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L'assise et la présence

 L’assise et la présence
 La prière silencieuse dans la tradition chrétienne

 Jean-Marie GUEULLETTE

 Ed. Albin Michel, 2017
 219 p.

                                                  

 Le chrétien s’interroge souvent sur la prière : comment prier, quand et où prier ?  Y a-t-il des méthodes favorables : partir de textes bibliques, prière de demande ou de louange ?

Le livre de Jean-Marie Gueullette va nous en offrir une autre approche qui pourrait bien se révéler essentielle, d’une simplicité (peut-être apparente) encourageante . Ce qui l’amène à nous expliquer ce qu’est ce face à face avec Dieu . Pour cela, il s’appuye sur la tradition chrétienne et  sur les écrits et témoignages de ceux qui l'ont pratiquée tels que Maître Eckhart, Ignace de Loyola ou Henri le Saux.

Sans aucun doute, nous reviendrons souvent à la lecture de ce livre très convainquant, profond et simple à la fois. A lire vraiment en priorité, y compris par les contemplatifs qui, malgré leurs pratiques, peuvent se heurter à ce mystère de la relation à Dieu.

 Depuis les premiers siècles, la prière silencieuse permet, favorise une rencontre avec Dieu qui nous attend et est toujours présent à nos cotés.

Il ne s’agit pas de méditation, si prisée de nos jours. Ni de contemplation mais de « communion avec Dieu reconnu comme présent » à l’intérieur de soi. Il ne s’agit pas de parler à Dieu ou avec Dieu, mais de « se tenir en sa présence, dans le silence ».

« Le roi David entra et s’assit devant le Seigneur. » (2 Rois 7,18)

« Ce n’est pas la prière qui rend Dieu présent, mais l’homme qui se rend présent à Dieu. »

 L’assise, s’asseoir, permet au croyant de se rendre disponible. « C’est manifester physiquement que l’on a choisi de se donner à la prière sans rien faire d’autre. » Il n’y a pas une posture plus favorable, mais « vient en premier la justesse  de la posture » pour la personne qui prie et à ce moment-là. « Et que le souvenir de Jésus ne fasse qu’un avec ton souffle » (Jean Climaque – L’Echelle sainte). Même si notre volonté entre en jeu, elle n’est pas primordiale car l’union à Dieu ne peut être de notre fait mais bien de la grâce. Toutes nos méthodes et techniques ne sont que peu de chose.

Un mot pour se souvenir de Dieu. Comment fixer notre attention sur la présence d’un Dieu pourtant invisible ? L’objectif ne sera pas d’arrêter nos pensées, c’est impossible, mais de nous recentrer sans cesse sur la présence.

« Quand tu t’y mets, signe-toi de la croix, recueille tes pensées, souviens-toi, propose-toi et considère à qui tu adresses ta prière, et puis commence. » (Evagre le Pontique)

Jean Climaque invite à la sobriété : un seul mot, une courte phrase répétée dans la foi.

« Mon Dieu, viens à mon aide, hâte-toi de me secourir. » (Ps 69)

Cette pratique nous permet d’expérimenter combien une seule parole peut repousser d’autres pensées, simplifie un état d’esprit plus paisible, sans stress. Avec humilité , avoir conscience que le mystère de cette relation est bien au-delà de ce qui nous apparaît.

« Quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé ». (Actes 2,21)

On est très loin de la méditation bouddhiste qui cherche à faire le vide.

« Dans l’Orient chrétien, l’histoire de la prière monologique est très liée au développement du grand courant spirituel de l’hésychasme, qui va des pères du désert, au IVe siècle, jusqu’à son plein épanouissement au mont Athos au XIVe siècle. » (p.107)

 L’oraison de simple regard.

« Il s’agit avant tout de se tenir en présence de Dieu, de se rendre présent à la présence de Dieu. » Le dépouillement et l’abandon  sont au cœur de cette expérience où l’intelligence n’intervient pas .

« Je me réjouis de ce que Dieu est, puis je me repose là, toute autre joie me paraissant moins pure. » (Jean de Bernières)

Jean-Marie Gueullette fait ici une remarque non négligeable : « La prière silencieuse n’est pas accessible si le reste de la vie n’est pas marqué par la simplicité et le goût du silence » de même que «  la fréquentation  habituelle de l’Evangile est une nourriture indispensable pour cette prière.» (p.149) Les jésuites sont très attentifs à ce lien entre la prière et la vie.

 « Dieu est toujours prêt, mais nous sommes très peu prêts. Dieu nous est proche, mais nous sommes loin de lui. Dieu est dedans, mais nous sommes dehors. Dieu est chez lui, mais nous sommes étrangers. » (Maître Eckhart, cité p.182)

 «  Dieu est. Cela seul suffit. » (St François d’Assise)

 DG
 01.2019

Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 2360 fois - Version imprimable
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