Jeudi 14 Novembre 2024
La Prière de Jésus
LA PRIERE DE JESUS
selon les moines du Mont Athos
Jean-Claude LARCHET
Ed. Salvator 2024 – Voix de l'orthodoxie
237 p.
Jean-Claude Larchet , théologien orthodoxe et philosophe est bien connu entre autres pour ses livres sur le Mont Athos où il relate la vie particulière de moines orthodoxes dans le lieu retiré qu'est la Sainte Montagne au nord de la Grèce.
Ce livre sur la Prière de Jésus se concentre sur un point particulier de leur prière qui peut se résumer en quelques mots : « Seigneur Jésus, prends pitié de moi ». Pour les moines de l'Athos, en cette courte phrase tout est dit et c'est un élément capital de la tradition spirituelle byzantine. Il s'agit de murmurer ces mots à voix haute ou intérieurement du matin au soir et même la nuit. Tout en s'occupant à leurs diverses activités. C'est une façon de rester constamment en présence de Dieu, de ne pas laisser d'autres pensées inutiles envahir leur esprit.
Petite musique de fond qui habite l'esprit et le cœur du priant, sorte de compagnonnage permanent avec le Christ. Prière de Jésus appelée aussi prière du cœur que pratique le pèlerin russe dans un récit bien connu.
Le Mont Athos
Dans une première partie l'auteur explique la nature et le but de cette prière puis le contexte et les présupposés orthodoxes et enfin ses fruits.
« Attestée dès le 6°s., cette formule s'est peu à peu imposée jusqu'à devenir canonique dans la tradition spirituelle de l'Orient chrétien.... unissant à la demande de miséricorde (« aie pitié de moi »), la confession du Christ comme Dieu (« Seigneur ») et comme personne ayant une nature humaine et une nature divine (« Jésus-Christ »). (p.16)
« La Prière de Jésus en tant que formule courte, a plusieurs avantages : elle favorise la concentration... elle peut-être mémorisée facilement,.... il est facile de s'insérer dans les activités quotidiennes. » (p.19)
Les Pères athonites conseillent différentes gestuelles, éventuellement d'adapter la respiration . Mais la plus grande simplicité est de mise, seule la concentration est essentielle. S'y adapter peut prendre plusieurs années. Cela suppose contrôle et maîtrise de soi et de ses pensées, pénitence et humilité. Le but étant la purification de l'âme et trouver la paix en Dieu.
Dans une seconde partie est proposée une « petite philocalie athonique contemporaine de la prière du cœur ». L'auteur a sélectionné des enseignements de dix grands spirituels du Mont Athos du XX°siècle, de saint Silouane (1866-1938) à l'archimandrite Aimilianos, higoumène de Simonos-Pétra (1934-2019).
La prière de Jésus va prendre alors pour le lecteur une dimension hors-normes à la fois d'une grande simplicité, réduite à l'essentiel, mais pouvant faire entrer dans la prière de façon extraordinaire grâce aux conseils bienvenus de moines qui parlent d'expérience et avec la grâce de Dieu bien sûr. Une pratique monastique ouverte aux laïcs qui en connaissent eux aussi les bienfaits.
La composition de cet ouvrage avec sa succession d'enseignements correspond bien à cette prière répétitive et pourtant pleine de nuances et jamais lassante quand elle est bien comprise.
« Celui qui aime le Seigneur se souvient toujours de lui, et le souvenir de Dieu fait naître la prière. Si tu ne te souviens pas du Seigneur, tu ne prieras pas non plus. » (Saint Silouane p.53)
« Quand on dit la Prière de Jésus, il faut la dire lentement en donnant leur sens plein aux mots. Ne considérons rien d'autre mentalement, aucun mot, aucune figure, aucune image. » (Saint Ephrem de Katounakia, p.83)
« Ces paroles contiennent toute notre foi. En disant « Seigneur », nous croyons que nous sommes des serviteurs de Dieu et qu'il est notre seigneur, Cela honore Christ que nous le fassions notre seigneur, mais cela nous honore aussi, nous qui sommes les serviteurs d'un tel seigneur, qui est Dieu. Lorsque nous disons «Jésus » qui est le nom humain de Dieu, toute la vie terrestre du Christ de sa naissance à son ascension, nous vient à l'esprit. En disant « Christ » qui signifie oint de Dieu, roi des cieux et de la terre, nous confessons et croyons que Christ est notre Dieu, qui a tout créé et est dans les cieux et reviendra pour juger le monde. En disant « aie pitié de moi », nous supplions Dieu de nous envoyer son aide et sa miséricorde, car nous reconnaissons que sans l'aide divine nous ne pouvons rien faire. » (Archimandrite Ephrem p.188-189)
DG
Un autre livre de Jean-Claude Larchet :
Mise à jour : Vendredi 15 Novembre 2024, 18:08
Denyse
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Lundi 04 Novembre 2024
Madelaine avant l'aube
Madelaine avant l'aube
Sandrine COLLETTE
Ed. JC Lattès, 2024
L'histoire se passe dans une campagne non précisée ni dans le temps ni par son lieu.
Quelques fermes isolées sont régies par des propriétaires terriens violents auxquels sont asservis des paysans dans une très grande pauvreté.
Le récit se focalise sur une famille nombreuse confrontée aux aléas climatiques qui entraînent de graves famines mais aussi soumise à la peur des maîtres qui ont sur les villageois tous pouvoirs en toute impunité.
Une petite fille affamée, Madelaine, sans doute orpheline et abandonnée, se réfugie au sein de cette maison. Enfant sauvage, insoumise presque guerrière et sans peur pour défendre sa vie, elle bouscule et fascine cette famille résignée.
L'histoire est prenante et d'une belle écriture âpre où la nature omniprésente conditionne en grande partie la vie de ces pauvres gens. C'est un roman de survie intemporel qui pourrait être médiéval, actuel ou d'anticipation. Cela en fait aussi sa force, dans cet univers sans horizon où va se soulever une infime révolte grâce à Madelaine. Et c'est tout l'art de Sandrine Collette, particulièrement attachée au charme de l'enfance qui ne connaît pas encore les limites et où se joue parfois l'avenir.
Un très beau livre.
DG
Mise à jour : Dimanche 10 Novembre 2024, 13:38
Denyse
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Samedi 26 Octobre 2024
L'épreuve de Dieu
L'EPREUVE DE DIEU
Peut-on encore prouver que Dieu existe ?
Emmanuel TOURPE
Ed. De l'Emmanuel, 2024
165 p.
Emmanuel Tourpe est docteur en philosophie, a été enseignant . Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont « A l'amour que vous aurez les uns pour les autres » (Artège 2024)
Ce livre d'Emmanuel Tourpe nous propose une synthèse des recherches sur la question de l'existence de Dieu. Ses mots sont clairs, précis, ce qui n'est pas si simple pour répondre à une telle question. Au fil de notre lecture, on s'attend presque, grâce à lui, à ne plus douter.
Il examine les arguments ainsi que les limites des différentes théories avancées au fil des siècles, évoquant les travaux de scientifiques, de philosophes, d'écrivains et de saints. Ce n'est pas négligeable.
Mais voici que la balle est renvoyée dans notre camp humain. « Dieu s'éprouve plus qu'il ne se prouve ». Ce qui rend les choses bien plus subjectives malgré le soutien de quelques arguments irréfutables. Quand le pape François nous invite par sa nouvelle encyclique « Il nous a aimés » (octobre 2024) à contempler le Coeur du Christ, c'est bien pour rencontrer Jésus dans une relation d'amour, seul véritable chemin que l'Evangile ne cesse de proclamer. Nous avons un sens spirituel qui a autant de valeur que nos cinq sens.
« Le silence dit tout. Le silence sait tout. Et de l'âme, hier désolée, part le chant d'un bonheur immense ». (Marie Noël , citée p.93)
La question du mal se pose évidemment . Dieu bon, Dieu Tout-Puissant ? Ce Dieu-là ne semble pas exister quand la vie nous confronte à tant de malheurs. Mais appréhender Dieu de façon raisonnable n'est pas la bonne voie. Comme le souligne l'auteur à plusieurs reprises, Dieu est bien au-delà , plus grand que grand, ayant fait le choix de nous laisser libres et coopérants à son œuvre créatrice. D'où cet objectif chrétien qui est de « consoler » Dieu de ce trop de confiance qu'il a mis en nous.
Bien des témoins , des saints connus et inconnus, ont fait cette expérience intérieure de la présence de Dieu . Pour eux le doute n'est plus permis : Dieu existe. » . « Les saints en sont la plus belle preuve ». (p.62)
DG
Extraits
« La preuve de Dieu, en effet, n'existe que dans l'épreuve de Dieu : l'éprouver en soi, l'affronter comme un défi. C'est le pari ultime ». (p.16)
« Pour un être humain déjà, nous savons à quel point la réalité de la personne dépasse ce que nous pensons connaître d'elle et la manière dont nous la jugeons. Combien plus pour Dieu ! » (p.27)... Il demeure toujours infiniment au-delà de notre expérience et de nos plus savants discours. » (p.34)
« Ce Dieu est un Etre personnel, créateur et conservateur de l'Univers, qui ne peut être défini que par des paradoxes. Il est à la fois simple et un, à la fois la source de toutes les différences et de toutes les ressemblances, à la fois infini et mesurant le fini, à la fois immuable et la racine de tout événement, à la fois intelligent et créateur de la matière, à la fois Toute-Puissance et laissant être et exister . » (p.48)
« Le mal lui-même est totalement insensé. Il est le non-sens même. Il a pour étalon le bien. C'est parce que nous sommes convaincus que l'être est bon, que le mal nous désespère. » (p.54)
« Pascal a raison : Il y a assez de lumière pour qui veut voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ne le veulent pas. » (p.156)
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Samedi 19 Octobre 2024
Dieu au milieu des ruines
DIEU AU MILIEU DES RUINES
Eglantine GABAIX-HIALE
Ed. Mame 2024
121 p.
Eglantine GABAIX-HIALE a eu un parcours à la hauteur de son témoignage. Titulaire d'une maîtrise de philosophie, elle part trois ans au Moyen-Orient, travaille à l'hebdomadaire La Vie, puis à l'accueil de SDF pour le Secours Catholique, puis avec l'Oeuvre d'Orient. Elle part comme volontaire humanitaire, reporter de guerre en Egypte , en Syrie (coup de cœur!), au Liban, en Irak, en Iran...
Alors Dieu au milieu des ruines d'Extrême-Orient ? Elle ne le cherche pas, n'y croit guère mais elle l'aperçoit à travers les témoignages de vie de religieux et religieuses, en particulier celui des Petites Soeurs de Jésus, tout de joie et de simplicité au plus proche des pauvres. Elle est aussi sidérée par le courage , l'énergie, la solidarité de familles totalement démunies par les guerres impitoyables, les séismes, les persécutions. Elle est conquise par la foi ardente et active du Père Paolo, du Père Jacques (devenu Mgr Jacques Mourad , archevêque de Homs).
« J'ai eu beau chercher des explications rationnelles à leur sourire, leur courage, leur persévérance, leur légèreté, quelque chose m'échappe. Oui, la lumière déchire le noir, mais il y a autre chose. Comme une transparence, comme un insaisissable. » (p.18)
Il est bien difficile de proposer ici quelques extraits de ce document tant chaque passage mérite d'être lu. Par l'authenticité de ses mots, nous sommes touchés aussi par ces populations déchirées, condamnées à l'exil, à l'errance. La peur et l'horreur sont quotidiennes et toujours d'actualité.
Il y a des hommes sans état d'âme pour s'approprier par la violence un bout de terre ou le pouvoir.
Mais il y a aussi des cœurs fraternels qui soutiennent, consolent, oeuvrent à la moindre paix possible, en toute gratuité. Ils donnent leur vie soutenus bien souvent par leur foi. Et il n'est pas rare qu'un matin ils disparaissent enlevés, assassinés.
Quelques belles photos en noir et blanc illustrent ce livre attachant à la fois sobre et très saisissant. Nos vies en France semblent bien confortables à coté de celle d'Eglantine. Merci à elle de nous partager ses découvertes. Elle suscitera peut-être des vocations.
DG
« La Syrie meurt, Paolo. Elle meurt avec toi, en silence, et tu n'es plus là pour porter sa voix. Elle meurt de notre indifférence, de notre prudence, de nos lâchetés ; elle meurt de ses démons. Je ne sais pas porter le deuil d'un pays. Je ne sais pas porter le deuil d'un homme quand je n'ai pas vu de terre tomber sur son cercueil. » (p.30-31)
« J'ai vu un peuple s'embraser sur ses dépouilles et les corps mutilés. J'ai vu un peuple se lever les mains vides pour réclamer enfin la dignité qui lui était due. J'ai vu un peuple braver sa peur, ancrée pourtant depuis des années. Je n'ai rien dit mais j'ai espéré avec lui. » (p.33)
- Beyrouth 2020 . « C'est le signe de la présence du Seigneur ! » J'ai entendu ce témoignage des dizaines de fois. Là où j'aurais de mon côté, constaté cyniquement l'absence d'un dieu dans ce nouveau drame qui s'abattait sur le Liban, elles [les sœurs] voyaient le signe de sa présence dans tout ce que cela avait déclenché d'altruisme et d'entraide. » (p.62)
Mise à jour : Lundi 4 Novembre 2024, 17:18
Denyse
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Jeudi 17 Octobre 2024
La première histoire
LA PREMIERE HISTOIRE
Frédéric GROS
Ed. Albin Michel, 2024
201 p.
Cette « première histoire » se déroule dans les années 40 après J.C.
Paul et Barnabé, disciples de Jésus commencent leur mission d'annonce de la Bonne Nouvelle de l'Evangile à travers l'Anatolie. Ils y mettent beaucoup d'ardeur malgré les risques de persécution.
Une jeune fille, Théoklia, que sa riche famille de Konya en Turquie pousse au mariage, écoute les paroles de Paul . Elle est subjuguée, tant par le message chrétien ... que par Paul lui-même ! Elle veut le suivre contre vents et marées.
Sa foi serait-elle déjà plus forte que celle de Paul un peu déconcerté par l'ardeur de Théoklia ?
La jeune fille va connaître le rejet de sa famille, les persécutions, vivre d'extraordinaires miracles.
Cette histoire sous forme romancée mais aussi bien documentée, d'une lecture facile et agréable, est-elle authentique ? On fête sainte Thècle en Espagne le 23 septembre et son existence est historiquement attestée. Qu'importe. Sa vie reflète en tous cas, très certainement, l'ambiance de cette époque ardente et éprouvante vécue par les premiers chrétiens et si vitale pour l'avenir de cette jeune Eglise. Théoklia a été oubliée, peut-être volontairement « censurée par les autorités mâles » qui n'acceptaient guère que des femmes prétendent enseigner et baptiser: « la première martyre, celle qui leva le peuple des femmes, on l'a refoulée, occultée, dissimulée. » (p.198).
La fête de la Toussaint nous rappelle combien nous sommes redevables à ces innombrables disciples qui, à travers les âges, ont porté jusqu'à nous, parfois au prix de leur vie, le message de l'Evangile.
DG
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Mercredi 09 Octobre 2024
Le Labyrinthe des égarés
LE LABYRINTHE DES EGARES
L'Occident et ses adversaires
Amin MAALOUF
Ed. Le Livre de poche, 2024
435 p.
En ces temps de conflits multiples à travers le monde, dont certains nous touchent de près, ce livre d'Amin MAALOUF nous offre une meilleure perception de leurs causes et conséquences et ainsi de comprendre pourquoi l'Occident se trouve aujourd'hui confronté à de nombreux rapports de force et de menaces.
L'auteur s'attache en particulier à l'observation de quatre pays :
-
le Japon qui fut le premier pays d'Asie à défier l'Europe et qui s'est développé à une vitesse stupéfiante,
-
la Russie et son effondrement qui cherche désormais coûte que coûte à s'imposer,
-
la Chine , son histoire et ses traditions complexes, qui défie le monde,
-
les Etats-Unis devenus, au fil des guerres, la première superpuissance planétaire.
Nous sentons bien actuellement, à travers l'actualité, la grande fragilité des relations entre pays, les énormes tensions sans cesse dans l'imminence du pire et cela malgré le désir de paix de la plupart des peuples.
On a pu être surpris par le déclenchement de la guerre en Ukraine, on ne l'est guère dans le conflit entre Israël et la Palestine. Les racines de ces douloureux bouleversements sont profondes et on peut comprendre après tant de désastres et tant de victimes, qu'il n'est pas si simple de se mettre autour d'une table pour négocier.
De nombreux documents sur ces sujets graves et sensibles sont disponibles en librairie avec des approches géographiques, historiques ou humaines.
Le livre d'Amin Maalouf n'est pas exhaustif et s'en tient à l'Histoire mais il a le mérite de nous donner un aperçu accessible de ces pays et des mécanismes et enjeux politiques auxquels doit se confronter l'Occident du XXI°siècle.
Nous nous sentons généralement impuissants face à de tels conflits mais nous avons le devoir de nous informer le plus objectivement possible afin de pouvoir, en connaissance de cause, apporter notre contribution à la paix par des paroles et par des actes si modestes soient-ils.
DG
Extrait
"Quand on se penche, comme je le fais dans ce livre, sur des siècles d'histoire tumultueuse entre l'Occident et l'Asie, il ne sert à rien de spéculer sur ce qui se passera dans un an, dans dix ans ou dans trente ans. Mieux vaut se borner modestement à apprendre, à observer, à réfléchir, en espérant que la sagesse finira par prévaloir, et qu'elle dissuadera les uns et les autres de marcher vers l'abîme." (p.315)
Mise à jour : Mercredi 9 Octobre 2024, 21:20
Denyse
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Mardi 01 Octobre 2024
Des femmes et des dieux
DES FEMMES ET DES DIEUX
Kahina BAHLOUL
Floriane CHINSKY
Emmanuelle SEYBOLT
Ed. Les Arènes, 2021 - Coll. Proche 277 p.
Les rencontres interreligieuses sont de nos jours assez fréquentes et c'est heureux. Ce qui est moins fréquent c'est de rencontrer autour d'une même table trois femmes ministres du culte : Floriane rabbin, Kahina imame et Emmanuelle pasteure.
A la suite d'une émission de radio où elles avaient été invitées, elles se sont revues, ont participé ensemble à leurs offices ou à des séminaires, partageant leurs joies, leurs difficultés, leurs questionnements. L'idée leur est venue d'écrire un livre à trois voix afin de partager plus largement leurs réflexions.
Un premier chapitre présente les trois parcours de ces femmes et l'origine de leur vocation.
Puis la question d'un patriarcat plurimillénaire est soulevé. C'est certainement pour la pasteure que l'accession au ministère pastoral a été le plus facile même s'il a fallu attendre 1966 pour une autorisation officielle. Mais dès le début de la Réforme « des femmes prêchaient et animaient des réunions de prière ». Cette mission étant toujours en réponse à un appel.
« Dans la tradition juive, une grande place est accordée à l'initiative individuelle,on trouve peu de hiérarchie ». L'ordination rabbinique assure cependant une certaine compétence et autorité lors de célébrations. .. « Actuellement le judaïsme français est en voie d'intégrer les évolutions récentes en matière d'égalité hommes-femmes »
Dans l'islam d'aujourd'hui, de jeunes prédicateurs fondamentalistes dénient à la femme tout rôle important dans la société et particulièrement dans le domaine religieux. Apparaît un désir d'entendre plus de femmes s'exprimer (islam libéral). D'ailleurs, dans le Coran, Marie occupe une place non négligeable.
Ce livre en forme de conversation va aborder les principaux piliers de ces trois religions, la question du féminisme, la place du corps, la part du divin, la question du sacré.
Cela donne un éclairage fort utile de nos jours sur les religions et ses diffèrentes approches et remet à leurs places des idées fausses.
L'approche féminine donne à ce document une couleur particulière où bien évidemment est mise à sa juste valeur la place de la femme dans le monde d'aujourd'hui.
DG
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Dimanche 22 Septembre 2024
Jacaranda
JACARANDA
Gaël FAYE
Ed. Grasset 2024
281 p.
On n'a pas oublié le premier roman de Gaël Faye , « Petit pays » paru en 2016 et devenu célèbre tout autant que son auteur (voir recension sur ce blog), qui avait été couronné de treize prix littéraires.
Toujours sous forme de roman, Gaël Faye évoque avec art et douceur dans ce livre la tragédie vécue au Rwanda par les Tutsi massacrés par les Hutu, guerre ethnique effroyable qui a laissé pendant des années la population sans voix. Impossible de dire l'indicible.
Le jeune Milan qui n'a pas connu cette guerre est confronté au silence de son passé, de l'histoire de sa mère qui se tait. Il se rend à plusieurs reprises au Rwanda, là où vit sa famille qu'il ne connaît pas et dont il cherche à recueillir les témoignages. Mais pour ouvrir les cœurs et les blessures, Milan devra être patient, s'intégrer doucement, être rejeté parfois. Il rencontre la petite Stella cachée dans le jacaranda , son arbre fétiche. Et puis un jour, ce qui ne pouvait être révélé dans l'intimité, est proclamé lors d'un grand rassemblement où chacun revit l'insoutenable passé et d'une certaine façon s'en libère tant le désir d'apaisement est fort.
Le pays et ses habitants, génocidaires ou victimes, est en marche vers le pardon mais il faudra encore du temps pour que cicatrisent de telles souffrances.
DG
Extrait (p.126-127)
« Ceux qui nous tuaient étaient des gens que l'on connaissait, nos voisins, nos amis, nos collègues, nos élus. La première personne que j'ai vu mourir, c'était le vieux Berkimas qui vivait là-bas, près de la rivière. Il était assis dans l'herbe en train de prier. Quand ils l'ont aspergé d'essence et brûlé, il n'a pas bougé, il continuait de prier, assis au milieu de la cour. Puis j'ai vu Oncle Bertin et Tante Godelieve se faire découper à la machette... Il y avait des tueurs partout sur la colline, des barrages sur les pistes, des coups de sifflet, des chiens qui aboyaient. Ne sachant pas où aller, nous sommes retournés chez nous. La maison était en feu. »
Mise à jour : Lundi 4 Novembre 2024, 17:19
Denyse
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Lundi 16 Septembre 2024
Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas
Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas
A la recherche du royaume
Marie BALMARY
Ed. Albin Michel, 2024
184 p.
Marie Balmary est psychanalyste et a écrit de nombreux ouvrages tels Freud et la face cachée du père, Le Moine et le Psychanalyste.
Comme c'est souvent le cas lorsqu'on approche un texte biblique dont la traduction est au plus près de l'hébreu ou du grec, un horizon inattendu s'ouvre à nous quant à notre compréhension de la Parole de Dieu.
C'est bien l'exercice qu'a pratiqué dans ce livre, l'auteur qui aime scruter intensément les récits bibliques afin d'en approcher le sens véritable, les liens avec d'autres textes et surtout chercher à accorder le plus parfaitement possible les paroles et les actes de Moïse, de Jésus, de Marie...
Que d'interprétations malheureuses et de détournements moralisateurs enracinés depuis des siècles ont donné de Dieu un visage qu'il n'a pas ! Y compris dans le « Notre Père ».
Nous allons cheminer avec Marie Balmary à travers quelques textes bien connus, risquer des impasses, avancer encore et vérifier la concordance entre ce qui est dit, ce qui se passe et qui sont vraiment Jésus et Dieu.
La parabole dite des « talents » que l'auteur nous décrypte nous fait découvrir sous un jour nouveau ces trois serviteurs devenus des héritiers et qui ont a gérer non pas un prêt , comme l'un d'eux le croit, mais un don. Pour aboutir à cette conclusion qui peut bousculer certains croyants : nous ne sommes pas au service de Dieu mais bien ses fils et filles héritant de dons divins avec la liberté de les développer ou non.
Le maître lorsqu'il est de retour ne vient pas récupérer ce qu'il a donné (ce qui est donné est donné) mais écouter simplement ce que chacun a fait de son bien et se réjouir avec eux de leurs actions et de leur croissance. Tout comme il va se désoler à propos de celui qui l'a craint au lieu de lui faire confiance .
Par ses réflexions faites avec un groupe, l'auteur cherche à briser des éléments d'une foi mal comprise (mal enseignée ?) pour lui redonner tout son éclat en lui révélant la bonté de Dieu qui aime l'homme et en faisant de lui non pas un esclave mais un héritier actif et confiant.
On peut voir ici une certaine redécouverte de nous-mêmes, « ce lieu en nous que nous ne connaissons pas » par rapport à Dieu et à nos frères.
D'autres thèmes sont abordés pas toujours convaincants ou trop ardus.
Celui de l'Eucharistie nous offre une vue assez innovante, par rapport au dogme, à propos de ce qui se passe effectivement au moment où le pain et le vin « deviennent » Corps et Sang du Christ ou plutôt en quoi ce sommet liturgique nous implique et nous engage.
DG
Extraits
Les noces de Cana
« A Cana, l'évangéliste ne nous raconte pas ce qui est humainement possible, il nous fait changer d'étage et nous emmène dans la force mystérieuse des relations, l'endroit où le savoir cesse, où il s'agit d'une toute autre dimension, celle de la relation de confiance. » (p.21)
Le jeune homme riche
Ce que tu as, vends... donne...
« Jésus charge-t-il le jeune homme d'une charge supplémentaire, extrême ? Ou bien, à la manière juive, lui donne-t-il cette injonction paradoxale, pour une épreuve qu'il n'a pas encore passée, celle de la liberté ou éventuellement celle de la transgression... L'homme ne pourra pas renoncer à ses biens par la seule soumission. Heureusement ! En lui, il y aura un refus. Il reculera devant cette nouvelle version du sacrifice. Pour la première fois de sa vie, il désobéira... enfin ! Pour la première fois, il a accès à un sentiment personnel : la tristesse de ne pas se sentir parfait, peut-être. » (p.112-113)
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Lundi 05 Août 2024
Les yeux de Mona
LES YEUX DE MONA
Thomas SCHLESSER
Ed. Albin Michel 2024
484 p.
Thomas Schlesser est historien de l'art, directeur de la Fondation Hartung-Bergman, professeur à l'Ecole Polytechnique.
Mona, dix ans, est soudainement frappée par une cécité dont l'origine reste mystérieuse puis en une heure elle retrouve la vue avec la menace d'une récidive. Son grand-père Henry, son « Dadé », lui propose, dans une sorte de démarche préventive, de l'accompagner chaque semaine au Louvre, à Orsay, à Beaubourg, afin de découvrir une œuvre d'art qu'elle va longuement mémoriser, qu'il va lui commenter et l'aider à mieux comprendre. Ainsi, pense-t-il, au cas où Mona perdrait définitivement la vue, elle garderait en mémoire « ce qu'il y a de plus beau sur terre ».
Au fil du récit, nous suivons la vie et les découvertes de Mona partageant avec elle, l'initiation au regard que nous pouvons porter sur une œuvre d'art.
52 chefs d'oeuvre (Boticelli, Rembrandt, Goya, Courbet, Monet, Van Gogh, Klimt, Soulages...) nous sont ainsi présentés successivement et, accompagnés par ce regard d'enfant , nous ouvrent aux faces souvent cachées de tableaux célèbres et au pouvoir de l'art.
Ce livre au procédé astucieux est captivant et la relation lumineuse entre Mona et son grand-père nous entraîne avec eux et nous poussera très certainement à une autre contemplation personnelle des œuvres d'artistes.
Sur la jaquette dépliable du livre sont représentées les 52 chefs d'oeuvre.
DG
Extraits (p.327 – 334)
A Beaubourg – Vassily Kandinsky –
Etude pour la couverture de l'almanach Der blaue Reiter - 1911
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Découvrant le bâtiment avec son grand-père, Mona en fut toute chavirée : ces couleurs vives et ces grands réseaux tubulaires lui donnèrent l'impression d'un immense jouet et elle avait du mal à croire qu'un musée puisse revêtir un aspect si peu sérieux...
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Ce fut dans une immense galerie des plus classiques qu'il l'emmena voir une petite œuvre sur papier.
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Un cavalier, muni d'une cape rouge, surmontait un cheval blanc qui s'élançait dans l'espace, bondissant, s'envolant en un mouvement diagonal de la gauche vers la droite de la composition...
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Vassily Kandinsky....C'est un nom russe précisa Henry. Il est né à Moscou en 1866 et le petit dessin que tu vois là date de 1911....
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[Mona] : Je vois qu'il y a un homme monté sur un cheval blanc ; il est habillé en bleu avec une cape. Ils ont l'air de partir vers le ciel. Et autour, c'est plus dur à dire. Il y a par exemple des choses noires, comme des bouts de charbon, qui flottent un peu partout et on se demande ce que cela peut être.
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[Henry] : Oui, c'est impossible de poser des mots là-dessus. L'espace dans lequel le cavalier prend son envol rappelle vaguement des motifs de la nature : un arbre, un ciel parcouru d'un nuage...mais ce sont en fait des formes libres, d'autant plus intrigantes qu'elles n'ont pas l'ambition de ressembler à ce que nous connaissons....
Ce que racontait Kandinsky... s'il jouait sur l'imaginaire de la conquête spatiale, c'était pour exhorter le monde à se tourner vers le spirituel... Il veut s'adresser à leur âme...
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Jeudi 11 Juillet 2024
Par la force des arbres
PAR LA FORCE DES ARBRES
Edouard CORTES
Editions des Equateurs, 2020
142 p.
Toison d'or du livre d'aventure
le livre la bande dessinée
L'auteur,40 ans, dans une passe difficile, ne voit d'apaisement possible que dans la construction d' une cabane dans un grand chêne du Périgord Noir, où il séjournera durant trois mois.
Il ne s'agit pas pour lui de vivre en homme des bois : il a ce qui lui faut de nourriture, un peu de lecture, un confort minimal. Ce printemps en altitude et dans le silence des bois va surtout lui offrir une lecture de la nature qui ne se trouve dans aucun guide ou encyclopédie.
« J'ai supprimé mes comptes sur les réseaux sociaux... laissé mon téléphone à la maison, pris mon couteau et suis parti en forêt. »
Il va trouver l'apaisement au rythme lent de ses journées animées seulement par la vie de son arbre, de quelques passages d'animaux qu'il observe et avec lesquels, devenu comme l'un des leurs, il noue de petits liens familiers.
Nous partageons avec plaisir et une certaine envie cette aventure simple mais qui demande pourtant courage et renoncement pour, à partir d'une vie déconnectée d'un monde stressant, approcher l'essentiel que la nature enseigne.
Edouard Cortès a entrepris « une métamorphose à l'ombre des forêts » et a puisé dans la force des arbres l'énergie nécessaire pour se relever et poursuivre sa route.
Une très belle version de cette aventure est racontée en BD.
DG
Extraits
- « Cette cabane est réussie, plus encore que je ne l'ai rêvée. Je suis un artisan étonné de ce qui jaillit de ses mains. Les branches m'ont guidé. La cabane a poussé avec l'arbre. On grandit quand on crée quelque chose qui nous dépasse. » (p.38)
- « J'entends le chant des sources, je pense comme un arbre, converse avec le lézard ou le hanneton, salue d'un geste le renard. J'effleure l'écorce lisse d'un hêtre comme une peau. Et je lis dans une feuille de tilleul, poinçonnée par une chenille, le premier vol d'un papillon. » (p.47)
- « J'ai résolu pour quelques mois le dilemme de l'homme moderne : celui d'avoir de quoi vivre mais de ne plus avoir le temps de vivre. Je me suis accordé du temps. Mon temps libre m'offre de l'être. » (p.54)
- « Le geai élève des chênes, les fourmis élèvent des pucerons, les pucerons boivent la sève, les fourmis chassent les parasites des oiseaux, les oiseaux mangent les glands, les pucerons, les fourmis. Tous s'entraident et se dévorent. Tout se lie en un nœud complexe et harmonieux où vie et mort ne font qu'un. Tout est tragique et grandiose dans les infimes symbioses du vivant. La forêt me donne un joyeux vertige. Observant les petites choses sans pouvoir tout comprendre, je me sens minuscule parmi ces choses immenses. » (p.64)
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Vendredi 28 Juin 2024
Les abeilles grises
LES ABEILLES GRISES
Andreï KOURKOV
Ed. Liana Kevi, 2022
440 p.
Andrei KOURKOV est un célèbre écrivain ukrainien d'expression russe.
Seuls habitants d'un petit village de la zone grise, no man's land coincé entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses, Sergueïtch et Pachka s'associent malgré leurs opinions divergentes vis-à-vis du conflit. Apiculteur passionné, Sergueïtch attend le printemps pour déplacer ses six ruches dans un lieu plus calme dans l'ouest de l'Ukraine.
Dans ce roman qui se situe en 2017, l'auteur évoque donc la survie d'un homme, jeune retraité, confronté à une certaine solitude pas très loin du front et des combats. La guerre n'est pas le sujet de ce récit, mais relate la grande simplicité de vie de cet homme qui, malgré les difficultés, sait apprécier les moments heureux. A coté de Pachka, demeuré lui aussi au village, dont il a bien été obligé de se faire un « ami-ennemi », les meilleures compagnes de Sergueitch sont ses abeilles qu'il surveille avec attention en ce début de printemps. Il va même les emmener « en vacances » sur un terrain favorable au butinage, ce qui va l'obliger à une expédition à risque, les contrôles militaires étant nombreux et suspicieux. Même au milieu des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et du silence des montagnes de Crimée, l'oeil de Moscou reste grand ouvert...
C'est un beau roman touchant, triste et pourtant paisible, plein d'humanité dans un contexte difficile où la « zone grise » de la résidence de Sergueitch le laisse dans l'incertitude de l'avenir y compris pour ses abeilles, image pour lui d'une société communiste presque idéale. Hier était-il meilleur qu'aujourd'hui ? Y aura-t-il un happy end ?
DG
Extraits
- L'air s'emplirait d'un doux et plaisant bourdonnement, familier et pacifique, que la paix de l'homme qui aime les abeilles rend plus discret encore, rend intime et domestique . Et alors peu importe qu'on entende ici et là des coups de feu. L'important, ce serait le printemps, la nature qui s'emplit de vie, de ses bruits, de ses odeurs, de ses ailes, grandes et petites. (p.80)
- Sergueïtch pensa qu'en ce qui le concernait, il n'avait aucun besoin d'en recevoir [de courrier]. Sauf à la rigueur pour lire le journal. Mais il y avait bien dix ans qu'il n'était plus abonné à rien. Autrefois, il regardait les nouvelles à la télé. Et puis les nouvelles avaient été coupées en même temps que le courant. Aujourd'hui, il avait l'impression de ne plus en avoir vraiment besoin de ces nouvelles. Qu'est-ce qu'elles changeraient ? (p.144)
- « Pour moi, ces deux habitants de Mala Starogradivka sont à la fois morts et vivants. Dans ma mémoire, ils subsistent comme les deux derniers « optimistes prudents » du Donbass. Je les qualifie d'optimistes parce qu'ils étaient persuadés que s'ils quittaient le village, personne n'y reviendrait après la guerre... Bien des villages resteront en ruine. Les terres qui jouxtent la Russie sont jonchées de mines et d'obus non explosés. La mort est partout, au sens propre comme au sens figuré. L'histoire du « miel du Donbass » ne se répétera certainement jamais. »
Postface de l'auteur – juillet 2023 – p.440
Mise à jour : Jeudi 11 Juillet 2024, 16:22
Denyse
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