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L'Evangile selon Yong Sheng

 L’Evangile selon Yong Sheng

 Dai SIJIE

 Gallimard, 2019
 438 p.                                                            
                        

 

Romancier et cinéaste, Dai Sijie vit en Chine.

 En Chine méridionale, au début du vingtième siècle. Yong Sheng, né en 1911,  est fils d’un menuisier-charpentier qui fabrique en particulier des sifflets pour colombes. Il est placé en pension chez un pasteur américain et va suivre l’enseignement de Mary, institutrice de l’école chrétienne. De là naît sa vocation à être le premier pasteur chinois de sa ville. Il fait des études de théologie à Nankin, connaît bien des péripéties liées au mode de vie et aux superstitions de son époque. En 1949, c’est l’avènement de la République populaire de Chine et en 1966, celle de Mao et de la Révolution culturelle. De part son métier et sa culture, Yong Sheng connaît alors les terribles tourments affligés aux intellectuels considérés comme des anti-révolutionnaires. D’estimé par la population, il devient son souffre-douleur. Il se soumet aux obligations avilissantes mais ne peut empêcher de laisser resurgir les paroles bibliques qui lui tiennent à cœur.

Nous suivons le parcours évangélique , les bonheurs et le chemin de croix de ce pasteur humble et courageux.

 Ce livre autobiographique, histoire du grand-père de l’auteur, est fort attachant, dans l’esprit chinois à la fois très concret mais aussi très poétique, traduit ici de façon admirable. Il nous fait traverser le vécu et le ressenti d’une population emprisonnée dans des doctrines inhumaines.

Une superbe écriture, un livre inoubliable.

 Extrait.

 Le bœuf qui gisait sur le côté, les quatre pattes repliées sous lui, n’avait même plus l’énergie de boire dans le seau… « Je vais lui réciter un passage de la Bible, [dit Yong Sheng] . Il se pencha vers l’oreille du bœuf agonisant et murmura : L’Eternel est mon berger, je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans des verts pâturages, il me dirige près des eaux paisibles. Ce fut un psaume que les pasteurs récitent pour les chrétiens à l’agonie, qui sortit spontanément entre les lèvres de Yong Sheng . C’est le miracle de la mémoire. Les mots coulaient sans la moindre hésitation, bien qu’il fût, depuis seize ans, interdit de pratiquer des cérémonies et d’assister des mourants. (p.308-309)

 DG

Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:16
Denyse dans 08- ARCHIVES - Règle de Saint Benoît - Texte et commentaires ch. 1 à 73 - Lu 2187 fois - Version imprimable
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