Bestiaires du Moyen-Âge

 Bestiaires du Moyen-Âge
 Michel PASTOUREAU
 
  Ed. Points 2020 -
  326 p.

    

Pour qui aime l'art médiéval, les animaux et les beaux livres, voici un document à ne pas manquer.

Croiser un chat dans la rue est fort banal, mais se pencher sur son histoire, sa place dans la société à travers les époques, sa dimension symbolique et religieuse est étonnant et passionnant.
Michel Pastoureau, d'une grande compétence dans le domaine des bestiaires (entre autres) nous fait découvrir cet univers extraordinaire des bestiaires médiévaux enluminés à travers ses textes très détaillés et parfaitement accessibles mais aussi, et c'était incontournable, par les illustrations associées.

Dans les bestiaires du Moyen-Âge, le cerf vit mille ans, le sanglier porte ses cornes dans sa bouche, les papillons sont des fleurs qui volent, l'écureuil est un animal diabolique, paresseux, lubrique, avaricieux. La zoologie médiévale n'est pas la zoologie moderne. Un dessin de chat ? Est-ce un tigre ? On le reconnaît surtout parce qu'il mange une souris !

Le dessin souligne davantage le pouvoir de l'animal que ses caractéristiques scientifiques encore mal connues à cette époque. Et pourtant la place occupée par les animaux dans les croyances est bien plus importante qu'aujourd'hui. Ils sont la source d'anecdotes innombrables souvent fantastiques.

Cette lecture nous fera sans aucun doute regarder les animaux d'une autre façon et les respecter peut-être davantage. On a sûrement encore beaucoup à apprendre et à découvrir sur leurs performances et leurs qualités qui nous font déjà tant les aimer.

La revue "Lire Magazine littéraire" publie ce mois de mars 2023 (n°516), un interview de Michel Pastoureau

DG

Extraits

- Tous les livres bibliques parlent des animaux soit pour eux-mêmes, soit sous forme de métaphores ou de comparaisons.

Serpent de la Genèse, corbeau et colombe de l'arche, veau d'or, le lion terrassé par Samson, la baleine de Jonas... l'agneau du Sauveur, la colombe de l'Esprit-Saint, l'âne et le bœuf de la Nativité, le coq du reniement, le dragon et les bêtes de l'Apocalypse.... (p.28)

- Chaque animal apparaît comme la figuration d'une autre chose qui lui correspond sur un plan supérieur ou immuable et dont il est le symbole. Le lion est ainsi l'image de Dieu ou du Christ mais aussi le symbole de l'autorité, de la justice, de la force et de la largesse. L'ours, son rival pour le titre de roi des animaux, est au contraire une incarnation du diable et le symbole de plusieurs vices... Le renard , autre incarnation du Malin, est l'image de la ruse, du mensonge et de la trahison. (p.27)

- [Au Moyen-Âge], la place de l'animal dans la vie matérielle et quotidienne est inséparable de celle qu'il occupe dans la vie intellectuelle, religieuse ou symbolique. (p.38)

- Avant le milieu du 12°s., l'animal sculpté est toujours intégré à une scène, ou bien sert d'attribut à un saint ou à un grand personnage. A partir des années 1160, on commence à voir des animaux sculptés pour eux-mêmes, constituant des statues affranchies de tout autre élément ou sujet. L'animal est désormais mis en scène pour lui seul. (p.46)

 

 

 

 

 

 

Mise à jour : Jeudi 4 Janvier 2024, 17:17
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