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Risques et dérives de la vie religieuse

 RISQUES et DERIVES DE LA VIE RELIGIEUSE

Dom Dysmas de Lassus

Ed. du Cerf – Spiritualité Lexio 2022
446 p.
                                

Alors que le scandale des abus sexuels commençaient à faire rage dans les médias, avait été mis sur ce blog un livre paru en 2016. Il s'y trouve encore.

« Manipulateurs – Les personnalités narcissiques -Détecter, comprendre, agir » de Pascal IDE -     Editions Emmanuel, 2016

                                                   

Un livre remarquable et plutôt nouveau dans son contenu puisque l'auteur étudiait ce problème au sein des communautés religieuses.

Recommandé par l'Abbé général de son Ordre à tous les monastères comme une information indispensable, nous l'avions adressé à un moine (non sans arrière pensée). Celui-ci a été scandalisé de cet envoi informatif qu'il prenait pour une insulte. Fâché ou menacé ?

C'est bien ce que soulève, développe et approfondi, Dom Dysmas de Lassus, actuel prieur de la Grande Chartreuse : la vie communautaire, le système de fonctionnement plutôt hiérarchique, les risques d'abus de pouvoir spirituel ou sexuel, l'aura qui entoure encore moines et moniales , les personnalités fragiles et bien d'autres facteurs qu'on peut retrouver d'ailleurs dans d'autres structures, sont des facteurs de risques dont ne sont pas toujours protégées les personnes trop confiantes.

L'auteur analyse parfaitement les causes, les processus, les conséquences parfois dramatiques de l'emprise d'une personne sur une autre. Il développe la question de l'obéissance, au cœur de la Règle de saint Benoît et des vœux monastiques . Obéissance d'une grande valeur spirituelle qui peut devenir un piège, une toile tissée petit à petit autour d'une personne qui va se laisser peu à peu emprisonner ( c'est l'emprise) au risque de se faire dévorer. Et si elle vient, par un sursaut de survie, à s'en plaindre, on ne la croira pas. « C'est impossible ! Donc çà n'existe pas » : remarque soulignée à plusieurs reprises par l'auteur.
Ce qui a généré ces silences assourdissants, ces renversements de victime en coupable, la négation des prédateurs bien sûr et la complicité des responsables de communautés dont la priorité, croyaient-ils, étaient de protéger leur maison, leur Ordre et l'Eglise.

Le résultat, nous le savons, a été presque pire que le mal.

L'objectif de l'auteur est d'informer, d'alerter tous religieux(ses) , car c'est à eux que ce livre s'adresse en priorité, sur les « risques et dérives de la vie religieuse » sans en faire non plus une généralité : tous les hommes et femmes ne sont pas malades et toutes les maisons ne sont pas minées. Loin de là. Mais ce danger est suffisamment présent pour qu'on s'en soucie, pas seulement en bonnes paroles souvent inefficaces mais en actes d'information et de prévention.

Le texte de Dom Dysmas est remarquable de qualité et de clarté, sans polémique aucune, sans jugement, profondément tissé sur sa foi, son expérience, ses responsabilités, sa confiance et sa souffrance aussi à la rencontre d'un mal destructeur au sein de communautés qui se voudraient idéales. Mais le moine ou la moniale , même s'il cherche Dieu voire la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés, n'est qu'un humain avec ses faiblesses et ses pauvretés. Ce n'est pas une excuse mais c'est à prendre en compte en vérité .

Ce livre dont la presse religieuse a loué les grandes qualités est désormais , nous l'espérons, dans toutes les bibliothèques monastiques et à portée de mains ! Il est aussi extrêmement instructif pour toute personne qui a été touchée de près ou de loin par ces questions .

DG

Extraits

  • Une précision qu'il faudrait graver au burin au fronton des noviciats. La valeur de l'acte d'obéissance est la soumission à Dieu à travers la médiation concrète de la supérieure, mais cette médiation ne transforme pas en volonté de Dieu tout désir de la supérieure. (p.165) [ou du maître des novices, ou du conseiller spirituel]

  • Personne n'a autorité sur la conscience. Le vœu d'obéissance, par nature, ne peut pas concerner la vie spirituelle parce qu'il porte sur des actions et non sur l'intimité de la personne. Ceci permet de poser un principe fondamental qui ne supporte pas d'exceptions : aucune personne n'a autorité sur la conscience d'un autre, car s'il le prétendait il entrerait en rivalité avec Dieu.... « La conscience est le centre le plus intime et le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre. » (Catéchisme de l'Eglise catholique) (p.289)

  • Au service de la vérité. Aussi longtemps que la culture du mensonge règnera, rien de sérieux ne sera possible car partant de la tête, cette culture a tendance à imprégner tout le corps... Sortir du mensonge demande du courage et mieux comprendre la nocivité du mensonge soutiendra l'effort nécessaire pour corriger ce qui doit l'être. (p.383)


 


 


 


 


 

 

Denyse dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024 - Lu 330 fois - Version imprimable
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