abandonne aucune de ses pratiques accoutumées. Faîtes, au contraire, ce qui est en vous le mieux que vous pourrez, selon vos lumières, et ne vous négligez pas entièrement vous-même à cause de la sécheresse et de l'angoisse que vous pouvez sentir en votre âme.

Que vous rendrai-je Seigneur pour tant de biens ? Ah ! Si je pouvais vous servir tous les jours de ma vie ! Si je pouvais même un seul jour, vous servir dignement !

Il est bien vrai que vous êtes digne d'être servi universellement, digne de tout honneur et d'une louange éternelle.

Vous êtes vraiment mon Seigneur, et je suis votre pauvre serviteur, qui doit vous servir de toutes mes forces, et ne me lasser jamais de vous louer. Je le veux ainsi, je le désire ainsi ; daignez suppléer vous-même à tout ce qui me manque.

                                   

Apprenez à vous contenter de peu, à aimer les choses les plus simples et à ne jamais vous plaindre de rien.

Le fidèle : « Seigneur mon Dieu, je vois combien la patience m'est nécessaire ; car cette vie est pleine de contradictions ! »

Une mauvaise habitude t'arrêtera, mais tu vaincras pour une meilleure. La chair murmurera ; mais elle sera contenue par la ferveur de l'esprit. L'antique serpent te sollicitera, t'exercera ; mais tu le mettras en fuite par la prière ; et en t'occupant surtout d'un travail utile, tu lui fermera l'entrée de ton âme.

L'ennemi du dehors est bien plus vite vaincu, quand l'homme n'a pas la guerre au-dedans de soi. 
L'ennemi le plus terrible et le plus dangereux pour votre âme, c'est vous, lorsque vous êtes divisé en vous-même.
Ce que vous souffrez est peu en comparaison de ce qu'on souffert tant d'autres... Soyez prêt au combat si vous voulez remporter la victoire.
- Seigneur, que ce qui me paraît impossible à la nature me devienne possible par votre grâce.

Jésus : Mon fils, je vais t'enseigner maintenant la voie de la paix et de la vraie liberté.

Applique-toi à faire plutôt la volonté d'autrui que la tienne.
Choisis toujours plutôt d'avoir moins que plus.
Cherche toujours la dernière place, et être au-dessous de tous.
Désire toujours et prie que la volonté de Dieu s'accomplisse parfaitement en toi.
Celui qui agit ainsi est dans la voie de la paix et du repos

                         
                          Abbaye Saint Benoît sur Loire

Jésus
 : Que te fait ce qu'est celui-ci, comment parle ou agit celui-là ? Tu n'as point à répondre des autres ; mais tu réponds pour toi-même ; de quoi donc t'inquiètes-tu ?

Voilà que je connais tous les hommes : je vois tout ce qui se passe sous le soleil ; je sais ce qu'il en est de chacun, ce qu'il pense, ce qu'il veut, et où tendent ses vues.

 C'est donc à moi qu'on doit tout abandonner. Pour toi, demeure en paix et laisse ceux qui s'agitent, s'agiter tant qu'ils voudront.


 Jésus : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix.. »

  • Que dois-je faire ?

  • Veille à ce que tu fais et à ce que tu dis. Ne juge pas témérairement des actions des autres ; ne t'en mêle pas si tu n'en est pas chargé ; alors tu seras peu ou rarement troublé. Mais ne crois pas avoir trouvé la véritable paix lorsqu'il ne t'arrive aucune contrariété.

- Faites Seigneur, que je ne détourne jamais des choses du ciel les regards de mon cœur. Que votre main me conduise, afin qu'instruit par vous je me préserve de tout excès.

A suivre....

 

.

Mise à jour : Lundi 12 Février 2024, 12:55
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Mercredi 07 Décembre 2022

Noël, une grande joie - Pape FRANCOIS

 NOËL , UNE GRANDE JOIE

Aujourd'hui, nous est né un Sauveur

Pape FRANCOIS

Ed. du Cerf, 2022
140 p.

                                           

Voilà un beau document à lire ou à offrir en cette période de Noël.

Le Pape Francois nous invite à contempler la crèche, à travers de belles photos d'actualité ou d'oeuvres d'art, par des textes extraits d'homélies ou d'audiences.

Invitation à célébrer l'espoir, la paix, la justice et la fraternité durant les fêtes de Noël.

Avec un court texte et une illustration par page ou double page, ce recueil peut nous aider vraiment à entrer dans l'esprit de Noël : joie, partage, accueil de l'enfant Sauveur, mais aussi sobriété, conscience des peuples en détresse et en particulier des enfants confrontés aux guerres, à la famine.

Cet extraordinaire événement qu'est la venue de Dieu parmi nous, mystère du Salut, c''est « l'amour qui s'est fait chair ».

«  Jésus n'est pas seulement un maître de sagesse. Il n'est pas un idéal vers lequel nous tendons et dont nous savons que nous sommes inexorablement éloignés, il est le sens de la vie et de l'histoire, qui a établi sa tente au milieu de nous. » (Homélie de la messe de Noël, 2013) – p.110

«  Que l'Enfant petit et transis de froid que nous contemplons aujourd'hui dans la mangeoire protège tous les enfants de la terre ainsi que toute personne fragile, sans défense et marginalisée. Puissions-nous tous recevoir la paix et le réconfort par la naissance du Sauveur et, en nous sentant aimés par l'unique Père céleste, nous retrouver et vivre comme des frères ! » ( Message Urbi et Orbi – 25 déc.2018) – p.107

Le livre s'achève par la Lettre apostolique Admirabile signum sur la signification et la valeur de la crèche, lue par le Pape François à Grecchio, au Sanctuaire de la crèche, le 1er décembre 2019.

Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:02
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Mardi 01 Novembre 2022

 Histoire d'une vie
 Aharon APPELFELD
 Ed. de l'Olivier, 2021
 216 p.

                                    

 Il s'agit d'un récit autobiographique. Né en 1932 en Ukraine, l'auteur a 8 ans quand la guerre le sépare de sa famille et il va devoir survivre seul pendant plusieurs années. Un grand traumatisme.

Comment exprimer un tel séisme dans la vie d'un enfant ? Arrivé à l'âge adulte, comment raconter son histoire, avec quels mots, en quelle langue ?

 L'auteur intercale ses souvenirs avec ce travail littéraire si difficile de transmission quand il s'agit d'évoquer tant de violences. Mais il se remémore aussi ses parents, des Juifs assimilés, ses grands-parents un couple de paysans dont la spiritualité simple le marque à jamais.

 Aharon a rejoint Israël, il a abandonné sa langue maternelle pour l'hébreu, langue dans laquelle il a écrit ce livre.

Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:04
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Lundi 04 Juillet 2022

Mont Athos

 Mont Athos

Carnets 1974 - 2015

Jean-Claude LARCHET

Ed. des Syrtes, 2022



                         

Jean-Claude LARCHET est théologien, auteur de nombreux ouvrages autour de la spiritualité orthodoxe. Il a, en particulier, effectué de nombreux séjours au Mont Athos, appelé aussi « La Sainte Montagne », péninsule au nord de la Grèce où résident exclusivement des moines, installés dans une vingtaine de monastères dont les premiers fondés datent du X°siècle.

Dans ce livre, l'auteur a regroupé des notes sous forme de journal, prises entre les années 1974 et 2015 où il évoque son périple, ses découvertes et surtout ses rencontres avec des moines qu'il qualifie souvent de « grands spirituels athonites », de « futurs saints » et pour lesquels il a de toute évidence une grande admiration.

Son témoignage porte d'ailleurs essentiellement sur ces personnalités orthodoxes impressionnantes par leur douceur, leur humilité, leur accueil chaleureux et par leur rayonnement spirituel. Le nombre d'éminents pères orthodoxes rencontrés est considérable et semble prioritaire pour l'auteur, au détriment apparent d'une observation de la vie quotidienne des simples moines de l'Athos.

Il nomme saint Païssos, saint Éphrem de Katounakia, ou le compagnon d'ascèse et les disciples du grand Joseph l'Hésychaste. Il a rencontré aussi les grands higoumènes qui ont restauré la vie cénobitique dans plusieurs grands monastères , comme le Père Éphrem de Philothéou, le Père Aimilianos de Simonos Pétra, le Père Georges de Grigoriou ou le Père Basile de Stavronikita.

                                                    
                                   La Grande Laure de l'Athos

Cependant, au fil des pages, sont évoqués aussi les célébrations priantes, les chants sublimes, la vie retirée et très ascétique des moines cénobites (qui vivent en communauté) ou ermites.

L'auteur détaille aussi la « Prière de Jésus » qui est au cœur de cette vie monastique et qui occupe une placeimportante au long des jours et des nuits. On est admiratifs mais on peut aussi s'interroger sur les « catastrophes psychologiques » (p.83) que peut occasionner une telle pratique intensive . Cette vie extrème n'est certes pas donnée à tout le monde .

La première partie du livre concerne la période des années 1974 à 1978. Puis, l'auteur occupé par sa vie professionnelle et familiale, ne retourne au Mont Athos, que vingt années plus tard. Bien des choses ont changé sur la Sainte Montagne qui, malgré de fortes résistances et son désir de retrait du monde,, est contrainte de vivre davantage avec son temps . Les 4X4 ont remplacé la marche à pied et les mulets et donc l'effort d'accéder aux monastères est un peu perdu. Comme dans la plupart des communautés religieuses du monde, l'accueil de jeunes susceptibles d'être moines suppose de laisser aussi entrer internet et d'améliorer un confort que les Anciens n'ont jamais connu, y compris dans leur jeunesse.

Le livre s'achève par un développement sur « la dimension prophétique du monachisme athonite pour le monde moderne » (p.251-285) : appel au repentir, au renoncement, à la purification, au témoignage et à l'annonce du Paradis. Appel aussi à une vie communautaire harmonieuse et à prier pour le monde.

L'esprit d'ensemble, avec fidélité à la Tradition et défense de la foi orthodoxe, reste malgré tout très conservateur, opposé à trop d'ouverture au point de refuser les progrès actuels de l'oecuménisme qui suppose pour ces moines de trop grandes compromissions.

Ces  Carnets, vrai récit de voyage dans un monde insolite, sont très agréables à lire mais on peut dire que c'est aussi pour le lecteur un beau témoignage de vies monastiques dont on peut tirer profit. L'humilité, une certaine ascèse, la prière, l'amour de Dieu et du prochain sont bien des caractéristiques de toute vie chrétienne.

DG

Extraits

  • Il [le Père Ephrem] me dit que l'on croit que la vie dans le monde est facile et la vie monastique difficile, mais que c'est l'inverse qui est vrai. Pour lui, le monde, c'est l'enfer sur terre et la vie monastique, les prémices du Paradis. (p.64)

  • Le Père Ephrem considère que quand on parle on prie moins et que, en outre, les risques de pécher sont plus grands... On peut évidemment ici se rappeler la prière de saint Ephrem le Syrien que l'on dit plusieurs fois par jour au cours du Grand Carême : «  Seigneur et Maître de ma vie... éloigne de moi l'esprit de vaines paroles. » Un moine me dit que si les moines ici ne parlent pas, c'est parce que leur esprit est fixé sur leur cœur. (p.75)

  • Le Père Euthyme [est] l'un des plus remarquables spirituels de la Sainte Montagne... De nombreuses personnes attendent devant sa pauvre calyve pour se confesser, lui demander des conseils spirituels ou trouver une consolation dans leurs épreuves. Il me parle avec paix, douceur et amour, tout en confectionnant un komboskini [chapelet orthodoxe en laine noire]. Comme à chaque rencontre avec lui, je ressens une paix surnaturelle qui rayonne de lui et se diffuse dans tout l'environnement. (p.234)

Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:04
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Mardi 12 Avril 2022

Le Cantique des cantiques - Présentation

 PRESENTATION du CANTIQUE des CANTIQUES

« Qu'il me baise des baisers de sa bouche » (Ct1,2a)

« Aimable discours qui commence par un baiser ! » (St Bernard)

                        

Ce livre, ce poème, ce chant d'amour insolite au cœur de la Bible , daté entre le 5° et 3°s. av.JC, a déconcerté depuis toujours le lecteur. L'auteur supposé est le roi Salomon, mais rien n'est sûr. Comment interpréter  ce poème ? Ce livre a-t-il sa place dans la Bible ? Et pourtant, l'origine de l'homme vient du souffle de Dieu , un souffle d'amour tel celui donné à Marie, qui va donner la vie.

Rashi, rabbin célèbre commentateur de la Bible et du talmud, né en 1040 à Troyes, dira : « Toutes les Ecritures sont saintes, et le Cantique des cantiques est le Saint des Saints. » Rashi va faire un commentaire du Cantique en déchiffrant en quelque sorte un message codifié au peuple d'Israël et en adaptant à son temps cette histoire d'amour passée entre Dieu et son peuple en vue d'en permettre une lecture « utile » à ses contemporains. Il y a chez Rashi un regard nostalgique sur le passé, le peuple se souvenant combien autrefois, il était aimé de Dieu. En ce 12°s., la situation des Juifs est fragile. Ils cherchent à retrouver leur liberté et leur souveraineté.

Quelque soit sa vie, tout homme est en quête de bonheur. Saint Benoît au 6°s. soulignait déjà cette attente fondamentale: « Qui veut voir le bonheur... ».

On a pu relativiser les intentions spirituelles du Cantique en y voyant une expression très sensuelle (mais pourquoi pas?) , cependant une lecture approfondie de ce livre va nous faire découvrir pas à pas et avec émerveillement tous les liens bibliques tissés derrière les mots, la richesse des mots symboliques employés pour exprimer des sentiments qui nous dépassent. Il faut un certain nombre de clés de lecture pour comprendre ce texte qui croise histoire du peuple d'Israël et histoire d'amour d'un couple. La poétique du chant (voir ci-dessous) ne simplifie pas toujours la compréhension mais elle lui donne un ton et un parfum inimitables.

« Dieu est amour »(1Jn4). C'est bien Dieu qui a choisi d'entrer avec l'homme dans une relation d'amour. Qui peut nier que nous sommes créés pour aimer ? Le désir de Dieu a bien une dimension sensuelle, une aspiration de tous nos sens éveillés par la Parole, même si cette conception fut inadmissible en d'autres temps. La nature poétique du texte nous fait entrer dans une perspective qui n'est plus intellectuelle mais bien dans un monde qu'on ne maîtrise pas. C'est le charme de l'amour humain comme divin. La foi en la Parole de Dieu est réellement provocatrice .

Malgré son origine incertaine, les mots du Cantique ( = le Chant des chants) venus du grec ou du persan, évoquent cependant clairement la Palestine, le Liban.

On note l'absence de père, de mère, de famille. C'est un face à face qui contrairement à l'époque des mariages « arrangés », est une histoire d'amour. Mais de quel amour s'agit-il ? Quelle est l'inspiration de l'auteur ? Mystère.

« Trés tôt les commentateurs juifs et chrétiens faisait du protagoniste masculin du Cantique, le symbole de leur Dieu et de son Messie, et de la femme, le symbole du groupe auquel ils appartenaient – le peuple d'Israël pour les premiers, l'Eglise pour les seconds. Ainsi et pour les rabbins et pour les chrétiens, le Cantique racontait de façon codifiée, l'histoire de leur salut et de leur rapport au divin. » Le fait que le sens littéral soit complètement érotique et sans lien avec le religieux, avait poussé les commentateurs a en faire une interprétation allégorique. Rashi va réinterpréter le Cantique des cantiques à plusieurs niveaux tissant en particulier les chants les uns aux autres en les réorganisant et en faisant de l'histoire une version juive. » (Rashi p. 16-17).

Un homme et une femme, qualifiés de fiancés ou d'époux-épouse prennent donc la parole tour à tour s'adressant l'un à l'autre. Ils ne sont pas nommés. Au verset 7, la bien-aimée est appelée « la sulamite », mot dérivé de Salomon (= le pacifique) … De temps à autre un groupe ami de l'un ou de l'autre intervient. Il y aura aussi les gardes de la ville.

Ce chant nous raconte-t-il une histoire, un « drame » selon Origène (3°s.) ?

La bien-aimée se déclare « noire » au début du récit et va devenir « toute blanche ». S'agit-il d'un récit de purification ?

L'HISTOIRE

                              

Dès le prologue(Ct1,2-4), des interrogations nous assaillent : qui parle à qui ? Où ? Qui est ce roi ?

Sensations, parfums sont déjà présents et nous attirent.

« Dans un cadre pastoral, les deux amants, un berger et une bergère, se cherchent tout d'abord et s'interpellent, puis, s'étant trouvés ou retrouvés, ils se disent mutuellement leur bonheur dans une sorte d'extase amoureuse. » (D-M d'H. p.20)

Puis le bien-aimé est au loin et sa fiancée l'attend, l'appelle et semble le trouver.
Interviennent ensuite étrangement le roi Salomon sur son char entouré de ses guerriers et suivi de son cortège. S'agit-il des noces du roi ? (Ct3,6-11).

Le bien-aimé intervient alors dressant un portrait merveilleux de celle qu'il aime y associant images animales et végétales, celle d'un jardin ou « ruissellent le lait et le miel ».

Ensuite (Ct5,2-6,1), l'ambiance change : la bien-aimée est sur son lit « malade d'amour ». Elle évoque en détail son fiancé et ses amies l'interrogent : où est-il ?

La réponse est soudain apaisée : il est descendu dans son jardin. « Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi » (Ct6,3). Ce que confirme la parole prise ensuite par l'amant.. La sulamite se met à danser .

L'épilogue est bref : « L'amour est fort comme la mort », rien ne pourra l'éteindre.

Et pourtant, les derniers mots du poème relâchent la pression et ouvre (peut-être) sur la liberté :

« Fuis, mon bien-aimé, sois semblable à une gazelle, à un jeune faon sur les montagnes embaumées. » (Ct 8)

La poétique du chant – D.M. D'Hamonville (p.29-37)

Chansons et poèmes ont en commun un thème récurrent : l'amour

Le Cantique est-il un chant ? Il y a un couple central et un petit choeur qui prend parfois la parole et racontent ensemble une aventure où apparaissent refrains ( « Filles de Jérusalem », « Que tu es beau, que tu es belle ! », « bien-aimé(e) ») et images récurrentes telle la présence de la nature (montagnes, collines, arbres, sources, vents, vignes, jardins et fleurs) ou celle de la maison, de la chambre, du cellier.

Cette nature qui sert de décor est habitée par des chèvres, des colombes, des gazelles, renards et léopards.

                                          

Le registre du corps humain tient logiquement une place importante : tes joues, ton cou, tes yeux, ton bras qui sollicitent les sens y compris l'odorat à travers les parfums.

Le vocabulaire royal fait partie des conventions de la poésie nuptiale ancienne. La figure de Salomon est évoquée avec son palais, son cortège et ses gardes. L'histoire des deux amants est bien incarnée mais aussi intemporelle.

Seuls les personnages prennent la parole, l'auteur du chant étant comme à distance et n'intervenant pas. Ces personnages ne sont pas nommés et cela peut nous inciter à entrer das ce jeu relationnel. Ce qui est bien la fonction du chant dont la fonction est bien d'être repris, réactualisé par un autre chanteur. C'est d'ailleurs le principe des psaumes où ceux ou celles qui le récitent ou le chantent se l'approprient.

On note aussi, comme dans les psaumes, les passages subits de la première à la deuxième ou troisième personne : je … tu …il … elle , le chanteur passant d'une adresse à Dieu à une expression de ses convictions puis se répondant lui-même de la part de Dieu. Ainsi vont nos pensées  rapides, fugitives, obsessionnelles. Et la poésie permet toutes les libertés d'expression qui rendent le message plus intense et traduisent le monde intérieur des personnages et du poète.

L'idée majeure est le désir d'un bonheur sans fin.

DG

Cf. de cette présentation
- Le Cantique des cantiques - 
David-Marc d'HAMONVILLE
   Ed. du Cerf, 2021- 149 p.

- Le Cantique des cantiques - Exégèse et histoire - RASHI 
   Ed. du Cerf, 2022 - 142 p.

 

Mise à jour : Lundi 12 Février 2024, 13:02
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Mardi 05 Avril 2022

Mort d'un chartreux

 MORT d'un CHARTREUX
 Gérard VINCENT

 Ed. du Rocher, 2022
139 p.
                    Roman

                         

 Pierre Dambleteuse, ingénieur, après une grave dépression à l'âge de 24 ans, entre comme moine au monastère de la Grande Chartreuse. Vingt-sept ans plus tard, il y décède d'une tumeur au cerveau.

Son abbé retrouve le journal de Pierre rédigé la dernière année de sa vie, et contrairement aux habitudes cartusiennes de ne rien garder, il confie au frère de Pierre ce cahier où sont consignées, en de brefs chapitres, les pensées qui l'habitent.

Souvenirs de jeunesse et d'amours passés, courriers et rencontres au parloir qui lui ont fait garder un lien précieux avec l'extérieur, réminiscence de poèmes et bien sûr, ce qui l'attache profondément à ce lieu où il savoure « avec gratitude des instants de paix », le Christ au cœur de sa vie. Mais toujours avec délicatesse, mots effleurés, sobres, pudiques. Le passé, le quotidien, la vie du monde , la foi s'entremêlent comme en urgence de rassembler en soi ce qui le constitue.

 Ces confidences d'un homme au seuil de la mort en un lieu où il a déjà tout quitté pour y chercher Dieu et peut-être y trouver l'essentiel, soulignent combien les mots, et notamment la poésie, peuvent aider à voir plus clair en soi et à mesurer combien l'instant présent est précieux.

 « Notre avant et notre après ne doivent pas trop nous préoccuper. Nous n'avons pas vraiment de prise réelle sur leur réalité ultime. Mais notre présent, notre maintenant, nous devons le servir, le nourrir, le chanter, le glorifier. » (p.91)

 Un roman ? Pas si sûr. Des évocations ne trompent pas quant à la connaissance de l'auteur du milieu chartreux. Le lecteur suit en tous cas cette fin de vie avec intérêt et compassion. Et les fruits d'une lecture sont parfois inattendus.

 DG

 Extraits.

 - C'est une chose terrible que cette angoisse qui met en déroute le corps et l'âme. Et mensonge sans doute cette sagesse qui prétend aborder avec sérénité les ultimes rivages de la vie alors que Notre Seigneur lui-même au Jardin des Oliviers a sué une sueur de sang. (p.48)

 - Quand on aime le Christ, quand on est sûr qu'il est le cœur brûlant du monde, son noyau indestructible, qu'il est le Vivant, le Présent, et que l'on se retourne sur sa propre vie, on est saisi de honte et d'effroi en songeant que la majeure partie de son temps on l'a, distraction ou oubli, passé si loin de lui. (p.56)

« Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur la mort corporelle à laquelle aucun vivant ne peut échapper. »    (St François d'Assise, cité p.49)

 

 

 

 

Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:06
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Lundi 04 Avril 2022

Le Cantique des cantiques

 Le Cantique des cantiques, livre biblique de style poétique, est plutôt méconnu des chrétiens faute d'être lu à l'église. Et pour cause ! C'est un texte insolite par rapport aux autres textes bibliques qui racontant l'histoire d'un couple qui s'attend, s'espère, se trouve et se quitte, peut être déconcertant. Il a connu bien des commentaires. Faut-il le lire au premier degré, à un niveau purement sensuel ou sous un angle spirituel où le bien-aimé est Dieu et sa fiancée l'Eglise ?

Ce qui est sûr, c'est que ce texte anonyme a profondément touché et inspiré de grands spirituels  tel saint Bernard de Clairvaux (12s.) qui en a fait un commentaire monumental et indépassable.

                                             

De même, d'autres auteurs cisterciens médiévaux ont médité ce texte : Jean de Ford, Geoffroy d'Auxerre, les homélies de Grégoire de Nysse...

                                     

Rashi, célèbre rabbin à Troyes à la même époque l'a étudié lui aussi le resituant dans l'histoire du Peuple d'Israël et l'expliquant pour le rendre plus accessible aux hommes de son temps.

                                                     

Blaise Arminjon dans « La Cantate de l'Amour » aux éditions DDB , 1983 et Claire Patier , « Le Chant du Bien-Aimé » aux Editions Le Livre ouvert, 2000  nous offrent également une lecture suivie, commentée et approfondie du Cantique des cantiques.

Le frère David-Marc d'Hamonville, moine bénédictin au monastère d'En-Calcat vient de publier une étude du Cantique en faisant une approche fort intéressante par thème : la poétique, la nature, le corps, le désir, l'amour...

                                     

 Un autre livre « Sous le pommier » de Xavier Perrin propose au fil des versets de nous faire découvrir l'histoire d'une rencontre amoureuse entre un homme et une femme qui peut retracer de même l'itinéraire spirituel amenant l'âme à s'ouvrir au don infini de l'amour.
Editions des Quatre Vivants, 2020


                                

Un moine disait un jour qu'il n'y avait pas de meilleur exemple pour comprendre un peu l'amour de Dieu pour nous que de nous référer à l'amour conjugal. Nous ne pouvons effectivement appréhender Dieu qu'à partir de nos expériences humaines.

C'est probablement la démarche initiale du poète inconnu du Cantique des cantiques.

DG

 

Mise à jour : Lundi 12 Février 2024, 13:37
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Samedi 01 Janvier 2022

La Pentecôte

 LA PENTECÔTE
 LIVRE DES ACTES DES APÔTRES 2, 1-13

01 Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, ils se trouvaient réunis tous ensemble.

02 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.

03 Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux.

04 Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

05 Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel.

06 Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.

07 Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?

08 Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?

09 Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie,

10 de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage,

11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

12 Ils étaient tous dans la stupéfaction et la perplexité, se disant l’un à l’autre : « Qu’est-ce que cela signifie ? »

13 D’autres se moquaient et disaient : « Ils sont pleins de vin doux ! »                    


                                            

 

Trois parties * :
- v.1-13 : la venue de l'Esprit remplissant les disciples et l'interrogation des Juifs
- v.14-41 : le discours de Pierre à l'auditoire juif
- v.42-47 : la première communauté chrétienne

v.1 - Entrée en matière solennelle, comme souvent dans l'Evangile quand s'annonce un événement important. La référence à la fête juive de la Pentecôte relie ce passage au récit de l'alliance au Sinaï. Qui va recevoir l'Esprit ? « Tous ensemble » insiste sur l'unité du groupe . Pas seulement les douze apôtres mais toute la communauté croyante. Marie, la mère de Jésus, et ses frères étaient présents.

v.2 – Bruit, violent coup de vent évoquant le « Souffle » venant du ciel donc expérience indicible. Jésus est monté au ciel mais les cieux ne sont donc pas fermés. Ce qui arrive est inexprimable et Luc utilise des métaphores et des comparaisons.

v.3 – Après le bruit, la vision de langues de feu (comme du feu). Jean-Baptiste avait prophétisé un baptême dans l'Esprit-Saint et le feu. Le feu est caractéristique des manifestations de Dieu comme au Sinaï (Exode 19,18). On peut noter aussi que les langues « se partagent », ce qui suppose une origine commune et une communication à chacun.

v.4 – le vent devient le souffle, les langues de feu des langages variés. Chacun comprend l'autre. Ce n'est pas une réalité objective mais une signification de ce qui arrive. C'est ainsi que doit être annoncée la Bonne Nouvelle, dans le don de l'Esprit et compréhensible par tous .

Pierre le redira, comme l'avait d'ailleurs annoncé le prophète Joël : Ce qui s'est donné à voir et à entendre est bien la manifestation eschatologique de l'Esprit.
(L'eschatologie est le discours sur la fin du monde ou la fin des temps.  )
Le cercle de ceux qui reçoivent le don de l'Esprit-Saint va s'élargir à tous ceux qui le désirent, y compris les païens.

La communauté chrétienne commence bien à la Pentecôte et non avec la naissance ou le début de mission de Jésus.

v.5 – Dans ce début des Actes, seule la maison d'Israël (Ac2,36) est destinataire de la Parole. Les personnages qui vivent cette pentecôte sont des juifs pieux même si les v.9-11 soulignent la diversité de l'auditoire. Cependant une étape importante sera franchie lors de l'évangélisation des païens.

v.6 – On peut noter que la voix entendue (théophanie : voix de Dieu) rassemble la foule mais aussi la jette dans la confusion. On retrouve ici ces paradoxes fréquents dans l'Evangile. Il y a également ce passage de « parler » à « entendre » et surtout dans sa propre langue. Le message peut être compris.

v.7-8 – Ceux qui parlent sont galiléens, du pays de Jésus. Ils sont reconnus à leur accent comme Pierre, lors du reniement a été trahi par sa voix.

v.9-11 – Cette liste présente une analogie avec le dénombrement de juifs répandus à travers le monde (diaspora). La parole de l'Evangile a vocation à être entendue de tous les peuples de tous pays, mais les juifs d'abord, les païens ensuite (Ac10, Rm1,16).

On est toujours dans une perspective eschatologique et vers la venue du Règne de Dieu, ultime merveille.

v.12-13 – Mais la réalité s'impose : la division des auditeurs à l'écoute de la prédication chrétienne (thème typiquement de saint Luc)

Malgré leur  « stupéfaction et leur perplexité », certains s'interrogent et restent ouverts.

D'autres « se moquent » et ne voient rien de divin dans tout cela.

Ce sont deux réactions que nous connaissons bien face à un événement insolite, comme on peut l'être, par exemple lors d'un rassemblement charismatique qui déconcerte.

Entendre parler de la résurrection de Jésus fut tout aussi déstabilisant. Cela reste vrai aujourd'hui.          

Pour en savoir plus ... *

                        

D'origine païenne, la fête de la Pentecôte est une fête agricole où l'on célébrait la fin de la moisson des blés. (Ex 23,16 ; 34,22), d'où le nom de « fête de la moisson » (Exode 23,16) ; son rituel se lit dans le Lévitique (23,15-21). Elle doit avoir lieu cinquante jours après la Pâque, également fête agricole.

Ce ne sera pas aussitôt que cette fête sera rattachée à l'histoire du salut. Elle est d'abord une fête de l'Alliance. Ce n'est qu'au 2°s.,que les sages vont commémorer le don de la Loi au Sinaï (Chavouot). On n'en est pas encore, au temps des Actes, à opposer le don de la Loi au peuple juif et le don de l'Esprit à la communauté chrétienne.

Mais il est intéressant de relire la théophanie d'Exode 19 aux manifestations bien proches de celles de la Pentecôte.La voix divine est bien destinée à être entendue de tous, proches et lointains.

Lien également avec le récit de la tour de Babel : d'abord c'était « une seule voix pour tous » (Gn11,1) mais l'orgueil des hommes fera disparaître rapidement cette langue commune : «  Descendons et confondons leur langue afin que nul ne puisse entendre la voix de son voisin » (Gn17).
Les Actes des apôtres (Ac2) affirme tout à la fois que la Parole de Dieu est une et que chacun l'entend dans sa langue maternelle. L'islam est aux antipodes de cette conception ; il critique précisément ce qui caractérise le christianisme : le fait que chacun des apôtres parlait dans la langue du peuple auquel il était destiné.

L'Esprit-Saint.

Dans saint Jean, c'est le soir même de la découverte du tombeau ouvert que le Ressuscité souffla sur eux et leur dit : »Recevez l'Esprit-Saint » (Jn20,22), alors que Luc dans les Actes situe cette réception de l'Esprit après la fin des expériences pascales (Ac1,6-11)

Pour Jean, comme pour Paul, l'Esprit est à l'origine de la foi. Jésus « a remis l'Esprit » en mourant sur la croix.

Pour Luc, l'Esprit est donné à ceux qui croient et qui reçoivent le baptême. Il donne la force de témoigner dans un monde hostile. Grâce à lui, Pierre prononcera le premier discours missionnaire.

Saint Luc a très probablement composé lui-même la totalité du récit, à partir de sa tradition évoquant les grandes manifestations de Dieu dans l'Ancien Testament et notamment le don de la Torah au Sinaï. On peut penser que Luc a rattaché la date de la fête juive de la Pentecôte au moment des moissons, comme marquant le moment où les apôtres mirent des juifs, rassemblés à Jérusalem, en face de la proclamation chrétienne.Et il met en scène la survenue de l'Esprit par des signes visibles et audibles. Le parler en langues signifie qu'il s'agit d'une communication universelle. On peut envisager aussi l'infinie diversité des interprétations qui procède de l'inépuisable Parole de Dieu.
Le groupe des douze apôtres au parler galiléen qui le liait étroitement à Jésus devient « le noyau de l'Eglise universelle » (D. Marguerat – La première histoire du christianisme p.157-158).

Lecture des Pères de l'Eglise

Le Livre des Actes est fort peu commenté par les Pères.

Vers l'an 400, Jean Chrysostome qui rédige une cinquantaine d'homélie sur les Actes, remarque que le livre est quasi ignoré des fidèles.

« Qu'était-ce cette Penrecôte ? C'était l'époque où il fallait porter la faucille dans les moissons... Le temps était venu de lancer la faux de la parole évangélique, de recueillir la moisson, l'Esprit lui-même prend son essor pareil à une faux tranchante. (Homélie 4 sur les Actes, 1)

Le chiffre 7

Symbolisme du 7 et du 7X7 : du 8° et du 50°jour qui fait entrer dans une vie nouvelle. 50 marque donc aussi la rémission des péchés.

Les 50 jours, les 50 deniers (Lc7,41) , le Ps 50 : le nombre s'accorde à la miséricorde et au pardon.

Le jour de la Pentecôte les disciples s'étaient rassemblés dans « la chambre haute ».

«  Il n'est pas possible de participer à l'Esprit-Saint si l'on habite pas dans la chambre haute de cette vie. » (Grégoire de Nysse- Homélie pour la Pentecôte)

Isaïe ( Is10,17) montre que le Saint-Esprit n'est pas seulement lumière mais feu (« la lumière d'Israël deviendra un feu » - Ex3,2-6). Dans les Actes des Apôtres, quand le saint Esprit descend sur les fidèles, il fut vu sous l'aspect de feu. Quel est donc ce feu ?... Ce feu qui rend meilleures les bonnes actions, en fait comme de l'or, et qui consume les péchés comme s'ils étaient de la paille. Tel est l'Esprit-Saint qui est appelé face du Seigneur, feu et lumière. » (Ambroise de Milan – Homélie sur le Saint-Esprit)

Pour Origène et Léon le Grand , c'est le même Esprit-Saint qui fut dans les patriarches et les prophètes et qui par la suite, fut donné aux apôtres. Mais de l'AT au NT, il y a un degré plus élevé de la puissance de l'Esprit. Les avis, à cette époque, restent partagés. Divinité de l'Esprit ? Inséparabilité du Père, du Fils et de l'Esprit ?

« Chacun d'eux parlait les langues de tous les peuples, et l'unité de l'Eglise se trouvait figurée par toutes ces langues. Nous avons ici un symbole de l'unité de l'Eglise répandue par tout l'Univers . »

(St Augustin, 2°sermon pour la Pentecôte)

Ascension et Pentecôte n'ont que lentement et diversement émergé de la cinquantaine pascale comme des fêtes distinctes.

 * cf. "Le récit de la Pentecôte" - Cahiers Evangile n°124 - Ed.du Cerf

Mise à jour : Dimanche 18 Juin 2023, 11:53
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