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La symbolique du repas dans les communautés

La symbolique du repas dans les communautés
De la Cène au repas monastique

Jean-Claude SAGNE

Editions Cerf, 2009

                                                                                                           

Jean-Claude Sagne est dominicain. Il a enseigné la psychologie sociale à l’université de Lyon. Proche des milieux du renouveau charismatique, il anime des sessions et retraites.

Sur un thème simple à-priori, voici un livre qui surprend par son approche multiple et par ce qu’il nous découvre comme enjeux dans le fait de partager un repas ensemble.
Prendre un repas en communauté (familiale, monastique ou autres) , ce n’est pas simplement se nourrir ensemble, ce qui est déjà toute une problématique, mais c’est entrer dans une relation avec d’autres ayant des fonctions diverses très organisées sous des apparences anodines.
Dans une communauté monastique, le temps du repas est bien dans le prolongement de l’Eucharistie où on entre dans une Alliance, où on reconnaît les dons, on les accueille, on en vit et on en rend grâce. Et c’est cela qui soude profondément la communauté.

Dans une première partie, l’auteur commente judicieusement et en détail plusieurs œuvres d’art : les Noces de Cana de Giotto, La Cène  de Léonard de Vinci, Le Tintoret ou Philippe de Champaigne ou le Banquet des Chevaliers du Saint-Esprit et Le Miracle de saint Hugues.
Puis, il nous apporte son témoignage de repas communautaires très divers auxquels il a participé et dont il a observé le fonctionnement, les règles et les enjeux.

Dans une seconde partie sont analysés les « faits de table » : le service, les paroles, les acteurs.
On est impressionné par ces multiples paramètres qui vont permettre ou non que la cohésion du groupe se fasse et que le repas prenne une couleur divine et devienne le repas de l’Alliance.
Car c’est bien   vers celà que l’auteur nous emmène : l’échange de dons, aussi basique qu’une assiette de soupe préparée, servie, reçue, mangée et assurant la vie, est une invitation à l’Alliance.
Ce dernier aspect omniprésent dans tout le livre sera largement développé dans la troisième partie .

Ce livre original est riche d’enseignement et nous touche tous. Il sera particulièrement apprécié sans doute par les communautés monastiques… où rien ne se fait à la légère.
On peut regretter peut-être les nombreuses redondances sur ce thème de l’Alliance qui finissent parfois par alourdir le texte et lasser le lecteur. Avec le même découpage de chapitres, les mêmes observations , l’auteur aurait pu amener progressivement la réflexion vers ce thème de l’Alliance entre frères et entre Dieu et l’homme.

D.G

Extraits.
«  Le plus important à table est de faire à l’autre la place qui lui revient, c’est-à-dire de faire même à l’inconnu la place de l’égal, ou encore de reconnaître à chacun sa position de fils devant le Père, source de tout pour tous. » (p.100)

«  Le repas de Tamié … célèbre la cohésion simple et forte d’une communauté qui voulait ne reposer sur rien d’autre que sur l’égalité fondamentale de ceux qui, parce qu’ils ont besoin du même pain, ont encore plus besoin de tous les autres pour le produire et l’obtenir… La vie rapproche ceux qui s’estimaient fort différents, mais qui communient dans le même désir de vivre ensemble. » (p.123)

«  Celui qui me tend un morceau de pain, me verse à boire ou se contente de me passer le sel, celui-là me fournit la preuve toute simple, mais répétée et convaincante, qu’il veut me donner de quoi vivre et donc qu’il veut que je vive. » (p.157)

«  Dans une communauté chrétienne, les prières avant et après la table redisent, comme thèmes principaux et organisateurs, que la nourriture est reçue comme un don et qu’elle est destinée à être partagée entre tous pour établir l’Alliance. Les prières de la table ne transforment pas le repas en une pure célébration de l’évènement fondateur qu’est l’offrande du Christ pour la Nouvelle Alliance mais ces prières ont pour effet de faire du repas un rite d’Alliance qui reprend et actualise, au niveau des conditions élémentaires de la vie quotidienne, le don de la vie par le Dieu ¨Père de l’Alliance. » (p.253)

«  Le repas est un facteur d’Alliance, dans la mesure où manger ensemble apprend à vivre ensemble. Le repas est plus qu’un signe d’Alliance, il est un acte d’alliance au sens fort du terme d’acte. » (p.254)
 

Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 17:06
Denyse dans 02 - LIVRES recensions - Archives - Lu 1864 fois - Version imprimable
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