Matteo Ricci
Matteo RICCI, le sage venu de l'Occident
Vincent CRONIN
Ed. Albin Michel, 2010
L'aventure se passe au 16°siècle en Chine, sous la dynastie Ming.
Matteo Ricci (1552-1610) est un jésuite italien envoyé en mission en Chine et le premier européen à résider durablement dans ce pays très fermé et à avoir pénétré dans la Cité Interdite.
Il suit de quelques années un autre missionnaire célèbre, jésuite comme lui, , François Xavier, parti christianiser l'Inde et l'Extrême Orient où, au large de Canton en Chine , il trouvera la mort en 1552.
Dans ce livre, l'auteur nous retrace comme un roman le récit de la vie mouvementée de Matteo Ricci qui se révèle être un homme très cultivé, mathématicien, astronome , géographe et horloger , des vertus très prisées en Chine.
Il est doué aussi d'une mémoire exceptionnelle qui va lui permettre d'apprendre aisément le chinois, ce qui est indispensable pour espérer s'intégrer à cette société bien différente de celle du monde occidental. Il va approcher l'autre non en s'imposant mais en s'habillant à la manière des lettrés, en privilégiant les amitiés personnelles, les conversations scientifiques plutôt que les grands discours religieux.
Malgré tous ces talents, Mattéo va devoir faire preuve d'une grande patience, de persévérance, de renoncements et d'humilité, frôlant plus d'une fois l'échec de sa mission tant il est confronté à un état d'esprit et à des modes de vie et de pouvoir parfois insurmontables.
Mais la foi de Mattéo et son désir de faire connaître le christianisme en Chine sont si forts qu'il parviendra à ses fins et à rencontrer l'empereur lui-même .
Cette biographie est captivante tant en suivant le parcours éprouvant de Matteo Ricci qu'en découvrant avec lui ce monde de la Chine au temps où celle-ci se croyait le centre du monde et ignorant l'existence d'un monde occidental réduit à leurs yeux à quelques « barbares ».
Une belle lecture où s'impose, malgré un fort désir de conversion, un grand respect de l'autre si différent.
DG
Extraits
- La cérémonie qui venait de se dérouler revêtit à ses yeux un caractère d'absurdité. Que faisait-il là, sous le signe du dragon, vêtu d'une robe de damas rouge et coiffé d'un casque d'or ? Quelle folie, quelle présomption de sa part d'avoir rêvé de convertir l'empereur ! Tout, depuis son arrivée en Chine, aurait du lui faire comprendre l'inanité d'un tel espoir. Il avait donné son amour sans compter, fait toutes les avances, consenti tous les sacrifices... et on l'ignorait... (p.237-238)
- L'horloge de l'empereur s'était détraquée. Si on la lui apportait, Li Ma-tou [Mattéo Ricci était ainsi appelé par les Chinois] voudrait-il bien la réparer ? Ricci accepta, ravi de voir se créer avec le palais un nouveau lien, si ténu fût-il. Durant le trois jours que l'horloge resta dans la maison des missionnaires, leurs amis s'y pressèrent pour admirer cette merveille qui plaisait plus encore à l'empereur que ses fines porcelaines blanches et bleues.. Lorsque, réparée, on la lui rapporta, l'empereur trembla de jalousie à l'idée que d'autres avaient pu la contempler.
Mattéo Ricci fut autorisé à venir plusieurs fois par an au palais pour régler les pendules.
Bientôt, dans Pékin, et dans la Chine toute entière, se répandit le bruit _ que Ricci eût tant voulu réel – que les lettrés d'Occident parlaient face à face avec le Fils du Ciel. (p.246-247)
Mise à jour : Mercredi 22 Juin 2022, 18:50
Denyse
dans 01 - LIVRES - REVUES - Résumés, extraits...2016-2024
- Lu 373 fois
-
Article précédent - Commenter - Article suivant -