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Les Juifs et la Bible

Jean-Christophe ATTIAS

 Ed. Fayard, 2012
362 p.

                       

* Directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études (Sorbonne). Spécialiste de la pensée juive.

 La lecture de ce livre nous permet de mieux comprendre la relation et l’attachement profond qui existent entre le croyant juif et la Bible. Ce lien est très particulier , assez loin finalement de celui du chrétien.  L’auteur parle d’une « bible en miettes », « atomisation délibérée, indéfinie, presque infinie du texte biblique. » (p.94) Mais leur approche du texte saint est  mêlée d’un grand respect, faisant partie de l’identité même de la personne juive,

Autant le croyant chrétien cherche à voir  dans l’ensemble Ancien Testament- Nouveau Testament une grande cohérence, aime la lecture suivie, autant le lecteur juif picore ici et là suivant le temps et l’humeur, partant d’une phrase biblique pour laisser sa réflexion s’en éloigner puis repartir sur une autre séquence.

Dans les deux premiers chapitres nous découvrons avec intérêt les pratiques et usages de l’objet-Bible, l’importance de la Tradition avec ses comportements et ses signes extérieurs tels les tefillin (phylactères) porté sur le corps ou la Mezuzah fixée au-dessus de la porte des maisons.

Le culte du rouleau de la Torah, le sefer, l’émotion qu’il suscite, sa vénération comptent davantage que la lecture du texte lui-même. (p.82)

Remontant à la nuit des temps où la transmission orale était primordiale, le texte biblique est toujours considéré comme davantage entendu que vu ou lu (p.45). Dans Ezéchiel est évoqué le fait de manger la Parole. Il y a effectivement une appropriation du texte indispensable qui questionne celui qui l’écoute. L’existence d’auditeurs, toujours en lien avec leurs prédécesseurs,  va  actualiser le texte et  le rendre toujours vivant et inépuisable.

Rachi (1040-1105) dont le commentaire du Pentateuque fait encore autorité aujourd’hui, a été lui-même l’objet de plus de 200 commentaires !

«  C’est dans l’interprétation et dans l’interprétation seule qu’un texte virtuellement mort (mort parce que désormais figé, intangible), peut manifester la puissance de vie qui est en lui. » (p.172)

La communauté prime sur le texte lui-même : « Ce texte existe…grâce à la communauté, pour l’usage de la communauté, en vue de donner forme à la communauté » (p.173)

 La suite du livre s’avère plus difficile à suivre par son érudition et  tant les tours et détours de la pensée juive , avec son histoire et son vocabulaire propre, nous déroutent. Et l’auteur ne nous simplifie pas trop la marche . La Bible dit-elle vrai ? A-t-elle été écrite pour cela ? L’exégèse chrétienne s’est confrontée aussi à ces questions et les recherches des uns et des autres sont complémentaires.

  Mais le partage en ce domaine n’est pas trop l’affaire des juifs qui craignent d’être démunis de leur bien propre. Tout comme la terre à partager entre Israéliens et Palestiniens. On ne peut mettre de coté la Shoah qui a voulu exterminer le peuple juif. On devient loups quand on craint d’être agneaux sacrifiés.

 D.G

Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 16:55
Denyse dans 02 - LIVRES recensions - Archives - Lu 1166 fois - Version imprimable
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