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Lettre à ma belle-fille catholique pour lui expliquer le protestantisme

 

 Antoine NOUIS

 Ed. Labor et Fides, 2016
 115 p.

                                                               

 Antoine Nouis théologien, éditorialiste, a été durant plus de vingt ans pasteur de l’Eglise réformée de France. Il est l’auteur de plusieurs livres sur la spiritualité et la pensée protestante.

On constate souvent, chez les catholiques, une méconnaissance de la foi de leurs frères et soeurs protestants. Voici un livre clair et très accessible qui peut aider à mieux cerner ce qui nous unit et ce qui nous sépare. 

Le titre, un peu lourd de cet ouvrage, veut sans doute évoquer ce vis-à-vis fraternel et un message bienveillant. Ce fil conducteur est en fait peu exploité par l’auteur et donc, ne se justifie guère. Mais le but est tout de même atteint : ce petit livre est fort intéressant et donne goût d’en savoir davantage.
Antoine Nouis retrace et résume en particulier de façon très lisible, et non sans une saine fierté, l’histoire du protestantisme.

Résumé et extraits

 L’armature du message de la Réforme : à Dieu seul la gloire ; par la grâce seule, par la seule foi, en la seule Ecriture. (p.12)

Le mouvement de la Réforme date du 16°siècle. « Il répondait à une attente de simplification et à un retour aux sources par rapport à certaines dérives de l’Eglise de son temps. » (p.12)

« A la fois juste et pécheur », disait Martin Luther. Autrement dit, ce qui nous rend justes et sauvés, ce n’est pas tant nos actes que la grâce de Dieu qui est en nous. Nous sommes nés pécheurs, mais devant Dieu nous sommes complètement justes ; « A nous de devenir cet homme juste que Dieu a fait de moi. » (p.15) On est en fait pas très loin de la pensée cistercienne du 12°s (et d’aujourd’hui encore) qui cherche à faire « renaître » le Christ en nous.

« Les catholiques, comme les protestants proclament la justification par la foi mais ils ne la situent pas à la même place. Pour les premiers, elle fait partie des articles importants de la foi, alors que pour les protestants, elle est l’article sur lequel tout repose » et qui se vérifie par les liens étroits qu’elle a avec l’Evangile.

« Pour le catholicisme, le Christ rejoint le fidèle à travers l’Eglise, alors que dans une perspective protestante, l’Eglise est le rassemblement de fidèles qui ont été rejoints par le Christ. » (p.61)

 La foi protestante se vit en adulte responsable et elle est très individualiste, n’éprouvant pas le besoin de recourir à une hiérarchie de spécialistes comme la connaît le catholicisme. Ce n’était pas pour plaire aux autorités romaines qui ont essayé de museler Luther, mais l’imprimerie en grand essor au 16°s., avait déjà imprimé et distribué 300.000 livres de Luther !

« Le protestantisme s’est construit sur l’étude et la lecture de la Bible selon l’interprétation qui consiste à lire la Parole de Dieu pour relire sa vie . » (p.24) Dans le même temps, les catholiques n’avaient pas accès à la Bible transmise oralement, et au goutte à goutte, par le clergé. Depuis quelques années seulement, les laïcs catholiques « découvrent » la lectio divina, seuls ou en petits groupes, et cette rencontre irremplaçable de Dieu à travers sa Parole. Merci Luther !

 Mais tout cela ne s’est pas vécu sans douleur et oppositions. Le 16°s. a connu pas moins de six guerres de religion dont le tristement célèbre massacre de la Saint-Barthélémy (24 août 1572).

L’Eglise catholique, qui a retrouvé un peu de paix avec l’Edit de Nantes signé par Henri IV, convoque un concile important , le Concile de Trente, afin de préciser ses positions. Mais au 17°s., Louis XIV limite l’exercice du culte protestant, ferme temples et écoles. C’était sans compter avec la résistance des huguenots qui connaît cependant une rude période de désert qu’ils commémorent aujourd’hui encore. Résistance, individualisme, anticléricalisme sont nés de ces persécutions qui poussent à la fuite près de 300.000 protestants .Vers la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas.

Les conflits religieux s’apaisent sous Napoléon. Les protestants construisent des temples aux formes simples, aux intérieurs dépouillés. Des associations naissent telle la Société biblique (1818). Diverses tendances se manifestent expliquant la diversité des Eglises, une des marques du protestantisme. Au début du XX°s., les mariages mixtes étaient inconcevables avant de devenir de nos jours une pratique courante.

Des mouvements d’unification s’amorcent à l’intérieur de l’Eglise protestante notamment entre Eglises réformées et églises luthériennes. Ce qui n’empêche pas l’apparition du pentecôtisme, particulièrement charismatique et prosélyte en Afrique, Chine, Corée, Brésil et aux Etats-Unis.

Le XX°s. est marqué par la naissance de l’œcuménisme , du Conseil œcuménique des Eglises (1948) auquel participe depuis 1968, l’Eglise catholique. En 2010 est créé le CNEF, Conseil national des évangéliques de France, lieu de dialogues et de rencontres.

600.000 pratiquants réguliers sont recensés dans le protestantisme  soit 1% de la pop. française. (4 à 7% de catholiques).

L’auteur, Antoine Nouis, souligne une vraie vitalité du protestantisme en France, notamment chez les jeunes, et elle se présente comme une « Eglise de témoins ». (p.58)

 Il est probable que certaines diffèrences sont irréductibles et fort heureusement , de part et d’autre, les regards sont davantage complémentaires avec le souci de faire ensemble tout ce qui est possible.

 « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Mt 18,20). Cette parole de Jésus, catholiques et protestants la partagent.

 Sont développés aussi la place du prêtre et du pasteur ainsi qu’ Eglise et Eucharistie point particulièrement sensible.

Présence réelle dans le pain et le vin ou seulement un signe ? L’auteur, quant à lui, relativise un peu les choses. «  Avons-nous besoin d’en dire plus ? Il nous suffit de croire qu’une certaine présence du Christ nous est proposée à travers le repas eucharistique. » (p.79) Les débats ne sont pas clos…et l’intercommunion est en attente.

 En guise de conclusion, l’auteur parle « de ce qu’il aime dans l’Eglise catholique » (p.91)  : son universalité dans le temps (2000 ans et toujours vivante !), son universalité dans l’espace avec son organisation internationale qui est un vrai soutien pour les Eglises en difficulté, une formation exigeante et son engagement social.

Par contre, un reproche non négligeable empêche Antoine Nouis d’adhèrer au catholicisme : son comportement souvent en opposition avec le message de l’Evangile. La remarque est rude mais il n’a pas tort, même si l’espérance renaît avec le Pape François.
Les Eglises ne sont pas au bout de leurs efforts et la tentation du pouvoir (entre autres) menacera toujours que ce soit dans nos églises locales , au Vatican ou ailleurs. Saint Bernard, en son temps, mettait déjà en garde son ami le pape Eugène III contre les  hauts risques de sa fonction (cf. lettre 238).

Alors avançons avec confiance et persévérance … à la grâce de Dieu !

N'hésitons pas à lire ce livre qui peut faire avancer le dialogue grâce une meilleure connaissance mutuelle.

DG

Mise à jour : Samedi 30 Décembre 2023, 19:58
Denyse dans 08- ARCHIVES - Règle de Saint Benoît - Texte et commentaires ch.1 à 42 - Lu 1125 fois - Version imprimable
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