Le prochain pape

 LE PROCHAIN PAPE
 La charge pétrinienne et une Eglise en mission

 George WEIGEL
 
Ed. Parole et Silence, 2020
138 p.

                                              

 George WEIGEL est un enseignant, écrivain et éditorialiste américain, reconnu comme un théologien et historien compétent.
« Au cours de ces trois dernières décennies, j'ai eu le privilège de m'entretenir longuement avec les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François. Ce que j'ai appris dans ces conversations est la source des réflexions présentées dans ce livre...
Il paraît opportun de se demander aujourd'hui ce que l'Église a appris pendant les pontificats de ces trois papes conciliaires - et d'imaginer ce que le prochain pape pourrait tirer de cet enseignement. »

 Ce n'est évidemment pas la sérénité qui caractérise cette période de mutation où au sein même de l'Eglise les divisions sont profondes.

Jean XXIII en son temps avait déjà exprimé l'idée que l'Eglise devait se recentrer sur le Christ. Pour lui ; il était nécessaire de ne rien lâcher sur les vérités de la foi catholique, mais il faisait de la transmission une priorité (p.17). Annoncer l'Evangile et en être le témoin, c'est offrir à l'humanité la vérité sur elle-même, une vérité qui rend authentiquement libre. S'engager pour la mission est déjà à l'ordre du jour. Ce qui engage la responsabilité à titre individuel et en tant que membre de l'Eglise.

L'Eglise du XXI°s. doit renouveler cette démarche « sous l'autorité pastorale conférée par le sacrement de l'ordre » précise l'auteur.

Les circonstances nous autorisent-elles à corriger et adapter ce que nous disent les Ecritures ? (p.34)

Pour G.Weigel, l'Eglise des compromis court à sa perte. L'Eglise ne peut pas se contenter non plus d'être une ONG ; elle doit affirmer sa foi sans crainte. Il y a un renouveau mais dans la continuité de la Révélation et de la Tradition.

« Il faut que le prochain pape laisse transparaître dans toute sa vie la puissance de l'Evangile. » (p.38) Il devra également resserrer les relations entre toutes les Eglises locales pour éviter les dérives. La papauté devra rester à sa juste place en facilitant notamment la responsabilités des évêques.

On constate qu'un catholicisme plus radical, « entier » est plein de santé et attire   alors que le catholicisme « allégé » est à l'agonie et n'est plus stimulant pour l'évangélisation et la mission (p.55-56). Nous ne devons pas réduire l'évangélisation à l'écoute et à la solidarité

« Quand il évacue le Dieu de la Bible, l'humanisme se retourne à la fois contre l'homme et contre la société. »(p.66). On peut vivre sans Dieu mais à quel prix  et avec quelles conséquences!

Le communisme, le socialisme, le consumérisme, la révolution sexuelle ont fait beaucoup de promesses. Mais où cela s'est-il réalisé, vérifié ?

« L'Eglise proclame que le don de soi par amour est bien plus épanouissant que l'affirmation de soi aux dépends des autres... Ces vérités se manifestent en Jésus-Christ crucifié et ressuscité. » (p.70) « Je suis le chemin, la vérité et la vie », dit Jésus (Jean 14,6)

Le prochain pape devra aussi renforcer l'épiscopat et réformer la procédure de choix des évêques qui doivent exercer leur charge en communion avec le pape et avec solidarité entre eux. L'évêque est « un vicaire du Christ lui-même et pas simplement du pape. (p.77). « La prédication de l'Evangile est sa première charge »  (Lumen Gentium). Elle doit être partagée avec les prêtres et les laïcs du diocèse.

L'auteur dresse un portrait exigeant de l'évêque d'une église en mission : intégrité, énergie, efficacité, sanctifiant par son exemple, osant des décisions qui peuvent être impopulaires si nécessaire pour défendre la doctrine catholique... D'où l'importance de bien choisir un évêque .

 Le prochain pape devra aussi saisir que la crise du sacerdoce, d'ampleur mondiale, est une crise de fidélité et d'identité. (p.89 et sv.). Est abordé le célibat des prêtres : le don radical de soi que représente le célibat sacerdotal est un témoignage éloquent de la présence du Christ parmi nous. Il faut en mesurer la grandeur et susciter des vocations.

Un chapitre est consacré à l'apostolat des laïcs. Tout baptisé est chargé de la mission d'offrir aux autres le don reçu. Le prochain pape devra veiller à respecter la diversité des missions et à les redynamiser .

 La réforme de la curie est aussi à envisager , le pape s'entourant de collaborateurs prêtres et laïcs irréprochables et compétents.

Le prochain pape devra intensifier la recherche chrétienne de l'unité et promouvoir un dialogue interreligieux centré sur la vérité, notamment vis-à-vis de l'orthodoxie russe et de ses relations avec l'Etat.

Il devra comprendre les ressorts de la politique et de l'économie dans le monde entier, réfléchir à la diplomatie vaticane et reconnaître que le seul atout dont dispose l'Eglise est une autorité morale.

La défense des pauvres est ce qu'enseigne la Doctrine sociale de l'Eglise. Le monde du XXI°s. a bien besoin d'entendre cette voix-là.

 Partant de constats, l'auteur fait plus que proposer des idées. «  Le prochain pape devra.... » Les propositions sont exigeantes, radicales souvent, pas forcément nouvelles car le Pape François y répond pour la plupart.

Le sujet est évidemment intéressant et permet de faire le point sur la mission d'un pape. Mais à cette lecture, on est parfois un peu mal à l'aise face à la rigueur proposée sûrement nécessaire mais qui devra pourtant s'adapter (sans se compromettre) aux hommes et femmes d'aujourd'hui pour être entendue et comprise. L'aventure missionnaire actuelle doit effectivement se recentrer sur le Christ mais trop de certitudes dans les façons de penser et de faire des dirigeants (n'est pas vraiment remise en cause l'idée de hiérarchie et du pouvoir sacerdotal) risquent de gêner la marche et l'écoute de nouveaux signes des temps et de l'Esprit.

Ah ! Si le prochain pape a aussi pour lui la jeunesse ….

 DG

Mise à jour : Samedi 24 Septembre 2022, 20:10
Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 277 fois -
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