Lutrin - Vie des moines au Moyen-Âge

S'identifier

Vie des moines au Moyen-Âge

Vie des moines au Moyen-Âge

Maurice MEULEU

Editions Ouest-France, 2014
32 p.

. Ce petit livret édité par les Editions Ouest-France, habituées aux ouvrages de qualité, nous offre un résumé fort intéressant sur les diffèrents aspects de la vie monastique au Moyen-Âge. L’équilibre entre texte et iconographie, toujours bien choisie, en rend la lecture particulièrement aisée, agréable et instructive. Avec les limites d’un petit livre de ce type, c’est une réussite. Un thème par doubles pages :

- La vie monastique : le contexte médiéval , ses fondateurs.

* *
Abbaye de Cîteaux (Côte d'Or)

- L’ Ordre clunisien né au X°s., sa puissance et son ampleur vont le conduire à sa chute . L’Ordre cistercien fondé en 1098 à Cîteaux, « le nouveau monastère », va marquer le retour à une plus grande fidélité à la Règle de saint Benoît et le charisme de saint Bernard qui fonda Clairvaux ( Aube) en 1115 ( nous fêtons cette année le 9° centenaire de cette fondation) va entraîner un développement extraordinaire des monastères cisterciens à travers l’Europe s’appuyant sur la Charte de Charité. On peut admirer encore aujourd’hui les magnifiques abbayes de Fontenay, Sénanque, Le Thoronet et bien d’autres caractérisées par leur sobriété et la pureté des lignes architecturales.

- Une journée dans la vie d’un moine : elle est très codifiée et s’équilibre entre prière, travail manuel et intellectuel, et repos. Ce rythme n’a guère changé tout en sachant s’adapter au monde d’aujourd’hui.

- L’habit du moine : Autre habit, autres mœurs : le moine s’engage en effet à changer de vie.

Et suivant les Ordres (cisterciens, franciscains, dominicains, bénédictins) tissus et couleurs vont varier.

*
Abbaye d'Ubexy (Vosges)

-Des exigences de propreté : Qui a déjà visité un cloître a pu remarquer, en son centre la présence d’un puits, d’une fontaine, d’un lieu parfois imposant appelé lavabo où les moines venaient se laver les mains avant les offices et les repas.

- Les nourritures terrestres : les repas étaient sobres ; potagers, vergers, vignobles, viviers permettant une vie en quasi autarcie.

*
Abbaye de Fontenay

- Aux sources du vin : source de revenus, indispensable à la liturgie, plus sûr qu’une eau souvent insalubre, la culture de vignes était recommandée. Clunisiens et cisterciens sont à l’origine de la création de grands crus, développant leur savoir-faire à travers l’Europe.

- Forêts et cultures, défricher et planter : les qualités de défricheurs des moines médiévaux est célèbre. Ils recevaient en dons des terres et forêts qu’il fallait aménager. De nombreuses miniatures les représentent bûcheronnant, défrichant, moissonnant, disciplinant des cours d’eau . Ils s’intéressent aux fruits sauvages et herbes médicinales, élèvent des abeilles produisant miel et… cire pour les cierges.

- Elevage, commerce et fabrications : les moines élèvent des porcs, des vaches (pour le lait, la viande - à vendre - , les peaux), des moutons (en Irlande) et développent un commerce florissant aidés dans leur travail par des frères convers ou de simples paysans. D’où la création de nombreuses « granges » situées au maximum à une journée de marche du monastère.

- De l’art de la copie : Exécutés sur du parchemin (en peau), les moines copient, au scriptorium, les textes essentiels à leur liturgie . Travail remarquable et superbe du copiste comme de l’enlumineur ou du relieur conservé avec soin dans nos musées et bibliothèques anciennes.

*
Saint Benoît enseignant la Bible à un moine

- La prière et le chant : Dès le 6°s., avec Grégoire le Grand, le chant grégorien est devenu la règle. Bernard de Clairvaux va s’attacher à harmoniser le chant. Hildegarde de Bingen, abbesse et mystique allemande, va développer un répertoire de mélodies délicates et poétiques.

*
Lessines (Belgique) Hotel-Dieu Notre-Dame à la Rose

Nourrir les pauvres et le devoir d’hospitalité : ce sont deux exigences de la Règle de saint Benoît… comme de l’Evangile d’ailleurs. Le principe de l’hôtellerie monastique, tant apprécié de nos jours, remonte donc aux origines. On y accueillait les pauvres et les pèlerins et les pèlerinages étaient aussi source de revenus non négligeables. La fonction de cellérier chargé du ravitaillement du monastère est particulièrement importante et on attend de lui toutes les qualités : rigueur dans la gestion, bienveillance, justice, discrétion, bon caractère…

Soigner les malades : Sous l’impulsion de moines Hospitaliers, de nombreux hôpitaux ont vu le jour : 400 en France au 15°s. et près de 1000 en Angleterre. Parallèlement à cette fonction se développent les « jardins des simples « où sont cultivées les plantes médicinales.

Le malade est accompagné aussi spirituellement. De superbes Hôtels-Dieu : Beaune, Colmar (France), Bruges (Pays-Bas), Lessines (Belgique) ont su préserver ou restaurer ces lieux de soin , leur mobilier, les ustensiles nécessaires ainsi que les peintures religieuses censées soutenir le malade dans sa souffrance.

*
Lessines

Un dernier chapitre évoque les autres types de monastères et de moines à l’époque médiévale.

La célèbre abbaye de Fontevraud « abbaye double » accueillant hommes et femmes et dirigée par une femme était très avant-gardiste !

En réaction à l’option de la vie cloîtrée naissent au 13°s. les ordres mendiants , moines allant de ville en ville, prêchant et vivant de la charité publique : franciscains, dominicains…

On le voit, ce livre attrayant est riche d’informations qui se cantonnent à la vie pratique des moines et moniales. La spiritualité proprement dite est peu évoquée (ce n’est pas le sujet) mais elle est évidemment omniprésente. C’est une première approche qui donne envie au lecteur d’en savoir plus et si quelques lieux à visiter sont mentionnés, on regrette l’absence d’une mini bibliographie de base .

Opter pendant cet été pour une visite guidée dans une abbaye cistercienne peut complèter agréablement sur le terrain cette découverte livresque. Certaines valent même le voyage.

*
Abbaye de Noirlac (Cher)

DG