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Dimanche 09 Février 2025

Saint Bernard : Le Sermon des douze étoiles


          Saint BERNARD - LE  SERMON  DES  DOUZE  ETOILES
                           Ecrits sur la Vierge Marie


« Un grand prodige parut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, ayant à ses pieds la lune et sur sa tête une couronne de douze étoiles. » (Apocalypse)

Dans une fidélité absolue à la pensée de saint Bernard,  autant que possible le texte d’origine est respecté mais de temps à autre simplifié pour une lecture plus accessible. La richesse des sermons de saint Bernard mérite un accès qui ne soit pas réservé aux initiés.
Rien n’empêche qu’après cette première lecture d’initiation, on retourne au texte original.


                    
                 
1.Eve et Marie
Un homme et une femme, Adam et Eve, par leur désobéissance à Dieu, nous ont porté un grand préjudice. Mais, Dieu merci !,  un homme et une femme, Jésus et Marie ont tout réparé.
Par un don de Dieu inestimable, par sa grâce, et cela sans commune mesure entre la faute des origines et le bien qui est fait.
Considérant la faute, Dieu créateur aurait pu tout détruire. Non, au contraire, améliorant même l’Adam original, Dieu donne vie, par Marie,  à Jésus, nouvel Adam.
Sans doute, le Christ pouvait suffire, et de fait actuellement, tout ce qui suffit à notre salut vient de lui, mais pour nous, il n’était pas bon que l’homme fut seul. Les deux sexes étaient responsables de notre perte et justement il convenait qu’un homme et une femme nous relèvent.
Sans doute, il n’y a pas plus fort et plus puissant médiateur entre Dieu et nous que le Christ, vrai homme.  
Mais en lui, les hommes pouvaient redouter sa majesté et ne plus percevoir son humanité absorbée par tant de divinité sans qu’il ait pour autant changé de nature. Nous chantons tout autant son amour et sa puissance. Dieu est un feu dévorant (Dt 4,24 ; He 12,29). Comme la cire s’écoule au contact de la flamme (Ps 67,1), l’homme ne craint-il pas d’approcher Dieu par risque de mourir ?

2. Médiatrice auprès du médiateur

                   

Cependant, il est évident que Marie, bénie entre toutes les femmes, ne restera pas sans rien faire. Sa place est toute trouvée dans la réconciliation qui nous occupe. Puisque nous craignons d’approcher le Christ qui nous est donné, personne n’est mieux placé que Marie pour être notre médiatrice. Eve fut l’intermédiaire du serpent pour tenter Adam. Séductrice, elle le conduisit à la désobéissance. Marie elle, en donnant la vie à Jésus, fut l’instrument du pardon et apporta la délivrance.

Nous n’avons rien à craindre de Marie tant elle est simple et douce. Relis attentivement les Evangiles où tu rencontres Marie, et si tu y trouves la moindre trace de dureté, alors oui, méfie-toi. Mais au contraire, et cela est certain, tu ne trouveras en ce qui la concerne, que charme, tendresse et douceur. Alors dis merci à Dieu qui te l’a donnée comme médiatrice. Avec elle, tu es en confiance. A tous, sages comme insensés, elle ouvre largement les bras : le prisonnier est racheté, le malade est guéri, le coupable est pardonné et le juste reconnu. Même la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, trouve en elle la chaleur maternelle. Rien n’échappe à son ardeur (Ps18,7). 


3 - La femme revêtue de soleil

          

Le texte de l’Apocalypse évoque une « femme revêtue de soleil ». Ne crois-tu pas que Marie est cette femme ? Certainement, la vision du prophète vise l’Eglise du temps présent, mais elle me paraît convenir aussi tout à fait à Marie. Comme le soleil se lève indifféremment sur les bons et sur les méchants ainsi Marie ne se préoccupe pas de nos mérites passés mais se montre clémente à l’égard de tous, à tous extrêmement accueillante ; elle prend en pitié enfin les besoins de tous dans une tendresse sans bornes.

Aucune de nos imperfections, de nos fragilités ne peut l’atteindre ; elle nous dépasse tous en perfection, ce qui permet de dire en toute vérité que la lune est sous ses pieds. On ne peut d’ailleurs le mettre en doute puisque Marie est montée au cieux, corps et âme, au-dessus même des anges.

                           

Habituellement la lune, du fait de ses variations désigne une déficience, une altération ou encore la sottise et même quelquefois l’Eglise du temps présent en raison de son éclat parfois fluctuant. « L’insensé change comme la lune, tandis que le sage reste stable comme le soleil. » (Sir 27,12). La clarté de la lune est en effet changeante et incertaine alors que dans le soleil, l’ardeur et la clarté sont constantes.
On a donc raison de représenter Marie enveloppée de soleil. Elle a pénétré dans les profondeurs de la sagesse divine , en est illuminée et même comme immergée . Ce feu qui purifie les lèvres des prophètes a plus qu’effleuré Marie. Il l’a recouverte de toute part. Elle est enveloppée de ce feu splendide qui ne laisse en elle aucune ténèbre, aucune pénombre. Tout en elle est chaleur et ardeur divines.

4 - L’hérésie contre Marie

Toute déraison est si loin sous les pieds de Marie, qu’elle n’est absolument pas à mettre au nombre des femmes insensées. Bien plus, Satan, prince de toute folie qui, semblable à la lune qui décroît, perdit la sagesse du temps de sa splendeur, le voici maintenant sous les pieds de Marie, foulé, broyé et réduit à une lamentable servitude.

                 serpent enluminé

Oui, Marie est bien cette femme jadis promise par Dieu qui devait écraser la tête du serpent qui, malgré mille ruses, ne parvenait pas à l’atteindre. Seule, en effet, elle a écrasé dans sa totalité la malice des hérésies.

Certains niaient qu’elle fut vraiment, dans sa chair, la mère du Christ. D’autres évoquaient un enfant trouvé. D’autres mettaient en doute sa virginité, du moins après la naissance de l’enfant.

D’autres ne voulaient pas entendre parler du nom de Mère de Dieu (Théotokos). Tous ces dresseurs d’embûches, ces trompeurs, ces détracteurs sont écrasés, tandis que tous les peuples proclament Marie bienheureuse. En une ultime manœuvre, le roi Hérode, tel un dragon, et du fait de sa jalousie, chercha à tendre un piège à Marie pour se saisir de son enfant afin de le tuer.

5 - Marie entre le Christ et l’Eglise

                     
                      Abbaye de Cîteaux

Telle la lune, l’Eglise ne tire pas sa splendeur d’elle-même mais la reçoit de Celui qui a dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Campée en pleine lumière, Marie est notre médiatrice, « femme revêtue de soleil, avec la lune sous les pieds. » (Ap 12,1).

Attachons-nous aux traces de Marie, mes frères, et jetons-nous à ses pieds en priant ; tenons-là et ne la laissons-pas s’éloigner tant qu’elle ne nous ait bénis ; elle le peut si bien !

Comme Gédéon voulant mettre Dieu à l’épreuve avec une toison de laine posée au sol seule touchée par la rosée alors que le sol reste sec (Livre des Juges 6, 36…), la femme placée entre le soleil et la lune, c’est Marie établie entre le Christ et l’Eglise.
Le miracle de la toison couverte de rosée t’étonnera peut-être moins qu’une femme revêtue de soleil. Grande est l’affinité de cette femme et du soleil mais comment Marie, si frêle, peut-elle résister à un tel feu ?

C’est étonnant bien sûr et tu voudrais comprendre. Cependant, tel Moïse, enlève d’abord les sandales de tes pieds et dépose tes vues trop humaines qui te voilent la réalité divine .

« Je vais voir cet étrange spectacle…, dit Moïse en se voilant la face car il craignait de fixer son regard sur Dieu,… et pourquoi le buisson ne se consume pas. » (Ex 3,3-5). Merveilleuse vision, assurément, qu’un buisson qui brûle sans se consumer ; merveilleux prodige qu’une femme revêtue de soleil, reste intacte ! Cela ne relève évidemment pas de la nature humaine ni des anges. Il faut chercher plus haut encore.

                         
 

« L’Esprit-Saint viendra sur toi , dit l’ange visitant Marie (Lc 1,35),  la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre. Dès lors, rien d’étonnant que sous un tel ombrage, une femme puisse supporter un tel vêtement.

6 - Revêtant le soleil, revêtue par lui.

« Une femme revêtue de soleil », dit le texte, pleinement revêtue de lumière comme d'un manteau. Il ne comprend pas, sans doute, l'homme charnel puisque cela est spirituel et lui semble folie. Mais saint Paul ne disait-il pas aussi : « Revêtez-vous du Seigneur, le Christ Jésus » (Romains 13,14). Comme te voici devenue l'amie du Seigneur, ô Dame ! Combien proche, que dis-je, combien intime à cause de tes mérites ; quelle grâce tu as trouvé auprès de Lui ! En toi il demeure, et toi en lui. Tu le revêts de ta chair, et lui, il te revêt de la gloire de sa majesté ; tu revêts le soleil d'une nuée, et toi-même tu es revêtue par le soleil.
                  
                                 
                                  Tapisserie Jean Lurçat

Le prophète Jérémie annonçait du nouveau sur la terre : « Une femme entoure un homme » (Jr 31,22) et Zacharie :  « Voici un homme, son nom est Orient » (Zach 6,12) et cet homme n'est autre que le Christ ! Il vient de faire pareillement du nouveau dans le ciel : une femme paraît, revêtue de soleil. Cette femme a posé une couronne au front du Seigneur, et en retour, elle a mérité d'être couronnée par lui. Contemplez-les !

7 - La couronne de douze étoiles
                       
                      
                        rue du Bac - Paris

Elle avait sur la tête une couronne de douze étoiles, dit l'Apocalypse (Ap 12,1). Il est vraiment digne d'être couronné d'étoiles ce front tellement plus étincelant qu'elles et qui augmente même leur éclat. Pourquoi les étoiles ne seraient-elles pas la couronne de celle que le soleil a vêtue ? Comme aux jours de printemps, les roses en fleur et les lis des vallées se pressaient autour d'elle, raconte le Cantique des cantiques (Cc 3,11). C'est que, en effet, la main gauche de l'époux soutient sa tête et déjà sa droite l'enlace (Cc2,6). Nous, cependant, avec nos tout petits moyens, nous pouvons reconnaître dans ces douze étoiles, les douze privilèges de grâce qui font à Marie une parure unique.

Privilèges du ciel, du corps et du cœur. Ceci multiplié par quatre nous donne les douze étoiles qui brillent au diadème de notre reine.

Eclat particulier rayonnant de la naissance de Marie, de la salutation de l'ange, de la venue sur elle de l'Esprit-Saint, de l'ineffable conception du Fils de Dieu.
Resplendissent aussi d'une beauté éclatante : son premier rang parmi les vierges, sa fécondité, sa maternité, son enfantement. Mais aussi la délicatesse de sa modestie, l'humilité de son dévouement, la magnanimité de sa foi, le martyre de son cœur.
 

8 – Naissance de Marie et salut de l'ange

                         

Que voyons-nous scintiller comme une étoile dans la naissance de Marie? C'est son appartenance au sang des rois, à la race d'Abraham, à la noble souche de David. Cela te paraît peu de chose, mais il y a déjà la sainteté propre à cette lignée et en plus pour Marie, par don de Dieu, elle fut promise du ciel depuis longtemps, prédite aussi par des oracles prophétiques : le rameau du prêtre Aaron fleurissant alors qu'il était sans racines (Nb 17,8), la toison de Gédéon se couvrant de rosée sur une terre desséchée (Juges 6,37), la porte orientale d'Ezéchiel ne s'ouvrant à personne (Ez 44,1). Et plus encore par Isaïe qui annonçait la tige sortant de Jessé (Is 11,1) et une vierge devant enfanter (Is 7,14).
De fait, ils sont grands les signes donnés, parce qu'est grand aussi Celui qui les a donnés. Quels yeux ne seraient pas éblouis par l'aveuglant éclat d'un tel privilège !

Le respect si profond et l'empressement témoigné par l'archange à saluer Marie, comme si déjà il la voyait assise sur un trône royal et exaltée par delà tous les rangs des légions célestes, se prosternant, ou peu s'en faut, devant une femme, alors que jusque là il avait vu sans sourciller des hommes se prosterner devant lui : voilà qui nous prouve la grâce singulière et le mérite de notre Vierge Marie.

9 - Vierge et mère

              
                Nativité - Grèce

C'est d'une splendeur toute pareille que brille, en sa nouveauté, le mode inouï de cette conception : Marie conçoit seule et par la seule opération sanctifiante de l'Esprit-Saint descendu sur elle. Que Marie ait mis au monde le vrai Dieu, Fils de Dieu, que, de ce fait, celui qui est né d'elle soit à la fois Fils de ieu et fils d'homme, Dieu et homme tout ensemble, c'estlà un abîme de lumière et je n'oserais affirmer que devant l'intensité d'un pareil éclat, même l'oeil d'un ange n'en soit aveuglé.

Comment cela se fera-t-il,
demande Marie à l'ange, puisque je garde la virginité ? (Lc1,34). Marie et sa volonté de rester vierge met en évidence la nouveauté d'une telle résolution, transcendant en toute liberté d'esprit la loi mosaïque.C'est là sans doute la raison de son trouble à la parole de l'ange. Elle s'entendait en effet bénie entre toutes les femmes, alors qu'elle souhaitait recevoir à jamais la bénédiction parmi les vierges.

Fécondité et virginité... Ces deux étoiles paraissent plus lumineuses en se renvoyant leurs rayons. Il est déjà grand d'être vierge, mais être vierge et mère est bien plus grand à tous égards.


               

                   Abbaye de Sept-Fons (Allier)

Marie conçut sans plaisir sensuel, sans la fatigue qui accompagne habituellement la grossesse, elle franchit les montagnes pour rendre visite à Elisabeth puis, la naissance étant imminente, elle monta à Bethléem, portant ce léger fardeau, portant Celui par qui elle était portée. Elle mit au monde son fruit nouveau sans connaître la souffrance des accouchées... Que de privilèges ! Ces merveilles, à condition de les méditer assidûment, font naître en nous, l'admiration certes, mais plus encore la vénération, la dévotion, la consolation.
 

10- Les vertus de la Vierge sont à imiter

 Sans doute, ni promesses divines, ni prédictions célestes si nombreuses et si variées n'ont précédé notre naissance : tout cela ne nous a pas été donné, pas plus que l'hommage respectueux de l'archange Gabriel. Moins encore la Vierge peut-elle nous faire partager les deux privilèges qui sont son secret bien à elle. D'elle seule en effet il est dit : Ce qui en elle a pris vie vient de l'Esprit-Saint (Mt 1,20) ; d'elle seule il a été dit : l'Etre saint qui de toi va naître sera appelé Fils de Dieu (Lc 1,31).

A elle seule revient le droit de premier rang. Pourtant quelque chose nous est demandé : si nous manquons de délicate pudeur, d'humilité de cœur, de foi généreuse, de compassion cordiale, la rareté de ces dons sera-t-elle une excuse pour notre négligence ?

Marie fut réservée, l'Evangile nous en fournit la preuve. Elle se tenait à la porte lorsqu'elle cherchait à parler à son fils et ne se prévalut pas de son autorité maternelle pour interrompre le discours ou pour pénétrer dans la salle où son fils parlait (Mt 12,46). Dans les Evangiles, on entend parler de Marie que dans quatre circonstances : à l'ange tout d'abord (Lc 1,34), à Elisabeth lorsqu'elle la visita et où elle se préoccupa surtout d'exalter le Seigneur ; la troisième fois lorsque, avec Joseph, elle cherchait son fils âgé de douze ans (Lc2,48) et aux noces de Cana où le vin manquait (Jn2,3). A ce moment, elle fut réprimandée par son fils, mais douce et humble de cœur, elle ne lui répondit, pas plus qu'elle ne perdit confiance, avertissant les serviteurs de faire ce que Jésus dirait.

                                   
                     Les noces de Cana - Abbaye d'Oriocourt

 11 – Recherche et culte du silence

 Ne lisons-nous pas, selon les évangélistes, que les bergers vinrent aux premières heures et trouvèrent d'abord Marie et Joseph puis l'enfant déposé dans la crèche ? De même, les mages ne trouvèrent pas l'enfant sans Marie ; sa mère. Et quand, au jour de sa purification, Marie présenta, dans le temple du Seigneur le Seigneur du temple, elle entendit Siméon lui dire bien des choses, tant sur son fils que sur elle-même. Or, nous la voyons lente à parler et avide à écouter. En effet, Marie conservait tous ces souvenirs et les repassait dans son cœur (Lc 2,19). Mais dans aucune de ces circonstances, on ne trouve le moindre mot touchant au mystère de l'Incarnation du Seigneur.

          

                   Abbaye de Pontigny


Et puis, que de fois Marie entendit-elle son fils parler aux foules en paraboles, mais encore dans l'intimité, révéler à ses disciples les mystères du royaume de Dieu ; elle le vit opérer des miracles, elle le vit ensuite suspendu à la croix, elle le vit expirer, elle le vit ressusciter et monter au ciel. Or, à tous ces moments-là, fit-elle entendre sa voix ? De plus, nous pouvons lire dans les Actes des Apôtres alors qu'au retour du mont des Oliviers, ils priaient tous ensemble, que Marie n'est nommée que la toute dernière Ah ! Que ces disciples étaient encore charnels – ils n'avaient pas encore reçu l'Esprit-Saint- le jour où ils se disputaient entre eux la première place ! Marie, elle, s'abaissait, non seulement en tout, mais plus que tous, d'autant qu'elle était plus grande que tous.

C'est justice donc  que soit devenue souveraine de tous celle qui se montrait la servante de tous. Je vous en supplie, mes petits enfants, si vous avez un peu d'amour pour Marie, si vous cherchez à lui plaire, tâchez d'imiter ses vertus, imitez sa modestie. Rien du reste ne convient mieux à un homme, rien n'est plus recommandé à un chrétien, rien surtout ne sied tant à un moine.

 12 – Humilité et douceur

La vertu d'humilité, déjà assez évidente chez la Vierge, reçoit de cette douceur même une vive lumière. Humilité et douceur sont sœurs de lait et leur lien de parenté est plus étroit encore :
«  Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur » (Mt 11,29). De même que la superbe est mère de la présomption, ainsi une douceur véritable ne peut découler que d'une humilité authentique. D'ailleurs, il n'y a pas que le silence de Marie à enseigner l'humilité, celle-ci apparaît plus clairement encore dans ses paroles
L'ange lui avait dit : L'être saint qui va naître de toi sera appelé Fils de Dieu  (Lc1,36). Marie n'avait répondu que :  Je suis la servante du Seigneur .

 Marie se rend ensuite auprès d'Elisabeth et tout aussitôt celle-ci reçoit de l'Esprit-Saint révélation de la gloire singulière de la Vierge. Et alors, étonnée de la dignité de sa visiteuse, elle s'écrie : D'où me vient cet honneur que la mère de mon Seigneur vienne à moi ! Et bénissant la voix de celle qui la saluait, elle ajoute : Ta voix n'a pas plutôt frappé mes oreilles, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. Puis, célébrant la foi de celle qui a cru, elle dit : Heureuse es-tu d'avoir cru car en toi va s'accomplir ce que t'a fait dire le Seigneur (Lc 1, 43-45)

                                  
                                  Vierge d' Orcival

 L'humilité de Marie, qui ne garde rien pour elle seule, veille à tout rapporter à celui qui est l'Auteur des bienfaits loués en elle. Elisabeth magnifiait Marie la mère du Seigneur, Marie elle lui répond : Magnificat ! Mon âme magnifie le Seigneur ! Tu proclames heureuse celle qui a cru, mais la raison de sa foi et de son bonheur, c'est le regard qu'a jeté sur elle la divine tendresse. Toutes les générations me diront bienheureuse, dit Marie, c'est à n'en pas douter parce que Dieu a jeté les yeux sur son humble et toute petite servante.

 13 – Magnanimité dans la foi

Elisabeth ne s'y est pas trompée. C'est une œuvre d'art ineffable de l'Esprit à sa venue, qu'une telle grandeur d'âme se soit unie à une telle humilité dans le sanctuaire du cœur virginal. Grandeur d'âme et humilité sont devenues des étoiles qui se rendent plus brillantes l'une l'autre par leur mutuelle irradiation, la grandeur de l'une n'ayant pas diminué la grandeur de l'autre..
Au contraire, la Vierge, si petite à ses propres yeux, n'en était pas moins grande dans sa foi en la promesse ; elle qui ne se regardait comme rien d'autre qu'une petite servante, n'a jamais eu le moindre doute sur sa vocation à cet incompréhensible mystère, à cet admirable échange, à cet inscrutable secret : elle crut fermement qu'elle allait bientôt devenir la mère de l'Homme-Dieu.

                      

 La grâce divine et l'humilité coopèrent si bien que la grandeur d'âme au lieu de donner place à l'orgueil, fait progresser grandement l'humilité en donnant plus de reconnaissance envers Dieu. Et moins l'on est habitué à présumer de ses forces, même dans les plus petites choses, plus par là même on se fie à la puissance de Dieu dans les grandes.

14 – Le martyre du cœur

Quant au martyre de la Vierge que nous avons appelé la douzième étoile de son diadème, il est décrit tant par la prophétie de Siméon [lors de la Présentation de Jésus au temple] ( il sera un signe de contradiction ) que par le récit de la Passion même du Seigneur (un glaive de douleur te transpercera l'âme).

De fait, quand il eut rendu l'esprit, ce Jésus, ton Jésus – il appartient à tous mais à toi spécialement- ce n'est certes pas son âme à lui qu'atteignit la lance cruelle qui (sans pitié pour ce mort auquel elle ne pouvait plus nuire) ouvrit son côté, mais c'est ton âme à toi qu'il transperça . C'est bien ton âme que la douleur a pénétrée, au point que, avec raison, nous te proclamons plus que martyre, puisqu'en toi la souffrance corporelle fut surpassée par la douleur de ta compassion.

                             

15 – Compassion de Marie

« Femme, voici ton fils », dit Jésus sur la croix en parlant de Jean (Jn19,26). Oh ! Quel échange ! Jean t'est remis à la place de Jésus, le serviteur à la place du seigneur, le disciple à la place du maître, le fils de Zébédée à la place du Fils de Dieu, un simple mortel pour le vrai Dieu ! Comment ton âme si affectueuse n'aurait-elle pas été transpercée en entendant cette parole, alors que d'en évoquer le souvenir suffit à briser nos cœurs de pierre ? Ne vous étonnez pas, frères, que Marie soit proclamée martyre en son âme. Que s'étonne celui qui oublie d'avoir entendu saint Paul mentionner parmi les plus grands crimes le défaut d'amour. (Romains 1,31)

Mais quelqu'un dira peut-être : Ne savait-elle pas d'avance qu'il devait mourir ? - Oui, très certainement ! N'espérait-elle pas le voir ressusciter bientôt ? - Si, en toute confiance. Et malgré cela elle souffrit quand il fut crucifié ? - Assurément et avec violence ! - Mais , frère, d'où te vient cette sagesse ? Jésus pouvait mourir de la mort du corps, Marie est morte avec lui de la mort du cœur. Là, c'est l'oeuvre d'un amour que personne ne surpasse, ici c'est l'effet d'un amour qui, après lui, n'aura jamais son égal.

                       

Prière à la médiatrice

Et maintenant, ô mère de miséricorde, au nom de l'affection de votre très pure âme, la lune qui se tient à vos pieds vous invoque avec les accents de la plus grande dévotion comme une médiatrice entre elle et le Soleil de justice ; que dans votre lumière elle voie sa lumière, et que, par votre intercession, elle mérite la grâce du Soleil qu'elle a véritablement aimé par-dessus tout, et qu'elle a orné, en le revêtant d'une robe de gloire, et en lui mettant sur la tête une couronne de beauté. Vous êtes pleine de grâce, pleine de la rosée du ciel, appuyée sur votre bien-aimé et comblée de délices. Nourrissez aujourd'hui vos pauvres, ô vous notre Dame ; que les petits chiens eux-mêmes mangent des miettes de la table du Maître, et, de votre urne qui déborde, donnez à boire non-seulement au serviteur d'Abraham, mais encore à ses chameaux, Car c'est vous qui êtes, en vérité, la fiancée choisie et préparée pour le Fils du Très-Haut, qui est Dieu et béni par-dessus tout pour les siècles des siècles. AMEN

 


Mise à jour : Mercredi 12 Février 2025, 19:42
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Dimanche 20 Septembre 2020

Clairvaux - Etat des lieux


CLAIRVAUX – Etat des lieux
Textes de Virginie BIANCHI et de Jean-François LEROUX-DHUYS
Photographies de Pascal STRITT

Ed. Dominique Guéniot, 2011

                  



Voici un très beau livre qui intéressera tout d’abord  l’amateur d’histoire et de monuments historiques, mais aussi toute personne qui aime retrouver les racines de la vie religieuse (ici, celles des cisterciens) et les traces qu’elles laissent. Mais le bonheur de lecture et de contemplation (on peut le dire à juste titre puisque Clairvaux fut le lieu de vie de contemplatifs) tient surtout aux remarquables photographies de Pascal Stritt,  qui au fil des pages illustrent les propos d’historien de Virginie Bianchi et de spécialiste des cisterciens de Jean-François Leroux-Dhuys.

Nous entrons, par ce livre, dans une visite guidée et approfondie de ce haut lieu de Clairvaux où Saint Bernard fonda au XII°sIècle son abbaye, fille de Cîteaux et mère de centaines d’autres abbayes cisterciennes.  Nous découvrons les alentours, longeons les hauts murs, nous nous rendons  dans les cloîtres et au superbe  bâtiment des convers avec son cellier et son dortoir.
Nous croisons aussi des paroles de saint Benoît ou saint Bernard et c’est justice.
…ou celle d’un détenu car ce lieu est évidemment lourd aussi de son histoire pénitentiaire et on franchira des grilles qui mènent aux cellules des prisonniers, au mitard, aux cellules délabrées couvertes de graffitis. Le photographe nous offre des images-choc  du centre de détention (fermé en 2006).

Clairvaux accueille toujours des détenus mais dans des espaces bien sûr, inaccessibles au public.

Après ce parcours livresque passionnant, on ne peut que désirer aller sur le terrain .
Heureusement, après bien des aléas,  les espaces monastiques sont aujourd’hui sauvegardés et avec les auteurs de ce livre et notamment l’Association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux, on souhaite qu’un jour ces illustres bâtiments accueillent un Musée du monachisme cistercien peut-être associé à un Musée de l’enfermement pénitentiaire.
D.G

Extraits.

« Clairvaux abbaye et prison. L’histoire du site est définitivement marquée par son double destin et ses vénérables vestiges témoignent des neuf siècles d’enfermement vécus dans la liberté et la contrainte. Tout oppose les situations humaines des moines et des détenus, mais elles se déroulèrent dans les mêmes murs au cœur d’un même espace clos. » (J.F. Leroux) – p.189

«  Que fait l’or aux portes des églises ? … Ce n’est pas à un moine de juger… mais quand je me tairais, les pauvres, les nus les faméliques se lèveraient pour hurler. » (Saint Bernard) – p.89

«  Les leçons cisterciennes sur la maîtrise du bâtiment prennent la valeur d’un  témoignage capital. » (Léon Pressouyre –Le Rêve cistercien) – p.93

 

Mise à jour : Mercredi 11 Décembre 2024, 20:02
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Saint Bernard, dernier Père de l'Eglise - Thomas MERTON

 Saint Bernard, dernier Père de l’Eglise

 Thomas MERTON , moine cistercien

Editions Salvator 2014
137 p.

                    

 En 1953, à l’occasion du 8° centenaire de la mort de saint Bernard, le pape Pie XII , promulgue la célèbre encyclique « Doctor Mellifluus » qui veut rappeler l’apport extraordinaire de la vie et de la pensée de saint Bernard à l’Eglise toute entière.

« Le miel est dans la cire, comme la dévotion dans la lettre… La dévotion est comme un rayon de miel… » . Bernard mérite le titre de « Docteur Melliflue » car de la Parole de Dieu, il sait en faire couler le miel, le meilleur, le  sens spirituel…pas seulement pour lui-même mais pour faire pénétrer en nous cette loi spirituelle qu’est la loi du Christ. » (p.16)

Les supérieurs de Thomas Merton lui demandent alors de commenter cette encyclique dont il va faire  « une superbe méditation sur l’énigme de la sainteté. »(p.10 – Michel Cool)

Jeune moine cistercien américain, né en France, Thomas Merton produit cet essai peu banal, qui paraît dès 1954, commentant un texte papal et réfléchissant sur la vie d’un autre moine. Les éditions Salvator le réédite en cette année 2015, 9° centenaire de la fondation de l’abbaye de Clairvaux dans l’Aube où de nombreuses manifestations et colloques sont prévus tant à Clairvaux qu’à Troyes.

« Un point commun unit les deux moines cisterciens pourtant si distants l’un de l’autre par l’histoire et la culture : c’est leur expérience commune de l’épreuve à concilier vocation contemplative et action temporelle… L’un et l’autre en ont fait leur combat spirituel… L’art du biographe n’est-il pas de se reflèter quelque peu dans le personnage qu’il décrit comme un jeu de miroir ? » (p.9-  Michel Cool)

                                      
      Eglise de Bouxières sous Froidmont (54) -
      Saint Bernard
( photo ne figurant pas dans le livre)
        
© Denyse Guerber 

Thomas Merton, dans cette biographie, va s’attacher davantage à l’esprit de saint Bernard qu’aux faits eux-mêmes

-         L’homme et le saint

C’est l’époque de la toute-puissance de l’abbaye de Cluny qui aurait pu peut-être convenir à un personnage tel que Bernard « mais il sentait obscurément qu’il était appelé à une grandeur qui dépasse la puissance. » (p.23)

« Sa réputation de mystique et d’ascète… fit qu’il devint, sans pouvoir l’éviter un grand homme d’Eglise, défenseur de l’autorité, de la loi, de la papauté, représentant de Dieu dans les affaires politiques et prêcheur de croisades. » (p.24)

« La grâce de Dieu, qui possèdait totalement cet homme frêle, mettait en feu les cœurs de ceux qui l’entendaient parler. » (p.26)

D’ailleurs son entrée à Cîteaux, en 1113, accompagné d’une trentaine de frères, remis sur pied l’abbaye en difficulté.

  Le témoignage des écrits.

«  Ses écrits les plus nombreux sont ses sermons, bien que les plus connus soient sans doute ses lettres. » (p.53)

Notamment « De la Considération » lettre célèbre (et toujours d’actualité pour qui a quelques responsabilités)  écrite à Eugène III, un de ses frères de Clairvaux devenu pape.

Ses écrits nous « transmettent une doctrine précise et cohérente » mais s’appuyant toujours sur l’expérience. Et c’est sans doute ce qui la rend si captivante, même si la lecture en est parfois un peu ardue.

« Elle nous dit comment discerner les visites du Verbe à l’âme, comment répondre à l’action de cet Esprit-Saint(p.55)

Son Traité sur les degrés de l’humilité (1119) est en lien étroit avec la Règle de saint Benoît qu’il avait en haute estime.

Le Traité Sur l’Amour de Dieu ( 1126-1127) souligne combien cet amour est puissant, insaisissable et qu’il n’a d’autre raison d’être que d’aimer Dieu, non pour nous-mêmes mais pour Dieu lui-même. « Aussi longtemps que l’homme n’aime point Dieu, il n’a pas commencé à vivre. » (p.59). « J’aime parce que j’aime ; j’aime pour aimer » écrit saint Bernard.

 Notre vie sur terre s’efforce de restaurer l’image divine que Dieu a mis en nous. Pour saint Bernard, " nous ne serons pleinement libres qu’au ciel. " (p.61)

 Les plus beaux textes de saint Bernard sont ses Sermons sur le Cantique. Tissé des textes bibliques (passionnante lecture qui nous renvoie sans cesse à la Parole de Dieu) ,  Bernard nous donne de son commentaire du Cantique des cantiques à la fois une lecture approfondie, mystique mais aussi toute orientée vers le vécu. Il se laisse emporter par mille digressions dont il s’excuse sans cesse , mais comment se limiter quand on a l’âme de saint Bernard dont l’amour pour Dieu est précisément «sans limites ».

 Les pages 83 à 108 sont les notes de Thomas Merton sur l’encyclique dont le texte intégral conclut l’ouvrage édité par les Editions Salvator.

«  L’encyclique présente saint Bernard comme Père et Docteur de l’Eglise…Elle rappelle que la doctrine du saint est une des sources les plus pures et les plus authentiques de la tradition catholique. » (p.84)

« Pour saint Bernard, l’amour, la ressemblance à Dieu qui nous rend sages comme il est sage, est plus qu’un simple désir de Dieu. La sagesse de l’amour est imprimée en nous par le désir qu’a Dieu de nous. » (p.88)

« Le savoir et l’amour sont  deux éléments essentiels à la vraie sagesse. » (p.90)

« C’est la charité, c’est l’amour de Dieu et des frères qui font du cistercien un vrai moine ; sans cela il n’est pas moine quand bien même il accomplirait à la perfection tout le reste. » (p.100)

 - Encyclique Doctor Mellifluus (p.109-133)

«  Cette haute doctrine mystique du Docteur de Clairvaux, qui dépasse tous les désirs humains et peut les combler, semble à notre époque être négligée et sacrifiée ou être oubliée de beaucoup qui, écartelés par les soins et les affaires  quotidiennes, ne cherchent et ne désirent rien d’autre que ce qui est utile et productif pour cette vie mortelle… C’est pourquoi nous pensons que ces pages du Docteur Melliflue doivent être méditées d’un esprit attentif… » (p.118)

« L’extrême douceur d’une telle méditation [ ne tient pas Bernard ] « enfermé dans les murs de sa cellule ‘qui est douce quand on y demeure’, mais partout où la cause de Dieu et de l’Eglise est en jeu, il accourt en hâte avec sa sagesse, sa parole et son activité… Il est à craindre, si la lumière de l’Evangile peu à peu diminue et faiblit dans les âmes, ou ce qui est pire, si elle est entièrement rejetée, que les bases mêmes de la société civile et domestique ne s’écroulent, à tel point que surviennent des temps pires encore et plus malheureux »
Pie XII

 Pour conclure cette nouvelle édition de 2014, on aurait pu souhaiter que la bibliographie qui s’arrête à 1954 soit complètée par quelques ouvrages sur saint Bernard, fondamentaux et plus actuels. Mais il est vrai qu’il est maintenant facile de trouver ces références ailleurs. Les ouvrages sur le sujet sont nombreux mais d’inégale qualité ou d’approches différentes. Mais ce petit livre tenait à être fidèle à l’original et c’est déjà une belle approche.

Pour se faire une idée plus juste, le mieux est évidemment de lire quelques textes bien choisis de saint Bernard. L’exercice n’est pas facile mais il est délicieux. Le bonheur, même là, se gagne par un certain effort.

Pour un premier florilège, on peut s’aider du livre « Entretiens », Saint Bernard de Clairvaux, un  homme d’aujourd’hui -  ( paru récemment aux Ed. du Signe en lien avec l'association Arccis qui a son siège à l'abbaye de Cîteaux )

On pourra le complèter par six livres assez différents dans leur approche (avis  personnel) :

-         Bernard de Clairvaux – Jean Leclercq (Ed.Desclée, 1989)

-         Les Moines blancs – Histoire de l’ordre de Cîteaux  - Marcel Pacaut (Ed. Fayard 1993)

-    Saint Bernard de Clairvaux – Pierre Aubé (Ed. Fayard 2003)

-         Sur les pas de Bernard de Clairvaux et des Cisterciens – Julien Frizot et Thierry Perrin (Ed. Ouest-France, 2006) – Belle iconographie.

-         L’Amour des lettres et le désir de Dieu – Jean Leclerc (Ed. du Cerf, 1956) est aussi une lecture  incontournable pour qui s’intéresse aux textes écrits à l’époque de saint Bernard. Plus difficile, mais passionnant.
 
                                           
- Bernard de Clairvaux - Introduction générale aux complètes - Histoire, mentalités, spiritualité - Ed du    Cerf, 2010 - Sources chrétiennes n°380
Pour les courageux, qui ont du temps... mais ils ne seront pas déçus.

DG

© Denyse Guerber



 

 

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Mardi 17 Mars 2020

Le chrétien dans la désorientation du monde

 LIENS CISTERCIENS n°38/ mars 2020

                           

Dans la revue de ce trimestre, un article a retenu notre attention :

« Le chrétien dans la désorientation du monde »,

d'après une conférence (2018) de Dom Mauro-Guiseppe LEPORI, abbé général de l'Ordre Cistercien.

Notre monde est en effet plus que jamais désorienté. Le temps de crise actuel dû au coronavirus en est une preuve parmi bien d'autres.

Etre désorienté, c'est ne plus savoir où on va ni même peut-être pourquoi on est là. Dom Mauro ose avancer que nos guides eux-mêmes s'intéressent davantage « à la progression de leur propre pouvoir » plutôt « qu'au progrès du peuple. » Ne nous laissons donc pas manipuler, ni tromper par des satisfactions immédiates.

« Restez éveillés et priez en tout temps ainsi vous aurez la force d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme. » (Lc 21, 34-36)

Donner un sens à sa vie ne doit pas reposer sur la crainte du jugement dernier, mais doit impacter toute notre vie.

« Le Christ est le destin de l'univers .» Notre rencontre avec lui coïncide avec notre engagement auprès des plus pauvres  et nous invite à considérer aussi les nouveaux besoins et nouvelles pauvretés. Ce n'est évidemment « pas seulement une loi à observer , mais une réalité à reconnaître »

Notre charité doit être à l'oeuvre dans l'instant présent mais aide à constituer aussi l'orientation même de l'Eglise vers son ultime destin. Quelle responsabilité !

Nous avons à vivre à l'image du Christ que Dieu a envoyé dans le monde, non pour le juger mais pour que, par lui, le monde soit sauvé (Jn3,16-17). Le chrétien est « la mémoire vive et reconnaissante du salut de tous. »

Cela ne suppose évidemment pas de nous mettre en avant, mais par notre témoignage d'être le Christ qui « aime au-delà de toute mesure ».

« Le Christ nous donne la puissance de la foi » mais elle est confiée aussi à notre liberté et donc à nos fragilités. « Le Christ , quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc18,8)

Jésus s'est-il demandé, au moment de sa Passion : est-ce que cela a servi que je vienne, que j'annonce l'Evangile, que je sois mort et ressuscité pour sauver le monde ?

Sans une foi active, nous découvrirons à terme que nous avons « avancé vers le néant, vers un échec final. »

« Notre foi mendie sans cesse pour que le monde s'ouvre à cette nouveauté, à cette justice, à ce bien pour tous, que Dieu seul peut donner. Ce bien, c'est Dieu lui-même, c'est son amour, sa présence, le don de son Esprit, le don de son Fils, le don de l'Eglise. »

Vivre notre foi c'est permettre « à la réalité accomplie du Ciel de se manifester sur la terre, de transfigurer la terre, de descendre sur la terre pour la sanctifier, la remplir de beauté, de sainteté, de la sainteté et de la gloire de Dieu. »

« Saint Benoît a transfiguré l'Europe de cette manière : avec des hommes et des femmes qui, vivant tout l'humain au service de Dieu, dans une obéissance qui demande dans chaque geste, dans chaque œuvre, dans chaque instant de la vie, que la volonté du Père se fasse sur la terre comme au Ciel, ont permis à Dieu d'exprimer sur la terre la réalité pleine et accomplie du Ciel...

Jésus le premier, « se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la Croix (Ph 2,8), a rempli la terre de Ciel, de réalité accomplie selon la volonté et l'amour du Père. »

DG

Mise à jour : Jeudi 16 Mars 2023, 13:13
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Mercredi 16 Octobre 2019

L'Amitié à l'épreuve de la diversité

 L’Amitié à l’épreuve de la diversité

Pierre le Vénérable – Bernard de Clairvaux

Correspondance

 Saint-Léger Editions, 2019

302 p.
                              

 

Ce livre est intéressant à plus d’un titre.

Avoir accès à la correspondance de saint Bernard de Clairvaux , c’est entrer dans son cœur un peu plus loin que par ses Sermons, c’est mieux le connaître dans ses états d’âme confrontés à des réalités qui le touchent de près, c’est être touchés par cette proximité.

Et que cette correspondance du 12ième siècle concerne deux amis, l’abbé bénédictin de Cluny, Pierre le Vénérable et l’abbé cistercien de Clairvaux , le grand saint Bernard, face à leurs conflits, est tout de même assez extraordinaire.

Est soulevée dans ces lettres la rivalité entre les deux abbayes ; c’est à qui applique le mieux la Règle objet de leurs divergences qui mettent effectivement leur « amitié à l’épreuve de [leur] diversité ». Pierre va se défendre mot à mot du bon usage que ses moines font de la Règle de saint Benoît, nous instruisant ainsi de leurs pratiques.

Autre sujet, parmi d’autres, de discorde : la nomination d’un évêque au diocèse de Langres qui n’échappe pas aux manipulations politiciennes et de pouvoir : c’est d’abord un moine de Cluny qui est envisagé puis un moine de Clairvaux…

Ces duels blessent leur amitié, la mettent en cause. L’amitié de Pierre pour Bernard souffre, doute mais tient bon. Les paroles échangées sont fortes, même si Bernard garde un peu ses distances.

La vie monastique de saint Bernard, on le sait, n’est pas dans les nuages et on aime le voir, ici, confronté à ses forces et ses faiblesses. Comme nous tous.

 On apprécie aussi l’introduction (70 p.) ainsi que les présentations de chaque lettre,  par le Père Christophe Vuillaume, osb, qui resitue le contexte de l’époque et les caractères de Pierre et Bernard.

Cela éclaire bien notre lecture de ces lettres passionnées et passionnantes.

 DG

Extraits.

 (Pierre à Bernard)

-          Est-ce se croire et se proclamer le dernier de rabaisser ce que font les autres, de s’exalter, de mépriser les autres, de se prendre pour quelqu’un, alors que l’Ecriture prescrit, dîtes : « Nous sommes des serviteurs inutiles » (Lc17,10)  - p.85

-          Vous vous montrez dans ce costume de couleur insolite et pour vous distinguer de tous les moines du monde, vous vous affichez en  habit blanc au milieu des habits noirs. (p.85)

-          Mon âme s’est attachée à toi et ne peut plus s’arracher à l’affection que je te porte… Plût à Dieu qu’elle demeure aussi en toi, cette amitié que le Christ a fait naître…(p.174)

 (Bernard à Pierre)

-   Quel honneur pour moi d’avoir non seulement une place dans ta mémoire, mais aussi dans ton cœur ; Je me glorifie d’avoir ce privilège d’être aimé de toi. Je me nourris aux abondantes délicatesses de ton cœur. Mais plus encore je me glorifie dans les tribulations (Rm5,3), si je suis digne de souffrir ainsi pour l’Eglise…Car pour avoir été ensemble à la peine, nous le serons dans la consolation (2 Co1,7).

Mise à jour : Jeudi 16 Mars 2023, 13:14
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Dimanche 24 Septembre 2017

Saint Benoît

Un livre + un CD

  Saint  Benoît

Jacques de GUILLEBON

 Coll. Les grandes figures de la spiritualité chrétienne
 Livre +  CD (textes lus par Michael Lonsdale)

Ed. Presses de la Renaissance, 2016
133 p. – 9,95 €

            

 Ce livre sur saint Benoît (vers 480-vers 543) s’inscrit dans une nouvelle et intéressante collection, proposée par Le Figaro, de 40 grands noms de la spiritualité chrétienne.

 Belle couverture solide et attrayante représentant un portrait du saint. Chaque livre se décompose en quatre grandes parties : la vie, le message, l’héritage, les textes emblématiques auxquelles s’ajoutent quelques annexes utiles (bibliographe, dates, abécédaire…). A ce livre est associé un CD  de textes lus par Michael Lonsdale qui prête sa voix profonde et posée, aidant le lecteur dans sa découverte de la foi de ces hommes connus pour la force de leur foi.

 De lecture aisée, agrémentée de photographies en couleur, ce livre résume plutôt bien la vie (avec son incontournable « légende dorée »)  et la spiritualité de saint Benoît. Après la vie retracée, quelques pages soulignent la dimension prophétique du message de Benoît et l’importance de sa célèbre Règle dont l’usage s’est généralisé dès le 9°siècle et jusqu’à aujourd’hui dans les monastères bénédictins et cisterciens.

 C’est un bon premier contact audio-visuel qui donne envie d’en savoir plus sur saint Benoît mais aussi sur d’autres grandes figures de la spiritualité chrétienne tels saint François, saint Augustin,  Mère Teresa, Luther, Jean XXIII, Marthe Robin … Reviendraient-ils au goût du jour ? Voilà une bonne nouvelle.

 Extraits

 "Comment le jeune homme, voire l’adolescent, qu’il est peut-il manifester une telle force de caractère … qu’il décide de tout quitter et de gagner des lieux retirés, où nulle gloire ni richesse ni grandeur ne l’attendent plus ? Bien malin qui saura en donner les causes chez un Benoît que les sources trop rares ne nous dépeignent guère dans sa psychologie. On a le sentiment d’une force supérieure, soit de caractère propre, soit venue de plus loin, soit plus certainement des deux conjointes, qui le meut. Le cas n’est pas exceptionnel parmi les grands saints chrétiens, depuis les pères du désert à la suite d’Antoine et de Pacôme, et on le verra se répéter chez d’autres admirables fondateurs, comme saint Bernard et saint François." (p.15-16)

 «  Ecoute ô mon fils, l’enseignement du maître, ouvre l’oreille de ton cœur… Avant tout, quand tu commences à faire quelque chose de bien, supplie le Seigneur, par une très ardente prière, de conduire lui-même cette action jusqu’au bout»
 Prologue de la Règle de saint Benoît

 DG
13.09.2017

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Vendredi 16 Décembre 2016

Sagesse cistercienne

 Sagesse cistercienne

 900 ans de fécondité spirituelle

 Dom Olivier QUENARDEL
 Abbé de Cîteaux

Ed. Médiaspaul 2016
219 p.

                               


Dom Olivier Quenardel est entré à l’abbaye de Cîteaux en 1967 et il en est le Père Abbé depuis 1993.

Ce livre rassemble des conférences et articles récents abordant sous diffèrents angles un « thème commun, celui de la "sagesse cistercienne" , autre nom de la flamme qui habitait [les] saints fondateurs de Cîteaux. »

 Y trouverons-nous des règles de sagesse adaptables à nos vies quotidiennes ? Sans doute pas au sens où nous l’entendons habituellement car cette « sagesse » est plutôt folie aux yeux des hommes.  Mais comme toutes les spiritualités chrétiennes, cette sagesse nous ramène à l’essentiel : l’amour de Dieu. Ensuite, chacun tente de répondre à l’appel qui est le sien.

Cette sagesse n’est pas innée, même si elle tient de la grâce de Dieu. Elle demande un apprentissage qui est, en particulier, celui de la lecture de la Parole de Dieu qui va (r)éveiller le désir de chercher vraiment Dieu, « de goûter comme le Seigneur est bon , et de répandre par toute [la] vie la bonne odeur du Christ. » (p.17)

L’auteur nous présente en quelques pages très claires et instructives le monde cistercien français de 1850 à nos jours avec ses bas et ses hauts, les difficultés mettant chacun à l’épreuve de sa foi et bien souvent la faisant se raffermir. L’entraide monastique, bien développée aujourd’hui, en est un fruit face aux difficultés nouvelles. Dom Olivier souligne en particulier l’intérêt de la mixité des rencontres intermonastiques, encore  inconcevables au début du XX° siècle.

L’élan missionnaire se ralentit mais par contre la RGM (Réunion Générale Mixte) reconnaît « depuis 2002, l’existence d’une expression laïque du charisme cistercien dans ce que vivent aujourd’hui les groupes de laïcs rattachés à plusieurs des monastères de l’Ordre ». On peut même préciser, et cela ce n’est pas l’auteur qui le dit, que le premier groupe de laïcs cisterciens en responsabilité s’était constitué de façon spontanée avec les trois branches de l’ordre : ordre cistercien, ocso et bernardines. Une belle unité pleine de promesses que Dom Bernardo Olivera, ancien Abbé Général ocso, avait appréciée en son temps.

« On peut se risquer à dire que la présence au sein de la Famille cistercienne d’une telle laïcité devrait être stimulante et salutaire aussi bien pour le renouveau des communautés monastiques que pour la communion cistercienne tant désirée. » (p.52)

 Puis l’auteur évoque l’histoire propre à l’abbaye de Cîteaux, lieu des origines, lieu-source qui fêta en 1998, telle une « nouvelle Pentecôte » la grâce du neuvième centenaire, rassemblant en ses murs 800 moines et moniales. Une vraie Famille, comme elle aime désormais s’appeler à l’initiative du pape Léon XIII en 1902 mais surtout dans une Lettre de Jean-Paul II à la Famille cistercienne » en 1998. Tout ce chapitre est fort intéressant concernant l’actualité, la réalité et la fragilité de l’Ordre tout entier.

                         

 Les conférences suivantes, datant de 2010, abordent un autre domaine plus spirituel, (encore qu’il ne faut pas séparer Marthe de Marie vivant toutes deux dans la même maison !) et peut-être plus difficile à suivre si on n’est pas familier des rites monastiques, notamment celui du « lavement des pieds ». Le réactualisant dans sa communauté, Dom Olivier nous entraîne longuement  et passionnément vers l’invicem (traduit par « mutuellement ») , autrement dit vers le haut lieu des relations fraternelles où nous sommes appelés , laïcs ou moines, à témoigner de l’amour de Dieu en nous et en nos frères. On reproche souvent à l’Eglise ses relations pyramidales dont elle a encore bien du mal de se défaire. Le lavement des pieds nous rappelle que la principale mission du chrétien est de se faire serviteur, ce qui n’est pas s’abaisser mais aimer.

 Les chrétiens « devraient être en première ligne de cette révolution de l’amour dont le Nouveau Testament clame qu’il n’est pas seulement de l’ordre du don mais de l’ordre de l’échange où l’amour reçoit autant qu’il donne. » (p.78)

 Dans la suite du livre (conférence de 2015), Saint Bernard est à l’honneur, ce qui est bien normal quand on sait l’importance qu’attachent à ce grand saint fondateur de Clairvaux, moines, moniales et laïcs cisterciens.

Bernard de Clairvaux a un langage qui « réveille à la manière des prophètes » et continue d’entraîner les hommes d’aujourd’hui sur un « chemin de sainteté ». Sa sagesse et sa flamme intérieure (et extérieure !) gardent toute leur force de séduction appelant à la conversion du cœur.

« Sur le chapitre de la miséricorde, il y a entre François de Rome [le Pape François] et  Bernard de Clairvaux une forme d’ecclésiologie nuptiale qui les rapproche …l’un de l’autre ». (p.127)
La dévotion de Saint Bernard (et des cisterciens) à Marie est aussi évoquée notamment en citant le sermon splendide du « Missus est » : « Si se lèvent les vents des tentations, si tu cours aux écueils des épreuves, regarde l’étoile, appelle Marie… » (p.138)

 Puis un  septième chapitre nous retrace l’histoire et l’oeuvre de sainte Gertrude d’Helfta, qu’affectionne particulièrement Dom Olivier qui illustre sa conférence de quelques passages écrits par cette femme mystique dont la « sainteté n’était pas acquise au départ ». Elle fut très interpellée par la communion sacramentelle et sa préparation. Son approche tout en  « finesse et justesse théologique », dans son sens profond, demeure très actuelle. « Rien de plus concret pour elle que cette christologie eucharistique qui se joue dans le corps à corps de  la célébration liturgique. »(p.159)

 Dans une conférence de 2012 et en toute logique, est abordée la Règle de saint Benoît où « la liturgie tient une place de première importance » tant elle est pour Benoît « en lien direct avec la vie ordinaire » avec la clé principale de lecture qui est « l’amour du Christ préféré à tout. » (p.171)

 En mai 2014, à l’abbaye de Pontigny, Dom Olivier donne une conférence sur « Ora et labora » (= Prie et travaille)  et plus précisèment sur « l’expérience concrète de la tradition cistercienne et son vécu aujourd’hui à Cîteaux » (p.185 et suiv.). La vie cistercienne ne se résume pas à prier et à la contemplation. Elle cultive plutôt un « art de vivre "sous le regard de Dieu" toujours et partout ». Les Constitutions de l’Ordre révisées, actualisées en 1990 soulignent le souci du concret et l’articulation entre travail et prière. Y sont explicités notamment la vigilance du cœur (garde du cœur) et le silence, bien sûr.

Ce livre s’achève sur la « filiation spirituelle ». « Nous ne sommes pas tous parents mais nous sommes tous enfants » (p.199)

 «  …Incompréhensible mystère ! Celui qui t’a créé est maintenant créé en toi, et comme si c’était trop peu que tu l’aies pour Père, il veut encore que tu lui sois une mère ! "Quiconque fait la volonté de mon Père est mon frère, ma sœur, ma mère"… Ouvre à la parole de Dieu ton oreille pour entendre. Elle est la voie de l’Esprit qui fait concevoir en pénétrant jusqu’au sein de ton cœur. »  (Guerric d’Igny, 1er Sermon pour l’Assomption – cité p.216-217)

DG
12 / 2016

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Vendredi 07 Octobre 2016

Règle de saint Benoît

 Règle de saint Benoît
Texte intégral et introduction

Dom GUILLAUME
Moine cistercien trappiste

Petite bibliothèque monastique Salvator, 2016
150 p.

                

 Dom Guillaume est abbé émérite de la Trappe du Mont-des-Cats dans le Nord de la France.

 De nombreux livres sont parus sur le thème de la Règle de saint Benoît, texte intégral (diffèrentes traductions toujours intéressantes à comparer) et commentaires divers.

Dom Guillaume a d’ailleurs écrit en 2006 sur cette Règle  un commentaire fort intéressant exploité dans bien des communautés de moines, moniales ou laïcs qui apprécient son style direct et très actuel :
« Sur un chemin de liberté – Commentaire de la Règle de saint Benoît jour après jour » - Ed. Anne Signier 2006

C’est donc avec une certaine curiosité qu’on se plonge dans ce nouveau document . Quoi de neuf ?

Le premier tiers de ce livre est occupé par une introduction tentant de préciser les origines de la vie monastique et de cette Règle fruit de plusieurs règles l’ayant précédée. La lecture de cette genèse est un peu complexe et, se voulant détaillée, nous perd parfois en chemin mais elle a le mérite de souligner les différentes étapes au fil de l’évolution de la vie monastique d’abord érémitique puis davantage cénobitique. Chaque monastère avait aussi son coutumier qui, comme son nom l’indique, met par écrit les us et coutumes particuliers de chaque communauté et auxquels la Règle s’apparente dans certains chapitres.

La vie de saint Benoît , brièvement évoquée, replace sa Règle dans son histoire et son contexte. Tout cela se passant avant l’an mil, des zones restent obscures et la Règle du Maître restera sans doute toujours anonyme. Mais Dom Guillaume nous livre ici une bonne synthèse des recherches sur ce sujet.

La suite du livre nous offre le texte intégral de la Règle choisissant l’excellente traduction de Solesmes. On apprécie aussi , en fin de volume les références bibliques et le riche index qui peut être fort utile.
On peut lire aussi du même auteur :

           

 DG

 Extraits

 -         Vers la fin du IV°siècle, il y a donc une crise de ce premier monachisme occidental qui va provoquer l’apparition des règles, dont le but est non seulement de structurer la vie pratique, mais aussi de préciser les normes et la spiritualité. La Règle de saint Benoît s’inscrit dans ce processus de codification. (p.32-33)

-          La Règle du Maître était dominée par les notions d’ordre et de mérite, la Règle de saint Benoît est centrée sur la notion de salut, avec une vision médicinale et pâstorale…La Règle bénédictine est plutôt orientée vers le but terrestre du progrès intérieur et la valorisation de la vie spirituelle en ce monde. (p.45)

-         La synthèse monastique attire et fait des envieux, jusque dans les grandes entreprises qui regardent Benoît et sa Règle comme des précurseurs des principes du management. (p.57)

 

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Mardi 31 Mai 2016

Tibhirine, l'héritage

 Tibhirine, l’héritage

 Préface du Pape François

Direction d’ouvrage : Christophe Henning
Bayard Editions, 2016
177 p.

                        

 Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines cisterciens du monastère de Tibhirine (Algérie) étaient enlevés. Deux mois plus tard, leur mort était annoncée par le groupe islamique armé (GIA).

Seules les têtes des moines furent rendues et très rapidement on s’interrogea sur les véritables auteurs de ces assassinats et sur les pourquoi, comment et quand . Vingt ans plus tard, malgré les moyens mis en œuvre mais aussi à cause de nombreuses réticences diplomatiques et politiques, on n’en sait guère plus. La justice poursuit son travail et les sept moines reposent dans le jardin de ce monastère qu’ensemble ils avaient décidé de ne pas quitter par solidarité avec le peuple algérien.

Le livre ne retrace pas du tout, ou très peu, ce qui s’est passé. Bien d’autres livres, documents, BD et le célèbre film « Des hommes et des dieux » l’ont fait de façon très complémentaires.

                    

Dans ce livre , 11 « héritiers », aux personnalités et regard diffèrents évoquent l’aujourd’hui de Tibhirine, dans leur cœur et sur place. Le lecteur revit ainsi ce chemin pascal des moines et surtout ses fruits actuels qui, dans l’efficacité et la discrètion, concordent si bien avec les orientations actuelles de l’Eglise et de certains états vers un apaisement des relations du christianisme et de l’islam dans une coexistence fraternelle et respectueuse en Algérie mais aussi aux quatre coins du monde.

                 *     

 - Dans le prologue, c’est le Pape François qui prend la parole : « A Tibhirine se vivait le dialogue de la vie avec les musulmans : nous, chrétiens, nous voulons aller à la rencontre de l’autre, quel qu’il soit, pour nouer cette amitié spirituelle et ce dialogue fraternel qui pourront vaincre la violence… C’est tout simple et si grand : à la suite de Jésus, faire de notre vie  un ‘ je t’aime’.

- Christophe Henning, journaliste a signé plusieurs ouvrages à propos de Tibhirine, notamment avec Jean-Marie-Lassausse, « Le jardinier de Tibhirine » (Bayard 2010) qui a reçu le Prix de littérature religieuse 2011.

                          *       

 «  Les liens si forts tissés entre les moines et le village se sont renoués, grâce à la présence du père Jean-Marie Lassausse, prêtre et agronome : la terre de Tibhirine porte du fruit au sens propre (fruits du verger, légumes, miel… » . (p.14)

- Le Cardinal Philippe Barbarin s’est rendu à Tibhirine en 2007 : « D’où vient cette clarté mystérieuse ? … Dans la tragédie du Golgotha, ce qui se voit le plus ce n’est pas la violence d’une condamnation, mais la victoire incroyable d’un amour qui est allé jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême. » (p.34)

- Le Frère Jean-Pierre Schumacher , 92 ans, a échappé à l’enlèvement de 1996. Il vit aujourd’hui à Midelt au Maroc .

«  [Notre] présence, si petite soit-elle, est le symbole du possible « vivre ensemble » entre des communautés de culture et de foi différentes, dans le plus grand respect de chacun… Comment être chrétien sans respecter la foi de l’autre, mon frère en humanité ? » (p.45)

- Mgr Claude Rault est responsable du diocèse de Laghouat dans le Sahara depuis 2004.

Il est fondateur avec Christian de Chergé du Ribât-el-Salâm  - le lien de la paix- lieu de dialogue islamo-chrétien. Les rencontres ont eu lieu au monastère jusqu’à l’enlèvement des moines. Les voisins qui n’avaient pas de lieu de prière sont venus eux aussi prier dans l’un des locaux du monastère mis à leur disposition. Au moment du ramadan, le jeûne était partagé.
«  … admiration pour ces hommes qui avaient fait le choix de mener une existence de pauvreté et de prière au milieu d’une population elle aussi très pauvre et isolée. » (p.52)

                                       *   

 - Dom Jean-Pierre Flachaire, responsable du prieuré Notre-Dame de l’Atlas à Midelt au Maroc  évoque le quotidien de leurs journées à Midelt, leur proximité avec leurs amis musulmans. Le monastère est l’héritier direct de Tibhirine dont la communauté a été officiellement transférée au Maroc.

- Le Père Jean-Marie Lassausse , prêtre de la Mission de France est depuis 2001, responsable du site du monastère. Le connaissant un peu ainsi que son action, , je peux affirmer qu’il poursuit auprès de la population un travail admirable , celui du « vivre ensemble »  inauguré à cet endroit par les moines, aidant au développement des villages et des personnes malgré les difficultés politiques toujours omniprésentes.

 " Mon seul désir est de faire de cette terre irriguée par le sang des sept frères une terre de rencontre entre croyants différents, dans le total respect de chacun. La communauté des frères est le modèle qui nous guide. La terre est le support, à la fois économique mais aussi social, culturel, religieux de notre présence fragile… Osons vivre ensemble pour chasser la peur de la différence et construire ensemble des passerelles de fraternité…" (p.108.110)

-  Leïla Tennci, philosophe, chercheuse à l’université d’Oran (Algérie ) n’a pas connu personnellement les moines mais s’est recueillie près des sept tombes. Elle a vécu très douloureusement la mort d’amis algériens et celle de Pierre Claverie, évêque d’Oran, assassiné le 1er août 1996 .

              *   

- Mgr Jean-Paul Vesco, avocat, puis élu en 2010 prieur provincial des Dominicains de France est, en 2012, nommé évêque d’Oran.
« Impératif de recherche de la vérité [Qui as-tué les moines ?] et respect du choix libre des moines de partager le destin de leurs voisins jusqu’à prendre sur eux l’injustice qui pourrait leur être faite. » (p.135)

« Que ma communauté, mon Eglise, ma famille…sachent associer cette mort à tant d’autres aussi violentes, laissées dans l’indifférence de l’anonymat. Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre. Elle n’en a pas moins non plus. » Christian de Chergé, cité p.135)

- Marc Trévidic, vice-président du tribunal de Lille. En charge du dossier Tibhirine, toujours en cours.
« Il est difficile de croire quand l’homme est capable du pire au nom d’une religion. Mais la vie des moines, elle, me fait croire en Dieu. » (p.153)

- Dom Thomas Georgeon, moine à Notre-Dame de la Trappe (Orne). Il est postulateur de la cause de béatification des martyrs d’Algérie.
« Qui connaissait Tibhirine avant les tragiques évènements des années 1990 ? Qui ne connaît pas Tibhirine aujourd’hui ? Que s’est-il passé, au-delà des faits, pour que leur témoignage touche les cœurs et les âmes bien au-delà des frontières de l’Eglise et ce, de manière durable ?... Cette fidélité, cette persévérance, deux vertus qui ont la vie dure dans nos sociétés, ont profondément questionné le cœur de l’opinion. »(p.161)

Entre les chapitres, s’intercalent aussi de courts textes « testaments  spirituels» de Christian de Chergé, de Frère Christophe, de Frère Michel et Frère Luc.

 Le livre s’achève par quelques mots de François Cheng de l’Académie française :
« Quand survient le terrible, nous devrions être prêts , le sommes-nous ?... Nous n’avons pas choisi de mourir en martyrs. Nous avons simplement choisi d’aimer. » (p.169-170)

 Présentation et extraits choisis : DG
 01.06.2016

* recension sur ce blog, rubrique "07 Livres"

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Samedi 21 Mai 2016

Dieu est amitié

 Dieu est amitié
 La spiritualité d’Aelred de Rievaulx

  Xavier MORALES

  Editions Salvator, 2016 – Petite bibliothèque monastique

  139 p.
                 * 

Un moine cénobite (qui vit en communauté) en choisissant de donner, par amour, sa vie à Dieu choisit en même temps de « vivre avec le maximum d’intensité » sa relation à Dieu et sa relation avec ses frères.

Aelred, abbé de Rievaulx dans le Yorkshire, au 12°s., âge d’or de la vie monastique (c’est aussi l’époque de saint Bernard), fut tout au long de sa vie, un « homme d’unité et de communion ». Il a écrit, entre autres, un traité sur l'amitié spirituelle qui n'a rien perdu de son actualité.

« La communauté monastique ne lie ses membres ni par les liens du sang, ni par les intérêts du commerce, ni par les affinités électives…[Elle] tente de vivre l’expérience de l’amitié en toute liberté, en toute gratuité. Sous le regard de Dieu. » (p.8)

Relations auxquelles en fait nous sommes tous appelés sous des modes différents.
« N’ayons 
pas peur de la tendresse ! » souligne le pape François. Pour ce qui devrait aller de soi, cette réflexion du pape fit cependant choc, surtout dans les milieux religieux. Un grand vent frais !

L’amour de Dieu n’est pas un amour désincarné et abstrait. Dieu est amitié. C’est-à-dire que nous entrons là dans une relation incarnée, affective, aussi concrète que nos amitiés de tous les jours. (p.14)

Nous avons souvent vu la religion comme une obéissance à des commandements, comme une

contrainte. L’auteur développe ici en quoi la relation à Dieu est joie et liberté. Comme tout amour véritable mais avec une autre dimension. Les valeurs de l’amitié donnent dans une certaine mesure une plus grande liberté relationnelle que l’amour.

L’amour est en recherche de perfection ; ce qui peut expliquer en partie les déceptions menant au divorce. « L’amitié elle, accepte les limites, les limitations, les partialités » (p.66) .

D’une certaine façon, l’amitié nous serait-elle plus accessible que l’amour ?

Dire que Dieu est amitié rend la relation à Dieu plus gratuite, moins exclusive, ce qui n’empêche en rien l’intensité. « Dieu ne veut pas que nous ayons besoin de lui ; il veut tout smplement que nous l’aimions. » (p.89)

 « L’amitié est un accord des sentiments (consensio) au sujet des choses humaines et des choses divines, accompagné de bienveillance et d’estime (caritas) » (Cicéron , cité p.19)

L’auteur (et Aelred) développe l’origine de l’amitié, la diffèrence entre amitié et amour.

Le philosophe Aristote est convaincu que la sociabilité de l’homme est plus une tendance naturelle qu’un besoin. Nous désirons vivre ensemble… mais non sans mal.

 «  Plus la personne humaine grandit, plus elle mûrit et plus elle se sanctifie à mesure qu’elle entre en relation, quand elle sort d’elle-même pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres et avec toutes les créatures. Elle assume ainsi dans sa propre existence ce dynamisme trinitaire que Dieu a imprimé en elle depuis sa création. » (Pape François, Laudato Si – cité p.44)

« Aimer jusqu’au bout, c’est aimer jusqu’à accepter que l’autre ne nous aime pas. » (p.111)

La vie éternelle sera une vie bienheureuse où l’amitié s’étendra alors à tous. (p.119)

 L’auteur, dans son épilogue, anticipe la critique qui nous vient aux lèvres en le lisant : Xavier Morales à l’école d’Aelred de Rievaulx porte très (trop) haut les valeurs qu’implique une amitié véritable . Il y en a de toutes simples et belles, accessibles à tous. Et il ne va pas de soi non plus qu’avoir un ou des (vrais) amis nous mène directement à Dieu. Le sujet peut être fort bien traité sans qu’aucune référence ne soit faite à Dieu.

Il n’en reste pas moins qu’on peut dire malheureux l’homme qui est seul , sans amis.

Heureux par contre celui qui connaît l’amitié car le sachant ou non, il touche là au cœur de l’homme cette valeur essentielle qui dépasse tout autre bien périssable et qui est le moteur de nos vies : aimer et être aimé…

Dieu est notre plus grand ami. Mais le croyons-nous ?

 Ce livre nous conduit bien évidemment à découvrir : « L’Amitié spirituelle » de  Aelred de Rievaulx – Vie monastique n°30 – Abbaye de Bellefontaine, 1994

                                    *     

 DG- 2016
*© D.G

 

 

 

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Jeudi 17 Mars 2016

L'Abbaye de Clairvaux (BD)

L’Abbaye de Clairvaux
Le corps et l’âme
Didier CONVARD – Eric ADAM – Denis BECHU
Ed. Glénat, 2015 BD – 47 p.

                        

Cette BD a été éditée en 2015 à l'occasion du 9° centenaire de la fondation de l'abbaye de Clairvaux par saint Bernard .
Elle vient de recevoir le prix Gabriel , décerné par le CRIABD - Belgique


Il n’est jamais simple de réaliser une BD historique de qualité. Il faut bien connaître son sujet, se faire accompagner par quelques spécialistes historiens et archivistes et surtout , malgré une vie à multi-facettes comme l’est celle de saint Bernard de Clairvaux, en tirer le suc, l’essentiel.

Les auteurs de cette BD « L’Abbaye de Clairvaux » , à travers leurs images et leurs textes, parviennent à bien nous faire entrer dans l’ambiance de l’époque médiévale, dans la rudesse des conditions de vie… et de mort. Il ne s’agit pas tant de l’histoire d’une abbaye (titre plus attractif ?) que de celle d’un homme, d’un moine hors du commun Bernard, charismatique avant l’heure, dont on fête cette année le 9° Centenaire de la fondation de son abbaye à Clairvaux dans l’Aube. A sa mort en 1153, 350 abbayes cisterciennes étaient nées à travers l’Europe et Clairvaux comptait plus de 500 moines ! Cet album retrace avec justesse, autant qu’il est possible en ces quelques pages, l’évolution de la construction de ce célèbre monastère et comment Bernard réussit à transformer, séduire les cœurs, non pour lui-même mais pour Dieu, par son exemple, son courage, l’amour de ses frères et en particulier des plus pauvres qu’il remettait « debout » par des actions valorisantes et adaptées à chacun.
Au fil de l’histoire, quand on connaît un peu les écrits de saint Bernard, on retrouve, glissés dans les dialogues ce qui fit la valeur de Bernard : une foi chevillée au corps d’un grand mystique mais aussi homme de terrain, grand orateur, sollicité par les rois et les papes. Est très bien évoquée aussi la faiblesse physique du saint meneur d’hommes auxquels il savait avec humilité et ardeur faire appel en respectant aussi leur liberté. « C’est dans ma faiblesse que je suis fort … », disait saint Paul, car il ne comptait pas tant sur lui que sur Dieu. Une bonne BD, pleine d’action, qui peut séduire les lecteurs de tous âges et leur donner envie d’en savoir plus sur la vie de saint Bernard de Clairvaux.

Les biographies (simples) de Saint Bernard sont nombreuses. On peut cependant conseiller pour une première approche :
- Sur les pas de Bernard de Clairvaux et des cisterciens – J.Frizot et T. Perrin – Ed Ouest-France 2006
Et pour découvrir un peu ses lettres remarquables : - Lettres d’humanité – Saint Bernard de Clairvaux – Ed. du Cerf, 1996 – Coll. Foi Vivante

D.G

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Mercredi 23 Septembre 2015

Méditer avec saint Bernard

Lode Van Hecke

 Une pensée par jour

 Introduction et florilège rassemblé par LODE VAN HECKE 

 Editions Salvator 2015
 380 p.

                       

 Sans être fan de vies de saints, livres qu'on croit à tort avoir un contenu désuet, le croyant chrétien qui s’appuye sur la Parole de Dieu, ne doit pas oublier que celle-ci s’incarne au quotidien dans notre humanité : vies d’hommes célèbres contemporains tels le Pape ou Sœur Emmanuelle mais aussi, peut-être cette catéchiste ou notre voisin de palier. Leurs simples paroles peuvent bousculer nos vies vers une plus grande proximité de Dieu et de nos frères. Petites graines semées,  elles vont nous habiter, nous guider, nous inviter à être nous aussi de petites étoiles divines, des témoins de l’Invisible.

 De nombreuses publications, sur le principe du calendrier,  nous invitent à contempler une œuvre d’art par jour, à lire une pensée apaisante ou humoristique ou à découvrir chaque matin un paysage extraordinaire vu du ciel .
Parmi tant de choix possibles qui vont éclairer un peu notre journée  un livre vient à point nous proposer « une pensée par jour » sélectionnée parmi les nombreux écrits de  saint Bernard de Clairvaux.

Lode Van Hecke, Père Abbé de l’abbaye d’Orval en Belgique, spécialiste de saint Bernard en bon cistercien qu’il est, chercheur de Dieu comme le sont les moines mais aussi comme l’est sûrement tout chrétien (soyons optimistes !)  nous offre dans un livre très accessible une belle anthologie : « Méditer avec saint Bernard ».

Bien que sorties de leur contexte, ces petites phrases quotidiennes nous interpellent, nous transmettent l’expérience spirituelle de ce grand saint homme (peut-être pas plus parfait que nous mais aimant Dieu passionnément) qui " nous introduit au coeur du mystère chrétien là où l’essentiel de la foi n'est pas seulement compris mais aussi goûté" , note Dom Lode (p.6)
« Son cœur rencontre notre cœur, …  et saint Bernard montre la place du désir et de l’affectivité dans une recherche de Dieu qui intègre tout l’être humain. » (p.8)

 Les références précisées à chaque citation nous invitent à retrouver aisèment ce florilège dans son contexte. Quelques clics sur internet et nous y sommes.

Par ex. pour trouver tous les écrits de saint Bernard

Taper : Sermons saint Bernard de Clairvaux
           puis www.JesusMarie.com

 DG

 Extraits

 18 février

« J’ai cherché, dit l’Epouse, celui que mon cœur aime. Oui, c’est bien à cette recherche que t’invite la tendresse prévenante de celui qui, le premier, t’a cherchée et aimée. Tu ne le chercherais pas, s’il ne t’avait d’abord cherchée ; tu ne l’aimerais pas, s’il ne t’avait d’abord aimée. » Sermon sur le Cantique des cantiques 84, 4

 25 septembre

« Si quelqu’un désire voir Dieu dans l’avenir, il faut sans aucun doute que, dans le présent, il commence par écouter Dieu. »
   Sermons divers 77

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