Histoire de la solitude et des solitaires
GEORGES MINOIS
Editions Fayard, 2013
Georges MINOIS est agrégé et docteur en histoire, docteur ès lettres. Il a publié de nombreux ouvrages dont Histoire des enfers, Histoire du rire et de la dérision, Histoire de l’athéisme…
Ce gros volume de 575 pages à la jolie couverture nous relate dans un déroulement chronologique une histoire de la solitude et des solitaires à travers les siècles. Solitude voulue très souvent même si les motivations sont diverses ou solitude imposée par la société. La solitude prend depuis quelques décennies des formes nouvelles dans un monde plein d’ambivalences.
Ce qui frappe après un tel tour d’horizon ce sont les points communs qu’on retrouve quelque soit l’époque considérée. Ce qui peut occasionner, à la lecture de ce livre, une certaine monotonie. A la fois très détaillé et répertoriant d’innombrables solitaires, ce document virant parfois au catalogue en voulant être exhaustif, manque peut-être de profondeur et d’analyse. Ce qui n’était peut-être pas son but, d’autres livres en ont traité.
« Il n’est pas bon que l’homme soit seul », dit Dieu (Livre de la Genèse). Et pourtant pour certains, il n’y a pas de plus grand délice. Mais à part quelques cas extrêmes, la solitude est parfois relative, un peu exhibitionniste à sa façon, fière de sa marginalité. Ceux qui l’observent de loin en sont souvent admiratifs. D’autres méprisent ces misanthropes qui ne le sont pas toujours, loin de là. Il semblerait tout de même que bien des solitaires aient eu quelques problèmes psychologiques.
La solitude subie est par contre lourde à porter. La solitude existentielle a conduit aussi au suicide bien des romantiques du XIX°siècle.
Mais que l’homme vive ou non en solitaire ne doit-il pas constater qu’il est, en dernier recours, fondamentalement seul face à sa vie, à ses choix, à sa mort. Les pressions et influences sont innombrables mais c’est ce que l’homme va en faire qui pourra rendre sa vie positive ou désolante. L’autre n’est qu’un autre si proche soit-il.
DG
Extraits.
- Pendant des centaines de milliers d’années, alors que l’Homo sapiens était encore une espèce rare et menacée, l’individu ne pouvait se détacher du groupe, de la horde, du clan, de la tribu, protection indispensable face aux dangers de la vie sauvage. Perdu dans des espaces immenses et hostiles, il ne pouvait survivre qu’en groupe. Intellectuellement comme matériellement, la solitude lui est étrangère. Et pendant très longtemps, il ne pourra se penser que comme membre d’une communauté. (p.13)
- La solitude est-elle incompatible avec l’appartenance à l’ Eglise chrétienne ?... Les Pères de l’Eglise comparent les mérites respectifs de la vie cénobitique et de la vie érémitique.
… La solution, c’est le monastère, qui concilie retrait du monde et vie en communauté, formule chrétienne par excellence. (p.76-77)
- Avec l’humanisme, la Renaissance et la Réforme, la notion de solitude est envisagée de façon positive… La montée de l’individualisme et la recherche de l’autonomie font de la solitude un moment privilégié favorisant la réflexion, la méditation, la contemplation, l’étude… (p.202)
- « Naître et mourir sont des expériences de solitude… rien de plus définitif que cette première immersion dans la solitude qu’est la naissance, sinon cette autre chute dans l’inconnu qu’est la mort. » (O.Paz)
- Les psychologues sont quasiment unanimes : la majorité des troubles psychiques dans la société actuelle sont des troubles de nature narcissique, liés à une incapacité croissante à se situer dans le monde et à entretenir des relations profondes avec les autres. (p.518)
Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 17:07
Denyse
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