Car rien jamais n'est achevé

 CAR RIEN JAMAIS N'EST ACHEVE

Confessions d'un croyant discret

Robert SCHOLTUS

Ed. Albin Michel 2023
166 p.

                        

 

Robert SCHOLTUS , prêtre du diocèse de Metz, est membre de l'observatoire Foi et Culture de la Conférence des évêques de France. Théologien, il a été supérieur du séminaire de l'Institut catholique de Paris.

Catalogué comme « figure de l'Eglise progressiste d'aujourd'hui », Robert SCHOLTUS se revendique effectivement comme un prêtre un peu rebelle (costume civil et souvent un pas de côté ) mais fidèle à ses engagements et son Eglise. Une Eglise qu'il ne veut pas formatée mais ouverte à tous et à toutes les sensibilités.

Formé dès le petit séminaire à respecter le code de bonne conduite des prêtres, mais de nature à ne pas se laisser faire et conditionner, l'auteur n'a pas pour autant choisi la voie la plus facile et cela a suscité chez lui bien des remises en question, avec de temps en temps la nécessité de prendre du recul ( séjour en monastère, année sabbatique...)

Effectivement discret dans sa « confession », et c'est bien ainsi, on sent au fil des pages sa passion croître quant il s'agit d'évoquer ses nombreux amis, des personnes ou des livres. Et c'est bien la mission du prêtre que d'être dans l'écoute et l'accueil de ses frères et sœurs. Des rencontres qui ne jouent pas le cléricalisme, ses responsabilités auraient pu l'y pousser, mais surtout conduisent à la reconnaissance et à la joie. La vie nous donne en effet l'occasion de magnifiques rencontres, d'échanges passionnants qui font grandir. Quelques amitiés fidèles renforcent encore ce bonheur du partage à travers joies et épreuves.

C'est un livre d'une lecture facile mais d'une belle profondeur où vivent finalement en harmonie l'âpreté de certains jours et l'enthousiasme de s'épanouir grâce à l'amitié, la vie fraternelle ou la poésie. Malgré ces années difficiles que l'Eglise traverse, « cette grande débâcle du système clérical », on rencontre dans ce livre un chrétien que sa foi aide à naviguer, même si elle est peu évoquée. Un témoignage fort et réconfortant.

DG

 

Extraits

 

«  Pour mon plus grand bonheur de supérieur, au séminaire des Carmes, Yann Vagneux a rallié la bande de ceux qui comme lui n'avaient pas répudié leur enfance rêveuse et chahuteuse ; le meneur, Etienne Guillet, intarissable bateleur, aujourd'hui curé de la bouillonnante paroisse de Trappes ; Damien Debaisieux, que l'amour des grandes prairies a conduit à l'abbaye de Chimay, dont il a été élu père abbé.... Et d'autres encore qui, à leur contact, eurent tôt fait de débrider leur piété comprimée et compassée. » (p.111)

 

[Funérailles.]

«  Les mots ne réparent rien, ne consolent en rien, mais ils ouvrent un espace de partage entre les endeuillés, et qui ne l'est pas ? Cet espace de partage, je l'ai matérialisé. Il occupe plusiurs rayons de ma bibliothèque où j'ai réuni ceux que j'appelle les inconsolables, tous ces auteurs, connus ou inconnus, qui ont fait le récit de la perte d'un enfant, d'un conjoint, d'un père, d'une mère, d'un ami. Ils forment une famille à laquelle j'appartiens. Leurs morts sont devenus les miens, les miens sont devenus les leurs. Nous parlons la même langue, qui à l'éloquence des larmes. » (p.123)

 

[A propos de Marc Stenger, qui fut évêque de Troyes ] « lui, l'ami de cinquante ans »,... « infatigable marcheur, un jogger que je peinais à suivre, il est devenu une personne à mobilité réduite... qui continue d'être habité d'une énergie de pérégrin... Son amitié, sans mot dire, a toujours eu raison de mes lassitudes et de mes désabusements. » (p.130-131)

 

 

Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 139 fois -
Article précédent - Commenter - Article suivant -