Un temps pour mourir
Un temps pour mourir
Derniers jours de la vie des moines
225 p.
Nicolas Diat est écrivain auteur d'un livre de référence sur le pontificat de Benoît XVI et d'un livre remarqué, " La Force du silence" (Fayard 2016), co-écrit avec le cardinal Robert Sarah.
Prenant comme titre de son livre un verset de l’Ecclésiaste , « Un temps pour mourir », Nicolas Diat nous fait le récit de témoignages recueillis auprès de moines sur la fin de vie de leurs frères.
Thème peu exploité en notre temps où la mort reste encore sujet un peu tabou, parce qu’on ne veut pas trop y penser, parce qu’elle fait peur.
Lors de rencontres de familles en deuil, très peu ont évoqué avec leur défunt, avant son décès, son état d’esprit par rapport à ce passage qui reste contre-nature, parfois violent , traumatisant, presque toujours source de larmes. Quelquefois paisible si la mort est douce et tardive. L’espérance d’une vie éternelle n’effleure quelquefois les familles qu’au moment de la préparation des funérailles avec un ou deux chrétiens mandatés pour cela.
« Dans une maison de Dieu, nous ne pleurons pas. Le moine passe sa vie à désirer le ciel » [Un moine âgé de l’abbaye de Solesmes déclare à son abbé venu le voir dans sa chambre] : « Je suis en paix. Dans quelques heures, je vais voir Dieu. Quelle émotion ! » Nous devons être contents pour nos frères qui arrivent aux portes du paradis. Le seul grand désir d’un moine est de monter au ciel. » (p.82-83)
C'est un idéal et sans doute faut-il relativiser un peu. Certains moines n'ont pas honte de pleurer le départ d'un frère surtout s'il est jeune. Les larmes seraient plutôt le signe d'un coeur qui se laisse toucher. Jésus a pleuré la mort de Lazare...
On retrouve une belle constante, exception faite peut-être des chartreux très solitaires, c’est le désir des frères et du père abbé en particulier d’entourer le mourant de leur affection , de leur sollicitude et surtout de l’accompagner de façon la plus paisible possible vers la mort dont « on ne sait ni le jour ni l’heure ». D’où leur souhait d’une mort au monastère et non à l’hôpital qui permet difficilement une présence constante et une aide directe apportée par les frères. La façon de voir le monde médical par les moines n’est pas toujours tendre, car ceux-ci craignent toujours un certain acharnement thérapeutique qui priverait le moine d’une mort plus respectueuse de la nature humaine. On peut ne pas être d’accord avec certains points de vue un peu trop radicaux.
Ils sont cependant compréhensibles du fait de la vision monastique particulière où la mort humaine s’associe à celle du Christ et au passage vers la lumière divine. Hommes de sciences et moines ne sont évidemment pas sur la même longueur d’ondes. Mais le suivi , au monastère, de soins palliatifs existe aussi.
L’auteur a su transmettre avec beauté, clarté et respect les états d’âme de quelques communautés (uniquement masculines, pourquoi ?) , et de leur abbé qui, souvent appelé en voyage, demandait au mourant d’attendre son retour pour les quitter, ce qui se vérifiait parfois. « C’est comme tu voudras, Père Abbé » disait un moine obéissant jusqu’à la mort. Et c’est ce qui s’est passé.
DG
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
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