Vladimir GHIKA, Professeur d'espérance
Francisca BALTACEANU – Monica BROSTEANU
Ed. du Cerf 2013
Les deux auteurs sont professeurs à l’Université de Bucarest.
Vladimir Ghika est né à Istanbul en 1873. Prince roumain, orthodoxe devenu catholique, missionnaire laïc ordonné prêtre à 50 ans pour le diocèse de Paris, d’une immense charité, il fut en particulier très actif et novateur en vue de l’unité des chrétiens entre l’Orient et l’Occident. Sa vie traversa les deux guerres mondiales et il mourut martyr à Bucarest en 1954, ne voulant pas abandonner la communauté catholique de Roumanie écrasée par le régime communiste.
Mgr Vladimir Ghika a été béatifié le 31 août 2013 à Bucarest.
De nombreux documents d’archives, de lettres, de témoignages illustrent cette remarquable biographie qui, au fil des pages, nous révèle une vie chrétienne particulièrement attachante, d’un dynamisme extraordinaire où les innombrables relations et actions fraternelles de Mgr Ghika témoignent d’une foi et d’une confiance indéfectible en Dieu.
Il y a quelque chose de surhumain, de divin dans cette vie-là où se conjuguent , et c’est bien là ce qui l’explique, une vie spirituelle intense et des actions tous-terrains au plus proche de l’homme, de ses attentes et de ses souffrances.
Cette biographie nous découvre aussi en détail la période dramatique vécue par l’Eglise catholique en Roumanie entre 1939 et 1954. Pris en tenaille entre excommunication (en cas de soumission aux conditions imposées par le gouvernement) et persécution –emprisonnement-exécution en cas de fidélité à Rome et à l’Eglise, les prêtres quelque soit leur niveau dans la hiérarchie, ont vécu des situations extrêmement éprouvantes. Cette période laisse encore aujourd’hui des traces douloureuses dans les mémoires. Après un peu d’accalmie, l’église gréco-catholique de Roumanie s’inquiète à nouveau aujourd’hui car des feux se rallument créant des tensions entre l’Eglise catholique romaine et l'Eglise orthodoxe roumaine qui souhaiterait se retirer du Conseil Œcuménique des Eglises. Le pape François n’est plus bien venu en Roumanie.
Extraits.
- « Pour mieux entrevoir [l’Esprit de Dieu] nous le regarderons à la fois dans nos cœurs et dans le passé de l’humanité. Nous n’oublierons pas que Celui qui a montré au monde la bonté de Dieu, qui a promis le royaume de Dieu, Celui qui a fait jadis parler les prophètes, fait maintenant parler au fond de nos cœurs des espoirs et des promesses aussi forts, aussi puissants, aussi sûrs que toutes les prophèties. Nous n’oublierons pas qu’il est en nous l’Esprit dont la vertu, en nous faisant fils de Dieu et frères de Jésus, nous donne sur les choses un peu de l’autorité miraculeuse de sa toute-puissance. » (Vladimir Ghika – Entretiens spirituels - p.257)
- Il suivait ce qu’il appelait « la théologie du besoin », c’est-à-dire la découverte de Dieu et de sa volonté en tout besoin qui se manifeste à nous, qui est un appel d’amour que Dieu adresse à l’homme pour que celui-ci manifeste effectivement sa charité. « Dans tout ce qui se présente on doit voir un présent de Dieu », écrivait-il. C’est par ces principes qu’il se laissera guider même pendant la persécution, en sachant qu’il risquait sa liberté. (p.301-302)
- [1950] … Dans toutes les églises on remarquait de plus en plus de place vides dans les bancs. Durant la nuit, les fourgons cellulaires [de la Securitate roumaine] opéraient : des évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs étaient enlevés. Bien des fois, j’ai pu voir des larmes dans les yeux de Mgr Ghika, lorsqu’après la messe il promenait son regard sur les places vides dans l’église… Au-dehors, un combat effroyable était mené contre la foi, tandis qu’ici [lors de la messe et des sermons de Mgr Ghika] , une flamme brûlait à la gloire du Très-Haut. - Témoignage de Lucia Florei Santa, 2003 –archives Ghika ARCB - ( p.367)
DG
Mise à jour : Mercredi 17 Avril 2024, 17:02
Denyse
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