Samedi 26 Octobre 2024
LIVRES RECENSES en 2023 - 2024
rubrique 01
- LA PRIERE DE JESUS
Jean-Claude LARCHET
Ed. Salvator 2024 – Voix de l'orthodoxie
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- MADELAINE AVANT L'AUBE
Sandrine COLLETTE
Ed. JC Lattès, 2024
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- L'EPREUVE DE DIEU
Peut-on encore prouver que Dieu existe ?
Ed. De l'Emmanuel, 2024
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- DIEU AU MILIEU DES RUINES
Eglantine GABAIX-HIALE
Ed. Mame 2024
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- LA PREMIERE HISTOIRE
Frédéric GROS
Ed. Albin Michel, 2024
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- LE LABYRINTHE DES EGARES
L'Occident et ses adversaires
Amin MAALOUF
Ed. Le Livre de poche, 2024
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- DES FEMMES ET DES DIEUX
Kahina BAHLOUL
Floriane CHINSKY
Emmanuelle SEYBOLT
Ed. Les Arènes, 2021
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- JACARANDA
Gaël FAYE
Prix Renaudot 2024
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- Ce lieu que nous ne connaissons pas
A la recherche du Royaume
Marie BALMARY
Ed. Albin Michel, 2024
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- LES YEUX DE MONA
Thomas SCHLESSER
Ed. Albin Michel 2024
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PAR LA FORCE DES ARBRES
Edouard CORTES
Editions des Equateurs, 2020
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LES ABEILLES GRISES
Andreï KOURKOV
Ed. Liana Kevi, 2022=======================================
- Comment çà va pas ?
Conversation après le 7 octobre
Delphine HORVILLEUR
Ed. Grasset 2024
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- SON ODEUR APRES LA PLUIE
Cédric SAPIN-DEFOUR
Ed. Stock 2023=================================
- EN TENUE D'EVE
Féminin, pudeur et judaïsme
Delphine HORVILLEUR
Editions Grasset 2017 - Coll. Points Essais
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- LE ROITELET
Jean-François BEAUCHEMIN
Ed. Gallimard – Folio 2023
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- SAGESSE CACHEE DES MONASTERES
10 rencontres au parfum d'éternité
Samuel PRUVOT, Marie de VARAX
Photographies de Guillaume RIVIERE
Ed. Mame – Coll. Spiritualité 2023--------------------------------------------------------------------
« De toutes les nations... »
Pour la catholicité des Eglises
GROUPE DES DOMBES
Ed. Cerf Patrimoines, 2023=======================================
- Un carême dans l'espérance
40 jours pour se préparer à la joie de la résurrection
DON MONTFORT DE LASSUS SAINT-GENIES
Ed. Mame 2024
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- LES AMIS DES MONASTERES Revue
n° 217 - janvier février mars 2024
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- LE VENT LEGER
Jean-François BEAUCHEMIN
Editions Québec Amérique, 2023
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- EN VERITE ALICE
Tiffany TAVERNIER
Ed. Sabine Wespieser 2024Roman
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- MATTHIEU, la parole pleine à craquer
DAVID-MARC D'HAMONVILLE
Ed. du Cerf, 2023
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- CROIX de CENDRE
Antoine SENANQUE
Ed. Grasset, 2023
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LIVRES RECENSES en 2023
recension rubrique 01
- Bestiaire du Moyen-Âge
Michel PASTOUREAU
- Car rien n'est jamais achevé
Robert SCHOLTUS
- Corps et âme
NIcolas ZELLER
- Deux innocents
Alice FERNEY
- Dieu après la peur
Martin STEFFELS
- Eloge spirituel de l'imperfection
Alexia VIDOT
- En sa présence
Jacques GAUTHIER
- La bibliothécaire d'Auschwitz
Antonio G. ITURBE
- La nuit du coeur
Christian BOBIN
- La traversée des lumières
Eric DE KERMEL
- Le défi de Jérusalem
Eric-Emmanuel SCHMITT
- Le Monde de la Bible
n °244 /2023
- Le monde en stop
Ludovic HUBLER
- Les sept sacrements
Pape FRANCOIS
- Les identités meurtrières
Amin MAALOUF
- Les plus belles bibliothèques du monde
- Les plus belles églises d'Europe
- Les sacrements
Christian SALENSON
- Mes désirs futiles
Bernardo ZANNONI
- Paul de Tarse
Daniel MARGUERAT
- Présence de Saint Bernard
n° 122 /2023
- Quel est l'homme qui veut voir des jours heureux
P. Denis HUERRE
- Rencontrer Jésus aujourd'hui
Emmanuel GOUGAUD
- Saint François d'Assise
Luc ADRIAN
- Saint François de Sales
Michel TOURNADE
- Toute une vie pour eux
Docteur FRON
- Un puma dans le coeur
Stéphanie DUPAYS
- Un si grand désir de silence
Anne LE MAÎTRE
- Un temps pour se taire
Patrick LEIGH FERMOR
- Une longue route pour m'unir au chant français
François CHENG
- Une vie avec Alexandra David-Neel
Fred CAMPOY - Mathieu BLANCHOT
- Vie de Saint Bernard, abbé de Clairvaux (Vita prima)
Guillaume de SAINT-THIERRY - Arnaud de BONNEVAL
Geoffroy d'AUXERRE
- Vie et destin de Jésus de Nazareth
Daniel MARGUERAT
et bien d'autres livres recensés entre 2014 et 2022
( rubrique 01 - 02)
Mise à jour : Jeudi 14 Novembre 2024, 11:57
Denyse
- rubrique 000 - SOMMAIRE livres recensés 2023-2024
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Vendredi 20 Mai 2022
Saint BERNARD - Face à la mort
A l'école de SAINT BERNARD - FACE à la MORT
Saint Bernard © D.G
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- St Bernard de Clairvaux - Sermon 26 sur le Cantique des cantiques.
- En cf. à un article de Sr Elise-Mariette Langelier, moniale cistercienne à l'abbaye d'Echourgnac
Revue de spiritualité monastique « Collectanea Cisterciensia », 2021- 4
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Quand nous pensons à la mort (si nous l'envisageons), nos sentiments sont très mêlés. Mort d'un proche ou notre propre mort. Certains l'ignorent, d'autres en ont peur, d'autres encore de spiritualité chrétienne qui croient en la vie éternelle et à la résurrection tentent de l'appréhender de façon plus paisible et même comme un bonheur attendu. Que faut-il en penser ? Que transmettre à une assemblée rassemblée pour des funérailles ?
A partir du vécu de saint Bernard (1090-1153) et de ses réflexions sur la mort (sermon 26 sur le Cantique des cantiques), nous allons essayer de baliser ce chemin, ce passage et cette espérance.
Ce sermon est en effet un réel partage d'une expérience intime et douloureuse mais aussi celui d'une pensée construite et qui se veut exemplaire.
Bernard est abbé de la célèbre abbaye de Clairvaux dans l'Aube. Parmi les nombreux moines qui y vivent, se trouve Gérard, frère de Bernard. Or, Gérard meurt à Clairvaux en 1139 et terriblement touché par la perte de son frère, Bernard va écrire un sermon inoubliable qui traduit, d'une façon qui pourrait sembler paradoxale, sa douleur et sa joie.
On peut imaginer qu'à cette époque médiévale, la mort d'un proche était ressentie comme de nos jours, sinon que la foi de l'époque et l'admiration pour les saints soutenaient peut-être davantage les personnes éprouvées.
Pour Bernard, le temps de la vie sur terre est un temps d'exil, de presque ténèbres car l'homme est loin de Dieu qu'il ne peut voir face à face et il le cherche avec peine. « Que mon exil est long ! » dit Bernard. Notre temps sur terre est un rude labeur et la vision que nous pouvons avoir de Dieu reste voilée. La mort va être une délivrance, en particulier d'un « corps fragile et pesant ».
Bernard , nourri de l'Ancien Testament, compare le corps à une tente de nomade qui protège l'âme mais l'empêche aussi de voir la lumière. Habitation et abri précaires mais qui évoquent aussi le tabernacle, « tente admirable dressée pour Dieu » (Sermon sur Job 5).
Bernard, dont la santé est particulièrement fragile, en mesure toute la précarité et cela l'aide peut-être à envisager la mort comme un soulagement. Mais pour lui, ce qu'il ressent en son corps, traduit une autre réalité. Il apprend par sa maladie et par la mort de son frère, à mettre sa douleur à distance et à se tourner vers la lumière de Dieu. Gérard en fait ne le quitte pas mais le précède.
« Dieu veuille que je ne t'aie pas perdu, mais plutôt envoyé devant moi ! »
Les Béatitudes souvent choisies comme lecture par les familles en deuil traduisent cette joie et cette espérance au cœur de la peine. IL y a, il me semble, u ne sorte de choix instinctif vers une consolation même chez des personnes disant leur incroyance ou du moins leurs doutes. Nos morts seraient-ils nos éclaireurs ?
La mort, selon Bernard, nous fait enfin quitter l'exil et revenir dans notre patrie d'origine comme on revient, ému, dans le lieu de son enfance, de sa naissance. Bernard nous encourage, et s'encourage lui-même dans l'adversité, à une mort joyeuse. « Je veux voir Dieu » intitulait un de ses livres le père carme Marie-Eugène. Voir Dieu est le but ultime des religieux et, normalement, du chrétien.
Bernard dans un premier temps se désole de la perte de son frère bien-aimé : perte dans son affection mais aussi dans sa collaboration au sein du monastère. Il témoigne de sa douleur qu'il ne nie pas et « qui lui dévore les entrailles ». « Tu m'as abandonné ! »
Quelle est donc notre peine ? Celle pour ce défunt qui part vers un autre monde encore insaisissable, ou la nôtre face à l'abandon, le manque soudain qu'il va falloir reconvertir en une autre présence ?
Bernard pleure. Jésus lui aussi a pleuré à la mort de son ami Lazare. Et cela rassure Bernard. Les larmes sont un bien d'ailleurs valorisé par les Pères de l'Eglise, signes d'amour, d'affection, de compassion. Mais elles ne sont en rien en opposition avec la joie espérée au-delà de la mort.
Le dilemme de Bernard abbé, donc guide de ses frères, est de ne pas trop manifester sa peine qui pourrait passer pour de la faiblesse.
On connaît l'expression dans nos familles : « Un garçon, çà ne pleure pas ». Et on peut remarquer aussi que lors de funérailles, les larmes viennent davantage aux yeux des plus jeunes et beaucoup moins à ceux des adultes.
De même, un moine de par sa foi, se doit d'être serein. D'ailleurs à l'enterrement de son frère, Bernard ne pleurera pas... alors que les autres pleurent. Il s'est « toujours imposé de ne pas donner libre cours au flot des larmes, malgré la violence de [son] trouble et de [son] chagrin ».
Bernard, grand saint s'il en est, reconnaît que sa souffrance est bien là, malgré son espérance. Il la justifie et ne veut pas qu'on la lui reproche. Mais il évoque aussi une certaine « mesure », qualité encouragée à tous niveaux, par saint Benoît. On doit rester maître de sa peine afin de la dépasser pour un plus grand bien. Les cisterciens aiment ce qui est ordonné, maîtrisé.
J'ai souvent été frappée voir dérangée, notamment lors de cérémonies religieuses, de l'impassibilité monastique comme si les moines étaient déjà dans un autre monde. Cela rejoint sans doute l'idée de clôture, même si aujourd'hui, elle est devenue très relative. Mais j'aime aussi voir les larmes des familles en deuil qui témoignent d'un amour, d'une affection.
Il est clair que Bernard souffre de la séparation mais il s'en veut aussi de ne pas être tout à la joie de savoir que Gérard est entré dans la joie et la paix. Il va même plus loin : il envie le sort de son frère et trouve Gérard désormais bien plus vivant que lui ! « C'est sur moi que je pleure … me voici seul à rester. »
Pourquoi ne pas le dire ? « Que serai-je sans toi ? » chante Jean Ferrat. Le couple amputé d'un conjoint connaît effectivement une sorte de mort qui peut même être parfois fatale à l'autre.
Toujours selon saint Bernard, mais c'est aussi la foi de l'Eglise, à la mort, l'âme se sépare du corps mais va renaître (ressusciter) en présence de Dieu en attendant la résurrection des corps. On comprend mieux le lien à faire avec la mort et la résurrection de Jésus.
Dans ce sermon 26, Bernard souligne donc cet enjeu : défiance ou confiance ? Les pleurs sont-ils absence de foi, signe de doute voire d'incroyance ? Le peuple d'Israël lui aussi a murmuré dans le désert face à la famine, la chaleur et l'apparente absence de Dieu...
J'ai souvent entendu aussi cette plainte : « Comment Dieu peut-il permettre une chose pareille ? » (décès d'un enfant par exemple)
Ce sermon magnifique de saint Bernard , écrit dans la douleur de la perte de son frère, peut nous réconcilier avec une souffrance et des larmes bien légitimes. Mais il nous invite à nous tourner aussi vers le désir de voir Dieu et de vivre en Lui pour celui qui nous quitte et aussi pour nous-même dans un avenir plus ou moins proche. L'expérience du deuil est une expérience d'amour.
DG
02.2022
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Mercredi 12 Août 2020
Prier 15 jours avec les Pères du désert
Marie-Anne VANNIER
Ed. Nouvelle Cité, 2020
124 p.
Marie-Anne VANNIER, spécialiste des Pères de l'Eglise, est professeur à l'Université de Lorraine et a une double formation en philosophie et en théologie.
Les Pères du désert vivaient retirés dans le désert aux premières années du christianisme (4°-7°s.). Les plus connus sont ceux des déserts d'Egypte, mais d'autres vivaient en Palestine dans le désert du Sinaï comme Jean Climaque, d'autres en Syrie ou en Cappadoce. Certains étaient seuls, d'autres se regroupaient en communautés plus ou moins nombreuses.
« Ils se caractérisent par le même idéal de prière, de cœur à cœur avec Dieu dans la solitude. »(p.11)
Le désert est un lieu particulier, lieu de l'expérience religieuse dans toutes les grandes religions, mettant aussi l'homme face à lui-même. Le combat spirituel peut être rude et transformant ; on y acquiert humilité et discernement en se conformant au Christ.
La célébrité des Pères et leur actualité tiennent en particulier aux apophtegmes qui, à partir de quelques mots , souvent pleins d'humour, donnent à penser et sont riches d'enseignement. (p.17)
1 – Partir au désert.
Le désert est le lieu par excellence de la prière, parce que c'est le lieu dans lequel le Christ a prié. Lieu où il a accompli ses plus grands miracles, lieu où il est transfiguré.
Moïse, Elie, Elisée, Jean-Baptiste ont vu Dieu se manifester dans le désert.
Mais il y a aussi le désert intérieur, lieu privilégié du cœur à cœur avec Dieu, et les cisterciens, en particulier Guerric d'Igny ont mis l'accent sur la grâce du désert, mais aussi sur le lieu du cœur.
Avant-goût du Royaume, de la Jérusalem céleste, qui est de l'ordre du déjà-là et du pas encore.
2 – Le combat spirituel.
« J'ai vu tous les filets du diable déployés sur la terre, et j'ai dit en gémissant : Qui donc les franchira ? Et j'ai entendu une voix dire : L'humilité » (Antoine, apophtegme II)
Les Pères du désert font peu allusion au diable par contre La Vie d'Antoine donne une grande place à ce combat spirituel de l'ascète contre le diable. Le désert peut être présenté comme une sorte de paradis, mais n'en demeure pas moins le lieu de l'épreuve, comme on le voit pour les tentations du Christ .
Il y a bien un ennemi extérieur, le diable, qui essaye de s'opposer à notre marche vers Dieu, mais il y a aussi un ennemi intérieur à nous-même qui nous empêche d'atteindre la pureté du cœur.
L'apport des Pères du désert a quelque chose à voir avec notre psychanalyse actuelle dans la connaissance de soi, en vue d'aimer véritablement Dieu et les autres.
C'est le rôle de la science pratique que Jean Cassien présente dans le Traité pratique des Institutions cénobitiques (livres V à XII) pour les moines de Lérins en vue de les aider à cette science pratique.
Il étudie successivement huit vices : la gourmandise, la fornication, l'avarice, la colère, la tristesse, l'acédie, la vaine gloire et l'orgueil. Vices dont le combat a pour but de les remplacer par la vertu inverse.
Mais le vice le plus dangereux est l'orgueil qui nous pousse à nous mettre à la place de Dieu. Seule l'humilité, par la grâce de Dieu, peut vaincre ce vice. La Règle de saint Benoît place aussi l'humilité au sommet des vertus.
A nous de choisir, mais l'usage de notre liberté est difficile.
Comme saint Augustin l'explique dans les Confessions, c'est un travail progressif, constamment à reprendre en dialogue avec Dieu, et si possible en relation avec un Ancien expérimenté qui peut être d'une aide précieuse.
3 – La paternité spirituelle
Comme pour le dialogue de Jésus avec son Père, c'est le terme « abba » qui est employé pour rendre compte de la profondeur de la relation, de la filiation, en quelque sorte, qui existe entre le père spirituel et son disciple.
L'abba est souvent représenté sous la forme d'un vieillard, mais c'est plus par signe de maturité que par un âge avancé. Ils sont avant tout des exemples vivants par leur vie qui témoigne de leur foi.
Par la prière et inspirés par l'Esprit-Saint, ils discernent le projet de Dieu sur leurs disciples et les aident à progresser.
Bien évidemment, pour que l'action des Pères du désert soit efficace, l'obéissance, la pureté du cœur et l'abandon à la volonté de Dieu sont nécessaires de la part du disciple. La relation est fondamentalement bilatérale.
« Va avec foi chez ton père spirituel et tu recevras le paradis. » (Starets Silouane)
4 – Toujours veiller
Le père spirituel aide son disciple à toujours veiller, à être attentif à la présence constante de Dieu. Apprentissage difficile qui demande du temps et de la patience.
Dans la récitation et la rumination des psaumes, les Pères du désert trouvent un chemin de dialogue continuel avec Dieu. La prière des psaumes exprime tous les sentiments humains et est un dialogue entre Dieu et l'homme.
La garde des sens est aussi la dimension pratique de la vigilance. Elle supprime tout bavardage inutile, car « si notre intérieur n'est pas vigilant, il n'est pas possible de garder même l'homme extérieur. »
5 - Prier sans cesse
Qu'est-ce que prier sans cesse ?
« Nous ne prions pas seulement lorsque nous sommes debout pour la prière, mais la vraie prière, c'est lorsque tu peux prier sans cesse en toi-même. » (Apoph.20)
C'est le Christ lui-même qui nous appelle à prier sans cesse (Luc 18,1).
« Le terme « prière du coeur » fait comprendre à quel point la prière est un éveil du cœur, ce lieu le plus profond de l'être humain où Dieu habite. Par la prière sans cesse renouvelée, notre cœur est peu à peu pacifié par l'Esprit-Saint qui nous est donné et qui nous rend présents à Dieu, quels que soient le moment et le lieu où on se trouve. C'est une aventure. » (p.44)
Afin de se tenir toujours dans la pensée de Dieu, on peut dire : « Dieu, viens à mon aide ! »
C'est une attitude de confiance et d'humilité où on reconnaît qu'on ne peut rien sans l'aide de Dieu.
« Dieu, viens à mon aide, Seigneur à notre secours. » Ainsi s'ouvre la prière des moines à chaque office. « Cri du cœur de celui qui a été sauvé par le Christ, qui l'appelle,l'écoute, l'attend, le célèbre, le confesse, et cette prière envahit toute l'existence. Elle est fondamentalement relation, communion, voire identification avec le Christ. » (p.46-47)
Il n'y a aucune dissociation entre prière et action, l'une renvoyant à l'autre. C'est une attitude globale, un choix existentiel en vue de se mettre constamment en présence de Dieu.
6 – Le Notre Père
La place qu'occupe dans nos vies la prière continuelle est décisive. Mais abba Isaac n'exclut pas pour autant les autres formes de prière.
-
la demande de pardon : c'est le passé
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la promesse : vers l'avenir
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la demande pour les autres : c'est l'ardeur de la charité
-
l'action de grâce
Mais la prière par excellence est celle du Notre Père que le Christ a enseigné à ses apôtres qui lui demandaient comment prier.
Nous avons à en redécouvrir la profondeur et la richesse.
Saint Augustin, dans son commentaire du Notre Père pose cette question : « Qu'y a-t-il de plus cher pour des enfants qu'un père ? »
7 – La prière de feu
Avec la prière de feu, qui est un état exceptionnel, abba Isaac envisage non seulement un sommet, mais aussi un tournant dans la prière. (p.56)
« Leur cœur s'enflamme, et il est ravi dans cette prière de feu que le langage humain ne saurait exprimer. » (abba Isaac)
Cette expérience que peu connaissent « est comme un flot montant de toutes les affections saintes à la fois : source surabondante ; d'où sa prière jaillit à plein bord et s'élance d'une manière ineffable jusqu'à Dieu. » (Jean Cassien, Conférence IX).
C'est une expérience si forte, telle que l'ont vécue saint Jean de la Croix ou sainte Thérèse d'Avila, une pure réception du don de Dieu, un pur dialogue avec Lui, que tout le reste a peu d'importance.
« C'est une illumination soudaine et venue du Seigneur, et d'amples vues me sont ouvertes sur les secrets les plus augustes, qui m'avaient été jusqu'alors entièrement cachés. » (abba Isaac)
8 – Devenir une parole vivante
La prière de feu en dépit de son caractère décisif, est pourtant transitoire.
Au quotidien, les Pères du désert « ruminent » la Parole de Dieu, non seulement dans la prière continuelle, mais aussi dans ce qui deviendra la lectio divina.
A leur époque, il était fréquent que les Ecritures soient connues par cœur, faute de livres à disposition de tous, faute de savoir lire parfois. Mais cette mémorisation permettait de mieux en comprendre petit à petit la signification et aussi de faire le lien entre Ancienne et Nouvelle Alliance.
C'est aussi en mettant en pratique la Parole de Dieu, en la vivant qu'elle devient pertinente.
La Constitution Dei Verbum de Vatican II invite à une méditation jour après jour de la Parole de Dieu, à la laisser pénétrer en nous et à devenir ainsi parole vivante dans notre monde. (p.66)
9 – Le discernement, boussole de la vie spirituelle
Abba Antoine dit : « Il y a des gens qui ont broyé leur corps dans l'ascèse, mais pour avoir manqué de discernement, ils se sont éloignés de Dieu. »
Le discernement est la vertu la plus capable de nous conduire à Dieu. Ignace de Loyola en fait le pivot de la vie spirituelle.
Le discernement est un don de l'Esprit-Saint mais il suppose aussi de l'expérience. C'est une sorte de boussole, de gouvernail qu'il faut apprendre à gérer avec si possible l'aide d'un père spirituel.
Le pape François dans le récent Synode des jeunes, a donné une grande importance au discernement.
10 - Comment acquérir le discernement
Le discernement suppose une attitude d'accueil qui n'est autre que l'humilité. Il faut prendre en compte ses limites et reconnaître le don de Dieu. Ce chemin où concourent la liberté et la grâce est sans cesse à reprendre.
Il n'y a pas de recettes pour mettre en œuvre le discernement, mais cela implique une vigilance constante : évaluer les pensées pour voir si elles viennent ou non de Dieu, prendre de la distance pour en donner une bonne interprétation, substituer une pensée qui vient de Dieu à une autre qui ne vient pas de Lui.
C'est un chemin ouvert et plein d'espérance.
11 – L'humilité
« Le vrai discernement ne s'acquiert qu'au prix d'une vraie humilité. » (Jean Cassien)
Le mot « humilité », vient du latin « humus » : le sol.
Les Pères du désert, qui étaient tout entiers ancrés en Dieu, en ont fait la charte de leur vie.
Jean Climaque, maître Eckhart, saint Benoît dans sa Règle rappellent tous que l'humilité est la vertu par excellence. Elle amène à un abandon progressif de ce qui est secondaire pour s'attacher à Dieu seul et vivre de son amour.
« La première humilité consiste à tenir son frère pour plus intelligent que soi et supérieur en tout. La seconde espèce d'humilité, c'est d'attribuer à Dieu les bonnes œuvres. Telle est l'humilité des saints. » (Dorothée de Gaza)
12 – La charité
Jean Climaque (Echelle Sainte 25,37) fait comprendre que la charité, qui est le don même de Dieu, pour être active, suppose que chacun soit à sa juste place, en vivant l'humilité.
Saint Benoit, dans sa Règle (53,1) rappelle que « tous les hôtes seront reçus comme le Christ. » C'est là une ouverture du cœur à la rencontre en profondeur de l'autre, et par là, de Dieu.
La sagesse des Pères du désert s'articule autour de la complémentarité entre l'amour de Dieu et l'amour des frères.
13 – L'hospitalité et l'amitié
S'ils ont été des solitaires, les Pères du désert n'en ont pas moins eu des disciples auxquels ils transmettaient le meilleur de leur vie spirituelle. Pratiquant l'hospitalité et l'amitié, ils ont eu des amis dont l'affection partagée trouvait son origine en Dieu et les rendait frères.
Fragment copte sur la vie du Christ (p.96)
Mes frères, vous qui participez à la bienheureuse vocation (voir Hébreux 3,1)
à laquelle nous avons été appelés
pour devenir fils de Dieu et frères de Notre Seigneur Jésus-Christ,
il nous faut remercier en tout temps Celui qui nous a appelés
et rendus dignes de cette vocation .
Il ne nous suffit pas seulement de plaire au Seigneur comme serviteurs,
mais encore d'être des frères dignes de Celui qui nous a conféré la fraternité,
et des fils dignes de Celui qui nous a reçus au rang de fils.
Servons-le donc volontiers et aimons-le.
14 – Des êtres charismatiques
Antoine, figure emblématique des êtres charismatiques, était appelé le « médecin de toute l'Egypte », en raison de son don de clairvoyance qui lui permettait de déjouer les pièges des esprits mauvais et d'en guérir ceux qui venaient à lui, avec beaucoup de miséricorde et de manière paternelle.
En laissant l'Esprit parler en eux, habités par son souffle, les Pères du désert deviennent ainsi des êtres de lumière, de feu, comme on en voit sur les icônes.
L'être humain est appelé à devenir par grâce ce que Dieu est par nature. (Macaire)
15 – La pureté du cœur et l'actualisation des béatitudes
« Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu ».
Cette béatitude, solidaire des sept autres, résume le but (la pureté du cœur) et la fin (la vie éternelle) de la vie des Pères du désert.
Viser la pureté du cœur est un travail de déblaiement pour laisser dans notre cœur toute la place à Dieu.
St Augustin précise que la charité est un chemin pour voir Dieu et que Dieu ne se voit pas dans un lieu, mais dans un cœur pur.
Accueillir la vie de l'Esprit, dialoguer en profondeur avec Dieu et avec les autres est un idéal à vivre et à recevoir constamment avec humilité.
« Dieu donnera l'Esprit-Saint à ceux qui l'en prient » (Luc 11,13).
C'est dire l'importance de la prière dans la vie chrétienne. Elle renouvelle et fait grandir celui qui prie et rejaillit également sur les autres pour les éclairer. Il n'est pas indispensable de se retirer au désert comme les Pères. Nous avons à cultiver et à habiter notre désert intérieur, lieu du cœur et de la Rencontre.
@ DG - photos personnelles ne figurant pas dans le livre
Mise à jour : Dimanche 1 Janvier 2023, 12:40
Denyse
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