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Sagesse cistercienne

 Sagesse cistercienne

 900 ans de fécondité spirituelle

 Dom Olivier QUENARDEL
 Abbé de Cîteaux

Ed. Médiaspaul 2016
219 p.

                               


Dom Olivier Quenardel est entré à l’abbaye de Cîteaux en 1967 et il en est le Père Abbé depuis 1993.

Ce livre rassemble des conférences et articles récents abordant sous diffèrents angles un « thème commun, celui de la "sagesse cistercienne" , autre nom de la flamme qui habitait [les] saints fondateurs de Cîteaux. »

 Y trouverons-nous des règles de sagesse adaptables à nos vies quotidiennes ? Sans doute pas au sens où nous l’entendons habituellement car cette « sagesse » est plutôt folie aux yeux des hommes.  Mais comme toutes les spiritualités chrétiennes, cette sagesse nous ramène à l’essentiel : l’amour de Dieu. Ensuite, chacun tente de répondre à l’appel qui est le sien.

Cette sagesse n’est pas innée, même si elle tient de la grâce de Dieu. Elle demande un apprentissage qui est, en particulier, celui de la lecture de la Parole de Dieu qui va (r)éveiller le désir de chercher vraiment Dieu, « de goûter comme le Seigneur est bon , et de répandre par toute [la] vie la bonne odeur du Christ. » (p.17)

L’auteur nous présente en quelques pages très claires et instructives le monde cistercien français de 1850 à nos jours avec ses bas et ses hauts, les difficultés mettant chacun à l’épreuve de sa foi et bien souvent la faisant se raffermir. L’entraide monastique, bien développée aujourd’hui, en est un fruit face aux difficultés nouvelles. Dom Olivier souligne en particulier l’intérêt de la mixité des rencontres intermonastiques, encore  inconcevables au début du XX° siècle.

L’élan missionnaire se ralentit mais par contre la RGM (Réunion Générale Mixte) reconnaît « depuis 2002, l’existence d’une expression laïque du charisme cistercien dans ce que vivent aujourd’hui les groupes de laïcs rattachés à plusieurs des monastères de l’Ordre ». On peut même préciser, et cela ce n’est pas l’auteur qui le dit, que le premier groupe de laïcs cisterciens en responsabilité s’était constitué de façon spontanée avec les trois branches de l’ordre : ordre cistercien, ocso et bernardines. Une belle unité pleine de promesses que Dom Bernardo Olivera, ancien Abbé Général ocso, avait appréciée en son temps.

« On peut se risquer à dire que la présence au sein de la Famille cistercienne d’une telle laïcité devrait être stimulante et salutaire aussi bien pour le renouveau des communautés monastiques que pour la communion cistercienne tant désirée. » (p.52)

 Puis l’auteur évoque l’histoire propre à l’abbaye de Cîteaux, lieu des origines, lieu-source qui fêta en 1998, telle une « nouvelle Pentecôte » la grâce du neuvième centenaire, rassemblant en ses murs 800 moines et moniales. Une vraie Famille, comme elle aime désormais s’appeler à l’initiative du pape Léon XIII en 1902 mais surtout dans une Lettre de Jean-Paul II à la Famille cistercienne » en 1998. Tout ce chapitre est fort intéressant concernant l’actualité, la réalité et la fragilité de l’Ordre tout entier.

                         

 Les conférences suivantes, datant de 2010, abordent un autre domaine plus spirituel, (encore qu’il ne faut pas séparer Marthe de Marie vivant toutes deux dans la même maison !) et peut-être plus difficile à suivre si on n’est pas familier des rites monastiques, notamment celui du « lavement des pieds ». Le réactualisant dans sa communauté, Dom Olivier nous entraîne longuement  et passionnément vers l’invicem (traduit par « mutuellement ») , autrement dit vers le haut lieu des relations fraternelles où nous sommes appelés , laïcs ou moines, à témoigner de l’amour de Dieu en nous et en nos frères. On reproche souvent à l’Eglise ses relations pyramidales dont elle a encore bien du mal de se défaire. Le lavement des pieds nous rappelle que la principale mission du chrétien est de se faire serviteur, ce qui n’est pas s’abaisser mais aimer.

 Les chrétiens « devraient être en première ligne de cette révolution de l’amour dont le Nouveau Testament clame qu’il n’est pas seulement de l’ordre du don mais de l’ordre de l’échange où l’amour reçoit autant qu’il donne. » (p.78)

 Dans la suite du livre (conférence de 2015), Saint Bernard est à l’honneur, ce qui est bien normal quand on sait l’importance qu’attachent à ce grand saint fondateur de Clairvaux, moines, moniales et laïcs cisterciens.

Bernard de Clairvaux a un langage qui « réveille à la manière des prophètes » et continue d’entraîner les hommes d’aujourd’hui sur un « chemin de sainteté ». Sa sagesse et sa flamme intérieure (et extérieure !) gardent toute leur force de séduction appelant à la conversion du cœur.

« Sur le chapitre de la miséricorde, il y a entre François de Rome [le Pape François] et  Bernard de Clairvaux une forme d’ecclésiologie nuptiale qui les rapproche …l’un de l’autre ». (p.127)
La dévotion de Saint Bernard (et des cisterciens) à Marie est aussi évoquée notamment en citant le sermon splendide du « Missus est » : « Si se lèvent les vents des tentations, si tu cours aux écueils des épreuves, regarde l’étoile, appelle Marie… » (p.138)

 Puis un  septième chapitre nous retrace l’histoire et l’oeuvre de sainte Gertrude d’Helfta, qu’affectionne particulièrement Dom Olivier qui illustre sa conférence de quelques passages écrits par cette femme mystique dont la « sainteté n’était pas acquise au départ ». Elle fut très interpellée par la communion sacramentelle et sa préparation. Son approche tout en  « finesse et justesse théologique », dans son sens profond, demeure très actuelle. « Rien de plus concret pour elle que cette christologie eucharistique qui se joue dans le corps à corps de  la célébration liturgique. »(p.159)

 Dans une conférence de 2012 et en toute logique, est abordée la Règle de saint Benoît où « la liturgie tient une place de première importance » tant elle est pour Benoît « en lien direct avec la vie ordinaire » avec la clé principale de lecture qui est « l’amour du Christ préféré à tout. » (p.171)

 En mai 2014, à l’abbaye de Pontigny, Dom Olivier donne une conférence sur « Ora et labora » (= Prie et travaille)  et plus précisèment sur « l’expérience concrète de la tradition cistercienne et son vécu aujourd’hui à Cîteaux » (p.185 et suiv.). La vie cistercienne ne se résume pas à prier et à la contemplation. Elle cultive plutôt un « art de vivre "sous le regard de Dieu" toujours et partout ». Les Constitutions de l’Ordre révisées, actualisées en 1990 soulignent le souci du concret et l’articulation entre travail et prière. Y sont explicités notamment la vigilance du cœur (garde du cœur) et le silence, bien sûr.

Ce livre s’achève sur la « filiation spirituelle ». « Nous ne sommes pas tous parents mais nous sommes tous enfants » (p.199)

 «  …Incompréhensible mystère ! Celui qui t’a créé est maintenant créé en toi, et comme si c’était trop peu que tu l’aies pour Père, il veut encore que tu lui sois une mère ! "Quiconque fait la volonté de mon Père est mon frère, ma sœur, ma mère"… Ouvre à la parole de Dieu ton oreille pour entendre. Elle est la voie de l’Esprit qui fait concevoir en pénétrant jusqu’au sein de ton cœur. »  (Guerric d’Igny, 1er Sermon pour l’Assomption – cité p.216-217)

DG
12 / 2016

Mise à jour : Jeudi 16 Mars 2023, 13:15
Denyse dans 04 - SPIRITUALITE CISTERCIENNE - Lu 1104 fois - Version imprimable
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