Dieu, après la peur

DIEU, APRES LA PEUR

Martin STEFFENS

Ed. Salvator, 2023
172 p.

                                                     

 

Martin STEFFENS, est enseignant en philosophie à Strasbourg

Pourquoi Dieu est-il souvent dans nos vies un grand absent. Méconnaissance ? Indifférence ?

Ou crainte d'une Personne qui nous dépasse et qu'on préfère mettre à l'écart ?

Martin STEFFENS, sur ce thème de la crainte plutôt méconnu, nous mène avec des mots superbes sur un chemin un peu raide et pourtant lumineux. Au plus près de nos vies tout en étant tissé d'images bibliques.

Voici, résumé,  le début de ses réflexions :

La crainte n'est pas comme on croit, un synonyme de peur. C'est l'expérience de la rencontre d'un être infiniment plus grand que soi. Une rencontre dont est d'ailleurs pas sûr qu'elle soit possible.

Dieu « fait éclater nos cadres ». Dieu pour qui rien n'est impossible. De quoi être craintifs.

Sarah rencontrant trois étranges visiteurs, Moïse craignant de voir Dieu en face au Sinaï ou Pierre sidéré devant sa pêche miraculeuse. Trois personnages bibliques qui voient s'effondrer leurs certitudes. Que leur est-il donc arrivé ?

Existe-t-il dans le monde où nous vivons, quelque chose de plus grand que nous ? Serions-nous « faits pour le grand large » ? Saint François d'Assise en son temps a fait une telle rencontre qui a bouleversé sa vie . Saint Paul lui, en est tombé de son cheval et en a perdu temporairement la vue.

La crainte interpelle : « Suis-je sur le bon chemin ? »

La crainte ne touche pas qu'au religieux. Crainte d'aborder quelqu'un, ne pas savoir quoi lui dire, peur de blesser ou de rompre le charme. La crainte nous pousse à la prudence, au discernement, au silence parfois.

Peur de perdre .

« La crainte, c'est ce pas de plus qu'on ne fait pas, de crainte (justement) de perdre ce que notre cœur désire. » (p.17)

« Dieu repose en chacun comme un petit enfant dont nous pouvons, jusque dans nos rythmes d'adulte, soucieux et préoccupés, entendre la respiration et en épouser le rythme » (p18)

«  La crainte est la permission, pleine d'audace, qu'on accorde à cet étranger de faire comme chez lui, parce que peut-être est-ce nous qui, sans le savoir sommes chez lui » (p.22)

L'homme de l'Ancien Testament découvre un Autre sous le « double aspect de l'autorité et de l'amour. » (p.23). Cette rencontre est à risque et bouscule.
Saint Pierre, dans sa fougue, veut tout quitter pour suivre Jésus. « Craindre, c'est consentir à ce que quelque chose ,quelqu'un, dérange notre vie pour la déployer à nouveaux frais. » (p.23)

Moïse, Jérémie, Osée et autres prophètes doivent assumer une mission dérangeante pour eux mêmes et pour ceux à qui ils s'adressent. La crainte est-elle un don de l'Esprit ? Don qui nous laisse pauvre. On croyait savoir mais on ne savait rien ou si peu.

« La crainte [de Dieu] est l'art d'être heureusement vaincu, d'accompagner par ses propres gestes la victoire de son adversaire, quand cet adversaire est ce qu'il y a de meilleur pour chacun mais à quoi on ne voulait céder. Il y a crainte quand ce par quoi nous sommes défaits est la victoire de Dieu sur le monde. » (p.48)

Vous voici lecteur, mis en appétit ! Vous ne résisterez sans doute pas au désir d'en savoir plus....

Un livre où on admire les petites phrases d'une grande justesse, où la pensée est rigoureuse et claire. Un livre où l'auteur lui-même s'est mesuré personnellement à son sujet. Il s'implique, il nous implique tout comme le vivaient les prophètes.

Peut-être qu'après la peur de Dieu qui nous fait l'éviter, nous connaîtrons en lisant ce livre, la bienheureuse crainte de Dieu qui nous laissera l'accueillir tout entier au cœur de nos vies.

DG

 

 

Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 124 fois -
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