Lutrin - La Voie spirituelle des Chartreux

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La Voie spirituelle des Chartreux

Tim PEETERS

Ed. du Cerf 2010

L’auteur : prêtre de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, licencié en sciences religieuses et droit canonique, Tim Peeters est professeur de religion à Leuven.

Ce livre est le fruit de la thèse de Tim Peeters sur l’histoire de l’ordre des chartreux et de ses rencontres personnelles avec des Chartreux de plusieurs monastères européens. En 2008, il a reçu à Leuven le « Prix du livre religieux ».

Lire ce livre c’est rentrer (un peu) dans le monde tout de même assez secret des Chartreux. Secret qui n’est pas voulu pour lui-même mais qui s’impose par le choix de vie qu’ont fait ces hommes et ces femmes : être et vivre pour Dieu seul. Choix qui est aussi et surtout un appel de Dieu. Sorte d’amour fou , comme ces « fols en Christ » qui paraissent déraisonnables aux yeux des hommes.

La vie des chartreux mise totalement sur cet amour partagé et exclusif où l’homme se donne les moyens extrêmes d’approcher celui qu’il aime. Cela n’ira pas sans nombreux renoncements, sans douleur, sans nuits obscures mais l’objectif au quotidien, dans le silence et la solitude, comme au terme du parcours est si motivant pour le chartreux qu’il est prêt à tout , comme le bien-aimé l’est pour sa bien-aimée. Car la joie d’aimer est au cœur de cette vie-là . Le chartreux n’est pas un prisonnier derrière des murs, c’est au contraire un homme qui cherche à se libèrer de tout pour laisser toute la place à Dieu. Il ne se demande pas à quoi il sert. Il s’est donné à Dieu. Mais ne sont-ils pas pour nous des étoiles ?

L’auteur nous initie à la spiritualité cartusienne, à sa pratique, à son histoire illustrée de lettres de saint Bruno et des premiers chartreux. Il donne la parole aussi à Dom Marcellin Theeuwes, actuel prieur général de l’ordre des Chartreux ainsi qu’à dom Jacques Dupont, prieur de Serra San Bruno (monastère où mourut saint Benoît).

D.G

Extraits


      Chartreuse de Sélignac (Ain) - Photo personnelle D.G

- Autour de la solitude et du silence de chacun des moines, trois cercles concentriques se sont formés : l’espace désertique, les murs du monastère et les murs de la cellule. Trois cercles qui protègent le cœur du moine, où Dieu seul peut entrer. Monotonie du rythme de vie, pauvreté, ascèse, prière, liturgie et lecture sacrée sont les contreforts qui assurent la cohésion de l’ensemble de l’édifice. (p.12)
De nos jours, les Chartreux ne comprennent pas leur séparation du monde comme une fuite au sens péjoratif du mot, ni comme une expression de misanthropie ou d’autosatisfaction. Simplement tout est orienté vers Dieu et baigne dans la prière. (p.25)

-. Dans le monastère, tout est orienté vers la recherche du Visage de Dieu, tout est ramené à l’essentiel, car seul est important ce qui rapproche de Lui. La clôture, moyen ascétique d’une valeur immense, …constitue un signe que Dieu tient sa créature en sa sainte garde. p.101



Oratoire de la cellule - (Ph.personnelle DG)

- Les chartreux se retrouvent à minuit un quart pour chanter l’office de nuit, les matines . La prière nocturne peut durer jusqu’à 2 ou 3h du matin. L’interruption du sommeil fait des chartreux un cas unique dans l’éventail des familles monastiques. .. La veille de nuit remonte aux Pères du désert et aux communautés d’ermites du christianisme primitif. « Nous nous sentons portés et soutenus par le silence et l’obscurité qui enveloppent la nature : nous n’avons rien d’autre à faire qu’à nous disposer à la présence de Dieu, qui parfois, se fait très proche… La psalmodie nourrit le recueillement intérieur et on vaque à la prière du cœur, sans fatigue, sans contention, dans un paisible abandon à la parole que Dieu veut bien nous faire entendre dans l’intimité de notre cœur. » (Dom Marcellin) p.156

- Dans un monde où Dieu est souvent éclipsé, les chartreux sont les témoins silencieux et vigilants d’une vérité, d’une paix, d’un bonheur plus profonds. Leur vie cachée peut être pour le monde un appel à reconnaître, dans la réalité profane et visible, l’amour sacré et invisible de Dieu même .p.176