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Un temps pour mourir

 Un temps pour mourir
 Derniers jours de la vie des moines

 Nicolas DIAT

 Fayard, janvier 2018
 225 p.

                                 

 Nicolas Diat est écrivain auteur d'un livre de référence sur le pontificat de Benoît XVI et d'un livre remarqué, " La Force du silence" (Fayard 2016), co-écrit avec le cardinal Robert Sarah.

Prenant comme titre de son livre un verset de l’Ecclésiaste , « Un temps pour mourir »,  Nicolas Diat nous fait le récit de témoignages recueillis auprès de moines sur la fin de vie de leurs frères.

Thème peu exploité en notre temps où la mort reste encore sujet un peu tabou, parce qu’on ne veut pas trop y penser, parce qu’elle fait peur.
Lors de rencontres de familles en deuil, très peu ont évoqué avec leur défunt, avant son décès, son état d’esprit par rapport à ce passage qui reste contre-nature, parfois violent , traumatisant, presque toujours source de larmes. Quelquefois paisible si la mort est douce et tardive. L’espérance d’une vie éternelle n’effleure quelquefois les familles qu’au moment de la préparation des funérailles avec un ou deux chrétiens mandatés pour cela.

 Dans les communautés monastiques, la vie est orientée tout autrement.

«  Dans une maison de Dieu, nous ne pleurons pas. Le moine passe sa vie à désirer le ciel » [Un moine âgé de l’abbaye de Solesmes déclare à son abbé venu le voir dans sa chambre] : «  Je suis en paix. Dans quelques heures, je vais voir Dieu. Quelle émotion ! » Nous devons être contents pour nos frères qui arrivent aux portes du paradis. Le seul grand désir d’un moine est de monter au ciel. » (p.82-83)

C'est un idéal et sans doute faut-il relativiser un peu.  Certains moines n'ont pas honte de pleurer le départ d'un frère surtout s'il est jeune. Les larmes seraient plutôt le signe d'un coeur qui se laisse toucher. Jésus a pleuré la mort de Lazare...

 Les témoignages recueillis par l’auteur viennent de rencontres dans les abbayes françaises de Lagrasse, En-Calcat, Solesmes, Sept-Fons, Cîteaux, Fontgombault, Mondaye et la Grande-Chartreuse.

On retrouve une belle constante, exception faite peut-être des chartreux très solitaires, c’est le désir des frères et du père abbé en particulier d’entourer le mourant de leur affection , de leur sollicitude et surtout de l’accompagner de façon la plus paisible possible vers la mort dont « on ne sait ni le jour ni l’heure ». D’où leur souhait d’une mort au monastère et non à l’hôpital qui permet difficilement une présence constante et une aide directe apportée par les frères. La façon de voir le monde médical par les moines n’est pas toujours tendre, car ceux-ci craignent toujours un certain acharnement thérapeutique qui priverait le moine d’une mort plus respectueuse de la nature humaine. On peut ne pas être d’accord avec certains points de vue un peu trop radicaux.
Ils sont cependant compréhensibles du fait de la vision monastique particulière où la mort humaine s’associe à celle du Christ et au passage vers la lumière divine. Hommes de sciences et moines ne sont évidemment pas sur la même longueur d’ondes. Mais le suivi , au monastère, de soins palliatifs existe aussi.

 Ceci étant, nous avons dans ce livre des témoignages forts, touchants et très divers tant du coté du mourant (confronté aussi aux faiblesses de son humanité) que du côté des accompagnants, où les frères infirmiers ont une place inestimable . Il n’est pas sûr que, "dans le monde",  les familles d'aujourd’hui souvent éloignées, puissent accorder à leur parent mourant une telle présence réconfortante, surtout dans la durée, l’hopital devenant la solution la plus sécurisante pour tous.

L’auteur a su transmettre avec beauté, clarté et respect les états d’âme de quelques communautés (uniquement masculines, pourquoi ?) , et de leur abbé qui, souvent appelé en voyage, demandait au mourant d’attendre son retour pour les quitter, ce qui se vérifiait parfois. « C’est comme tu voudras, Père Abbé » disait un moine obéissant jusqu’à la mort. Et c’est ce qui s’est passé.

 « Au cimetière, on demande au Père [à Dieu] de nous charger sur ses épaules pour nous conduire au ciel. Nous lui avions adressé la même demande le jour de notre profession solennelle. Il y a un fil qui relie cet engagement aux prières des derniers instants. » (Dom Patrick, abbé de Sept-Fons) Après le décès les infirmiers ont habillé le frère averc sa coule et son scapulaire. Ils l’ont conduit à l’église où il est resté deux journées. Pendant ces heures, la prière des moines ne s’est pas arrêtée… Ils le guident dans son passage vers l’autre rive ; ils le gardent après son trépas, et ils le portent en terre. » (p.112-113)

 Un beau récit qui se lit aisément et qui n’a rien de morbide bien au contraire. L’épreuve est là, pour le moine comme pour tout homme, mais colorée et apaisée par l’amour fraternel et l’espérance en Dieu mûris durant toute une vie.

 DG

 

Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 947 fois - Version imprimable
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