FRANC PARLER
Du christianisme dans la société d'aujourd'hui
François BOESPFLUG
Entretiens avec Evelyne Martini
Bayard, 2012
351 p.
Qui a déjà eu l’occasion d’assister à une conférence de François BOESPFLUG, notamment sur « Le Christ dans l’art » ou « "La pensée des images"(recensé sur ce blog-rubrique 08"livres", p.8) » en garde généralement un souvenir marquant tant par l’intérêt qu’il ravive chez le lecteur ou l’auditeur sur les représentations du Christ que par son style de parole simple, alerte , pleine d’humour . L’auteur est passionné par son sujet et il aime partager cette passion. Un brin cabotin, cela ne lui déplaît pas et il ne s’en cache pas mais au fond, il est surtout en quête de vérité. « Et la vérité ne vous fait pas toujours des amis, tant s’en faut » (p.119)
« J’en rêvais, de parvenir à dire des choses qui me tiennent à cœur, ruminées durant des années. Des choses qu’il est difficile et peut-être risqué de formuler, mais qui, bien énoncées, sans esbrouffe ni faux-fuyant, sans amertume ni tapage, ni provocation, pourraient s’avérer utiles, éclairantes, bienfaisantes, libérantes… et m’allègeraient le poids du non-dit accumulé ; qui en aideraient d’autres à respirer plus profond, à se mieux comprendre, à avoir moins peur ; à oser calmement ; à vivre leur vie et à être eux-mêmes, tout simplement. »
C’est ce qui (me) plaît chez François Boespflug
Il ne craint pas les positions un peu marginales , sans tomber dans l’excès. La langue de bois ou les positions classiques de l’Eglise ne sont pas pour lui et cela sans vouloir être original. Finalement, il se positionne en nous rejoignant plutôt bien dans nos interrogations d’aujourd’hui et ne craint pas d’en témoigner personnellement à travers cet entretien où il relit sa vie.
C’est ainsi qu’il aborde diffèrents thèmes très actuels : recevoir et transmettre la foi, être prêtre, la messe et les vœux lors de l’engagement dans une communauté, le pouvoir et l’autorité dans l’Eglise…
Le monde change, l’Eglise aussi. On peut s’en réjouir. Il faut simplement continuer à s’appuyer sur la solide fondation qu’est le Christ et la Parole de Dieu. Petite maison de pierres sèches ou gratte-ciels, églises baroques ou chapelle à l’abandon : ce sont nos vies. Mais heureux sommes-nous si nous nous laissons sans cesse interpeller par la Parole Vivante de Dieu.
Extraits.
- Les lecteurs auxquels j’ai songé en priorité ne se limitent pas aux catholiques…[mais aussi] à ceux qui se savent sensibles à la question de la présence et de la transmission de l’Evangile aujourd’hui et du rapport des communautés chrétiennes à ce monde an changement accéléré… Les hésitants notamment… et sont chroniquement en débat avec eux-mêmes sur la question de Dieu. Ceux donc qui ne savent pas tout sur tout… se sentent libres de douter, tolèrent l’idée de changer encore…(p.27)
- Il y a des personnes qui vont à Dieu par l’Eglise. Qui le découvrent par elle et ses témoins… Mais ce n’est pas une règle absolue… On peut aller à Dieu par d’autres voies. (p.46)
- Après quelques années de vie religieuse, il m’a semblé comprendre de la manière la plus claire que personne ne pouvait se substituer à moi, pas même le supérieur hiérarchique, pour ce qui est de me construire une vie qui ait son axe, sa cohérence… Tant de frères ont accepté des missions qui ne leur convenaient pas, faute d’avoir réfléchi soigneusement à ce qui leur convenait vraiment. (p.192-193)
- La chasteté et la sexualité… c’est à la fortune du pot. J’ai le sentiment que chacun fait à ses dépens des expériences, commet des erreurs et prend des coups ( et en donne) qui n’ont pas de "lieu de mémoire" commun, pas d’instance pour en parler. Je ne sais pas ce qu’il en est dans d’autres familles religieuses, mais je sais que dans la mienne, l’amnésie semble reine, et du coup, c’est chacun dans son coin, sans contrôle, ni partage, ni soutien. Cette situation me paraît profondément dommageable. (p.225)
- On constate dans les rencontres entre moines bouddhistes et moines chrétiens (par exemple celles qu’organise le Dialogue intermonastique) que leurs références sont on ne peut plus différentes et éloignées – l’agapè chrétienne ne peut pas être identifiée à la karuna bouddhiste. Et pourtant, quand ils se rencontrent venant de leurs deux horizons, ils paraissent immédiatement accordés . Ce qui fait pressentir qu’il existe sans doute… une spiritualité qui se situe au-delà de tous les clivages historiques et confessionnels, hors de la prison du mental. (p.239)
D.G
==>> Vient de paraître (2014) du même auteur : " Le regard du Christ dans l'art. Temps et lieux d'un échange" Ed. Mame/Desclée - 262 p.
Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 16:55
Denyse
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