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Commentaire sur le Cantique des cantiques

THOMAS le CISTERCIEN (Thomas de Perseigne)

Ed. Abbaye Val Notre-Dame (Canada), 2011
Collection Pain de Cîteaux n°31 - 32

        
                                     

On connaît saint Bernard et ses célèbres sermons et lettres rédigés avec passion, avec surtout  le désir de transmettre à ses frères  son expérience de la recherche de Dieu pour mieux l’aimer. Textes savoureux, souvent complexes, où la plume de Bernard s’échappe constamment en digressions tant son amour déborde.
On connaît moins Thomas le Cistercien, sans doute moine de l’abbaye de Perseigne fondée en 1145, et son fantastique commentaire en 10 livres du Cantique des cantiques.

Suivant le déroulement chronologique du Cantique, et à partir d’un verset, Frère Thomas nous fait gravir une extraordinaire construction (en base 3, Trinité oblige !) telle une pyramide dont chaque pierre serait une approche de plus en plus pointue du thème abordé et toujours tissé avec des passages bibliques dont il a une connaissance fabuleuse.
Le Frère Enzo Bianchi du monastère de Bose, grand adepte de lectio divina, aime dire que le meilleur commentaire biblique se fait à la lumière de la Bible elle-même. Thomas le cistercien était sans doute un passionné de l’Ecriture et sa pensée et sa vie en étaient pleinement nourries.
Thomas aborde, avec une rigueur impressionnante, un thème théologique ou spirituel qu’il va développer par étapes, s’appuyant constamment sur l’Ecriture et suivant généralement des degrés qui mènent de la terre( avec nos sens) au ciel, de la méditation à la contemplation, du Christ homme au Christ ressuscité, chemin de notre salut.

 Le raisonnement de l’auteur est systématique et pourtant non dénué d’imagination. Portes qui s’ouvrent les unes après les autres, nous surprennent, voire nous amusent ( c’est un peu « tiré par les cheveux » parfois) et éclairent peu à peu notre horizon. On se prend au jeu de cette lecture qui nous entraîne toujours plus loin. Mais Thomas, homme d’expérience, reste très prudent et revient toujours à une foi à l’œuvre.

Au bout de quelques centaines de pages, on se lassera peut-être d’une certaine monotonie dans ce commentaire si méthodique qui n’a pas le même feu que l’œuvre de saint Bernard.
Comme chez l’abbé de Clairvaux, on a parfois du mal à trouver une explication basique du verset commenté qui semble finalement prétexte à un enseignement ou une méditation . Mais  comme dans l’Echelle de Jean Climaque ou dans la Règle de saint Benoît, il ne s’agit pas d’une proposition de  progression linéaire. Ce sont les multiples approches qui, suivant les circonstances de nos vies ou l’état de notre vie spirituelle, permettront peu à peu de nous enraciner dans la foi. On peut d’ailleurs aborder le commentaire de Thomas suivant l’attrait que nous avons pour l’un ou l’autre thème, en lire quelques lignes ici ou là.

Mais à partir d’un mot ou d’un verset biblique, Frère Thomas fait bien mieux qu’Internet pour nous en livrer tous les liens.
 Il faut goûter absolument à ce très original commentaire sur le Cantique des cantiques qui nous ouvre magistralement à l’ Ecriture. Les trés belles pages de couverture choisies par l'éditeur, comme toutes celles de cette collection Pain de Cîteaux, nous y invitent grandement.
D.G

Extrait.

Trois celliers

La première de ces dimensions a pour lieu le cellier dit des eaux, le deuxième le cellier du vin (cf. Ct2,4), la troisième le cellier des aromates. Dans le premier d’entre eux, les péchés sont lavés ; dans le deuxième, les tièdes s’enflamment ; dans le troisième, ceux qui ont accédé à la douceur respirent les meilleurs aromates. A propos du premier, il est dit : Lavez-vous, soyez purifiés (Is 1,16). Ce qui amène Pierre à dire : Seigneur, non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête (Jn13,8) – autrement dit : non seulement l’affectivité, mais les actes et l’intellect qui déploient la vigueur dans la tête. A propos du deuxième cellier : Je suis venu jeter un feu sur la terre, et que veux-je, sinon qu’il flambe ? (Lc12,49). A propos du  troisième, Jean l’Evangéliste confesse : ta bonne odeur a excité en moi des convoitises éternelles.

(p.71-72)

 

 

 

Mise à jour : Jeudi 16 Mars 2023, 13:20
Denyse dans 04 - SPIRITUALITE CISTERCIENNE - Lu 1586 fois - Version imprimable
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