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Mont Athos

 Mont Athos

Carnets 1974 - 2015

Jean-Claude LARCHET

Ed. des Syrtes, 2022



                         

Jean-Claude LARCHET est théologien, auteur de nombreux ouvrages autour de la spiritualité orthodoxe. Il a, en particulier, effectué de nombreux séjours au Mont Athos, appelé aussi « La Sainte Montagne », péninsule au nord de la Grèce où résident exclusivement des moines, installés dans une vingtaine de monastères dont les premiers fondés datent du X°siècle.

Dans ce livre, l'auteur a regroupé des notes sous forme de journal, prises entre les années 1974 et 2015 où il évoque son périple, ses découvertes et surtout ses rencontres avec des moines qu'il qualifie souvent de « grands spirituels athonites », de « futurs saints » et pour lesquels il a de toute évidence une grande admiration.

Son témoignage porte d'ailleurs essentiellement sur ces personnalités orthodoxes impressionnantes par leur douceur, leur humilité, leur accueil chaleureux et par leur rayonnement spirituel. Le nombre d'éminents pères orthodoxes rencontrés est considérable et semble prioritaire pour l'auteur, au détriment apparent d'une observation de la vie quotidienne des simples moines de l'Athos.

Il nomme saint Païssos, saint Éphrem de Katounakia, ou le compagnon d'ascèse et les disciples du grand Joseph l'Hésychaste. Il a rencontré aussi les grands higoumènes qui ont restauré la vie cénobitique dans plusieurs grands monastères , comme le Père Éphrem de Philothéou, le Père Aimilianos de Simonos Pétra, le Père Georges de Grigoriou ou le Père Basile de Stavronikita.

                                                    
                                   La Grande Laure de l'Athos

Cependant, au fil des pages, sont évoqués aussi les célébrations priantes, les chants sublimes, la vie retirée et très ascétique des moines cénobites (qui vivent en communauté) ou ermites.

L'auteur détaille aussi la « Prière de Jésus » qui est au cœur de cette vie monastique et qui occupe une placeimportante au long des jours et des nuits. On est admiratifs mais on peut aussi s'interroger sur les « catastrophes psychologiques » (p.83) que peut occasionner une telle pratique intensive . Cette vie extrème n'est certes pas donnée à tout le monde .

La première partie du livre concerne la période des années 1974 à 1978. Puis, l'auteur occupé par sa vie professionnelle et familiale, ne retourne au Mont Athos, que vingt années plus tard. Bien des choses ont changé sur la Sainte Montagne qui, malgré de fortes résistances et son désir de retrait du monde,, est contrainte de vivre davantage avec son temps . Les 4X4 ont remplacé la marche à pied et les mulets et donc l'effort d'accéder aux monastères est un peu perdu. Comme dans la plupart des communautés religieuses du monde, l'accueil de jeunes susceptibles d'être moines suppose de laisser aussi entrer internet et d'améliorer un confort que les Anciens n'ont jamais connu, y compris dans leur jeunesse.

Le livre s'achève par un développement sur « la dimension prophétique du monachisme athonite pour le monde moderne » (p.251-285) : appel au repentir, au renoncement, à la purification, au témoignage et à l'annonce du Paradis. Appel aussi à une vie communautaire harmonieuse et à prier pour le monde.

L'esprit d'ensemble, avec fidélité à la Tradition et défense de la foi orthodoxe, reste malgré tout très conservateur, opposé à trop d'ouverture au point de refuser les progrès actuels de l'oecuménisme qui suppose pour ces moines de trop grandes compromissions.

Ces  Carnets, vrai récit de voyage dans un monde insolite, sont très agréables à lire mais on peut dire que c'est aussi pour le lecteur un beau témoignage de vies monastiques dont on peut tirer profit. L'humilité, une certaine ascèse, la prière, l'amour de Dieu et du prochain sont bien des caractéristiques de toute vie chrétienne.

DG

Extraits

  • Il [le Père Ephrem] me dit que l'on croit que la vie dans le monde est facile et la vie monastique difficile, mais que c'est l'inverse qui est vrai. Pour lui, le monde, c'est l'enfer sur terre et la vie monastique, les prémices du Paradis. (p.64)

  • Le Père Ephrem considère que quand on parle on prie moins et que, en outre, les risques de pécher sont plus grands... On peut évidemment ici se rappeler la prière de saint Ephrem le Syrien que l'on dit plusieurs fois par jour au cours du Grand Carême : «  Seigneur et Maître de ma vie... éloigne de moi l'esprit de vaines paroles. » Un moine me dit que si les moines ici ne parlent pas, c'est parce que leur esprit est fixé sur leur cœur. (p.75)

  • Le Père Euthyme [est] l'un des plus remarquables spirituels de la Sainte Montagne... De nombreuses personnes attendent devant sa pauvre calyve pour se confesser, lui demander des conseils spirituels ou trouver une consolation dans leurs épreuves. Il me parle avec paix, douceur et amour, tout en confectionnant un komboskini [chapelet orthodoxe en laine noire]. Comme à chaque rencontre avec lui, je ressens une paix surnaturelle qui rayonne de lui et se diffuse dans tout l'environnement. (p.234)

Mise à jour : Dimanche 10 Septembre 2023, 19:04
Denyse dans 08- ARCHIVES - Règle de Saint Benoît - Texte et commentaires ch. 1 à 73 - Lu 381 fois - Version imprimable
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