L'Eglise brûle
L'EGLISE BRÛLE
Crise et avenir du christianisme
Andréa RICCARDI
Ed. du Cerf, 2022
328 p.
Andréa RICCARDI : Historien et fondateur de la communauté Sant'Edigio
Les flammes de Notre-Dame ont été pour la population et bien au-delà de la France, un traumatisme mais aussi une sorte de signe d'une réalité qui secoue l'Eglise d'aujourd'hui, à l'échelle mondiale mais aussi au niveau de nos petites ou grandes paroisses.
La pratique recule considérablement, les vocations s'effondrent, des monastères ferment. Est-ce une épreuve, une crise passagère comme l'Eglise en a tant connues à travers les siècles, et qui va peut-être lui permettre de se ressaisir, se purifier, d'évoluer à la fois dans la fidélité à la Tradition mais aussi de façon créative.
La lecture de ce livre évoque les dernières décennies à travers différents pays, sous l'influence des papes qui se sont succédés, plus ou moins charismatiques.
Il est certain que l'évolution de la société, des individualismes, auxquels s'ajoutent les scandales en cascade, ont beaucoup contribué à ce déclin apparent.
Le bilan que fait l'auteur est sans concession et guère optimiste.
Cependant, les crises évoluent aussi en fonction de ce qu'on en fait. Un des handicaps peut-être est l'âge avancé des chrétiens encore pratiquants. Mais on peut espérer aussi que l'Esprit agit dans tous les coeurs. Il nous faut faire confiance aux nouveautés qui peuvent émerger.
L'Eglise brûle, se consume lentement. Mais le Christ n'a-t-il pas dû mourir pour renaître ? Les braises sont là à travers tant de priants, de chrétiens toujours engagés et dont la foi en Dieu reste forte.
« L'Eglise brûle » est un livre qui nous éclaire sur les pourquoi de la crise actuelle de l'Eglise et il nous aide à envisager positivement son avenir, même si celui-ci, à l'heure actuelle, est encore dans la nuit.
Foi, espérance et charité, selon les mots de saint Paul, restent des clés précieuses qui peuvent ouvrir de nouvelles portes à la lumière de l'Evangile.
DG
Extraits
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Il y a des décisions à prendre et des nœuds à défaire. Il faut avoir confiance dans les communautés chrétiennes, leur donner la possibilité de vivre et de tenter de se mettre en marche vers l'avenir, les soutenir dans leur subjectivité créative, un élément simple et indispensable, mêlant passion, sympathie et ascendant charismatique. Je pense à la vie de communautés, de croyants divers, de personnes vivant dans le monde et dans la crise, de moines et de moniales, de religieux, de paroisses, de laïcs, de gens ordinaires, d'amis des pauvres et de bien d'autres. (p.314-315)
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Pour le père Men, prêtre orthodoxe, (cité p.320) seuls des hommes limités peuvent imaginer le christianisme comme « achevé », tellement achevé qu'il serait en train de flétrir. Selon lui, « le christianisme ne fait que commencer » car il y a tant à vivre, à comprendre, à réaliser à travers son message.
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L'esprit du déclin conduit à une « sénilité » qui incite à regarder en arrière, à ne pas oser, à conserver, à accepter avec résignation la modestie du présent... [C'est] une époque de grisonnement ecclésial... (p.323)
« Seigneur, sauve-moi de l'indifférence, de cet anonymat d'homme adulte. C'est le mal dont nous souffrons sans en avoir conscience... Et qui nous enlève la poésie et la foi... Redonne-nous la capacité de pleurer et de nous réjouir ; fais que ton peuple revienne chanter dans tes églises. » (D.M. Turoldo)
Mise à jour : Mardi 24 Janvier 2023, 17:52
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
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