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RB 68. Si l’on enjoint à un frère des choses impossibles

S’il l’on enjoint à un frère des choses difficiles ou impossibles, il recevra en toute mansuétude et obéissance le commandement qui lui est fait.

Cependant, s’il voit que le poids du fardeau excède tout à fait la mesure de ses forces, il fera connaître avec patience et au moment opportun, à son supérieur, les raisons de son impuissance, ne témoignant ni orgueil, ni résistance, ni contradiction.

Que si, sa suggestion entendue, le supérieur maintient l’ordre commandé, l’inférieur saura que la chose lui est avantageuse, et il obéira dans la charité, confiant que Dieu lui viendra en aide.

       
Mise au tombeau (15°s) - Eglise Saint-Martin, Pont-à-Mousson (54)  -
© D.G

Voilà qu'une demande nous est faite et nous semble impossible à satisfaire.

Ce qu'on remarque ici chez saint Benoît, c'est d'abord un accueil paisible : ni agacement, ni rejet systématique. Réfléchir d'abord à la possibilité d'obéir à cette demande. Mais il se peut effectivement que cela semble au-dessus de nos forces. Alors sans précipitation, avec patience, parlons-en à la personne qui nous a fait cette demande. Et en supposant sa bienveillance et sa compétence, suivons alors ce qui est finalement décidé.

C'est d'une grande sagesse. Souvent, ce qui nous semblait insurmontable n'est en réalité pas si difficile et se révèle bénéfique. Tentons l'expérience le jour où cela se présente.

« Pour être fidèles à l'heure des choses difficiles, il faut l'avoir été dans les petites choses... Confiance dans l'aide de Dieu... Quand la croix se présente, celle que nous n'attendions surtout pas, pensons que le Christ l'a portée... Que ce calice s'éloigne de moi...Il nous est facile de constater que ce qui a été le meilleur pour notre âme n'a pas été toujours le plus facile... Ce chapitre est un appel à la conversion, appel à croire à la Toute-puissance de la Grâce de Dieu. » (p.649-652) *

RB 69 - Que nul dans le monastère ne se permette d’en défendre un autre

Il faut prendre garde que personne dans le monastère ne se permette, en aucune circonstance, de prendre la défense d’un autre moine et de lui servir de protecteur, et cela, quel que soit le lien de parenté qui les unisse. Les moines ne se le permettront d’aucune manière, car il peut en résulter une très grave occasion de scandale. Si quelqu’un transgresse cette défense, on le punira très sévèrement.

On peut s'étonner d'une telle consigne. En fait il s'agit là d'attirer notre attention sur la discrétion nécessaire dans nos relations humaines. Ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas, même sous prétexte de prendre la défense de quelqu'un qu'en fait nous ne connaissons pas vraiment ; d'où risque d'erreur. Privilégions le silence. C'est ce que dit saint Benoît.

On peut penser aujourd'hui que les silences de l'Eglise peuvent aussi être graves et causes de scandales.

Comme quoi nos attitudes doivent être mûrement réfléchies et se laisser inspirer par l'Esprit. Pas simple !

Entre Pilate qui « s'en lave les mains » et Judas qui dénonce Jésus croyant peut-être bien faire...

 RB 70 - Que nul ne se permette de frapper à tout propos

Il faut éviter dans le monastère tout sujet de présomption ; pour cela, nous statuons qu’il ne sera permis à personne d’excommunier, ni de frapper l’un de ses frères, à moins qu’il n’en ait reçu pouvoir de l’Abbé.

Ceux qui commettront des fautes seront repris devant tout le monde, afin que les autres en éprouvent de la crainte
[ I Tim 5, 20 ]. Les enfants, jusqu’à l’âge de quinze ans, seront maintenus dans la discipline et sous la garde de tous ; mais cela avec mesure et intelligence. Si quelqu’un se permettait quoi que ce soit, sans l’ordre de l’Abbé, contre ceux qui sont plus âgés, ou de s’emporter contre les enfants sans discrétion, il sera soumis à la discipline régulière ; car il est écrit :  Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui.[ Tb 4, 16 ][ Mt 7, 12 ] 

On pourrait espérer que ce passage concerne les communautés d'un autre temps : frapper l'un de ses frères n'arrive plus de nos jours ! Est-ce si sûr ? Même si ici saint Benoît désire simplement que personne ne fasse justice soi-même ou s'attribue le moindre pouvoir sur un frère.
Il y a aussi des paroles qui frappent et qui tuent plus sûrement qu'un coup de poing .

                   
 
On peut malheureusement constater sans peine que la violence est de tous les temps , qu'elle nous frappe aujourd'hui encore de façon terrible, que les ordres même de dirigeants pour arriver à leurs fins ne se préoccupent plus des personnes, des innocents, des enfants...
"Il est écrit :  Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas à autrui."

 " A vouloir intervenir dans cette éducation de l'autre quand on n'en a pas reçu mission, on risque de gâter l'oeuvre de Dieu, d'agir à contretemps et finalement de faire du mal. Et si on y regarde attentivement, on verra que ces interventions intempestives sont dues à un mauvais souci d'affirmation de soi : on agit pour s'affirmer (en corrigeant ou en protégeant); ou plus simplement parce que l'on est agacé ou gêné. Laissons le Père cultiver sa vigne." (p.659)*


*
 Cf. Texte et commentaires de la Règle dans  « Quel est l'homme qui désire voir des jours heureux » – P.Denis HUERRE Ed. Saint Léger 2023

Mise à jour : Dimanche 6 Octobre 2024, 19:17
Denyse dans 08- ARCHIVES - Règle de Saint Benoît - Texte et commentaires ch. 1 à 70 - Lu 54 fois - Version imprimable
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