Dans la forêt
Dans la forêt
Jean HEGLAND
Ed. Gallmeister, 2018
308 p.
Parmi les nouveautés de la rentrée littéraire parues en collection de poche …. Un très beau roman. Inoubliable.
Eva passionnée de danse et Nell de lecture (elle va lire en entier une encyclopédie) vont peu à peu apprivoiser la forêt que leur mère qualifiait de menaçante et dangereuse. Mais leur père leur en avait fait goûter aussi la beauté.
On vit au jour le jour , par la voix de Nell, la confrontation entre les deux sœurs face aux évènements, aux décisions à prendre, face à une situation insolite, face à l’inconnu qui bouleverse leur vie, leurs états d’âme.
Dans le dénuement le plus complet, la vie après tant d’effort et de souffrance, reprendra-t-elle le dessus ?
C’est un drame qui nous est conté mais c’est aussi un livre magnifique, intense, superbement écrit, qui tient en haleine, bouleverse et ramène à l’essentiel.
En nos temps perturbés par guerres et cataclysmes, ce roman de Jean Hegland demeurera certainement dans nos mémoires. C’est aussi un bel hymne à la création, à la vie.
Nous étions désormais orphelines , seules dans la forêt, avec la nuit qui tombait… Serrées l’une contre l’autre dans la nuit fraîche, trop engourdies par le froid et le choc pour parler ou même pleurer, nous avons empoigné les branches sur nos genoux chaque fois qu’une brindille cassait ou qu’un arbre craquait ou que nous entendions l’appel creux d’une chouette. Nous avons enduré. Heure après heure, nous avons enduré tandis qu’en nous le cri de la vie continuait de résonner, irrépressible. Quand les étoiles se sont mises à s’éteindre imperceptiblement, nous étions toujours là, nous respirions toujours, et notre père était toujours mort à nos côtés… (p.125)
- Il semble à présent que la vie n’est plus qu’une suite de dernier ou de dernière – cette dernière tasse de thé appauvri jusqu’à n’être plus que de l’eau claire, le dernier quart de cuillère à café de sucre frotté entre nos langues et nos palais jusqu’à ce que chaque grain soit dissous et que le sirop s’écoule goutte à goutte dans nos gorges. Les dernières miettes de macaronis. La dernière lentille… Je me dis parfois que ce serait tellement mieux si l’on devait taire nos désirs, nous débarrasser de notre besoin d’eau et d’abri et de nourriture.(p.177)
17.09.2018
Mise à jour : Mercredi 19 Septembre 2018, 11:34
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
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