La mort n'est pas ce que vous croyez
La mort n'est pas ce que vous croyez
La joie d'espérer
Laurent STALLA-BOURDILLON
Ed. Desclée de Brouwer, 2024
258 p.
Voici un titre qui interpelle ! La mort n'est-elle pas la fin de tout ? Ce bout de la route qui nous est commun à tous, grands et petits, pauvres et puissants, auxquels même certaines personnes aspirent tant leur vie est rude, est-il vraiment sans issue, a-t-il gouverné nos vies ?
Le sous-titre « La joie d'espérer » annonce d'emblée que le passage par la mort est riche d'espérance et plus encore, il serait une joie...
Pourtant la nature devrait être déjà pour nous un indice d'espérance : hiver qui voit mourir les plantes et tomber les feuilles des arbres, se cacher certains animaux qui hibernent, tomber la nuit à peine l'heure du goûter passée. Et pourtant, à ces moments-là déjà nous sommes dans l'attente, dans l'espérance du réveil, du renouveau printanier. De même que le temps liturgique de l'Avent nous prépare au rappel d'un événement stupéfiant.
Laurent Stalla-Bourdillon, prêtre de l'archidiocèse de Paris, nous impressionne tout au long des pages de ce livre par sa certitude et par de courts chapitres à méditer lentement : il nous invite à entrer dans l'espérance et la confiance : notre vie sur terre nous prépare à une vie nouvelle et la mort est un passage qui ouvre sur une transformation que Jésus Fils de Dieu nous a annoncée par sa naissance, sa vie, sa mort et sa résurrection.
« Je ne meurs pas, j'entre dans la Vie » a dit à ses sœurs sainte Thérèse de Lisieux au seuil de sa mort.
« Qu'y a-t-il donc dans le fait de mourir que nous ne voyons pas ? … qu'allons-nous devenir ? » (p.14) . « Quelles sont nos raisons de vivre ? » (p.18).
Certes, cela n'a rien d'évident et c'est la foi seule qui nous est proposée par la grâce de Dieu qui peut ouvrir nos âmes et nos cœurs à l'éternité. L'Eglise, avec ses hauts et ses bas très humains, mais aussi la Parole de Dieu sont là pour nous orienter, nous ouvrir à cette joie de percevoir un peu dès maintenant que notre vie terrestre est comme une terre qu'on travaille longuement, durement souvent, afin de lui permettre de porter des fruits dont nous avons déjà un avant-goût en particulier dans nos relations fraternelles avec les autres, dans nos combats pour la justice et la paix. « L'Eglise est un corps vivant, source de vie ».
La société nous pousse même aujourd'hui à être réduits en cendres le plus vite possible pour ne pas déranger (p.14). Ne sommes-nous qu'un corps sans âme puisque celle-ci est invisible ? Que faisons-nous de l'Esprit qui nous fait vivre ? D'où vient-il? « Qui suis-je ? Et si j'étais beaucoup plus que l'enfant de mes parents ? » (p.54)
C'est bien à la lumière de la Parole biblique, de la Parole de Dieu que le sens de nos vies s'éclaire.
L'auteur attire notre attention sur le fait que le monde est bien l'oeuvre d'un créateur, mais que cette œuvre sera accomplie par notre nécessaire participation. D'où l'importance de notre vie terrestre. Si nous le voulons bien.
La transgression fatale des personnages symboliques que sont Adam et Eve est à l'origine de notre aveuglement et de nos tentations de désobéissance à Dieu. Jésus est venu nous aider à retrouver une relation de confiance en l'amour de Dieu.
Quel est le sens de notre condition mortelle ? (p.77) Elle est la « promesse inouïe de connaître enfin qui est Dieu et qui nous sommes. » . C'est l'aspiration première des croyants, des moines et moniales. « Je veux voir Dieu » disait le Père carme Marie-Eugène. Alors qu'Abraham, nous dit la Bible, ne pouvait voir Dieu « que de dos » !
Nous ne voyons la mort que comme une « privation de vie » alors qu'elle est « le chemin d'accès à la Vie véritable » (p.79)
« Si, comme l'affirme la foi chrétienne, le Christ a vaincu la mort, la mort perd son titre de fin de vie. La mort n'est en rien une fin définitive pour l'homme. Si tous les hommes doivent mourir, ce n'est plus pour cesser de vivre, mais pour que, traversant la mort, ils puissent ressusciter et entrer dans un nouvel état du corps, immortel et incorruptible. » (p.117)
Ne soyons pas étonnés d'être dépassés par une existence qui ne dépend pas que de nous « et ne s'explique pas à la seule lumière de la raison humaine » (p.140) Cela nous demande une certaine humilité qui ne nous est pas naturelle !
L'auteur souligne également combien le principe de laïcité « prive les citoyens d'un horizon d'existence transcendant le temps et les limite seulement à un état du corps » et non de la personne.(p.191). Pour la société, par sa mort, le défunt n'est plus, il a disparu, il n'a plus aucune existence. La vie spirituelle est disqualifiée . « La vie des morts reste un tabou absolu » (p.192). L'Etat n'a pas de prise sur l'au-delà et en nie en quelque sorte l'existence dans le cœur et la pensée des citoyens.
« La mort nous prive seulement d'un état du corps pour nous disposer à accéder à un autre état du corps, l'état de ressuscité sur lequel la mort et la souffrance n'ont plus de pouvoir. Cela justifie toutes les chapelles et les cathédrales du monde. » (p.214) à l'heure où la foi chrétienne semble s'éroder gravement mais aussi où l'Eglise et l'Etat célèbrent aujourd'hui même la remarquable reconstruction de Notre-Dame de Paris par tant d'hommes, de femmes et de corps de métier.
« Oh! je voudrais qu'on écrive mes paroles, qu'elles soient gravées en une inscription,
avec un ciseau de fer et du plomb, sculptées dans le roc pour toujours!
Je sais, moi, que mon Défenseur est vivant, que lui, le dernier, se lèvera sur la poussière.
Avec mon corps je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu.
Moi-même je le verrai, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. »
Livre de Job19, 23-27
DG
Mise à jour : Jeudi 5 Décembre 2024, 20:51
Denyse
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