Paradis perdus
PARADIS PERDUS
La Traversée des temps T.1
Eric-Emmanuel SCHMITT
Le Livre de Poche, 2022
594 p.
Roman
Éric-Emmanuel Schmitt, né le 28 mars 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône), est un dramaturge, nouvelliste, romancier, réalisateur et comédien franco-belge. Il est un des auteurs francophones contemporains les plus lus et les plus représentés au monde En 2016, il devient membre du jury de l'Académie Goncourt.
La Traversée des Temps dont Paradis perdus est le tome 1 ouvre une aventure immense qui traverse les siècles et raconte l'histoire de l'humanité.
Noam, le héros de cette histoire est né il y a 8000 ans. Il vit dans un village lacustre en harmonie avec ce peuple préhistorique dont son père est le chef. Au fil des années, il va remettre en question sa vie conjugale, l'adoration qu'il porte à son père, sa rencontre et son amour pour Noura. Il va être confronté au déluge qu'il va devoir gérer pour sauver des vies.
Mais la particularité du héros Noam est qu'il est immortel , va rester éternellement jeune, dans la force de l'âge et traverser les siècles en gardant acquis son bagage d'expériences et de connaissances.
E.E Schmitt nous offre un roman monumental, superbement écrit, passionnant comme peut l'être l'histoire des peuples, annoté de temps à autres de remarques et précisions utiles qui enrichissent le récit sans l'alourdir. Magnifique !
- Le tome 2 « La Porte du ciel » est paru : Noam cherche la femme de sa vie à Babel, au 3e millénaire avant J.C, où les hommes inventent l'écriture, l'astronomie et la civilisation urbaine. Le tome 3 « Soleil sombre » vient de paraître : Noam découvre la civilisation inouïe des Egyptiens.
Extraits
- Tout le monde admirait mon père. Moi, je l'aimais. Je l'aimais avant toute personne. Je l'aimais au point de ne jamais questionner ce qu'il affirmait. Je l'aimais au point de vouloir lui ressembler dans les moindres détails. Je l'aimais jusqu'à l'abnégation... A aucun moment, je n'imaginais qu'il se trompât, ni dans ses décisions pour lui ni dans ses choix pour nous.... j'acceptais le destin qu'il me réservait – lui succéder – cultivant un unique doute, la frayeur de ne pouvoir l'égaler. (p.56)
- Au départ, on présuma qu'il s'agissait du silence....le silence qui s'intensifiait pour mieux se faire entendre ; en réalité quelque chose essorait le silence, le tordait, le contraignait à geindre, le torturait, l'exténuait, quelque chose qui devint un soupir, un murmure, un mugissement, un hurlement. Ce quelque chose qui tuait le silence, c'était le Vent.
Le vent bondit, hargneux, féroce. Un vent inédit. Un vent inouï. Un vent d'une violence vertigineuse.... Une main glacée m'écrasa l'épaule. Tibor, debout derrière moi, le visage livide, les yeux écarquillés, m'indiqua le Lac du menton. Une vague géante, plus haute qu'une montagne, sortait de l'horizon béant et se précipitait sur nous, résolue à nous engloutir. ( p.440-441)
- Combien de temps ce corps qui ne vieillissait pas allait-il m'obliger à exister ? Le chagrin me paraissait normal ; ma tristesse si aiguë fut-elle, j'estimais pouvoir en venir à bout. En revanche, au-delà de toute douleur, j'étais taraudé par une interrogation brûlante : avais-je encore envie de la vie ? De cette vie ?... Mon monde disparaissait et moi je ne disparaissais pas !... Cette jeunesse prolongée, absurde, insolente, féroce, bête, m'accablait à mesure qu'elle m'isolait... Comment accompagner l'être cher qui se fane sans se faner soi-même ? Comment survivre à la mort d'un fils ? ...Je ne recevais pas de réponse. Ni des Dieux, ni des Esprits, ni des Démons, ni de moi. Ce silence suspendit le geste fatal. Déchiré par trop de questions pour les résoudre d'un coup de poignard, sans le décréter ni le vouloir, je continuai à vivre. Ou du moins je le crus. (p.574-575)
Mise à jour : Mardi 15 Novembre 2022, 19:37
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
- Lu 362 fois
-
Article précédent - Commenter - Article suivant -