Au nom de Dieu et des hommes, la grande saga des franciscains, dominicains et jésuites
Au nom de Dieu et des hommes, la grande saga
des franciscains, dominicains et jésuites (XIII°s.-XXI°s.)
Jérôme CORDELIER
Editions Fayard, 2017
376 p.
Jérôme Cordelier est rédacteur en chef au Point
Saint François et saint Dominique (13°s.), saint Ignace de Loyola (16°s.), fondateurs de trois grands ordres religieux, nous sont connus au moins de nom avec quelques grands traits de leur personnalité. Mais qu'est-ce qui les distingue, qui étaient-ils vraiment ?
Dans ce livre, l'auteur les réunit en trois grands chapitres d'une lecture assez facile. Sont évoquées bien sûr les vies de ces trois figures d'exception que sont François, Dominique et Ignace, mais c'est surtout l'histoire de ces trois ordres et des religieux qui les incarnent qui nous permettent de réaliser l'ampleur de leur impact au sein du catholicisme mais aussi dans le monde à travers les siècles et jusqu'à aujourd'hui.
Si on doutait de la diversité des vocations au sein de l'Eglise, et que d'une même source, Jésus-Christ, puisse jaillir tant d'expériences , de témoignages de foi parfois révolutionnaires pour leur temps, nous voici assurés des bienfaits de cette diversité tant spirituels qu'humains.
« Malgré tous ses efforts, Dieu qui sait tout, ne parvient pas à connaître ce que va dire un franciscain quand il commence une homélie, ce qu'a dit un dominicain quand il a fini de parler et … ce que pense un jésuite », souligne avec humour le père Henri Madelin, chef du bureau des jésuites près des communautés européennes. (cité p.28)
Ces trois ordres , dans leur évolution , n'ont pas été à l'abri des suspicions, des querelles de pouvoir, des persécutions. Mais leur charisme, leur volonté, leur foi se sont transmis jusqu'à aujourd'hui à leurs descendants auxquels l'auteur de ce livre donne largement la parole.
Chez François d'Assise et les franciscains ont retiendra en particulier l'importance attachée à l'humilité, à la pauvreté , à la fraternité, à une vie parmi les plus pauvres. « Leur seule ambition ? Etre présents à l'autre … Il n'y a pas eu moins de grands hommes chez les franciscains que chez les autres religieux, bien au contraire, mais leur gloire personnelle, plus que tout autre, s'est effacée derrière l'accomplissement de leur mission . » (p.46-47)
Aujourd'hui où nous sommes particulièrement sensibles à la sauvegarde de la création, on peut souligner
la sensibilité particulière de François et des franciscains à la nature qui manifeste un Dieu créateur à qui il convient de rendre grâce.
Chez Dominique de Guzman et les dominicains, c'est l'importance attachée à la culture, au dialogue, aux débats d'idées, à l'instruction qui domine .Dominique a laissé très peu d'écrits et c'est davantage sa spiritualité plutôt que sa personnalité qui a attiré l'attention et séduit.
« Il s'agit d'abord d'être frère », dit un jeune dominicain . Ce que confirme Anne Lécu : « Je suis rentrée dans cet ordre parce qu'une joyeuse rencontre se vit entre nous... Notre grande particularité, par rapport à d'autres ordres religieux, c'est cette institutionnalisation de la fraternité qui s'incarne dans la vie commune dominicaine. » (p.151)
Une autre devise de l'ordre: « Contempler et transmettre aux autres ce que l'on a contemplé ». C'est ce que disait aussi saint Thomas d'Aquin.
Les dominicains sont aussi missionnaires, notamment à Mossoul en Irak dont Jérôme Cordelier retrace largement et fort bien leurs actions au péril de leurs vies.
Tout en choisissant la pauvreté et l'itinérance, saint Dominique n'a jamais délaissé l'étude, qui est aussi une activité primordiale chez les dominicains qui aiment approfondir, discuter, débattre. Ils contribueront à l'essor des universités.
Saint Dominique
Chez Ignace de Loyola et les jésuites.
Après une période militaire abrégée du fait de blessures, « le cheminement d'Ignace consiste à ne plus combattre par les armes, mais par l'intelligence des situations et la compréhension de l'autre. » (p.254)
Les Exercices spirituels est « l'ossature qui unit et forge les caractères jésuites » et va leur permettre de discerner les moyens d'agir sur les âmes et, de proche en proche, d'agir sur leur époque. (p.265).
L'obéissance se veut être la qualité première du jésuite tout en mettant aussi en œuvre le discernement, (ce qui relativise les choses !) mais permet d'y adhérer en profondeur. Il faut souligner une obéissance spéciale au pape.
Depuis leur origine, les jésuites n'ont jamais failli à l'une de leurs missions premières : l'éducation. Il s'agit avant tout de former l'esprit des jeunes, de les épanouir à partir de ce qu'ils sont, avec une certaine sévérité mais avec justice. De prestigieuses écoles à Paris, Toulouse, Bordeaux, Marseille ont formés une « pléiade d'anciens élèves qui tiennent encore aujourd'hui quelques-unes des commandes politiques, économiques et intellectuelles. » (p.338)
Actuellement, leurs missions s'orientent davantage sur un terrain social, solidaires avec les pauvres, les marginaux, les sans-voix. Et une grande confiance est placée dans l'individu.
Est-il utile aussi de rappeler que le pape François est un jésuite ?
Saint Ignace de Loyola
L'alternance, qui semble un peu brouillonne, entre la vie du saint et celles de nos contemporains du même ordre, l'abondance de noms cités (signe de l'envergure de ces ordres) nuisent parfois un peu à la clarté du propos mais donnera sans doute le goût d'approfondir notre connaissance de François, Dominique et Ignace et de leurs ordres respectifs dans des documents plus spécifiques. Mais à l'issue de la lecture de ce livre, nous en avons déjà un beau panorama.
La large bibliographie proposée à la fin du livre pourra nous aider à en savoir plus.
D.G
Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:11
Denyse
dans 08- ARCHIVES - Règle de Saint Benoît - Texte et commentaires ch. 1 à 73
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