Sur les traces des chrétiens oubliés

Charles GUILHAMON

Carnet de route de deux amis pèlerins

 Editions Calmann-Lévy, 2012 

On lit avec plaisir et intérêt ce récit de voyages « sur les traces des chrétiens » d’Orient, d’Amérique du Sud et d’Afrique. Ce presque tour du monde à vélo à la rencontre d’ Eglises souvent minoritaires, isolées, discrètes en même temps qu’efficaces, persécutées souvent, nous ouvre les yeux, si besoin était, sur ces « chrétiens oubliés » dont on admire la foi à toute épreuve .

Les portraits d’évêques et prêtres locaux et de leurs communautés sont très divers et colorés. L’option de départ des deux voyageurs est d’être accueillis, à leurs étapes, par des chrétiens qui se révèlent le plus souvent chaleureux, prêts à ouvrir leurs maisons et à donner de leur temps. Le périple n’en reste pas moins rude et éprouvant physiquement . Mais l’auteur ne s’y attache pas trop, surtout intéressé par les rencontres , les lieux et les conditions de vie si différentes des nôtres où la pauvreté est omniprésente. 
Mais pourtant les yeux brillent de joie, de foi, sur le visage de ce prêtre chinois (rattaché à Rome,non nommé par l’Eglise officielle) très démuni, qui a connu dix années de prison pour ne pas céder au régime communiste, et  dont le témoignage est extrêmement touchant ainsi que ses engagements auprès des communautés catholiques de son pays.
Le chapitre sur la Thaïlande, peut-être parce que le séjour s'y est un peu prolongé, est particulièrement évocateur de ce qu'ont vécu les "deux amis pèlerins". On y sent particulièrement bien l'admiration et même l'affection que Charles et Gabriel ont partagé avec ces populations en vivant avec eux.

L'auteur s'efforce aussi   de temps à d'autres à donner quelques informations plus précises sur l'origine des missions catholiques ou l'histoire d'un village. 

 Dans ce récit, c'est avec beaucoup de discrétion, voulue sans doute , que l’auteur Charles  Guilhamon évoque  son co-équipier et ami avec qui tout a l'air d'ailleurs de bien se passer. Leur aventure personnelle n’était certes pas le sujet du livre, il n’en reste pas moins, que Charles sans Gabriel n’aurait sans doute pas pu mener à bien cet intéressant voyage. L’auteur lui-même ne s’apesantit pas non plus sur ses propres états d’âme et  on peut apprécier ce choix de ne pas se mettre en avant mais qui privilégie l'essentiel, c'est-à-dire  le partage de leurs découvertes au contact de ces chrétiens oubliés et attachants. Bravo.

 D.G

 Extraits  

 «  Nous savons déjà qu’il nous sera impossible d’avoir une vision d’ensemble et de tout comprendre de l’Inde. C’est un continent à elle seule, abritant une mosaïque de cultures et de peuples. Deux cent vingt-cinq langues parlées dans vingt-huit Etats eux-mêmes différents en toutes choses. Alors comme partout, nous prévoyons de lâcher la bride, de faire confiance, de nous attacher aux rencontres faites par hasard, par providence. » (p.155)

 « Si vous ne voulez pas connaître l’autre, vous resterez toujours des étrangers. Et pour le connaître, il faut partager ses valeurs. Comme chrétien je me dois de faire passer ce message. Ici, au Kurdistan, nous avons une histoire douloureuse chargée d’incompréhensions avec les Arabes. Je suis évêque catholique mais je prête attention aux hommes, qu’ils soient chrétiens, musulmans, kurdes, arabes… L’Eglise, c’est une vie, un appel du Seigneur à l’universel. Moi, quand je regarde l’Eglise, je regarde tous les hommes. » (p.124)

Mgr Rabban (Kurdistan irakien)

"Accepter la différence, ce n'est pas si simple que cela parce que précisément ne pas vouloir que l'autre devienne soi !
La Création est pleine de diversité. Il y a des musulmans, des juifs, des chrétiens, c'est trés beau ! Cette différence fait partie du plan de Dieu. Charles de Foucauld disait qu'il fallait donner la première place )à l'autre et prendre pour soi la dernière, la plus petite. Tout un programme..."
Fr. Jean-Marie , Petit Frère de Jésus à Tamanrasset.

Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 17:01
Denyse dans 02 - LIVRES recensions - Archives - Lu 1266 fois -
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