L'Amitié à l'épreuve de la diversité
L’Amitié à l’épreuve de la diversité
Pierre le Vénérable – Bernard de Clairvaux
Correspondance
Ce livre est intéressant à plus d’un titre.
Avoir accès à la correspondance de saint Bernard de Clairvaux , c’est entrer dans son cœur un peu plus loin que par ses Sermons, c’est mieux le connaître dans ses états d’âme confrontés à des réalités qui le touchent de près, c’est être touchés par cette proximité.
Et que cette correspondance du 12ième siècle concerne deux amis, l’abbé bénédictin de Cluny, Pierre le Vénérable et l’abbé cistercien de Clairvaux , le grand saint Bernard, face à leurs conflits, est tout de même assez extraordinaire.
Est soulevée dans ces lettres la rivalité entre les deux abbayes ; c’est à qui applique le mieux la Règle objet de leurs divergences qui mettent effectivement leur « amitié à l’épreuve de [leur] diversité ». Pierre va se défendre mot à mot du bon usage que ses moines font de la Règle de saint Benoît, nous instruisant ainsi de leurs pratiques.
Autre sujet, parmi d’autres, de discorde : la nomination d’un évêque au diocèse de Langres qui n’échappe pas aux manipulations politiciennes et de pouvoir : c’est d’abord un moine de Cluny qui est envisagé puis un moine de Clairvaux…
Ces duels blessent leur amitié, la mettent en cause. L’amitié de Pierre pour Bernard souffre, doute mais tient bon. Les paroles échangées sont fortes, même si Bernard garde un peu ses distances.
La vie monastique de saint Bernard, on le sait, n’est pas dans les nuages et on aime le voir, ici, confronté à ses forces et ses faiblesses. Comme nous tous.
Cela éclaire bien notre lecture de ces lettres passionnées et passionnantes.
Extraits.
- Est-ce se croire et se proclamer le dernier de rabaisser ce que font les autres, de s’exalter, de mépriser les autres, de se prendre pour quelqu’un, alors que l’Ecriture prescrit, dîtes : « Nous sommes des serviteurs inutiles » (Lc17,10) - p.85
- Vous vous montrez dans ce costume de couleur insolite et pour vous distinguer de tous les moines du monde, vous vous affichez en habit blanc au milieu des habits noirs. (p.85)
- Mon âme s’est attachée à toi et ne peut plus s’arracher à l’affection que je te porte… Plût à Dieu qu’elle demeure aussi en toi, cette amitié que le Christ a fait naître…(p.174)
- Quel honneur pour moi d’avoir non seulement une place dans ta mémoire, mais aussi dans ton cœur ; Je me glorifie d’avoir ce privilège d’être aimé de toi. Je me nourris aux abondantes délicatesses de ton cœur. Mais plus encore je me glorifie dans les tribulations (Rm5,3), si je suis digne de souffrir ainsi pour l’Eglise…Car pour avoir été ensemble à la peine, nous le serons dans la consolation (2 Co1,7).
Mise à jour : Jeudi 16 Mars 2023, 13:14
Denyse
dans 04 - SPIRITUALITE CISTERCIENNE
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