Le Grand bonheur
Le Grand bonheur
Vie des moines
Nicolas DIAT
Récit
Fayard, 2020
338p.
De nombreux livres témoignent de la vie des moines. Celui-ci est particulièrement intéressant parce que l'auteur a pris le temps , sur une année et en un seul lieu, de l'observation, de l'écoute, de la rencontre, de l'expérience du silence. Nous cheminons en quelque sorte avec lui, approfondissant au fil des pages notre découverte de la vie des moines de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault.
L'abbaye Notre-Dame de Fontgombault est une abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes située à Fontgombault dans l'Indre, en France. Elle a été fondée au xie siècle,
Depuis 2011 , c'est dom Jean Pateau qui en est le Père Abbé.
Fille de Solesmes, cette abbaye du Bas-Berry est héritière du chant grégorien qui nous vaut un chapitre à ce sujet, et d'une certaine rigueur et fidélité à la Tradition. Ce récit reflète bien ce « grand bonheur » d'une vie choisie et consacrée totalement à Dieu. L'austérité est bien réelle, sûrement pas toujours facile, de même que l'obéissance inconditionnelle au Père Abbé, mais elle permet un vrai détachement de soi pour laisser la place à Dieu, à une approche du divin.
La vie communautaire se doit d'être fraternelle et la joie est omniprésente tout en respectant les caractères et aptitudes de chacun. « Dans une abbaye, il existe une forme d'ajustement des caractères digne d'une pièce d'horlogerie suisse ! » (p.242). Mais c'est une vie qui ne connaît guère les temps libres car toute la journée est planifiée : offices, travail, repas, détente, promenades, sommeil. L'auteur décrit ces différents espaces par ses observations et ses échanges avec des moines.
Le mot « vocation » est souvent cité. Effectivement, l'engagement monastique répond à un appel de Dieu pour un lieu, pour cette vie particulièrement exigeante, pour un but poursuivi tout au long de la vie : la recherche de Dieu. « Le désir profond de se donner à Dieu est l'unique boussole » (p.218)
Chaque monastère a sa couleur, son « climat » souvent donné par l'Abbé. Le monastère de Fontgombault est plutôt traditionnaliste, ce qui n'est pas péjoratif. La vision que nous en donne Nicolas Diat est assez idéale. Ces existences confinées doivent connaître, comme nous tous, des moments difficiles qui, sans y insister, ne sont pas éludés dans ce livre. Mais l'essentiel est dit : c'est un grand bonheur que d'être moine, mais il faut en payer le prix. C'est d'ailleurs vrai pour tout engagement radical : professionnel, familial, associatif ou sportif...
DG.
Extrait
- Pourquoi cette joie ? L''équilibre de la vie monastique, la régularité de la prière, le statut d'enfance dans lequel les moines flottent permettent-ils d'abandonner les difficultés, les peurs, les angoisses ? Dans une abbaye, le devoir est un impératif catégorique. Le moine sait ce qu'il doit faire et quand il peut le faire... L'euphorie du début n'était pas factice. Elle n'existe qu'à proportion des abandons consentis par le moine. Celui-ci se trouve devant un choix : soit il reconstruit dans le secret de la clôture ce qu'il a abandonné en cherchant à sauvegarder ses préférences, son temps, ses habitudes, et les problèmes reviennent, soit il continue à s'abandonner, et il moissonne au centuple. (p.153)
- Si Fontgombault parlait, que dirait-elle au profane ? D'une petite voix claire et assurée, elle oserait affirmer : « Je suis la citadelle imperturbable. Je suis l'abbaye de Pierre de l'Etoile établie sur le roc des hauts de Creuse. Je suis celle qui durera longtemps. Je suis la maison de prière fidèle, belle et incomprise. Mais ne vous méprenez pas. Rien de tout cela n'a d'importance. Sur cette terre,le moine ne s'attache à rien. Il est de passage. Dieu seul compte. (p.35)
Mise à jour : Lundi 18 Janvier 2021, 19:43
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
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