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Le bouddhisme

 Le bouddhisme, une philosophie du bonheur ?

 Philippe CORNU

 Editions du Seuil, 2013
 313 p.

                   *    

Comme pour beaucoup de domaines que nous ne fréquentons pas de près, nous en avons une vision souvent caricaturale et tronquée. C’est vrai des civilisations lointaines ou d’une religion qui n’est pas la nôtre.

« L’un des principaux objectifs de cet essai est de clarifier la nature du bouddhisme pour tous ceux qui montrent une certaine curiosité à son égard… et de dissiper quelques malentendus et  préjugés tenaces. » (p.11)

 Les pratiques du bouddhisme se répandent à travers le monde ; elles sont multiples et parfois récupérées, en les dénaturant, par des groupes soit disant zen ou visant un meilleur bien-être personnel. L’auteur souhaite dans ce livre dresser un certain état des lieux et s’interroge sur la place du bouddhisme dans le devenir de l’humanité toute entière. Il ne le considère pas comme une religion mais comme "une philosophie du bonheur" s'appuyant sur les enseignements du Bouddha.

 On lit avec intérêt cette présentation des caractéristiques du bouddhisme dont les valeurs sont attachantes, éloignées du catholicisme car il n’y a pas de croyance en Dieu mais proches dans leurs pratiques et le désir de respect, de compassion et de solidarité envers les autres. A travers tout le livre , on sent d’ailleurs cette double démarche d’un épanouissement personnel et du souci de la transmission pour que survive le bouddhisme dans son intégrité mais aussi pour qu'il communique ses valeurs de bonheur . "Il y a chez l’homme un ressenti de séparation, de perte de lien ou d’errance qui le pousse à retrouver une réalité ultime oubliée. (p.84)

                      *    

L’intérêt d’un vrai dialogue interreligieux, à notre époque, est dans ce partage de richesses complémentaires qui visent à un monde meilleur, plus équilibré et plus paisible, tant au niveau de la personne elle-même qu’à celui de l’humanité entière. Nos derniers papes comme le dalaï-lama savent combien leurs paroles peuvent avoir un impact dans certaines décisions sur notre avenir (éthique, écologie, résolution des conflits) tout en ayant conscience que la tâche est rude face au pouvoir de l’argent et de l’individualisme actuels.

 D.G

Extraits.

-  Je suis surtout attentif à la pérennisation de la transmission spirituelle que véhiculent les grandes écoles traditionnelles… Il est encore trop tôt pour imaginer ce que pourrait être un bouddhisme occidental. On oublie facilement qu’en Chine la constitution du bouddhisme chinois a demandé près de cinq cents ans de patiente construction émaillée de crises.  (p.13)

- Le message fondamental du Bouddha est consigné dans l’enseignement des Quatre Nobles Vérités , méthode de libération individuelle doublée d’une réelle préoccupation altruiste :

-         reconnaître la souffrance sous toutes ses formes dans l’existence

-         en comprendre l’origine véritable

-         avoir pour objectif sa disparition

-    et mettre personnellement en pratique le chemin spirituel pour ce faire. (p.19-20)

Le Bouddha ne s’est pas présenté comme sauveur de l’humanité souffrante. Mais il a souligné la nécessité de tourner son regard vers l’intérieur plutôt que de toujours chercher à l’extérieur l’apaisement de nos tourments . (p.21-22)

- L’intérêt purement intellectuel pour le bouddhisme et ses textes ne suffit pas. Il faut avoir été touché en profondeur par l’enseignement bouddhique pour se convaincre que cette voie vaut la peine d’être suivie.
Plus elle sera certifiée par l’expérience, plus la foi deviendra naturelle. Elle développera aussi la confiance en soi qui nous manque si cruellement indispensable à une authentique ouverture spirituelle... Importance de la compassion universelle... Tout chemin spirituel passe par l’ouverture du cœur et par l’abandon de l’orgueil et de l’arrogance de surface, et le bouddhisme ne fait pas exception… La confiance en soi est un élément clé pour développer le courage et la diligence nécessaires au pratiquant qui chemine. En effet, les peurs, le découragement et la dévalorisation de soi sont de sérieux obstacles qu’il est impératif de dépasser. (p.54-55)

 - Traditionnellement, le Bouddha est comparé à un grand médecin. Le Bouddha n’est pas un sauveur mais un conseillé éveillé dont les précieux conseils ne sont libérateurs que lorsqu’on se les applique à soi-même… En visant une attitude d’abandon confiant,  elle vise à faire tomber nos résistances, nos habitudes, nos préjugés et nos défenses, en un mot notre attachement au moi. (p.56)

 - La véritable liberté commence avec la capacité d’agir avec sérénité et lucidité, sans être l’esclave de ses passions, en maîtrsant ses pensées et en se souciant réellement du bien-être d’autrui. (p.136)

- Le maître est une figure incontournable dans bon nombre de traditions bouddhiques qui souligne l’importance du lien entre deux êtres humains dans la transmission d’un savoir et d’une expérience spirituels… Problème d’obéissance, de confiance… A qui confions-nous notre vie spirituelle ? (p.189)


* photos 
© Denyse Guerber

 

 

 

 

Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 16:57
Denyse dans 02 - LIVRES recensions - Archives - Lu 1380 fois - Version imprimable
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