Le Chemin des estives
Le Chemin des estives
Charles WRIGHT
Charles Wright est écrivain et journaliste.
Le chemin des estives est un récit de voyage.
Charles, trentenaire aspirant jésuite est appelé à vivre « le mois mendiant » c'est-à-dire affronter une épreuve qui se présente comme une « marche de 4 semaines, sans téléphone portable, sans tente, sans carte bleue et sans le moindre sou en poche. Une existence de mendiant, abandonnée aux hasards de la route et des rencontres. » Et l'aventure se corse par une difficulté supplémentaire : être accompagné d'un novice qu' il n'a pas choisi. A l'épreuve de la pauvreté s'ajoute celle du compagnonnage.
Charles et Benoît ont le choix de leur itinéraire qu'ils élaborent un peu au hasard : ce sera 700 kms à pied , sur le chemin des estives, en traversant les déserts du Massif Central avec comme but : l'abbaye Notre-Dame des Neiges où séjourna Charles de Foucauld qui, en pensée leur tiendra souvent compagnie ainsi que le poète Rimbaud.
Mais leurs plus belles rencontres seront celles qu'ils feront au cours de ce voyage avec les gens du cru. C'est aussi une aventure spirituelle qui a pour cadre les volcans d'Auvergne, le plateau de Millevaches...
Bien écrit, ce récit sait traduire les états d'âme des deux marcheurs dont les journées ne sont pas toujours faciles et notamment les soirs où il faut trouver de quoi dormir et de quoi manger. Mais la beauté de la nature, le silence, la solitude compensent largement les épreuves du soleil ardent, de la fatigue et celle d'une quête profonde. Au bout de leur périple, Charles et Bénoît s'engageront-ils définitivement dans la Compagnie de Jésus ?
DG
Extraits
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Six jours de canicule et de nutrition aléatoire commencent à toucher nos résistances. La fatigue aidant, nos petites manies respectives deviennent saillantes. Le choix de l'itinéraire et le sujet de la bouffe génèrent des désaccords de plus en plus vifs. Il y a une semaine, on se connaissait à peine ; aujourd'hui, on sait la couleur du moindre de nos caleçons... Je commence à me rendre compte que notre errance sera d'abord et avant tout une épreuve de compagnonnage. Il faudra éviter que notre camaraderie se détricote à cause du dénuement qui nous confronte à nos peurs les plus primaires – la faim, l'absence de sécurité, l'inquiétude de l'avenir – et de cette vie extrême, sans filets et sans la possibilité de nous aménager des retraits. (p.122)
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C'est le neuvième jour du voyage. Je sens que le chemin opère peu à peu en moi un travail de métamorphose. La longue marche, ce n'est pas seulement un sport, c'est une ascèse, une hygiène du cœur, un chemin de transformation. Elle éclaire le regard, débarrasse des scories, débroussaille notre fouillis intime, fait venir à la vérité. Et puis elle est le lieu où s'éprouve intensément la liberté, « la liberté libre » selon la belle expression de Rimbaud. (p.154)
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La marche à pas lents, dans ces espaces infinis et cette grande aphonie, ne laisse pas indemne. La course des nuages dans le grand ciel, la profusion de lumière, l'herbe, le vent et le silence, cet écho de l'ineffable, tout cela se saisit de moi et m'imprègne peu à peu. Je me sens plus léger, plus simple, plus vaste, comme si les paysages entraient en moi, m'augmentaient, et que tout mon être se dilatait. (p.257)
Mise à jour : Dimanche 5 Décembre 2021, 22:56
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
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