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Petit pays

 Petit pays

 Gaël FAYE

Ed.Grasset, 2016

215 p.                             

     

 Gabriel, la trentaine, habite depuis vingt ans en région parisienne mais « il vient de si loin qu’il est encore étonné d’être là ». Gabriel a vécu toute son enfance au Burundi avec son papa français, sa maman rwandaise (tutsi) et sa sœur Ana.  Et cette enfance lui a laissé des marques indélébiles de bonheur et d’horreur. Une lourde mélancolie ne le quitte pas quand il repense à « Papa, maman, les copains et à cette fête d’éternité autour du crocodile éventré au fond du jardin. »

Dès les premières pages, Gaël-Gabriel nous entraîne « au début de la fin du bonheur » dans son pays natal du Burundi et évoque à travers son regard d’enfant sa vie quotidienne faite en effet de mille petits bonheurs. Mais l’harmonie familiale se disloque et la guerre ethnique hutus-tutsis transforme ce coin de paradis en enfer.

Voilà un livre très attachant , émouvant par sa simplicité et sa vérité. Belle écriture aussi qui sait traduire les émotions de l’enfance, ses peurs et ses valeurs. Le drame rwandais qui se propage au Burundi en 1995 est évoqué à hauteur d’enfant et nous permet de mesurer le désastre qui s’est abattu sur tant d’innocents. La situation des blancs était aussi très menacée.

Désormais, quand on interroge les gens du pays en leur demandant si « ça va ? », on les entend désormais répondre « ça va… un peu . »

 «  J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. » (G.F)

 Extrait.

"J’ai beau retourner mes souvenirs dans tous les sens, je ne parviens pas à me rappeler clairement l’instant où nous avons décidé de ne plus nous contenter de partager le peu que nous avions et de cesser d’avoir confiance, de voir l’autre comme un danger, de créer cette frontière invisible avec le monde extérieur en faisant de notre quartier une forteresse et de notre impasse un enclos. Je me demande encore quand, les copains et moi, nous avons commencé à avoir peur. " (p.80)

DG
11.2016

Mise à jour : Dimanche 10 Novembre 2024, 13:39
Denyse dans 02 - LIVRES recensions - Archives - Lu 1116 fois - Version imprimable
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