N'oublions pas Tibhirine
N’oublions pas TIBHIRINE
Quinze ans avec les martyrs de l’Atlas
Bayard, 2018
177 p.
Le Père Jean-Marie vient de vivre quinze années au plus près des villageois qui avaient noué avec les moines des liens très forts, fraternels et amicaux dans un grand respect mutuel.
Une bibliographie variée et complète sur le témoignage exceptionnel des moines est donnée en fin de volume et révèle l’impact de ces vies données dans l’Eglise, le monde musulman et la société toute entière. Nous pouvons donc nous y référer pour en savoir davantage.
Dans ce livre, il s’agit surtout d’un partage d’expériences et d’un état des lieux pour Jean-Marie Lassausse après ces années de présence et d’activité au monastère de Tibhirine.
Les conditions de sécurité contraignantes, mais sans doute nécessaires, n’ont pas facilité le travail et les sorties du monastère. Mais ce qui fut premier c’est « la continuité de la présence d’amitié monastique sous une autre forme aujourd’hui, c’est la rencontre de cultures et de religions différentes. » (p.33)
L’agroécologie est très présente sur l’exploitation agricole (8 ha) « pôle de référence pour les paysans environnants » et moyen de faire vivre une communauté. Ce qui est bien dans la tradition du monachisme qui bénéficie ici de la haute compétence de Jean-Marie. L’exploitation du monastère est désormais bénéficiaire et va permettre plus facilement le salaire d’un permanent, l’entretien des lieux et l’accueil des très nombreux pèlerins qui viennent se recueillir sur la tombe des moines.
« Tibhirine aujourd’hui, c’est aussi les œuvres artistiques qui naissent à travers le monde », tel le film « Des hommes et des dieux » qui mérite largement son succès mondial.
Depuis la présence de Christian de Chergé au monastère de Tibhirine et les premières fondations dont « Le Lien de la paix » se pose la question essentielle qui n’est surtout pas de convertir l’autre ( et il faut que les musulmans eux aussi acceptent cette démarche de leur part ) mais de « se connaître, s’apprécier, apprendre à approfondir la Tradition de l’autre. » (p.62)
« Tout homme ne peut-il pas nous révéler quelque chose du visage de Dieu ? » (p.63)
Le partage et la lecture commune sur un thème enraciné à la fois dans la Bible et le Coran vont dans le sens de cette recherche.
Le Père Jean-Marie nous partage aussi de « petites histoires vraies » vécues sur place et qui traduisent bien ce désir de fraternité.
Malgré le manque de concertation entre l’Etat et les villageois, bien des projets sont évoqués certains prenant forme, d’autres difficiles à mettre en œuvre. L’auteur nous détaille tout cela et on sent combien ces progrès lui tiennent à cœur, regrettant parfois la « tièdeur de l’Eglise » quant aux projets sociaux.
Sont évoqués aussi la place des chrétiens en Algérie et l’avenir pour cette Eglise en terre algérienne. « Il y a encore beaucoup à faire. »
« Nous voudrions tant que Tibhirine soit vu par nos amis algériens comme un lieu de rencontre, de dialogue, d’amitiés partagées. Tibhirine doit rester un lieu de priants parmi d’autres priants. Mais quelle que soit la communauté qui s’installe à Tibhirine, elle doit tenir compte de ce passé qui marque le présent et marquera aussi l’avenir. On ne peut faire fi de ce qui s’est passé et des soixante années de présence cistercienne. » (p.112)
En août 2016 sont arrivées quatre personnes de la Communauté du Chemin neuf. Le Père Jean-Marie Lassausse quitte Tibhirine pour Alger.
= > Sur ce blog, plusieurs livres sur Thibirine sont également recensés.
Mise à jour : Jeudi 15 Mars 2018, 22:53
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
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